Le dépouillement des données a permis d’identifier les
unités de signification qui ont fait émerger l’analyse
idéographique, c’est-à-dire le sens que le sujet donne à
sa maladie. Puis, nous avons recherché l’analyse
monothétique, c’est-à-dire les convergences des unités
de signification pour comprendre le point de vue des
patients hypertendus.
RESULTATS
1
-
LA PERCEPTION DES HYPERTENDUS PAR
RAPPORT A LEUR MALADIE
Les sujets évoquent leur hypertension en se référant à
un vécu qu’ils évoquent par des termes : voir, sentir,
vivre, insérés dans leur contexte personnel. Cependant,
on peut dégager de ce discours des similitudes.
+
Aucun patient n’essaye de définir ou de dire ce
qu’est réellement l’hypertension. II semble que la com-
préhension du phénomène leur échappe.
+
Tous les patients abordent la maladie par les symp-
tômes qu’elle entraîne : vertiges, céphalées, malaise,
nervosité, arythmie, cyanose, trouble de la mémoire,
confusion mentale, transpiration, altération visuelle,
mauvaise digestion, mauvais goût dans la bouche, dif-
ficulté de locomotion.
+
Les patients associent les symptômes à une élévation
de la tension, ce qui les pousse à consulter un médecin.
+
L’apparition des symptômes est décrite comme sou-
daine, rapide, brutale :
«on se sent bien et brutalement les jambes mollis-
sent.. .
».
«
la bouche devient sèche rapidement
».
«
il suffit de manger et je sais que la tension est éle-
vée; j’ai une sensation étrange dans la bouche
».
«je sens un goût dans la bouche, je sais que ma ten-
sion est élevée
».
+
Le retour à une tension normale engendre souvent
une sensation de malaise
«quand ma tension baisse, mes jambes ne me
conduisent plus
»
«je suis fatiguée quand elle baisse
»
+
L’hypertension et ses fluctuations sont décrites le
plus souvent comme un malaise indéfinissable :
«j’ai des vertiges, je me sens mal
».
«je ne sens rien, pas de douleur, mais je me sens mal
»
.
+
Les causes de la maladie interrogent les patients
-aux causes médicales : âge, obésité, maladie asso-
ciée, alimentation inadaptée
-
ils associent des causes
liées à leur vie : agitation, difficultés familiales, émo-
tions, stress, nervosité, irritabilité.
«quand je m’énerve, ma tension s’élève; quand je
me sens blessée, ma tension monte». «quand
j’éprouve de la haine, j’ai de la tension
».
«je ne sais pas pourquoi, j’ai de la tension mais je
suis très nerveux
».
+
Les patients évoquent l’hypertension non pas
comme une pathologie en soi, mais comme la consé-
quence d’une autre pathologie :
«j’ai des problèmes cardiaques, mon cœur est
agrandi, très agrandi, alors j’ai de la tension
».
«si le
diabète ne va pas bien, la tension monte aussi».
«j’avais une bonne tension quand j’étais jeune;
maintenant, j’ai vieilli, j’ai commencé à grossir, j’ai
de la tension
».
+
Les patients ne parlent pas de la prévention mais de
contrôle et de traitement : contrôle de la tension, des
médicaments, du régime, des émotions.
Ce contrôle est perçu comme assez difficile, pas tou-
jours agréable, mais nécessaire pour que la tension
artérielle reste dans des valeurs acceptables.
Le contrôle est perçu comme rigoureux.
+
L’irrégularité de la tension tantôt haute, tantôt basse,
engendre de l’anxiété et une incompréhension encore
plus grande du phénomène :
«ma tension est arrivée à 27/10, c’est anormal, çà
me préoccupe; à un moment, elle monte puis elle
descend, je me fais du souci
».
+
La médication est vécue comme une contrainte :
«si je ne prends pas le médicament le soir, le lende-
main elle est très élevée
».
((je
trouve désagréable de prendre tous les jours le
médicament pour que ma tension ne monte pas
».
2
-
LA TOLERANCE AUX TRAITEMENTS
C’est un thème qui a été évoqué par l’ensemble des
personnes enquêtées.
+
Pour les patients, le traitement signifie essentiellement
les médicaments. Ils le vivent comme une obligation.
Cependant, certains patients «jouent
»
avec le traite-
ment. Ils ne prennent les médicaments qu’à
I’appari-
tion de symptômes ou encore à la veille d’aller chez le
médecin pour un contrôle.
Certains patients «obéissent
»
au médecin :
((je
prends le traitement parce que le médecin m’a
dit que je dois le prendre, sinon c’est dangereux
».
+
Les patients reconnaissent globalement l’efficacité
des traitements :
«si je ne le prends pas, la tension monte
»
«il est efficace si je le prends tous les jours, je ne
peux passer aucun jour
8.
52
Recherche en soins infirmiers
No
55
-
Décembre 1998