–UNE DYNAMIQUE SPÉCIFIQUE AUX ZONES FRONTALIÈRES–
Les territoires frontaliers, de par leur situation géographique, connais-
sent des problématiques en matière d’emploi assez spécifiques. Ils
peuvent accueillir des travailleurs venus de pays voisins et connaître à
l’inverse un exode de travailleurs résidant en France vers les pays fron-
taliers.
Cette spécificité peut être une contrainte, accroissant la compétitivité
entre les entreprises de part et d’autre de la frontière dans la recherche
de compétences. Mais elle peut aussi être un atout, en atténuant les
déséquilibres économiques entre deux régions frontalières, notamment
sur le marché du travail, en offrant des perspectives d’emploi de l’autre
côté de la frontière.
L’emploi transfrontalier a d’ailleurs, dans certains cas, permis de com-
penser les pertes d’emplois industriels. Sur certaines zones d’emploi,
les emplois transfrontaliers occupent plus de 40% des actifs de la
zone3. C’est le cas de Saint-Louis en Alsace, de Longwy en Meurthe et
Moselle, de Menton dans les Alpes-Maritimes et du Genevois français.
Ils peuvent aussi occasionner de nouveaux enjeux démographiques. Par
exemple, la mise en place d’accords bilatéraux entre la Suisse et
l’Union européenne permet aux Suisses de s’installer en tant que rési-
dents permanents dans les pays de l’Union. Cet accord a favorisé leur
installation sur certaines zones frontalières françaises, afin de bénéfi-
cier d’un coût foncier moindre que celui en vigueur en Suisse.
L’agglomération franco-genevoise s’est alors retrouvée confrontée à de
forts déséquilibres démographiques et économiques : elle compte plus
de 850 000 habitants pour environ 400 000 emplois4.
A contrario, le Luxembourg présente des dynamiques démographiques
positives, du fait de son solde migratoire le plus élevé d’Europe, les
Luxembourgeois représentent moins des deux tiers des 450 000 habi-
tants du pays.
Si l’existence d’une frontière est devenue plus un obstacle administra-
tif qu’une barrière géographique, il n’en demeure pas moins qu’un cer-
tain nombre de différences existent de part et d’autres des frontières :
différences de langues, de cultures, de réglementations et législations,
qui rendent nécessaires les coopérations entre territoires. C’est en effet
grâce à ces coopérations qu’une certaine unité peut exister.
3« Vivre en deça de la frontière, travailler au-delà », Insee Première, février 2011.
4L’actualité transfrontalière, MOT, n° 68, avril 2011.
–LA SUISSE CONCENTRE LA GRANDE MAJORITÉ DES FLUX TRANSFRONTALIERS–
PAYS DE DESTINATION DES TRAVAILLEURS
TRANSFRONTALIERS
Source: Insee, Recensement de la population, 2007.
La Suisse et le Luxembourg concentrent à eux deux plus de 60% des
déplacements transfrontaliers des résidents en France, ce qui repré-
sente près de 200 000 personnes.
Plus précisément, la majorité des déplacements vers la Suisse concerne
la zone située entre l’Ain, la Haute-Savoie et Genève. Vers le
Luxembourg, il s’agit principalement de résidents des deux départe-
ments frontaliers, la Moselle et la Meurthe-et-Moselle.
L’Allemagne, deuxième pays de destination en 1999, est désormais
devancée par le Luxembourg, malgré les 52 500 travailleurs frontaliers
qu’elle accueille. Les principales zones d’accueil sont les aires urbaines
de Sarrebruck et de Karlsruhe.
L’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni comptabilisent relativement peu
de transfrontaliers. Leurs frontières communes avec la France se
confondent avec des frontières naturelles (massifs montagneux, mer)
qui sont un obstacle au développement des déplacements transfronta-
liers.
En revanche, les flux de travailleurs entrants sur le territoire français
restent assez faibles et constants : depuis 1999, environ 11 000 rési-
dents des voisins européens viennent travailler en France.
Allemagne 17%
Belgique 11%
Monaco 8%
Suisse 44%
Luxembourg 20%