Rapport annuel 2013-2014

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RÉPUBLIQUE D’HAÏTI
MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES
Direction des Études Économiques
RAPPORT ANNUEL 2013-2014
1
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ABREVIATIONS ...................................................................................................................................3
LISTE DES TABLEAUX............................................................................................................................................5
LISTE DES GRAPHIQUES .......................................................................................................................................6
LISTE DES AUTEURS...............................................................................................................................................8
SOMMAIRE EXECUTIF ......................................................................................................................................... 10
SITUATION DE L'ÉCONOMIE MONDIALE
L’ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL .......................................................................................................... 18
PERFORMANCE DE L’ECONOMIE MONDIALE EN 2014 ..............................................................................18
PERFORMANCE ECONOMIQUE ET SOCIALE PAR GROUPE DES PAYS ...................................................19
EVOLUTION DES PRIX DES MATIERES PREMIERES OU PRODUITS DE BASE EN 2014 ................... 22
EVOLUTION DES COURS DES DEVISES EN 2014 ........................................................................................... 23
SITUATION ÉCONOMIQUE, FINANCIÈRE, SOCIALE EN HAÏTI EN 2013 -2014
LA PERFORMANCE MACROECONOMIQUE EN HAITI EN 2013/2014 ...................................................... 28
LA CROISSANCE ECONOMIQUE EN 2013/2014 ..............................................................................................28
L’INFLATION ........................................................................................................................................................31
EVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES ......................................................................................................32
MONNAIE, CHANGE ET FINANCEMENT DE L’ECONOMIE ........................................................................34
SECTEUR EXTERNE ............................................................................................................................................37
NOTES ET ÉTUDES THÉMATIQUES SUR L'ÉCONOMIE HAÏTIENNE
NOTE 1. IMPACTS DU RELÈVEMENT DES PRIX DES PRODUITS PÉTROLIERS SUR LES
MÉNAGES ET LES FINANCES PUBLIQUES ..................................................................................................... 42
NOTE 2. ANALYSE DE L’ÉVOLUTION ET DE LA PERFORMANCE DU SYSTÈME BANCAIRE
HAÏTIEN AU COURS DE L’EXERCICE FISCAL 2013/14 ................................................................................ 48
NOTE 3. IMPACTS DE L’INTRODUCTION DU TARIF EXTÉRIEUR COMMUN (TEC) SUR
L’ÉCONOMIE HAÏTIENNE ................................................................................................................................... 52
NOTE 4. DOING BUSINESS 2015 : PERSPECTIVES POUR HAÏTI ................................................................ 58
NOTE 5. SITUATION DE L’EDH ET PERSPECTIVES DU SECTEUR DE L’ÉNERGIE ............................. 68
NOTE 6. PERSISTANCE DU CHÔMAGE EN HAITI ......................................................................................... 76
NOTE 7. HAÏTI, PAYS EMERGENT EN 2030 : RESULTATS, DEFIS ET PERSPECTIVES ....................... 86
NOTE 8. PROFIL DE LA PAUVRETE D'HAÏTI EN 2012 : PAUVRETE ET EXTREME PAUVRETE..... 108
ANNEXE .................................................................................................................................................................. 112
2
LISTE DES ABREVIATIONS
AAN : Autorité aéroportuaire nationale
APD : Aide publique au développement
BCE : Banque centrale européenne
BID : Banque interaméricaine de développement
BIRD : Banque internationale pour la reconstruction et le de développement
BCMs : Banques commerciales
BNS : Banque nationale Suisse
BMPAD : Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement
BoJ : Banque du Japon
BRH : Banque de la République d’Haïti
BTP : Bâtiment travaux publics
CAS : Caisse d’Assistance Sociale
CARICOM : Communauté et marché commun des Caraïbes
CBR : Banque centrale de Russie
CIF : Cout, assurance et fret
CSD : Cadre d’analyse de soutenabilité de la dette
CFI : Centre de Facilitation des Investissements
CII : Commission Interministérielle des Investissements
CEPALC : Commission économique pour l’Amérique Latine et Caraïbe
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement
CPRDA : Commission Présidentielle sur la Réforme du Droit des Affaires
CUT : Compte unique du Trésor
DEE: Direction des Etudes Economiques
DGI : Direction Générale des Impôts
DSNCRP : Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté
EDH : Electricité d’Haïti
EIA : Agence Internationale de l’énergie
FDU : Fonds d’Urgence
FMI : Fonds Monétaire International
3
IDE : Investissement direct étranger
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique
IPC : Indice de prix à la consommation
IPCH : Indice des prix à la consommation harmonisé
ISR : Impôt sur le revenu
MCI : Ministère du Commerce et de l’Industrie
MEF: Ministère de l’Economie et des Finances
OCE : Observatoire de la complexité économique
OCDE: Organisation de la Coopération et de Développement Economique
OIT : Organisation international du travail
OMC : Organisation mondiale du commerce
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
PBOC : Banque populaire de Chine
PECEI : Pacte pour l’Emploi et la Croissance Economique inclusive
PIB : Produit Intérieur Brut
PIBM : Produit Intérieur Brut Mondial
PIP : Programme d’Investissement Public
PME : Petites et moyennes entreprises
PSDH : Plan stratégique de développement haïtien
SAE : Service d’appuis aux entreprises
SAPF : Service d’analyse de la politique fiscale
SGC : Système de gestion commerciale
STN : Sociétés transnationales
$ : Dollar des Etats-Unis d’Amérique
TCA : Taxe sur chiffres d’affaire
TEC : Tarif extérieur commun
TOFE : Tableau des opérations financières de l’Etat
TVA : Taxe à la valeur ajoutée
USA : Etats-Unis d’Amérique
WTI : Western Texas Intermediate (référence prix du pétrole brut)
ZE : Zone euro
4
LISTE DES TABLEAUX
Tableau A1: World Bank (Commodity price data) The Pink sheet
Tableau A2: Supply & consumption
Tableau A3: Haïti- Bilan du secteur bancaire de 1998 à 2014
Tableau A4: Secteur réel – Taux de croissance du PIB par secteurs
Tableau A5: Inflation
Tableau A6: Indice général des prix
Tableau A7: Sommaire des finances publiques
Tableau A8: Monnaie
Tableau A9: Cadrage macroéconomique 2015-2016
Tableau A10: Résumé de la Balance des paiements 2009-2014
5
LISTE DES GRAPHIQUES
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Evolution du taux de croissance du Produit intérieur brut
Contribution en % des principaux secteurs à la croissance du PIB en 2014
Taux d’inflation en glissement annuel (2012-2014)
Evolution de l’inflation en rythme mensuel (2012-2014)
Evolution des recettes par champs (2012-2014)
Evolution des dépenses par poste (2012-2014)
Encours des bons BRH
Répartitions des composantes et contreparties de la masse monétaire(M3) selon leur
contribution
9. Haïti.- Indicateurs de dollarisation
10. Evolution des importations, exportations et du déficit des biens et services (2009-2014)
11. Evolution des transferts privés sans contrepartie (2009-2014)
12. Evolution des Investissements Directs Etrangers (2009-2014)
13. Evolution de la subvention totale des produits pétroliers (2011-2014)
14. Comparaison entre les subventions aux produits pétroliers et les dépenses totales de
certains secteurs (2010-2013)
15. Subvention en essence par groupe de ménage
16. Evolution des recettes pétrolières d’octobre 2013 –décembre 2014
17. Total des impacts sur le bien-être de la population
18. Taux de pauvreté et d’inégalité
19. Variation des prix du transport après le relèvement des prix à la pompe d’octobre 2014
20. Tableau de synthèse : Augmentation de des prix à la pompe en octobre 2014
21. Ratio disponibilités / dépôt à vue du système bancaire
22. Structure financière du système bancaire
23. Coefficient d’exploitation du secteur bancaire de 2006 à 2014
24. Tarif en vigueur et Tarif Extérieur Commun
25. Importations selon le Tarif en vigueur et le TEC
26. Variation des droits de douane et IPC
27. Progrès d’Haïti dans le classement Doing business
28. Répartition du nombre de réformes des affaires par catégorie et par pays depuis 2006
29. Production nette d’énergie électrique en KWh par type de producteurs et zone
30. Evolution mensuelle de la production nette d’énergie électrique (2013 et 2014)
31. Poids des producteurs privés et quantité d’énergie achetée
32. Ventilation des subventions du MEF accordées à l’EDH
33. Dépenses totales réalisées pour EDH (Transferts)
34. Evolution du taux de recouvrement et
6
35. Evolution du taux de facturation
36. Taux de sous-emploi invisible par secteur institutionnel et zone géographique
37.Répartition de l’emploi par secteur (avec couverture sociale)
38. Répartition de l’emploi par secteur (sans couverture sociale)
39. Évolution de la production et de la population haïtienne (2011-2014)
40. Évolution de la croissance distribuée aux habitants en Haïti (2010-2013)
41. Ajustement du solde extérieur en Haïti (2003-2013)
42. Indicateurs des échanges extérieurs
43. Évolution du flux de capitaux étrangers vers l’économie haïtienne
44. Contribution fiscale des dix (10) plus grandes entreprises d’Haïti (2011)
45. Position comparée de l’économie haïtienne (pour 2009-2013)
46. Convergence relative de l’économie haïtienne (sur la période 2009-2013)
7
LISTE DES AUTEURS
1- L’ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL
Edouard NSIMBA
2- LA PERFORMANCE MACROÉCONOMIQUE EN HAÏTI EN 2013/2014
a) LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN 2013/2014
Jude Alain LOUIS ; Donija AUGUSTIN
b) L’INFLATION
Isabelle SIMON ; Jude Alain LOUIS
c) ÉVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES
Daniel CHALNÉ ; Marcelin BONNE-ANNÉE
d) MONNAIE, CHANGE ET FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE
Ronald JOCELYN
e) SECTEUR EXTERNE
Guerda NELSON
3- IMPACTS DU RELÈVEMENT DES PRIX DES PRODUITS PÉTROLIERS SUR LES
MÉNAGES ET LES FINANCES PUBLIQUES
Wilnick THÉLUSMAR
4- ANALYSE DE L’ÉVOLUTION ET DE LA PERFORMANCE DU SYSTÈME BANCAIRE
HAÏTIEN AU COURS DE L’EXERCICE FISCAL 2013/14
Ronald JOCELYN
5- IMPACTS DE L’INTRODUCTION DU TARIF EXTÉRIEUR COMMUN (TEC) SUR
L’ÉCONOMIE HAÏTIENNE
Duckson CADET
6- DOING BUSINESS 2015 : PERSPECTIVES POUR HAÏTI
Dominique DESHOMMES
7- SITUATION DE L’EDH ET PERSPECTIVES DU SECTEUR DE L’ÉNERGIE
Marcelin BONNE-ANNÉE
8- PERSISTANCE DU CHÔMAGE EN HAITI
Réginald SURIN
9- HAÏTI, PAYS EMERGENT EN 2030 : RESULTATS, DEFIS ET PERSPECTIVES
Ralph Valéry VALIERE
10- PROFIL DE LA PAUVRETE D'HAÏTI EN 2012 : PAUVRETE ET EXTREME PAUVRETE
Ernest DORILAS
8
9
Le contenu de la présente publication ne reflète en aucun cas la
position officielle ou l’opinion du Ministère de l’Économie et des
Finances. Les avis exprimés n’engagent que leurs auteurs.
10
11
SOMMAIRE EXECUTIF
La Direction des Etudes Economiques (DEE) du Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)
présente son deuxième rapport annuel qui couvre l’exercice fiscal allant du 1er octobre 2013 au
30 septembre 2014.
Le rapport comporte trois parties. La première partie analyse la performance de l’économie
mondiale dans l’ensemble et par groupe de pays ou régions en 2014, l’évolution des prix des
produits de base: pétroliers et non-pétroliers (produits alimentaires, industriels, minéraux) et les
cours des devises sur les marchés de change. La deuxième partie analyse la performance à partir
des agrégats macroéconomiques, sociaux et financiers (dynamique de la croissance, inflation,
finances publiques et situation monétaire) au cours de l’année fiscale 2013-2014. La troisième
partie aborde des thématiques qui sont de véritables enjeux pour Haïti.
Malgré la persistance de l’atonie de l’activité mondiale, les transferts privés sans contrepartie ont
augmenté et sont devenus, dans beaucoup de pays en développement, la première source de
devises et de financement externe de la croissance. Après un rebond en 2013, l’Aide Publique au
Développement (APD) s’est stabilisée en 2014. Toutefois, l’APD envers les pays les plus
pauvres a diminué, impliquant de vives et intenses pressions sur les finances publiques et la
balance des paiements de ces pays. Au niveau mondial, les Investissements Directs Etrangers
(IDE) ont reculé en 2014. Cependant, les IDE envers les pays en développement ont augmenté, à
l’exception de la région de l’Amérique Latine et Caraïbes.
