Préface
L’étude de Monsieur Ousmane Diallo intitulée L’arrimage du franc CFA à
l’euro: conséquences pour l’intégration sous-régionale ouest-africaine se
situe dans un ensemble grandissant de recherches sur les zones monétaires,
celles notamment reliant les pays développés aux pays en développement.
En effet, le conflit inhérent aux rapports entre la stabilisation de la valeur de
la monnaie et la poursuite d’une politique active de développement écono-
mique au moyen d’investissements lourds pilotés par l’Etat, s’est souvent
soldé dans le passé par de l’inflation et des dévaluations successives, sans
pour autant nécessairement susciter le développement économique tant re-
cherché. Les pays privilégiant une stabilité monétaire relative ont basé leur
stratégie de développement sur les investissements directs étrangers, mais
ici aussi, le problème de stabilité monétaire à long terme se pose, comme
l’a montré la crise asiatique de 1997.
Cependant, une autre possibilité existe: arrimer sa monnaie à une autre,
qui possède une réputation de stabilité et qui est gérée par un grand pays
développé. Histoire de bénéficier par ricochet de la réputation de la mon-
naie visée. Ainsi, beaucoup de pays d’Amérique latine et d’Asie ont choisi
de lier leurs monnaies au dollar américain alors que certains pays en transi-
tion ont arrimé la leur au mark allemand, et les pays d’Asie centrale au rou-
ble russe. Ces liens peuvent être des plus informels (aucune convention en-
tre les banques centrales respectives, mais l’une suit l’autre et “décroche”
sa monnaie si nécessaire de temps en temps), ou plus contraignants (un cur-
rency board autoproclamé, ou une zone monétaire basée sur une conven-
tion intergouvernementale comme l’ancien SME). Certaines de ces exp-
ériences se terminent par un fiasco (comme par exemple le currency board
argentin), car il ne suffit pas d’arrimer sa monnaie nationale à une autre, il
faut également suivre les politiques macroéconomiques du pays leader.
D’autres expériences perdurent. Parmi les zones monétaires les plus an-
ciennes se trouve justement celui du franc CFA, autrefois relié au franc
français, et aujourd’hui relié à l’euro.
Le passage à l’euro a effectivement suscité un regain d’intérêt pour cette
vénérable institution datant de 1948. Ce fut l’occasion de revoir ses structu-
res juridiques, ses effets économiques et ses perspectives d’avenir. Ainsi
l’étude de Monsieur Ousmane Diallo nous mène-t-elle au cœur du choix