Inflammation : nouvelles pistes 589
L’immunité acquise pourrait alors à son tour réguler l’immunité innée pour servir
une non-destruction du soi.
1.6. CYTOKINES CIRCULANTES CHEZ L’HOMME
Les taux circulants des cytokines exprimées au cours du sepsis sont très variables
en pratique clinique. En fait, on détecte du TNF circulant dans moins de 10 % des
patients en choc septique à BGN et les tableaux infectieux présentent de grandes varia-
tions, en terme de délais diagnostics, de causes bactériennes, de sites infectieux, de
terrains sous-jacents, et restent loin des modèles animaux. Les profils d’expression
plasmatique en cytokines pro- et anti-inflammatoires ont été observées au cours du
choc septique fulminant à méningocoque : une élévation précoce et transitoire en TNF
(et variablement d’IL-1) est suivie par celle plus soutenue d’IL-8 et IL-6 ; l’élévation
d’IL-10 est également précoce et peut-être biphasique ; des élévations de l’IL-1Ra et
des récepteurs solubles au TNF sont rapidement observées et restent soutenues [10].
On a tenté des corrélations entre les taux des cytokines circulantes et la mortalité avec
des résultats variables. On s’oriente plutôt vers l’étude des ratios circulants de type
«anti-/pro» : TNFRs/TNF, IL-10/TNF, de manière tout aussi discutable, si l’on ne
sélectionne pas des patients septiques comparables et si l’on n’introduit pas le facteur
dynamique du profil évolutif.
1.7. POLYMORPHISME GENETIQUE
Il est bien connu chez l’animal que le niveau de résistance à l’infection bactérienne
est un trait héréditaire contrôlé par des gènes multiples. Le génome humain comprend
plus de 10 000 gènes. Plusieurs polymorphismes ont été retrouvés dans les clusters des
gènes du TNF et des études récentes ont pu corréler le niveau de production du TNF
avec des variations génétiques particulières [13, 14]. Des variants du promoteur du TNF
ont pu être aussi associés à une balance plasmatique IL-10/TNF spécifique et le ratio
IL-10/TNF <1 paraît un facteur de risque des formes sévères de paludisme. Chez des
patients en sepsis sévère, l’état homozygote pour l’allèle TNF2 est associé à des taux
sériques plus élevés de TNF et à la mortalité. Des polymorphismes des gènes d’IL-1, de
l’IL-12, de l’antagoniste du récepteur à l’IL-1 , des récepteurs au TNF et de l’IL-10 sont
en cours d’études [14].On peut penser que ces variations génétiques puissent
s’associer pour aboutir à un phénotype particulier et à risque d’expression septique
sévère. L’analyse génétique des récepteurs Toll a permis de découvrir une mutation du
TLR4 responsable de la susceptibilité au LPS de certaines souches de souris, comme les
C3H/HEJ. L’analyse chez l’homme semble confirmer l’existence d’un polymorphisme
génétique de TLR4 aboutissant à une susceptibilité particulière à l’infection à BGN.
1.8. FREIN DES HORMONES DE STRESS
De nombreuses études montrent que des animaux adrénalectomisés sont hautement
susceptibles aux effets du LPS et que cette sensibilisation peut être réversée par une
hormonothérapie substitutive par des corticostéroïdes. Les hormones glucocorticoïdes
endogènes régulent la réponse inflammatoire en diminuant de façon basale la synthèse
des cytokines : TNF, IL-1, IL-2, IL-6 et IL-8 mais aussi les médiateurs secondaires :
NOSi et COX2. Les récepteurs pour les hormones stéroïdes (incluant les glucocorticoï-
des, les œstrogènes et les androgènes) appartiennent à une grande famille : la superfamille
des récepteurs aux stéroïdes. Ils se différencient remarquablement des récepteurs clas-
siques ou membranaires du fait qu’ils sont intracellulaires et agissent de façon principale
en régulant la transcription de l’ADN de nombreux gènes inductibles. Les actions mieux
connues des glucocorticoïdes sont celles de la répression transcriptionnelle de plusieurs
cytokines : TNF, IL-1, IL-2, IL-6, IL-8, Il-12 et IL-18. Les glucocorticoïdes peuvent