La croissance en Amérique Latine et les Caraïbes a été hétérogène en 2014. L’expansion de
l’activité a été relativement forte dans les Caraïbes ; le PIB progressant de 3,0% en 2013 à 3,2%
en 2014. Les pays de l’Amérique du sud (principalement exportateurs des produits de base) ont
connu une forte décélération de l’activité à 0,4% en 2014 contre 2,8% en 2013. La croissance
s’est consolidée en Amérique centrale (principalement importateurs des matières premières)
atteignant 2,4% en 2014 comparé à 1,8% en 2013. Dans l’ensemble, la croissance des pays de
l’Amérique latine et des Caraïbes a été anémique avec un PIB régional de 0,1% en 2014.
Les pays de la région font face à des chocs internes et externes. Les chocs internes relèvent de la
baisse des investissements, de la demande intérieure terne, du climat des affaires maussade et de
la détérioration de l’indice de confiance des ménages et des entreprises. Les chocs externes ont
trait au ralentissement de la croissance de l’économie chinoise et à l’effondrement des prix des
produits de base qui ont conduit à la détérioration des termes de l’échange, des soldes des
finances publiques et de la balance des transactions courantes pour les pays de la région
exportateurs des produits de base.
Après une décennie de hausse, les flux d'investissement direct étranger (IDE) vers l'Amérique
latine et les Caraïbes ont chuté de 19% en 2014. Les transferts privés sans contrepartie vers la
12
région ont augmenté grâce au dynamisme de l’économie américaine et des nouvelles
technologies de transfert des fonds qui ont réduits les frais d’envoi. Les perspectives de
croissance pour la région Amérique Latine et Caraïbes présagent une contraction de l’activité en
2015 pour la région, une relance faible en 2016 et un rebond de la croissance en 2017. Face à
l’affermissement du dollar américain, dans l’ensemble, les monnaies de la région se sont
fortement dépréciées.
En Haïti, la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) pour 2013-2014 s’est établie à 2.7% -en
dessous de 3.8% prévu au budget de l’exercice 2013-2014. Le rythme de croissance économique
depuis 2011 (2.9% en moyenne) est plus important par rapport à celui de la période 2000-2009
(0.7% en moyenne) et demeure l’un des plus élevés de Caraïbe. Le nombre d’emplois au niveau
du secteur textile a augmenté de 16.1% en rythme annuel. En glissement annuel, l’inflation est
passée de 4.5% en septembre 2013 à 5.3% en septembre 2014. Elle est contenue dans les limites
du programme financier convenu avec le Fonds Monétaire International (FMI). En moyenne
annuelle, elle est en baisse à 3.9% contre 6.8% l’année précédente.
Au cours de l’exercice fiscal 2013-2014, la gestion du budgétaire est restée sous contrôle en
dépit du fait que trois facteurs exceptionnels aient pesé sur la situation des finances publiques :
des pertes de recettes liées à la subvention sur les produits Pétroliers estimées à 7,8 milliards de
gourdes; des transferts à l'EDH de l’ordre de 6 milliards de gourdes (incluant ressources du
Trésor et Petrocaribe), traduisant une hausse de 83 % et représentant 13,5% des dépenses
courantes et le vote tardif du budget au 8e mois de l’année fiscale 2013-2014, limitant ainsi la
mise en œuvre des réformes fiscales. Bien que les recettes (12.1% du PIB) aient légèrement crû
par rapport à l’exercice précédent, elles ont été, néanmoins en dessous de l’objectif fixé. Les
dépenses ont baissé de 1% par rapport à l’exercice précédent, représentant 23% du PIB.
L’exercice fiscal 2013-2014 s’est clôturé par des déficits en base engagement et caisse. Le déficit
en base caisse a nécessité un niveau de financement (diminution du solde des avoirs à la BRH)
de l’ordre de 5,2 milliards de gourdes soit 1.4% du PIB, un niveau presqu’en ligne avec le
Programme financier convenu avec le Fonds Monétaire (5,1 milliards de gourdes).
Le déficit budgétaire devrait rester dans les limites de 5% du PIB. Le financement du déficit se
fait par un endettement interne et externe (mobilisation des ressources Petrocaribe). Le stock de
la dette interne a légèrement augmenté mais la hausse de la dette externe s’est amplifiée, passant
de 17.4% à 20.6% du PIB par rapport à l’exercice précédent.
Pendant l’année fiscale 2013-2014, la politique monétaire a été resserrée avec la hausse des taux
d’intérêt sur les bons BRH de différentes maturités pour la première fois depuis janvier 2011.
Des interventions de l’autorité monétaire en maintes occasions sur le marché des changes ont eu
pour effet de limiter la dépréciation rapide de la gourde dont le taux de change par rapport au
dollar est passé de 43.74 au 30 septembre 2013 à 45.56 gourdes au 30 septembre 2014, soit une
13
variation de 4%. Le défi a été pour la Banque Centrale de contenir l’inflation sans compromettre
le niveau des réserves de change tout en poursuivant les réformes et politiques devant faciliter
l’approfondissement financier comme convenu dans le programme financier avec le FMI.
Au cours de l’exercice fiscal 2013-2014, les exportations ont crû de 6% mais leur rythme de
croissance a été moindre comparé au taux de 18% observé au précédent exercice. Les
importations ont aussi ralenti, progressant de seulement 1% par rapport au 5.3% de l’exercice
2012-2013. En dépit de la baisse de 25% des transferts officiels, la réduction du déficit
commercial jointe à la hausse des transferts privés de 11% ont favorisé une amélioration du solde
du compte courant qui s’est réduit de 5% par rapport à 2012-2013. Les IDE ont chuté de 38%
par rapport à l’exercice précédent, contribuant ainsi à la détérioration du solde du compte des
opérations financières. Le déficit global de la balance des paiements a atteint 1.2% du PIB, avec
pour corollaire une réduction des réserves de change. Toutefois, en prenant en compte des
paiements d’engagements envers les Institutions Financières Internationales pour un montant de
394 millions $US, un appui du FMI à la balance des paiements de 2.9 millions $US et une
restructuration de la dette externe d’un montant de 6 millions $US, les réserves nettes de changes
sont passées de 1.2 milliard en septembre 2013 à 1.0 milliard en septembre 2014, en baisse de
18%. Et les réserves brutes se chiffrent à 4.08 mois d’importation.
La troisième partie du rapport aborde des thématiques qui portent sur des enjeux véritables
pour Haïti. Avec l’effondrement des prix du baril de pétrole dans le marché mondial, la note
« IMPACTS DU RELEVEMENT DES PRIX DES PRODUITS PETROLIERS SUR LES
MENAGES ET LES FINANCES PUBLIQUES » analyse les retombées de la décision de
l’Etat, prise au début de l’exercice fiscal 2014-15, de renoncer de manière progressive à la
pratique de subvention des produits pétroliers.
La note « L’ANALYSE DE L’EVOLUTION ET DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME
BANCAIRE HAÏTIEN AU COURS DE L’EXERCICE FISCAL 2013-2014 », analyse la
situation et la performance financière du secteur bancaire. Sur ce, la taille de l’industrie bancaire
et les résultats d’exploitation sont passés au peigne fin. In fine, les indicateurs de rentabilité
financière du secteur ont été évalués.
Les incidences du Tarif Extérieur Commun dans le cadre du marché commun de la Caraïbe
(TEC-CARICOM) sur l’économie haïtienne sont analysées dans la note titrée « IMPACTS DE
L’INTRODUCTION DU TARIF EXTERIEUR COMMUN (TEC) SUR L’ECONOMIE
ET LE BUDGET D’HAÏTI ». Selon les simulations effectuées, l’implémentation du TEC en
Haïti engendrerait une hausse des recettes fiscales de l’ordre de 9.6%. Le TEC estimé à 9.9% par
rapport au 5.3% du taux moyen simple des droits de douane du tarif en vigueur en Haïti, offre
une protection plus grande aux industries locales et à l’agriculture.
14
La note « DOING BUSINESS 2015: PERSPECTIVES POUR HAÏTI » évalue et analyse les
indicateurs (création d'une entreprise, octroi de permis de construction, raccordement à
l'électricité, transfert de propriété, obtention de prêts, protection des investisseurs minoritaires,
paiement des impôts, commerce transfrontalier, exécution des contrats, règlement de
l'insolvabilité, réglementation du marché du travail) à la base de l’évaluation du climat des
affaires par la Banque Mondiale et de la performance d’Haïti.
Les difficultés de l’EDH sont d’ordre technique et commercial. Sur le plan technique, elle est
incapable de produire la quantité d’énergie électrique pour satisfaire la demande en raison de la
défectuosité de ses réseaux. Sur le plan commercial, elle connait un faible niveau de facturation (
40% en moyenne). La note « SITUATION DE L’EDH ET PERSPECTIVES DU SECTEUR
DE L’ÉNERGIE » analyse les causes et les effets du déficit chronique de l’EDH.
La croissance économique en Haïti ne crée pas suffisamment des emplois. Le chômage est
chronique. La note « Persistance du chômage en Haïti » évalue les politiques publiques mises
en place pour lutter contre le chômage.
Une préoccupation très complexe et pertinente est au centre du débat sur le développement
d’Haïti : Haïti peut-il être un pays émergent à l’horizon 2030 ? La note « HAÏTI, PAYS
ÉMERGENT EN 2030 : RÉSULTATS, DÉFIS ET PERSPECTIVES » définit le concept de
l’émergence et propose les conditions de transformation préalables qui permettront d’atteindre
l’objectif de l’émergence d’ici 2030.
Au seuil de ce nouveau millénaire, la pauvreté constitue une préoccupation majeure à l’échelle
internationale. Son incidence notable à l’échelle nationale en particulier a été le motif même du
Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP).
Par ailleurs, le séisme qui a frappé le pays en 2010, en détruisant les infrastructures déjà
insuffisantes, a aggravé la situation des personnes pauvres et vulnérables. La note « PROFIL
DE LA PAUVRETE D'HAÏTI EN 2012 : PAUVRETE ET EXTREME PAUVRETE »
propose une stratégie de lutte contre la pauvreté et les inégalités des revenus.
15
SITUATION DE L’ÉCONOMIE MONDIALE
16
17
L’ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL1
PERFORMANCE DE L’ECONOMIE MONDIALE EN 2014
L’économie mondiale a progressé en 2014, mais très modestement, affichant un produit intérieur
brut de 2,6% contre 2,5% en 2013. Cette croissance a été aussi inégalement répartie. En effet,
-
-
-
Elle s’est renforcée dans l’ensemble des pays développés avec notamment la sortie de la
récession économique des pays de la zone euro, malgré la décélération de l’activité au
Japon ;
L’activité a perdu beaucoup de vigueur dans les pays émergents et en développement,
Malgré l’expansion de l’activité en Inde, le ralentissement de la croissance en Chine et la
forte décélération de l’activité en Russie ;
La croissance a aussi perdu de la vigueur dans les pays en développement. Les économies
africaines et du Sud-est asiatique ont stagné en 2014, confrontées à la baisse de la demande
chinoise –deuxième source de la demande mondiale ; bien que la croissance se soit
grandement renforcée dans les pays de la Caraïbe, les pays de l’Amérique Latine et
Caraïbes, comme groupe ont connu une forte décélération à cause de la faiblesse de l’activité
au Brésil –la plus grande économie de la région.
La lutte contre le chômage et les résultats obtenus n’ont pas été homogènes. Dans l’ensemble, la
croissance du PIB réel en 2014 a été insuffisante pour réduire sensiblement le chômage et encore
moins la pauvreté. Certains pays ont réduit sensiblement le taux de chômage, d’autres ont réussi
à le stabiliser mais, beaucoup d’autres ont assisté impuissamment à la montée de chômage –
surtout parmi les jeunes de moins de 25 ans et les seniors de plus de 50 ans.
Le commerce mondial s’est faiblement accéléré en 2014. La modeste réaction des échanges
internationaux à la reprise progressive de l’économie mondiale peut être attribuée en partie à des
facteurs structurels, comme la diminution du soutien fourni par le développement des chaînes de
valeur mondiales2.
1
Cette section s’inspire des tableaux et analyses du WSP 2015 qui est un rapport conjoint du Département des
Affaires Economiques et Sociales, de la Conférence des Nations pour le Commerce et Développement et des cinq
Commissions régionales des Nations Unies : Commission Economique pour l’Afrique, Commission Economique
pour l’Europe, Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes, Commission Economique et
Sociale pour l’Asie et les Pacifiques et la Commission Economique et Sociale pour l’Asie Occidentale :
http://www.un.org/en/development/desa/policy/wesp/wesp_archive/2015wesp_full_en.pdf et du Rapport Annuel
2014 de la Banque centrale européenne : www.ecb.europa,eu,
2
Banque centrale européenne (BCE): Rapport annuel 2014, page
18
PERFORMANCE ECONOMIQUE ET SOCIALE PAR GROUPE DES PAYS
Des conditions climatiques défavorables ont réduit l’activité économique aux Etats Unis au
cours du premier trimestre de l’année 2014. Toutefois, la croissance s’est amplifiée pendant le
reste de l’année, soutenue par la consommation privée et l’investissement privé. La progression
du PIB réel était de 2,4% en 2014 contre 2,2% en 2013. L’économie américaine a affiché le taux
de croissance le plus élevé parmi les pays développés.
