MAPAR 2002176
dommage myocardique péri-opératoire est important, plus l’espérance de vie de l’opér
é
coronarien est limitée. A cette morbidité postopératoire immédiate, il faut donc adjoin-
dre la mortalité à moyen terme élevée dans les deux à trois ans qui font suite à une
intervention chirurgicale.
Les études réalisées dans les années 1980 où l’infarctus du myocarde post-
opéra-toire est recherché par un électrocardiogramme réalisé toutes les 12 heures après
l’intervention suggéraient que cette complication survenait le deuxième ou le troisième
jour postopératoire. Des études plus récentes où les nécroses myocardiques post-
opératoires ont été détectées par un enregistrement continu de l’électrocardiogramme
pendant la période opératoire ou par des dosages répétés de troponine révèlent qu’en
fait, la survenue de l’infarctus du myocarde postopératoire est beaucoup plus précoce,
dans les 24 heures après la fin de l’intervention. Dans toutes ces études, l’infarctus du
myocarde est précédé par la survenue d’épisodes d’ischémie myocardique. Ainsi, la
nécrose myocardique aiguë postopératoire n’apparaît donc pas comme une fatalité du
troisième jour mais plutôt comme la conséquence d’épisodes d’ischémie myocardique
survenant pendant l’intervention ou dans les premiers jours postopératoires.
Le dosage de troponine I, a également permis de préciser l’incidence exacte du
dommage myocardique postopératoire chez les opérés à risque (qui se situe entre 3 et
6%). Le seuil du taux de troponine I à partir duquel on peut affirmer la constitution
d’une nécrose myocardique est fixée à 1,5 ng.mL-1 [4].
Le but de la prise en charge de l’opéré coronarien est que le malade quitte
l’hôpital avec le même nombre de cellules myocardiques viables présentes à l’en-
trée de l’opéré dans le service : c’est-à-dire avec un taux de troponine I égal à 0.
Cette donnée doit servir de référentiel pour la démarche qualité que doit être la
prise en charge de ces opérés à risque.
Toute élévation même minime du taux de troponine I, révèle la survenue d’un dom-
mage myocardique péri-opératoire d’origine ischémique. Des valeurs de troponine I
comprises entre 0 et 1 ng.mL-1, traduisent une évolutivité de la maladie coronaire qu’il
s’agisse d’une ischémie coronaire avec lésion myocardique, ou d’une nécrose
myocardique
sous endocardique d’étendue limitée. Un taux de troponine de 1 ng.mL-1, révèle une
nécrose myocardique qui retentira sur l’espérance de vie à moyen terme de l’opéré.
Le dosage de troponine I permettant avec une haute spécificité la mise en évidence
d’une évolutivité de la maladie coronaire pendant la période opératoire, il faut deman-
der le dosage de troponine I chaque fois que l’on a un doute sur le développement d’un
processus ischémique pendant la période opératoire. En pratique le dosage de troponine I
s’avère indispensable :
•
Dans les heures précédant l’intervention chirurgicale lorsque l’état clinique du malade,
la symptomatologie qu’il décrit, une modification même minime de son électrocar-
diogramme de repos fait craindre une évolutivité de la maladie coronaire. Le dosage
de troponine I doit également être recommandé chez les coronariens dont le traite-
ment de la maladie coronaire a été modifié dans le cadre de la période opératoire. Il
s’agit essentiellement des coronariens traités au long cours par aspirine chez qui le
traitement a du être arrêté en raison de l’intervention chirurgicale.
•En postopératoire il est fondamental de demander un dosage de troponine I chaque
fois qu’apparaît un doute sur le développement d’un processus ischémique. En prati-
que, le dosage doit être réalisé en postopératoire devant toute instabilité tensionnelle,
modification de l’électrocardiogramme ou trouble des fonctions cognitives de l’opéré
.
Dès qu’un dommage myocardique postopératoire est suspecté sur l’évaluation du
taux de troponine I, il faut maintenir l’opéré en unité de soins intensifs et contrôler