La baisse du prix du pétrole et l’appréciation du dollar ont contribué au faible taux d’inflation en
2014. L’Indice des Prix à la consommation (IPC) annuel a chuté à 0,8% (décembre 2014 –
décembre 2013) –au plus bas depuis décembre 2008. Si on enlève l’énergie et l’alimentation,
l’inflation sous-jacente annuelle s’établit à 1,6% -largement en dessous de l’objectif de 2% fixé
par la Reserve Fédérale (Fed).
Le taux de chômage a continué de régresser, atteignant 5,1% de la population active en août
2015 –au plus bas depuis sept ans. Le secteur privé a créé plus de 2,5 millions d’emplois en
2014, la plus forte hausse annuelle depuis 1999. La part du secteur privé dans l’emploi total des
États-Unis frise maintenant les 84,4 %, le plus élevé depuis 19593.
Comme en 2013, la politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed) fut très
accommodante4 en 2014. Dans un contexte d’amélioration globale des perspectives
économiques, le Comité fédéral de l’open market a progressivement réduit ses achats d’actifs au
cours de l’année et y a mis un terme en octobre. De plus, le Comité a maintenu le taux cible des
fonds fédéraux inchangé, au sein d’une fourchette comprise entre 0% et 0,25% tout au long de
l’année 20145.
En 2014, au Japon, le relèvement de la TVA (taxe de la valeur ajoutée) en avril 2014 a eu des
conséquences négatives sur le revenu disponible des ménages et la consommation privée. Le
Japon est retombé en récession économique au deuxième semestre 2014 avec la contraction du
PIB au deuxième (-1,5%) et troisième trimestre (-0,4%). Sur l’ensemble de l’année 2014, la
croissance a été négative (-0,1%), marquant une très forte décélération par rapport à l’expansion
de l’activité de 1,5% en 2013. Malgré la morosité de l’activité, le taux de chômage s’établit en
décembre 2014 à 3,4% de la population active –le plus bas niveau depuis 17 ans.
3
Banque nationale du Canada, Hiver 2015, page 5
4
La politique monétaire de la Fed poursuit trois objectifs: plein emploi, stabilité des prix et des taux d’intérêt bas.
Ses instruments sont : fixation du taux d’escompte auquel elle prête aux banques, taux des réserves obligatoires et
Bon de trésor
5
Banque centrale européenne (BCE): Rapport annuel 2014, page 15
19
Après deux années consécutives de contraction du PIB réel, les pays de la Zone Euro sont sortis
de la récession en 2014, avec l’expansion de l’activité de 0,9%. La relance de l’économie de la
zone euro (ZE), reste faible et fragile. Le PIB en Allemagne (première puissance économique de
la ZE) a fortement progressé au premier trimestre mais a ensuite ralenti sur le reste de l’année.
La France (deuxième puissance économique de la ZE) reste confrontée à une activité molle et
stagnante. Le PIB s’est encore contracté en Italie. Cependant des pays durement frappés par la
récession résultant de la crise financière et immobilière de 2008, ont progressivement renoué
avec la croissance en 2014 (Espagne, Irlande, Portugal) y compris la Grèce dont le PIB a
progressé de 0,6% après quatre années de programme d’austérité drastique et de récession
économique.
La faible expansion de l’activité en Inde, le recul de la croissance en Chine et la récession en
Russie ont conduit à la décélération de l’activité de l’ensemble des pays émergents en 2014.
Le PIB en Inde a modestement progressé, s’établissant à 5,4% en 2014 contre 5.0% en 2013. Les
mesures de soutien à l’investissement et la dissipation de l’attentisme lié à des élections de mai
2014, ont produit leurs effets depuis le deuxième trimestre 20146.
L’essoufflement de l’économie chinoise amorcée depuis 2012 continue. Le PIB de la Chine a
encore connu une décélération en 2014, s’établissant à 7,3% –la plus faible expansion depuis 25
ans. La persistance du ralentissement du rythme de croissance de l’économie chinoise est le
résultat de la chute des secteurs immobilier et manufacturier, du fléchissement des exportations
et d’une demande interne (absorption) morose qui peine à prendre le relais des exportations
comme force motrice de la croissance.
La politique monétaire a été accommodante. La banque centrale chinoise (PBOC), dans un
contexte d’assouplissement monétaire, a réduit en trois occasions les taux d’intérêt, abaissé en
deux fois le taux de réserve obligatoire pour inciter les banques chinoises à prêter davantage aux
entreprises et aux ménages. Les conditions de l’accès au crédit ont été assouplies, dans le but de
maintenir un accroissement régulier du volume du crédit bancaire et du financement social.
La croissance en Amérique Latine et les Caraïbes a été hétérogène en 2014. L’expansion de
l’activité a été forte dans les Caraïbes : le PIB progressant de 3,0% en 2013 à 3,2% en 2014. Les
pays de l’Amérique du sud (principalement exportateurs de produits de base) ont connu une forte
décélération de l’activité, 0,4% en 2014 contre 2,8% en 2013. La croissance s’est consolidée en
Amérique Centrale (principalement importateurs de matières premières) atteignant 2,4% en 2014
comparé à 1,8% en 2013. Dans l’ensemble, la croissance des pays de l’Amérique Latine et des
Caraïbes a été très faible avec un PIB régional de 0,1% en 2014.
6
Banque de France, Rapport 2014, page 13
20
Les pays de la région font face à des chocs internes et externes. Les chocs internes relèvent de la
baisse des investissements, de la demande intérieure terne, du climat des affaires maussade et de
la détérioration de l’indice de confiance des ménages et des entreprises. Les chocs externes ont
trait au ralentissement de la croissance de l’économie chinoise et à l’effondrement des prix des
produits de base qui ont conduit à la détérioration des termes de l’échange, des soldes des
finances publiques et de la balance des transactions courantes pour les pays de la région
exportateurs des produits de base. Après une décennie de hausse, les flux d'Investissement Direct
Etranger (IDE) vers l'Amérique latine et les Caraïbes ont chuté de 19% en 2014. Les transferts
privés sans contrepartie vers la région ont augmenté grâce au dynamisme de l’économie
américaine et des nouvelles technologies de transfert des fonds qui ont réduit les frais d’envoi.
Le rythme de croissance économique en Afrique a ralenti. En 2013 tout comme en 2014,
l’expansion de l’activité était de 3,5%. L’Afrique en 2014 a été confrontée à trois chocs :
l’épidémie d’Ebola qui a réduit l’activité des quelques pays de l’Afrique de l’Ouest (Liberia,
Siéra Leone, Guinée). Le fléchissement de la croissance de l’économie chinoise, pénalisant pour
les pays africains qui exportent vers la Chine, et la chute des prix des matières premières ont
contribué à la décélération de l’activité, au déséquilibre interne (budget) et externe (balance des
paiements) de la zone.
21
EVOLUTION DES PRIX DES MATIERES PREMIERES OU PRODUITS
DE BASE EN 2014
Pétrole
Alors que les prix du pétrole ont été relativement stables dans la première moitié de 2014, les
cours du brut ont brutalement chuté au deuxième semestre de 44%. Le prix du Brent en juin 2014
était autour de $111,9 le baril et a fortement baissé à $62.33 en décembre 2014. L’action
conjuguée de trois facteurs fondamentaux expliquent cette baisse : la croissance de la demande
en 2014 a été plus faible que celle initialement anticipée (i) ; la production mondiale de pétrole a
fortement augmenté en 2014, notamment du fait de la production de pétrole de schiste aux EtatsUnis (ii) ; l’OPEP –lors de son meeting du 27 novembre 2014- avait choisi de ne pas réduire sa
production -ce qui par ricochet- reflétait son refus d’enrayer la chute de cours du brut.
Estimé à 92,0 millions de barils par jour (mbj) en 2014, la demande mondiale de pétrole a
modérément augmenté de 900,000 barils par jour par rapport à 2013 -largement en dessous de
1,86 mbj initialement projetés (Tableau A.2 en annexe). Ce ralentissement est le résultat de
l’atonie de la conjoncture économique internationale. L’activité économique des principaux
pays consommateurs du pétrole: Etats-Unis (18,9 mbj), Chine (10,8 mbj), Japon (4,6 mbj), Inde
(3,7 mbj), Russie (3,3 mbj), Brésil (3,0 mbj), Allemagne (2,4 mbj), France (1,7 mbj), a été soit
faible, soit en contraction7.
Prix des produits non-pétroliers
Les prix des produits alimentaires ont augmenté entre janvier et avril 2014 puis ont en moyenne
baissé sur le reste de l’année. Pour l’ensemble de l’année 2014, l’indice FAO des prix des
produits alimentaires est estimé –en moyenne- à 202 points, soit une baisse de 3,7% par rapport à
2013 – une troisième année consécutive de contraction.
Les prix des matières premières industrielles ont de nouveau fléchi en 2014, en bute à une
conjoncture mondiale atone. Toutefois, l’essoufflement n’est pas homogène. Certains produits
ont connu une baisse modérée des prix et d’autres un repli plus marqué (charbon, fibre textile,
caoutchouc).
7
Source : BP : World Energy 2014
22
EVOLUTION DES COURS DES DEVISES EN 2014
Le dollar américain s’est fortement apprécié face aux autres grandes devises, porté par le
dynamisme de l’économie américaine et l’effet de l’anticipation du changement attendu de la
politique monétaire de la Reserve fédérale (Fed) qui va de l’abandon de l’assouplissement
quantitatif (quantitative easing : QE) au resserrement des conditions monétaires, notamment le
relèvement des taux d’intérêt directeurs. Pour l’année 2014, le dollar s’est affermi de 12,79%8
contre les devises des partenaires commerciaux -un gain jamais réalisé depuis 1997.
L’envolée du dollar9 s’explique aussi par la dichotomie des politiques monétaires entre les Etats
Unis et les pays développés et émergents. Alors que la Fed tend vers une normalisation de la
politique monétaire, la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Banque centrale du Japon
(BoJ), envisagent désormais l’assouplissement quantitatif (QE) pour doper l’offre de crédit et
contribuer ainsi à la croissance économique et la création des emplois10. Cette désynchronisation
crée des anticipations sur l’évolution de différentiel des taux d’intérêt qui avantage les Etats
Unis.
Pendant toute l’année 2014, la politique monétaire de la Banque d’Angleterre a été très similaire
à celle des Etats Unis. Elle fut très accommodante en maintenant sa politique d’assouplissement
monétaire (QE) avec des taux d’intérêt bas, proche de zéro. Toutefois, la livre sterling s’est
dépréciée de 3.9% contre le dollar américain et s’est renforcée de 6.8% face à l’euro au cours de
l’année 2014.
Le taux de change effectif nominal de l’euro (mesuré par rapport aux 39 principaux partenaires
de la zone) a reculé de 3,4% en rythme annuel 11. La dépréciation de l’euro en 2014 est beaucoup
plus prononcée au niveau bilatéral, notamment contre le dollar des Etats Unis (12,5%) et contre
toutes les devises liées au dollar américain : le yuan renminbi chinois (10,2%) et la livre sterling
(5%).
L’atonie de l’activité économique au Japon et la décision de la Banque centrale du Japon (BoJ)
de prolonger sa politique monétaire expansionniste (QQE)12-entamée depuis avril 2013- ont
8
David John Marrota « What Is the US Dollar Index ?», January 17, 2015
9
Pour rappel, le dollar américain reste incontestablement la devise de référence mondiale. Le dollar représente plus
des 60% des réserves de change mondiaux et environ 80% des échanges mondiaux dont quasiment 100% du négoce
de pétrole. Pour plus de détails, lire Andreas Hofert : « Cette guerre n’est pas celle des Etats Unis, faux prix, vrais
risques, le niveau record des fonds de pension, 13 février 2015.
10
La BCE, par exemple a injecté beaucoup de liquidité pour booster la croissance de la zone euro. L’opération
consiste à racheter massivement des actifs à hauteur de 60 milliards par mois, à partir de mars 2015 jusqu’à
septembre 2016. Soit un QE d’au moins 1100 milliards d’euros
11
Banque Centrale Européenne (BCE), Rapport Annuel 2014, page 17
12
Quantitative and qualitative easing
23
contribué à affaiblir le cours du Yen. La devise nipponne s’est fortement dépréciée de 18,2%
face au dollar au cours de l’année 2014.
Les sanctions imposées à la Russie dans un contexte de tensions géopolitiques en Ukraine, la
chute brutale des prix du pétrole, la fuite des capitaux et le déclin des réserves de change ont
provoqué l’effondrement du rouble russe qui a chuté de 49% face au dollar américain et 42%
contre l’euro, au cours de l’année 2014.
Selon le rapport annuel 2015 de la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les
Caraïbes (CEPALC), publié le 31 juillet 201513, « la valeur des monnaies latino-américaines et
caribéennes a dans l'ensemble baissé face au dollar américain en 2014 ». La chute des prix des
produits de base, le retrait ou le ralentissement des programmes de stimulation économique, la
baisse des taux d’intérêt résultant de l’assouplissement des politiques monétaires et la faible
expansion de l’activité ont contribué à la dépréciation des différentes monnaies de la région.
Le peso dominicain a reculé de 4,7% face au dollar américain, la gourde haïtienne s’est
dépréciée de 6,2% au cours de l’année 201414. Toutefois, quelques monnaies de la région ont
connu une appréciation face au dollar américain: le boliviano (6,5%), le dollar trinidadien (5%).
Le marché de change au Venezuela a fait face à beaucoup des chocs interne et externe en 2014,
notamment la forte dépréciation de la monnaie (bolivar), l’effondrement des exportations du
pétrole qui fournissent 95% des devises du pays15, la chute des réserves de change qui a réduit la
couverture d’importations en nourrissant la pénurie des produits de première nécessité et
hypothèque la capacité du pays d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses créanciers. La chute
de l’offre de devises a encouragé la fuite des capitaux et le développement du marché parallèle
de change. L’accélération de la dépréciation du bolivar alimente en partie l’inflation qui a atteint
60% en 2014.
13
Economic Survey of Latin America and the Caribbean 2015: Challenges in...
14
La gourde a chuté de 20% face au dollar américain entre mai-juillet 2015. Si on considère la période janvier-juin
2015, la gourde s’est dépréciée de 10% face au dollar américain
15
Selon Morgan Stanley, « chaque baisse de 5 dollars du prix du baril de Brent entraîne un manque à gagner de
3,3 milliards de dollars. Si le prix du baril devait rester à ces niveaux-là en 2015, ce chiffre monterait à
12 milliards ».
24
25
SITUATION ÉCONOMIQUE, FINANCIÈRE,
SOCIALE EN HAÏTI EN 2013 -2014
26
27
LA PERFORMANCE MACROECONOMIQUE EN HAITI EN 2013/2014
Le budget 2013-2014, adopté au mois de mai 2014, tablait sur une croissance économique de
3.8%, un contrôle de l'inflation à environ 6,5% et une maitrise du taux de change en
adéquation avec l'objectif de croissance et d’inflation.
La performance sur l’année fut marquée par une série de contraintes et de facteurs défavorables
liés aux capacités de financement, aux difficultés de gouvernance économique et politique, au
contexte international plombé par une reprise fragile de l’économie mondiale et l’incertitude sur
les cours internationaux des produits pétroliers. Mais ces facteurs défavorables sont plus ou
moins assouplis par une baisse des prix internationaux des produits alimentaires qui a contribué
à réduire le déficit de la balance courante et limiter les tensions inflationnistes en présence d’un
repli de la production agricole.
La croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) pour 2013-2014 est estimée à 2.7%, en
dessous des 3.8% prévu au budget de l’exercice, montrant que la dynamique de
récupération et de relance économique suite au séisme s’est poursuivie. Ainsi, le rythme de
croissance économique en Haïti depuis 2011 (2.9% en moyenne) est plus important par rapport à
celui de la période 2000-2009 (0.7% en moyenne) et demeure l’un des plus élevés de la Caraïbe.
Cette dynamique de croissance dans laquelle les investissements publics ont joué un rôle
important a subi le contre coup d’un vote tardif du budget et de l’exacerbation des contraintes de
financement. Cela risque de se renforcer si les réformes de l’environnement des affaires ne
s’accélèrent et le contexte politique ne se soit pas rasséréné afin de rassurer le secteur privé et lui
permettre d’assumer pleinement son rôle dans le processus de croissance.
LA CROISSANCE ECONOMIQUE EN 2013/2014
La croissance économique pour l’exercice 2013/14 a reculé à 2.7%, comparé à 4.2 % au
précédent exercice. Elle
Evolution du taux de croissanxce du Produit Intérieur Brut
est aussi en dessous du
taux de 3.8% projeté dans
le budget de l’exercice.
Tous les secteurs, hormis
l’agriculture ont contribué
à
cette
croissance.
2012
2013
2014
L’activité économique est
Secteur primaire
Secteur secondaire
Services
PIB
marquée
par
une
décélération au niveau du
secteur de la construction et un léger repli au niveau du secteur des services qui reste dominé par
5.0
4.0
3.0
2.0
1.0
0.0
-1.0
28
le commerce. La production industrielle a crû au même rythme que l’exercice précédent (+2,2%)
et une légère amélioration a été enregistrée au niveau de la production d’énergie (1.4%).
Pour sa part, l’activité dans le secteur agricole, fortement fragilisée par un retard dans la
pluviométrie qui a affecté la campagne de printemps et une accessibilité moins importante
d’engrais et de semences, a enregistré une baisse substantielle (-1,5%) en comparaison à
l’exercice précédent (+4,3%). Seulement 10 000 contre 30 000 tonnes d’engrais et 330 contre
1300 tonnes de semence ont été distribuées respectivement au cours des exercices 2013/14 et
2012/13. En outre, les contraintes structurelles deviennent plus aigües au fil du temps avec
notamment la dégénérescence des variétés, l’effet des changements climatiques sur la production
agricole.
Dans le secteur secondaire, la valeur ajoutée a affiché un léger repli de 0.6 point de
pourcentage passant de 5,9% en 2013 à 5,3% en 2014. Quasiment, tous les types d’industrie
ont contribué à l’augmentation de la production de ce secteur au cours de la période. Certaines
filières connaissent un processus de densification depuis quelques temps comme le café, le
cacao, les fruits et les boissons. Le café haïtien de marque Rébo est à présent distribué dans
plusieurs magasins de Wallmart à Miami. La Brasserie Nationale a augmenté ses capacités et est
parvenue à réduire ses coûts en substituant progressivement l’utilisation du malt importé par le
petit mil planté en Haïti, donnant lieu à une augmentation de production de certaines boissons,
en particulier la bière prestige et le malta. De plus, une politique de soutien à la demande à
travers le programme de cantines scolaires offre un débouché pour certains produits, dont le
malta.
Par contre, dans l’industrie manufacturière, la production de la branche « textile, habillement et
cuir », a accusé une baisse. Cette branche, fortement tributaire des commandes étrangères, a été
affectée par des mouvements de grève enregistrés dans les usines.
L’activité de construction (avec une croissance +7.9%), quoique moins importante par
rapport à l’année précédente (+9.3%), demeure la branche d’activité la plus dynamique en
2014. Ce dynamisme est dû aux nombreux travaux réalisés particulièrement dans le sous-secteur
des Bâtiments et Travaux Publics
Contribution en % des principaux secteurs à la croissance du
PIB en 2014 (2.7%)
(BTP). La mise en chantier des
édifices devant loger les Ministères et
1.9
Services
autres
entités
publiques ;
la
0.8
Construction
construction des routes, des marchés
0.2
Industries manufacturieres
publics, les aménagements de sites
-0.3
touristiques sont autant de facteurs qui Agriculture, sylviculture, elevage, chasse, peche
ont contribué à la vivacité des BTP.
-0.5
29
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
Dans le secteur tertiaire qui compte pour plus que la moitié de la valeur ajoutée totale,
l’activité commerciale connait une légère décélération (+3,6%) en 2014 contre 3,7% en
2013. Le secteur est soutenu par le dynamisme des branches Transport et Communications, et
Services Marchands. Le tourisme aussi connait un regain avec une hausse de 22% des arrivées
de touristes de séjour par rapport à l’année précédente et cela contribue à la performance de
l’activité commerciale relevée par l’IHSI.
Cette évolution du tourisme est à mettre à l’actif de nombreux travaux réalisés pour
dynamiser le secteur. Il convient de mentionner l’amélioration des destinations touristiques
notamment l’Ile à Vache, Côte de fer, Jacmel, Cap Haïtien et Môle Saint Nicolas,
l’aménagement de quinze sites touristiques dans les départements du Nord, du Nord-est, du
Centre, de l’Ouest, du Sud et du Sud-est16.
Les services de transports aériens, selon l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN), sont
marqués par une hausse du nombre de passagers embarqués et débarqués à Maïs Gâté sur la
période oct.13-septembre.14 de 6.2% et 6.7% respectivement. Il est à noter l’inauguration de
l’aéroport du Cap, le développement d’un nouveau service de transport interrégional avec la mise
en service d’autobus plus confortable, une amélioration du réseau routier national. Ces faits ont
dû impacter le trafic intérieur d’avion en dépit du fait que les vols au départ et à l’arrivée ont
diminué de 13.1% et 11% respectivement.
Comportement des principaux éléments de la demande
Toutes les composantes de la demande ont contribué à la croissance en 2014. La
consommation a crû de 2,3%, en terme réel, en 2014 contre 2,7% pour l’exercice précédent. Elle
a bénéficié de la hausse annuelle de 11% des transferts privés sans contrepartie, des dépenses
sociales du gouvernement et du faible rythme de progression de l’inflation sur l’exercice (+5.3%
en glissement annuel). L’investissement a crû de 2,1% en terme réel en dépit de la baisse des
investissements publics, reflétant une contribution plus importante du secteur privé. En effet, le
crédit au secteur privé est en hausse de 11.2% par rapport à septembre 2013. Les exportations
ont crû de 4,5% en terme réel.
Le nombre d’emplois au niveau du secteur textile a augmenté de 16.1% en rythme
annuel17. Il atteint 36 340 au mois de septembre 2014 contre 30 633 au mois de septembre 2013.
Au niveau de la fonction publique, le niveau de l’emploi a cru de 2.3% en glissement annuel.
16
Principales réalisations du Gouvernement, Mai 2014.
17
Enquête de l’ADIH sur un échantillon d’entreprises
30
L’INFLATION
En glissement annuel, l’inflation est passée
de 4.5% en septembre 2013 à 5.3% en
septembre 2014. Elle est contenue dans les
limites du programme financier convenu avec
le FMI. En moyenne annuelle, elle est en
baisse à 3.9% contre 6.8% l’année
précédente. Au troisième trimestre il y a eu
une accélération des prix des produits
alimentaires locaux du fait de la baisse de la production agricole et des tensions sur les
conditions monétaires et budgétaires. La baisse des cours des produits alimentaires sur le marché
international a permis de limiter l’impact de la dépréciation de la gourde sur les produits
importés et la hausse de l’indice des prix alimentaires locaux. Ajouté à cela, une politique de
resserrement des conditions monétaires a été
observée au second trimestre.
Les plus fortes hausses annuelles de produits
alimentaires portent sur les produits carnés et
d’élevage (cabri, bœuf, jambon, poissons) et
des produits agricoles tels le citron, le
champignon et des produits de l’industrie
locale tels la bière et le malta. A noter que les
postes habillement et santé enregistrent les plus
fortes hausses annuelles de l’IPC, 11% chacun.
Eléments de risque sur le niveau des prix
En présence d’un bon contrôle du déficit budgétaire, les risques pour l’inflation résident dans la
dépréciation de la gourde, les perspectives d’un ajustement des prix des produits pétroliers et
l’incertitude sur l’offre locale de produits agricoles du fait de la dépendance vis-à-vis de la
pluviométrie et de l’effet des changements climatiques, notamment. Cette situation requiert un
effort supplémentaire pour des investissements qui garantissent la maîtrise des facteurs
essentiels à la production agricole comme l’eau, les intrants et la préservation de
l’environnement et des ressources naturelles.
31
EVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES
La situation budgétaire est maintenue sous contrôle en dépit du fait que trois facteurs
exceptionnels aient pesé sur la situation des finances publiques en 2014: des pertes de recettes
liées à la subvention sur les produits Pétroliers estimées à 7,8 milliards de gourdes; des transferts
à l'EDH de l’ordre de 6 milliards de gourdes (incluant ressources du Trésor et Pétrocaribe),
traduisant une hausse de 83 % et représentant 13,5% des dépenses courantes ; le vote tardif du
budget au 8e mois de l’exercice budgétaire.
La mise en œuvre des réformes fiscales et du programme d’investissement a été limitée sur
l’exercice par ce vote tardif du budget
Evolution des recettes par champs (Oct -Sept) en millions de gourdes
et les recettes ont progressé de manière 16,000.00
plus modérée que prévu. Le déficit 14,000.00
12,000.00
I
budgétaire devrait rester dans les limites 10,000.00
D
'
de 5% du PIB grâce à une progression des 8,000.00
TCA
recettes et un contrôle des dépenses dans 6,000.00
A
T
un contexte de retard de l’appui 4,000.00
R
2,000.00
budgétaire mais qui a quand même
2011-2012
2012-2013
2013-2014
augmenté de 11% sur l’exercice. Un
financement à partir des ressources à la BRH à hauteur de 5.2 milliards est réalisé, cela en raison
d’une utilisation plus faible que prévue des bons du trésor (autour de 1 milliard contre 8 milliards
prévus dans le budget). Le recours à l’endettement à partir de la mobilisation des ressources de
Pétrocaribe permet de soutenir l’investissement -près de 14 milliards de gourdes sur Pétrocaribe
ont financé le PIP de 2014 – mais cela se traduit par un accroissement du stock de la dette
externe de 1.5 à 1.8 milliards de gourdes, passant ainsi de 17.4% à 20.6% du PIB.
MPÔT SUR LE REVENU
ROITS D ACCISE
UTRES AXES
ECETTES
DOUANIERES
Pour l’exercice 2013-2014, les recettes totales perçues par les administrations fiscales et
douanières s’élèvent à 47,1 milliards de gourdes contre 44,5 milliards pour l’exercice 2012-2013,
soit une hausse de 6%. Néanmoins, le manque à percevoir sur les recettes est de 3,8 milliards de
gourdes par rapport à l’objectif. Cette performance représente 93% de l’objectif de 50,9 milliards
de gourdes de recettes prévues pour l’exercice et correspondrait à une pression fiscale autour de
12.1%, pratiquement au même niveau que l’exercice précédent.
Pour leur part, les dépenses totales engagées, de l’ordre de 52,5 milliards de gourdes (13.5% du
PIB) ont baissé légèrement de 1% par rapport à l’exercice précédent (52,8 milliards), soit une
sous-exécution d’environ 8 milliards de gourdes par rapport aux prévisions budgétaires. Cette
sous-exécution est expliquée en particulier par la chute des dépenses d’investissements publics.
Par contre, les dépenses courantes ont atteint le montant de 45,1 milliards de gourdes contre 39,4
milliards pour l’année 2012-2013. Cette hausse annuelle est occasionnée par les dépenses de «
32
fonctionnement » (+17%), de «
subventions » (+16%),
d’intérêts
(+13%) et de « salaires » (+10%).
Evolution des depenses par poste en millions de gourdes (Oct -Sept)
25000
20000
TRAITEMENTS ET SALAIRES
FONCTIONNEMENT
15000
V
'
Ainsi, les dépenses d’investissement
10000
S
du Programme d’Investissement
I
Public (PIP) financées par les
5000
ressources domestiques (hors fonds
0
2011-2012
2012-2013
2013-2014
spéciaux
et
incluant
appui
budgétaire) ont connu une régression
de 45%, se chiffrant à 7,4 milliards de gourdes pour l’exercice 2013-2014 contre 13,4 millions en
2012-2013. Le niveau des dépenses effectives reflétées par les mouvements sur les comptes de
projets traduit une baisse de moitié par rapport à l’exercice antérieur, car la libération tardive des
crédits a retardé la mise en œuvre de certains projets. Un accent particulier a été mis sur le volet
refondation sociale dans l’exécution du programme d’investissement public. Ce volet a absorbé
la grande part des décaissements sur l’exercice, soit 47% des ressources décaissées, puis
viennent la refondation territoriale (31%), la refondation institutionnelle (10%) et la refondation
économique (12%).
ERSEMENTS D INTÉRÊTS
UBVENTIONS ET AUTRES
TRANSFERTS COURANTS
NVESTISSEMENTS
Les dépenses d’investissement effectuées à partir des ressources de Petro Caribe totalisent 13.8
milliards de gourdes d’octobre 2013 à septembre 2014 contre 22,8 milliards de gourdes prévues,
soit un niveau de décaissement de 61%. Cette performance représente une baisse de 12% par
rapport à l’exercice antérieur. En termes d’orientation, la majeure partie des dépenses ont été
réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de projets de construction des infrastructures 74.7%,
de l’Energie 13.0%, de la lutte contre la pauvreté 9.6%, du renforcement institutionnel 1.7%, de
l’Agriculture 0.7%, de l’assainissement 0.2% et du Tourisme 0.1%.
L’exercice fiscal 2013-2014 s’est soldé par des déficits en base engagement et caisse,
respectivement de 5,4 milliards et 7,8 milliards de gourdes. Le déficit en base caisse conduit à
un niveau de financement (diminution du solde des avoirs à la BRH) de l’ordre de 5,2 milliards
de gourdes soit 1.4% du PIB, un niveau presqu’en ligne avec le Programme financier convenu
avec le Fonds Monétaire (5,1 milliards de gourdes). Ce niveau de financement s’explique
notamment par l’utilisation progressive des ressources sur le fonds d’annulation de la dette, la
réalisation des garanties sur les contrats de l’EDH et des émissions de bons du trésor. Par contre,
les bailleurs de fonds ont décaissé 4,3 milliards de gourdes au titre de l’appui budgétaire, un
montant en hausse de 11% par rapport à celui décaissé en 2012-2013. Le solde des transactions
courantes est positif de 1.2 milliard de gourdes, soit 0,5% du PIB, en raison des réductions des
dépenses courantes non prioritaires.
33
Des progrès importants sont réalisés dans la mise en œuvre des mesures visant à renforcer
l'efficacité de la politique budgétaire, notamment en ce qui concerne la mise en place du Compte
Unique du Trésor (CUT) et l’implantation des postes comptables.
MONNAIE, CHANGE ET FINANCEMENT DE L’ECONOMIE
Sur l’année 2014, la politique monétaire a été resserrée avec la hausse des taux d’intérêt sur les
bons BRH de différentes maturités pour la première fois depuis janvier 2011. Des interventions
de l’autorité monétaire en maintes occasions sur le marché des changes ont eu pour effet de
limiter la dépréciation rapide de la gourde dont le taux de change par rapport au dollar est passé
de 43.74 au 30 septembre 2013 à 45.56 gourdes au 30 septembre 2014, soit une variation de 4%.
Le défi a été pour la Banque Centrale de contenir l’inflation sans compromettre le niveau des
réserves de change tout en poursuivant les réformes et politiques devant faciliter
l’approfondissement financier comme convenu dans le programme financier avec le FMI.
Orientations de la politique monétaire
Après avoir maintenu, au premier semestre de l’exercice fiscal 2013/14, la politique de
relâchement des conditions monétaires entamée depuis janvier 2011, au début du second
semestre 2013/14, les autorités monétaires ont adopté une politique de resserrement des
conditions monétaires marquée par :
- la hausse de deux (2) points de pourcentage des taux d’intérêt sur les bons BRH qui sont passés
de 1%, 2% et 3% à 3%, 4% et 5% respectivement sur les maturités de 7, 28 et 91 jours. Par
ailleurs, le taux de mise en pension a été relevé de 500 points de base pour s’établir à 12%.
- la hausse de 3% des coefficients de réserves obligatoires sur les passifs libellés en gourdes qui
sont passés de 34%, 22.5% et 34% à 37%, 25.5% et 37% respectivement pour les banques
commerciales, les banques d’épargne et de logement et les filiales non bancaires.
En outre, la BRH a révisé le mode de constitution des réserves obligatoires sur les passifs libellés
en monnaies étrangères dont la couverture en gourdes est passée de 0% au 16 juin 2013 à 10% au
1er avril 2014 (BRH, circulaire LC # 01-14, 21 mars 2014).
Des interventions stabilisatrices ont été faites sur le marché des changes pour faire face à
une accélération de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar au deuxième
trimestre 2014. De 1 million de dollars au premier trimestre, les ventes nettes de devises par la
34
BRH sur le marché des changes sont passées à 18 millions au premier semestre. Pour limiter les
pertes de réserves, la BRH a dû acheter 12.25 millions de dollars au second semestre de
l’exercice fiscal 2013/14. In fine, l’exercice s’est clôturé par des ventes nettes de devises de
l’ordre de 20.95 millions18 de dollars au 30 septembre
Les résultats intermédiaires
Dans ce contexte, la base monétaire au sens du programme avec le FMI a diminué de
0.05% passant de 48.16 milliards de gourdes au 30 septembre 2013 à 48.14 milliards de
gourdes au 30 septembre 2014 ce, malgré la progression de 11.8% de la monnaie en
circulation pour s’établir à 23.9 milliards de gourdes. Cette baisse résulte principalement de
la contraction des dépôts en gourdes (-13%) des banques commerciales à la Banque Centrale
[soit une contribution nette de -6.7% à l’évolution de la base monétaire selon le programme avec
le Fonds]. La base monétaire au sens large a aussi enregistré une légère baisse de 0.2% en
glissement annuel pour s’établir à 96.2 milliards de gourdes.
Suite à l’augmentation des principaux taux
directeurs de la Banque Centrale, l’encours
des bons BRH est passé de 2,572 millions de
gourdes (en avril 2014) à 4,857 millions de
gourdes en septembre 2014 mais est maintenu
en baisse de 1.7 millions. L’encours des
billets de trésorerie est estimé à 5.5 milliards
de gourdes au 30 septembre 2014.
Encours des bons BRH en millions de
gourdes
7,648
6,549 7,094 6,665
5,131 4,857
2,672
4,194
2,572 2,139
4,940
3,841
L’agrégat monétaire (M3)
Les données préliminaires, disponibles à fin septembre 2014, montrent une hausse de la
masse monétaire au sens large, en glissement annuel de 9.8% pour s’établir à 174.6
milliards de gourdes. Cet accroissement provient essentiellement de la hausse de 11.2% des
dépôts en dollars du système bancaire dont la contribution est de 5.4%. De son côté, le crédit au
secteur public est passé de -5.0 à 7.5 milliards de gourdes. La dépréciation de la gourde et un
certain retard dans la transmission des mesures de politique monétaire sont, entres autres, des
facteurs qui ont alimenté une anticipation négative des agents économiques, ce qui a valu une
certaine migration des dépôts en gourde vers des dépôts en dollar.
18
Ventes de 33.2 millions de dollars contre achats de 12.25 millions de dollars.
35
Répartition des composantes et contreparties de la masse monétaire (M3) selon leur
contribution
Composantes de M3 contributions Variation contreparties de M3
contributions Variation
M1
3.0%
11.8% Avoirs extérieurs nets BCM
-0.8%
-5.6%
Quasi-monnaie
1.4%
6.5% Avoirs extérieurs nets BC
-2.9%
-5.8%
Dépot en dollars
5.4%
11.2% crédit intérieur net
13.2%
29.5%
autres postes nets
0.2%
-2.6%
Total
9.8%
Total
9.8%
Source: BRH, adaptation de l'auteur
Les contreparties de la masse monétaire
Cet accroissement de la masse monétaire découle d’une hausse du crédit intérieur net de
29.5% en glissement annuel, passant de 71.3 milliards de gourdes au 30 septembre 2013 à
92.4 milliards de gourdes à la fin du mois de septembre 2014. Il est impulsé en grande partie
par l’augmentation de 11.2% en variation annuelle du crédit au secteur privé sur la même
période. Les avoirs extérieurs nets du système bancaire se sont élevés à 95.1 milliards de gourdes
au 30 septembre 2014, soit un resserrement de -5.8%. Malgré les coefficients de réserves
obligatoires plus élevés pratiqués sur les passifs en monnaies étrangères comparés à ceux libellés
en monnaie locale, en termes de composition, les crédits en dollars ont crû plus fortement que les
crédits en gourdes, 19.5% contre 5.5% respectivement. Cela vient renforcer le processus de
dollarisation de l’économie haïtienne comme le révèlent les indicateurs de dollarisation
financière.
Haïti- Indicateurs de dollarisation
Exercice
Dépôt $/
Crédit $/Dépot
fiscal
Dép.tot.
$
2012/2013
56.00
39.87
2013/2014
56.92
42.84
Source: BRH
36
Crédit $/ Crédit
total
40.28
43.32
Dépot
$/M3
48.49
49.14
SECTEUR EXTERNE
Au terme de l’exercice 2013-2014, la situation externe de l’économie haïtienne s’est caractérisée
par une réduction du déficit de la balance des paiements dans un contexte international marqué
par la baisse des prix des matières premières.
Balance des Paiements
Pour l’exercice fiscal 2013-2014,
Evolution des Importations, Exportations et
deficit des biens et services (millions de $ US)
les exportations sont en hausse de
4470
4433
4419
4287
4195
6% avec toutefois un rythme de
croissance plus faible comparé au
2804
taux de 18% observé au précédent
1658
1569
1325
1312
1034
1016
exercice. Ce résultat est favorisé
par une augmentation de la
demande américaine,
des
2009
2010
2011
2012
2013
2014 (P)
capacités de production en hausse
Exporttions
Importations
Déficit des Biens et Services
consécutive à la mise en service
du parc de Caracol, notamment. De leur côté, les importations ont enregistré une légère hausse
de 1% comparé à 5.3% au précédent exercice. Ces résultats ont permis au déficit commercial de
marquer un recul de 1.3% pour atteindre 2.8 milliards de dollars, soit -33% du PIB.
En dépit de la baisse de 25% des
transferts officiels, la réduction du
déficit commercial jointe à la
hausse des transferts privés nets de
11% ont favorisé une amélioration
du solde courant qui s’est réduit
de 5% par rapport à 2012-2013
pour atteindre 508 millions dollars.
Evolution des transferts privés
sans contrepartie (en millions $ US)
1376
1474
1551
1612
2009
2010
2011
2012
1781
2013
1977
2014 (P)
Le compte des opérations financières indique que les flux financiers nets ont été réduits de 18%
Evolution des investissements
et ne correspondent pas aux entrées de devises
directs étrangers(en millions $ US)
nécessaires pour financer en totalité le déficit du
178
160
156
compte courant. Ces flux intègrent : les IDE en
119
baisse de 38%, la dette, essentiellement, celle dans
99
le cadre de Petrocaribe en baisse de 9% et les
55
mouvements nets de capitaux du système bancaire
caractérisés par des sorties nettes de 36 millions de
2009
2010
2011
2012
2013 2014 (P)
dollars.
37
Le solde global de la balance des paiements affiche un déficit de 103.7 millions $US soit 1.2%
du PIB qui a impliqué une réduction des avoirs de réserves bruts de 476 millions $US en prenant
en compte des paiements d’engagements envers les Institutions Financières Internationales pour
un montant de 394 millions $US, un appui du FMI à la balance des paiements de 2.9 millions
$US et une restructuration de la dette externe d’un montant de 6 millions $US. Les réserves
nettes de changes sont passées de 1.2 milliard en septembre 2013 à 1.0 milliard en septembre
2014, en baisse de 18% et les réserves brutes se chiffrent à 4.08 mois d’importation.
La dette externe
Parallèlement à la dette interne qui se chiffre à 3.7 Milliards de gourdes au 30 septembre 2014,
soit 1% du PIB, la dette extérieure a atteint 1.7 milliards de dollars US, soit 21% du PIB. La
dette externe révèle un niveau modéré d’insoutenabilité car les principaux ratios n’indiquent pas
un dépassement du seuil de vulnérabilité. Le Ratio Dette /PIB (21%) est inférieur à 30% et celui
Dette/Exportations est de 155%, donc est inférieur au seuil de 200% établi par la Banque
Mondiale.
38
39
NOTES ET ETUDES THEMATIQUES SUR
L’ECONOMIE HAITIENNE
40
41
NOTE 1.
IMPACTS DU RELÈVEMENT DES PRIX DES PRODUITS
PÉTROLIERS SUR LES MÉNAGES ET LES FINANCES PUBLIQUES
Mise en contexte
Depuis mars 2011, face aux fluctuations des cours du pétrole sur le marché international,
l’Etat haïtien avait décidé de geler les prix à la pompe en choisissant de subventionner tous
les consommateurs. D’octobre 2010 à septembre 2014, la subvention des produits pétroliers a
été supérieure à vingt (20)
milliards de gourdes. Pour les
quatre (4) derniers exercices, les
pertes de recettes dues aux
subventions
des
produits
pétroliers
représentaient
en
moyenne 2% du PIB et 15% des
recettes totales tandis que le
solde
budgétaire
restait
déficitaire.
Source : MEF/DEE/SAPF
Ces subventions accordées aux produits pétroliers ont eu pour conséquence de limiter les
dépenses
publiques
prioritaires susceptibles de
promouvoir la croissance et la
réduction de la pauvreté. Pour
l’exercice
2012/13,
ces
subventions représentaient plus
de deux (2) fois le budget du
Ministère de la santé Publique
(MSPP), près de cinq (5) fois
celui
du
Ministère
de
l’agriculture (MARDNR) et plus
Source : MEF/DEE/SAPF
que le double des dépenses
exécutées par le Ministère de l’éducation nationale (MENFP).
42
Les résultats générés par le modèle SUBSIM19 révèlent que les principaux bénéficiaires de
la subvention sont les gens gagnant les revenus les plus élevés au niveau de la population.
D’après l’ECVMAS20 de 2012, 83% des dépenses en carburant sont faites par les 10% des
ménages les plus riches contre 0.1% pour les 10% des ménages les plus pauvres. D’après cette
même enquête les produits
les plus subventionnés
sont consommés par les
plus riches. En effet, la
gazoline
est
subventionnée
à
une
hauteur de 60%, le gasoil
à 27% et seulement 6%
des subventions sont
octroyées au kérosène qui
est considéré comme le
Source : MEF/DEE/SAPF
carburant utilisé comme
huile de lampe et consommé par la plupart des ménages les plus pauvres de la population. Les
plus riches bénéficient de plus de 83% des subventions contre seulement 0.1% pour les plus
pauvres.
Ayant pris conscience de cette situation, l’Etat haïtien a décidé, à la fin de l’exercice 2013/14
(septembre 2014), de renoncer de manière progressive à cette pratique de subvention. Pour
ce faire, un plan de relèvement des prix à la pompe a été établi21. Ainsi, les prix à la pompe qui
étaient fixés depuis mars 2011 à 200, 162 et 161 gourdes respectivement pour la gazoline, le
gasoil et le kérosène, ont augmenté de 8% en moyenne22 en octobre 2014.
Considérant le poids de cette subvention sur les finances de l’Etat et ses implications sur les
ménages, cette présente note se propose de mesurer les retombées du relèvement des prix
à la pompe sur les finances publiques et sur le budget des ménages. Il sera question dans un
premier temps de voir les impacts de cette décision sur le budget de l’Etat, ensuite, de mesurer
l’impact de cette décision sur les ménages et enfin, de faire des propositions pour la politique de
prix des produits pétroliers.
19
Subsidy Simulation
20
ECVMAS : Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages Apres le Séisme.
21
L’intégralité de ce plan de relèvement des prix à la pompe se trouve dans la Stratégie de réforme des subventions
des produits pétroliers réalisées par la DEE de concert avec la commission ad hoc de la réforme des subventions des
produits pétroliers. Par la suite, avec la baisse du prix du pétrole sur le marché international, la subvention des
produits pétroliers en Haïti est devenue obsolète.
22
La gazoline est passée de 200 à 215 gourdes, le gasoil de 162 à 177 et le kérosène de 161 à 171 gourdes.
43
Impacts sur les Finances Publiques
Cette décision de relever
les prix à la pompe
parait très favorable
aux finances publiques.
Les recettes pétrolières
collectées au premier
trimestre de l’exercice
fiscal 2013-2014 (1.2
milliards de gourdes)
représentaient plus de 66
fois de celles du dernier
trimestre de l’exercice
Source : MEF/DEE/SAPF
2012-2013
(17.8
millions). En variation mensuelle, les recettes ont subi une hausse importante, passant de 4.3
millions de gourdes en septembre à 70.2 millions gourdes en octobre 2014, soit une
augmentation de plus de 300%. A noter que les recettes pétrolières prévues dans le budget
2014/15 sont de 8 milliards de gourdes.
L’accroissement des recettes pétrolières ne résulte pas seulement du relèvement des prix à
la pompe, mais surtout de la chute des prix du carburant sur le marché international.
D’octobre à décembre 2014, le prix du baril WTI23 a baissé de 29%, passant de 87.3 à 62. 2
dollars, ce qui engendre l’annulation automatique des subventions accordées aux produits
pétroliers. Il faudrait toutefois souligner que la subvention traduit la différence entre le prix à la
pompe et celui qui devrait être pratiqué en tenant compte du prix CIF augmenté des droits,
taxes, et marges bénéficiaires.
Impacts sur les ménages
L’augmentation de 8% des prix à la pompe des produits pétroliers diminue le niveau de bien
être des 20% des ménages les plus riches de 0.37% contre seulement 0.004% pour les 20% les
plus pauvres.
23
Il y a trois prix de référence pour le marché mondial de pétrole: WTI, Brent et prix panier de l’OPEP. La DEE a
adopté le prix WTI.
44
Tableau 1: total des impacts sur le bien-être de la population (en million de gourdes)
essence
Quintile 1
-0.90
Quintile 2
-2.85
Quintile 3
-7.11
Quintile 4
-29.77
Quintile 5
-650.60
Total
-691.73
Elle a fait augmenter l’extrême pauvreté de 0.1%. Suite au relèvement des prix, 65.22% de la
population vit dans cet état de privation alors que le taux était de 65.15% auparavant. Par contre,
l’indice de Gini a baissé de 0.22% en passant de 40.78 à 40.69.
Tableau 2: taux de pauvreté et de l’inégalité
Pre reform
Post reform
Niveau de
pauvreté
Indice de
Gini
65.146
65.221
40.78
40.69
Dans le secteur de transport public, les conséquences ne sont pas significatives : le prix du
transport a augmenté à travers tout le pays. Etant le principal facteur dans la détermination du
prix de transport, l’augmentation de 8% des prix à la pompe a eu pour conséquence directe une
augmentation de 6% en moyenne du prix de transport. La zone métropolitaine est davantage
affectée par cette hausse de prix, car le coût du transport a crû de 10% contre 6% en moyenne
pour le reste du pays. Il y a lieu de remarquer l’existence d’une faible élasticité-prix de la
demande de pétrole.
Tableau 3 : Variation des prix du transport après le relèvement des prix à la pompe d’octobre 2014
Zone
Zone Métropolitaine
p-a-p-province
Nord
Nord'Est
Nord'Ouest
Artibonite
Grand'Anse
Sud'Est
Sud
Autres
Transport maritime
MOYENNE
variation
10%
5%
8%
6%
6%
6%
5%
6%
6%
7%
6%
6%
45
Conclusion et Recommandations
L’augmentation de 8% en moyenne des prix à la pompe parait être profitable aux finances
publiques, l’impact sur les ménages est plutôt limité. Afin de faciliter et renforcer la politique
de prix des produits pétroliers, atténuer les effets sur les plus vulnérables et réduire le
déséquilibre social, il s’avère nécessaire de :





Réviser la structure de prix des produits pétroliers tout en le rendant plus simple et
plus claire24 ;
Publier périodiquement la structure de prix ainsi que les différents grands champs
de celle-ci comme les impôts collectés et les marges ajustées sur le prix FOB des
produits distribués sur le marché intérieur ;
Mettre en place des mesures d’atténuation en cas de très forte variation, surtout
pour les plus vulnérables ;
Profiter de cette baisse sur le marché international pour aligner une fois pour
toutes les prix locaux aux prix internationaux ;
Utiliser un des mécanismes de lissage25 en cas de très forte volatilité des prix
internationaux afin de réduire les impacts sur les bénéficiaires ;
Tableau de synthèse
Augmentation de 8% des prix à la pompe en octobre 2014
pré-reforme
post-reforme
Variation
17.8 Mds
1.2 Mds
Recettes
(T4 : 13-14)
(T1 : 14-15)
+1.02 Mds
Quantité consommé (en
millions de gallons)
21.6 en septembre 2014
19 en octobre 2014
-2.6 Mls
Taux de Pauvreté
65.15%
65.22%
+0.076%
Niveau de bien être
-0.43%
Prix du transport
+6%
Niveau d’inégalité
40.78%
40.69%
-0.09%
24
On peut envisager de fusionner l’accise variable et des accises fixes, d’harmoniser les droits de douane entre tous
les produits pétroliers, d’apporter des modifications nécessaires au niveau des marges, coûts de transport et frais
financiers.
25
On peut utiliser comme mécanisme de lissage soit, les bandes de prix 3%, 5% ou de 10%, soit les moyennes
mobiles 2 mois, 4 mois ou 6 mois.
46
47
NOTE 2. ANALYSE DE L’ÉVOLUTION ET DE LA PERFORMANCE DU
SYSTÈME BANCAIRE HAÏTIEN AU COURS DE L’EXERCICE FISCAL 2013/14
Durant l’exercice fiscal 2013/14, l’actif du système bancaire a maintenu sa tendance haussière en
affichant une croissance de 10.6% pour se fixer à 194.5 milliards de gourdes. En effet, les
disponibilités, le portefeuille net des banques commerciales et l’émission des Bons du Trésor par
le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) sont les variables et/ou les facteurs ayant
expliqué, par ordre de pertinence décroissante, la progression de la taille du secteur bancaire. Ces
trois (3) variables ont contribué à plus de 86% dans la croissance de l’actif bancaire. En outre, la
profitabilité bancaire a progressé de 8.8% pour s’établir à 2.85 milliards de gourdes au cours de
l’exercice fiscal 2013/14 mais la croissance est moindre par rapport aux années récentes. Aussi,
les indicateurs de rentabilité financière, bien qu’au-dessus du standard international, ont montré
une évolution contrastée par rapport à l’exercice 2012/2013.
L’activité du système bancaire haïtien
Au cours de l’exercice fiscal 2013/2014, l’évolution du bilan du secteur bancaire haïtien est
dominée par la performance des disponibilités, du portefeuille net des banques
commerciales et des Bons du Trésor (MEF). Au 30 septembre 2014, l’actif du secteur
bancaire atteint 194.5 milliards de gourdes. Aussi, de 1998 à 2014 (en 16 ans), le système
bancaire haïtien a multiplié sa taille par 16. En effet, constitué de 52.8% d’actifs en devises en
septembre 2014 contre 50.8% en septembre 2013 et 57.8% en septembre 2012, l’actif bancaire a
progressé de 8.8%. Ceci s’explique
principalement par les disponibilités
(en hausse de 9.2%)26 et le
portefeuille
net
des
banques
commerciales (en hausse de 9.7%)27.
Il est à noter que le ratio de
couverture des dépôts à vue par les
disponibilités (disponibilités/dépôts à
vue), en dessous de l’unité depuis
2012, enregistre une légère amélioration en se fixant à 0.97. Pour sa part, L’encours des bons
BRH s’est resserré en glissement annuel (-8.5%) pour s’établir à 4.5 milliards de gourdes au 30
septembre 2014.
26
Soit une contribution de +8.8%.
27
Soit une contribution de +8.8%.
48
L’assise financière du système bancaire haïtien
Comparé à l’exercice 2012/2013, on a observé une certaine stabilité de la structure
financière du système bancaire au 30 septembre 2014. Le Niveau d’Endettement Global
(NEG)28 des établissements bancaires est passé de 92.6% à 92.4% de septembre 2013 à
septembre 2014. Ainsi, à chaque gourde d’actif détenue par l’industrie bancaire, les dépôts
correspondent pour 81 centimes en septembre 2014 contre 82.8 centimes en septembre 2013.
Sur la même période29, les prêts improductifs bruts en pourcentage des prêts bruts sont passés de
2.4% à 3%.
Haiti: structure financière du système bancaire
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Avoir des actionnaires en % de l’actif
Dépôts en % de l’actif
Source: BRH
Les résultats du système bancaire haïtien
Le bénéfice net du système bancaire a crû de 8.8% au cours de l’exercice fiscal 2013/2014.
En dépit de la performance très prononcée des prêts - augmentation de 17.8% pour s’établir à
5,289 millions de gourdes - marquée par une contribution de 30.5% du portefeuille de prêt au
bénéfice et de 26.2% pour les autres revenus, la profitabilité bancaire n’a augmenté que de 8.8%
au cours de l’exercice fiscal 2013/2014 contre 17% pour l’exercice précédent. Ce ralentissement
est dû principalement à l’augmentation de 11.6% des dépenses d’exploitation, soit une
contribution de -27.7% au bénéfice comptable de l’industrie bancaire pour l’exercice fiscal
28
Ratio : dettes totales/actifs totaux.
29
De septembre 2013 à septembre 2014.
49
terminé le 30 septembre 2014. De son côté le produit d’exploitation du système a crû de 12.7%
au cours de la période.
Malgré l’augmentation des dépenses d’exploitation, il convient de signaler une meilleure gestion
des dépenses dans le secteur bancaire en témoigne le coefficient d’exploitation30. En effet, le
système dépense en moyenne 64 centimes sur chaque gourde de revenus générée durant
l’exercice terminé le 30 septembre 2014 contre 65 centimes en 2013 et 67 centimes en 2012.
Haiti- Coefficient d'exploitation (dépenses d'exploitation en % du
PIB) du secteur bancaire de 2006 à 2014
73.3%
72.8%
73.0%
70.7%
69.2%
67.8%
66.7%
65.1%
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
64.4%
2014
Source: BRH
30
Le coefficient d’exploitation est le ratio des dépenses d’exploitation rapportées aux produits nets bancaires.
50
51
NOTE 3. IMPACTS DE L’INTRODUCTION DU TARIF EXTÉRIEUR COMMUN
(TEC) SUR L’ÉCONOMIE HAÏTIENNE
L’expression Tarif Extérieur Commun (TEC) traduit l’application au sein des États membres
d’une union douanière, d’un même tarif aux marchandises originaires des pays tiers. Il ressort de
cette définition deux conséquences. Premièrement, les États membres de l’union douanière
adoptent une même Nomenclature Tarifaire et Statistique c’est-à-dire, un même système de
désignation et de codification des marchandises et deuxièmement, ces États appliquent aux
marchandises originaires des pays tiers, les mêmes droits d’entrée (droit de porte ou droit de
douane). Ce nouveau tarif qui doit régir désormais les relations entre les États entraîne le
déplacement du cordon douanier.
Cette politique commune en matière de tarification externe vise entre autres la promotion et la
protection de la production communautaire, l’ouverture de l’Union vers l’extérieur, la lutte
contre le détournement de trafic. Pour que ces objectifs soient réellement atteints, il faut qu’on
aille au-delà des textes c’est-à-dire que le TEC soit effectivement mis en œuvre.
Contexte du TEC
Depuis quelques décennies, plusieurs pays des différentes zones géographiques du monde ont
décidé de s’unir pour créer un marché économique commun leur permettant de supprimer
simultanément les barrières internes à la libre circulation des biens, des services, des capitaux et
des personnes. L’objectif d’un marché commun est de créer une vaste zone de politique
économique commune. Elle doit reposer sur une fusion des marchés nationaux et permettre
d’éliminer le gaspillage des ressources. La suppression des entraves à la libre concurrence et la
promesse de nouveaux débouchés augmenteront la production. Mais la mise en œuvre du marché
commun pose de grands défis aux économies de pays traditionnellement protectionnistes.
La Communauté et le Marché Commun des Caraïbes (CARICOM) a été créé par le Traité de
Chaguaramas signé le 4 juillet 1973 par la Barbade, la Guyane, la Jamaïque et Trinité-et-Tobago.
Le Traité entra en vigueur le 1er août 1973. L’année suivante, Antigua-et-Barbuda, Belize, la
Dominique, la Grenade, Montserrat, Saint-Kitts-et-Nevis-et-Anguilla, Ste-Lucie et SaintVincent-et-les-Grenadines adhéraient au Traité devenant ainsi des membres de la CARICOM. Le
Commonwealth des Bahamas s’est joint à la Communauté des Caraïbes en 1983 sans toutefois
adhérer au Marché Commun. Depuis, la CARICOM a accueilli deux autres membres soit le
Suriname, qui est devenu membre en 1995 et Haïti qui est devenu membre en juillet 2002.
52
Pour une pleine intégration au marché commun, Haïti doit avoir un nouveau tarif douanier, qui
prend en compte les préoccupations des pays de l’union, les recettes fiscales et la protection de
la production nationale. Le tarif en vigueur est jugé trop libéral du fait des taux faibles qui sont
distribués aux différents produits. Cependant, dans une logique mondiale de démantèlement
tarifaire, les pays doivent avoir des droits de douanes très bas, afin de favoriser la libre
circulation des marchandises. Néanmoins, les Pays Moins Avancés (PMA) comme Haïti ont une
période de grâce avant de libéraliser complètement leur commerce extérieur.
Haïti doit à la fois s’aligner sur les exigences de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC),
s’assurer que les entreprises locales puissent, au cours de leurs premières périodes d’existence,
évoluer hors de la concurrence, le temps pour eux de poser les bases nécessaires à leur
compétitivité ; et enfin augmenter les recettes fiscales afin de trouver les ressources nécessaires
pour exercer les missions de l’Etat. Toute cette vision des choses doit se traduire par une
distribution des taux de manière à permettre au pays de tirer profit des échanges internationaux.
C’est dans ce contexte que l’analyse va se faire pour voir dans quelle mesure l’application du
Tarif Extérieur Commun apporterait des solutions aux problèmes posés à la place du tarif en
vigueur.
Cette analyse est effectuée à partir du modèle TRIST (Tariff Reform Impact Simulation Tool ou
Simulateur d'Impact des Réformes Tarifaires). C’est un modèle de commerce et une solution
logicielle basée sur MS Excel pour simuler les impacts de court terme des réformes tarifaires. Il
permet aux décideurs politiques d'évaluer rapidement les coûts d'ajustement relatifs aux reformes
tarifaires.
Les hypothèses théoriques du modèle consistent en :
• Absence de substitution entre différents produits, Substitution imparfaite entre les variétés d'un
bien donné (par exemple des chemises en provenance de différents pays).
• TRIST utilise l'hypothèse d'Armington des biens hétérogènes et l'étend à la production
domestique (avec une élasticité de substitution distincte de celle utilisée entre les importations).
• TRIST utilise l'hypothèse du petit pays. Cela signifie que le marché considéré n'est pas assez
important pour influencer les prix mondiaux lorsque sa demande varie.
• Les calculs de TRIST sont basés sur les élasticités (c’est-à-dire les % de variation). De ce fait, les
importations initialement à zéro demeurent nulles lorsque les tarifs changent. En conséquence,
aucun nouvel exportateur ne peut accéder au marché via la simulation.
53
Impacts du TEC pour Haïti
Haïti étant membre du CARICOM, l’utilisation du TEC en vue de réglementer ses échanges est
une obligation. Cependant, l’application du TEC aurait des effets sur les recettes fiscales et sur
l’économie en général.
Impact sur les recettes
En analysant les nouveaux tarifs du
TEC, on aura une augmentation des
recettes totales qui progresseront de
23,7 milliards de gourdes à 26,0
milliards de gourdes soit une variation
en valeur de 2,28 milliards de gourdes
(9.6%).
Cette augmentation sera imputable
principalement par l’accroissement de
plus de 3 milliards de gourdes (42.3%) des collectes de droit de douane. Les autres recettes
seront en baisse. Néanmoins, le TEC aura des retombées positives sur les recettes de l’Etat.
Impacts sur la balance commerciale
Depuis des années les importations ne cessent d’augmenter, ce qui creuse le déficit de la balance
commerciale. Les produits alimentaires représentent un fort pourcentage des importations. Avec
l’application des nouveaux droits de douane plus élevés prévus dans le TEC, les importations
devraient baisser en volume de 29.4 milliards de gourdes (29%), ce qui entraînerait une
diminution du déficit de la balance commerciale, toute choses égales par ailleurs. Rappelons que
la balance commerciale a une autre composante qui est l’exportation. Avec le TEC, le
commerce intra régional peut se dynamiser. Pour faire augmenter les exportations globales, il
faut d’autres politiques et réformes appropriées.
54
Importations
(tarif en vigueur )
(Millions HTG)
Importations
(TEC)
(Millions HTG)
Variation en
Volume
(Millions HTG)
Total
138,006
108,618
-29,387
Restedu
Monde
75,655
49,551
-26,104
CARICOM
3,363
3,445
81
Union
Européenne
5,714
5,210
-503
Rep.
Dominicaine
13,806
12,541
-1,264
Etats-Unis
39,466
37,870
-1,596
Groupes de
pays
Comme on peut l’observer dans le tableau ci-dessus, les importations en provenance des
principaux partenaires commerciaux d’Haïti diminueront qu’il soit les Etats-Unis d’Amérique ou
la République Dominicaine. Cependant, seules les importations en provenance de la CARICOM
augmenteront du fait du libre-échange qui s’effectuera dans la zone. Car, le TEC prévoit
l’élimination des droits de douane pour les produits originaires des pays membres du marché
commun.
Impacts sur l’inflation
Le tarif est un instrument qui fait augmenter le prix des produits importés, afin d’encourager la
consommation des produits locaux qui doivent être vendus à des prix inférieurs que ceux du
marché international. Dans cette logique le TEC n’aura pas un effet inflationniste, puisque l’offre
locale serait capable d’absorber la demande locale. Toutefois, dans une logique ou l’offre locale
ne pourra pas absorber la demande locale, le TEC provoquera des effets inflationnistes dans
l’économie haïtienne et cela va dépendre du niveau de rigidité de l’offre locale. Les politiques de
l’offre en cours devraient mitiger les impacts.
55
Variation des droits de douane et IPC
Produit
Pondération
dans l’IPC
Taux actuel en
%
Nouveau taux
en %
Nouvelle
pondération dans
l’IPC
Riz
7.53%
5%
5%
------
Maïs moulu
1.79
5%
15%
0.7%
Viande de
boeuf
2.13
10%
20%
1.1%
Poulet
1.83
10%
30%
1.4%
Pois sec
3.89
10%
15%
0.2%
Sucre brut
1.41
5%
5%
------
Impacts sur le taux de change
Les importations se font en devises étrangères, ainsi, une baisse des importations engendrerait
une baisse également de la demande de devises. Puisque le TEC favorisera la baisse des
importations, il contribuera également à faire baisser la pression des consommateurs sur le taux
de change. Cependant, le TEC pourra être sans effet sur le taux de change selon la politique
monétaire que l’État haïtien mettra en application.
Impact sur l’économie
Dans une large mesure, le TEC aura des effets positifs sur l’économie haïtienne. En voulant
protéger les industries locales et le secteur agricole, l’application du TEC sera un bon moyen
pour y arriver. Le taux moyen simple des droits de douane du tarif en vigueur est de 5.3% tandis
que pour le TEC il est de l’ordre de 9.9%.
Protection et TEC
Globalement le Tarif Extérieur Commun est moins libéral que celui en vigueur. Cependant, les
entreprises locales importent des biens de capital, des produits intermédiaires et des matières
premières. Ainsi, une bonne politique tarifaire est celle qui vise à mettre des taux plus élevés
sur les produits de consommation finale que sur les autres catégories de produits.
56
L’analyse de la protection des activités se réalise suivant la Classification Internationale Type
par Industrie (CITI) de toutes les branches d’activité économique. L’application du TEC fera
ainsi varier le niveau de protection dans certaines branches. Ainsi, la branche Elevage d’animaux
avec le nouveau tarif passera d’un taux de protection de 3.48% à 13.07%. La branche (Pêche,
pisciculture, aquaculture et activités annexes) qui est au taux de 0.01% donc totalement
libéralisée bénéficiera d’un taux de protection de 14.91%.
Niveau de Protection
Branche d’activité/ ISIC
Avant
011 - Culture; maraîchage; horticulture
Après
3.63%
5.98%
020 - Sylviculture, exploitation forestière et activités annexes 2.94%
4.54%
151 - Production, transformation et conservation de viande, de 8.43%
poisson, de fruits, de légumes, d'huiles et de graisses
17.31%
012 - Elevage d'animaux
3.48%
26.71%
050 - Pêche, pisciculture, aquaculture et activités annexes
0.01%
17.23%
152 - Fabrication de produits laitiers
4.17%
6.14%
Au niveau des Industries Manufacturières, la branche (Fabrication d'émetteurs de radio et
télévision, et d'appareils de téléphonie et de télégraphie) qui est au taux de 0% passera à 5%.
Tandis que celle de « Fabrication de récepteurs de télévision et de radio, d'appareils
d'enregistrement et de reproduction du son ou de l'image, et articles associés » qui est au taux
1.3% sera à 4.98%.
Niveau de Protection
Branche d’activité/ ISIC
Avant
Après
155 - Fabrication de boissons
13.73%
21.31%
160 - Fabrication de produits à base de tabac
37.88%
38.67%
173 - Fabrication d'étoffes et d'articles de bonneterie
4.96%
19.98%
181 - Fabrication d'articles d'habillement autres qu'en
fourrure
201 - Sciage et rabotage du bois
8.09%
19.84%
3.49%
5.48%
202 - Fabrication d'articles en bois, liège, vannerie et
sparterie
3.48%
9.73%
57
NOTE 4. DOING BUSINESS 2015 : PERSPECTIVES POUR HAÏTI
Depuis 2002, la Banque Mondiale présente tous les ans une évaluation de l’environnement des
affaires de 189 pays dans son rapport Doing Business. Dans ce rapport, sont analysées les
différentes mesures réglementaires en vigueur qui régissent le secteur des affaires. La position de
chaque pays dans le classement dépend de la manière dont le cadre juridique mis en place
impacte le climat des affaires et renforce le développement du secteur privé. L'un des principaux
objectifs du rapport est de faire ressortir les défaillances administratives et juridiques des
règlementations du secteur des affaires et d'inciter les gouvernements à réduire le temps, le coût
et le nombre de procédures dans certains domaines clés de la réglementation ainsi qu’à adopter
des réformes qui simplifient les opérations commerciales.
METHODOLOGIE
Collecte De Données
Le rapport repose essentiellement sur des enquêtes mais aussi sur les lois et règlements du pays pour recueillir
les informations nécessaires à l’évaluation. Dans un premier temps, des académiciens et des universitaires
élaborent un questionnaire standardisé afin de garantir la comparabilité entre les différentes économies. Pour y
parvenir, est formulé un certain nombre d’hypothèses sur le statut juridique, la taille, l'emplacement et la nature
des opérations des entreprises. Par la suite, l’enquête est envoyée à plus de 10 600 experts des 189 économies
concernées, notamment des avocats, des notaires, des responsables gouvernementaux et des consultants en
affaires. Selon un rapport du Groupe Indépendant d'Evaluation (en anglais Independent Evaluation
Group(IEG)), environ 70% des répondants sont des avocats et des notaires puisque dans de nombreux pays, ils
sont les principaux professionnels impliqués dans les opérations des entreprises2. Pour l’enregistrement des
entreprises par exemple, un notaire ou un avocat peut inscrire plusieurs entreprises en une seule journée, c’est la
raison pour laquelle ils sont vus comme plus aptes à participer dans les enquêtes "Doing Business",
contrairement aux entrepreneurs qui n’effectuent cette opération qu’une seule fois.
Concrètement, le rapport Doing Business vise à vérifier la facilité avec laquelle on peut mettre en place et opérer
une entreprise de taille moyenne qui respecte les lois et règlements qui régissent les entreprises à but lucratif.
Pour y parvenir, un ensemble d'indicateurs quantitatifs et qualitatifs ont été établis, capables de mesurer
l'efficacité de la réglementation (le coût, le temps et les procédures) et qui sont comparables dans les 189
économies. Les indicateurs utilisés sont les suivants: La création d'une entreprise, l’octroi de permis de
construction, le raccordement à l'électricité, le transfert de propriété, l’obtention de prêts, la protection
des investisseurs minoritaires, le paiement des impôts, le commerce transfrontalier, l’exécution des
contrats, le règlement de l'insolvabilité et la réglementation du marché du travail.
___________________________
1
Par exemple, les hypothèses formulées pour l'indicateur "création d’entreprise» sont les suivantes: l'entreprise doit être une société anonyme
et être situé dans la plus grande ville du pays, elle ne doit pas engager dans le commerce international, et doit posséder un capital de
démarrage de 10 fois le RNB par habitant.
2
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTOED/EXTDOIBUS/0,,contentMDK:21735866~menuPK:4759356~pagePK:6482957
3~piPK:64829550~theSitePK:4663967~isCURL:Y~isCURL:Y~isCURL:Y,00.htm
58
La performance d’Haïti en 2015 en matière de Doing Business
Selon le rapport Doing Business 2015,
les scores obtenus par Haïti ne sont pas
meilleurs par rapport à l'année
précédente. Une légère amélioration est
remarquée, Haïti passant de la 181ème
place en 2013 à la 180ème en 2014;
tandis que la République Dominicaine
par exemple stagne à la 83ème place. Le
document fait état de progrès dans
quatre des dix indicateurs par rapport à
l'année dernière: octroi de permis de
construction,
raccordement
à
l'électricité, enregistrement de la
propriété,
et
commerce
transfrontalier ; une détérioration dans
trois d’entre eux: création d’entreprise,
l'obtention de prêts, et le paiement des
impôts et aucun changement sur trois:
protection
des
investisseurs
minoritaires, exécution des contrats et
règlement de l'insolvabilité. Le texte
suivant est un compte rendu détaillé
des résultats d'Haïti cette année pour
chaque indicateur. Emprunté à un
article d’Haïti Libre, le texte compare
également les résultats à ceux de la
République dominicaine ainsi que ceux
de la région des Caraïbes:
« Pour la Création d’Entreprise, Haïti
perd une place et est classée 188ème
(187ème en 2014) avec 12 procédures
(8,3 en Amérique latine et Caraïbes et
4,8 en OCDE), un délai de 97 jours
malgré les efforts qui ont été faits au
niveau de la création du guichet
électronique (30,1 en Amérique latine
et Caraïbes et 9,2 en OCDE). En 113e
Mise à jour de la Méthodologie
En comparaison avec le rapport de 2014, le rapport de 2015
a connu 3 changements majeurs au niveau de sa
méthodologie qu’il importe de mentionner :
i. À partir de cette année le rapport prendra en compte les
données d’une deuxième ville pour les 11 économies qui
ont plus de 100 millions d'habitants. Ce sont le
Bangladesh, le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le
Japon, le Mexique, le Nigeria, le Pakistan, la Fédération
de Russie et les États-Unis.
ii. Le cadre de plusieurs indicateurs a été élargi afin de
mieux évaluer l'efficacité et la qualité d'une transaction
ou d'un service. Par exemple, le questionnaire pour
l’indicateur «octroi de permis de construction» comprend
de nouvelles questions cette année ; ceci pour mieux
évaluer certains éléments de la qualité de la
réglementation dans le processus d’obtention d’un permis
de construire. Cette information est recueillie en sus des
données fournies traditionnellement sur les différentes
étapes à suivre, le temps et le coût pour remplir les
exigences réglementaires relatives à la construction d'un
entrepôt. Les mêmes changements seront faits dans le
rapport de 2016 pour l’indicateur "Raccordement à
l'électricité" dont le questionnaire a été élargi pour
prendre en compte la fréquence des pannes d'électricité
et leurs causes. Un autre indicateur qui a aussi été
modifié est celui du «Règlement de l'insolvabilité»; il a
été étendu pour inclure un indice mesurant la force du
cadre juridique de l'insolvabilité. De même, les
indicateurs «obtention de prêts», «enregistrement de la
propriété», « paiement des impôts », «protection des
investisseurs minoritaires», et «exécution des contrats»
ont tous eu des modifications semblables.
iii. À partir de cette année, la détermination des positions
dans le classement ne se basera plus sur l'agrégation de
tous les scores obtenus à partir des dix indicateurs. En
conséquence, la Banque Mondiale a conçu une mesure
nommée «distance de la frontière (DDF) ». Cette
méthode de calcul capte l'écart entre la performance de
l'économie observée et l’économie qui a la meilleure
performance, et ceci au niveau de tous les indicateurs. Le
score DDF est calculée sur une échelle de 0 à 100, où 0
représente la pire performance et 100 la meilleure
performance. Par exemple, les pays qui performent bien
dans
59 un indicateur donné auront un score proche de 100.
position, la place de la RD reste inchangée.
Au niveau de l'Octroi de Permis de Construire, Haïti gagne 6 places et est classée 132ème
(138ème en 2014) avec 8 procédures (13,3 en Amérique latine et Caraïbes et 11,9 en OCDE), un
délai de 71 jours (178,3 en Amérique latine et Caraïbes et 149,5 en OCDE). La RD, 96ème ,
gagne 9 places.
Sélections des Indicateurs
Le choix des dix indicateurs Doing Business a été guidé en partie par les données des enquêtes de la Banque
Mondiale sur les entreprises : Business Enterprise Surveys. Ces enquêtes fournissent des informations mettant
en évidence les principaux obstacles aux activités des entreprises tels que rapportés par les entrepreneurs de
plus de 120 pays. Par exemple, deux des facteurs les plus importants pour les affaires identifiés dans les
enquêtes ont été l'accès au financement et l'accès à l'électricité2.Ces deux facteurs ont donc été inclus comme
indicateurs dans le rapport « Doing Business ». La conception de ces indicateurs a également été influencée
par les résultats de l’article de Simeon Djankov «The Regulation of Entry3». Ses recherches concluaient
principalement que les pays qui présentaient le plus de réglementations étaient plus susceptibles d'avoir une
corruption á grande échelle et de plus grandes économies informelles.
4
Le calcul du score DDF est relativement simple et direct. La première étape consiste à prendre les 31 sousindicateurs et de les normaliser en une unité commune, où chaque indicateur individuel (y) est recalculé en
utilisant la transformation linéaire (Pire-y) / (Pire - frontière). Dans cette formulation la frontière représente la
meilleure performance de l'indicateur sur l'ensemble des économies. Pour les indicateurs juridiques tels que
ceux sur l'obtention de crédit ou la protection des investisseurs minoritaires, la frontière est fixée à la valeur la
plus élevée possible5.
Ensuite, pour chaque sous-indicateur les scores obtenus sont agrégés par simple moyenne résultant en un DDF
pour chacun des dix indicateurs. La même méthode est utilisée pour obtenir le score DDF de l’économie,
c’est-à-dire en prenant la moyenne des scores des dix indicateurs.
C’est la première fois que la Banque fonde les classements du rapport sur les scores DDF. Cette méthode
permet d'évaluer plus efficacement et de manière absolue les performances d'un pays dans un indicateur
spécifique contre les meilleurs sur la liste. Pour fournir une base pour la comparaison, les scores de DDF ont
été calculés pour 2013 ce qui permet d’avoir la performance de chaque pays en 2013 et de le comparer au
classement de 2014 en utilisant la nouvelle méthode.
_____________________________________________
1
Les enquêtes auprès des entreprises fournissent des données au niveau des entreprises de plus de 135 000 établissements dans 135 pays.
Les données sont utilisées pour créer plus de 100 indicateurs qui évaluent l'environnement des affaires à travers le monde. Chaque pays
est recensé tous les 3 à 4 ans
2
http://www.doingbusiness.org/~/media/GIAWB/Doing%20Business/Documents/Annual-Reports/English/DB15-Chapters/DB15Report-Overview.pdf
3
La Régulation à l’Entrée
4
Le DDF (Distance De la Frontière) donne une idée de l’éloignement d’une économie par rapport à la meilleure performance (appelé «
frontière ») réalisée sur les économies et les indicateurs depuis leurs introductions dans Doing Business, cet indicateur est étalonné sur
une plage de 0 à 100.
5
Doing Business report 2015 Haiti. Pg 80
Au niveau du Raccordement à l’électricité, Haïti gagne 1 place et est classé 94ème (95ème en
2014) avec 4 procédures (5,5 en Amérique latine et Caraïbes et 4,7 en OCDE), un délai de 60
60
jours (67,4 en Amérique latine et Caraïbes et 76,8 en OCDE). La RD est en 119èmeposition et a
perdu 5 places.
Au niveau du Transfert de Propriété, Haïti gagne 1 place et est classée 175ème (176ème en 2014)
avec 5 procédures (7 en Amérique latine et Caraïbes et 4,7 en OCDE), un délai de 312 jours
(63,3 en Amérique latine et Caraïbes et 24 en OCDE), pour 7.1% de la valeur du bien (6,1 en
Amérique latine et Caraïbes et 4,2 en OCDE). La RD 82ème, inchangée. Au niveau de
l'Obtention de Prêts, Haïti perd 2 places et est classée 171ème (169ème en 2014). La RD, 89ème,
perd 3 places.
Au niveau de la Protection des investisseurs minoritaires, le classement d’Haïti est
inchangé (187ème place en 2014 et en 2015) avec un indice de protection des investisseurs de 2
[sur une échelle de 10] (4,6 en Amérique latine et Caraïbes et 6,3 en OCDE) et un indice de
protection des actionnaires minoritaires de 4,0 [sur une échelle de 10] (6,4 en Amérique latine et
Caraïbes et 7,2 en OCDE) et un Indice mesurant la responsabilité des dirigeants de 3 [sur une
échelle de 10] (5,1 en Amérique latine et Caraïbes et 5,4 en OCDE). La RD 83 ème, gagne 19
places.
Au niveau du Paiement des Taxes et Impôts, Haïti perd 5 places et est classée 142ème (137ème en
2014) avec un total à payer en pourcentage du bénéfice brut de 40,3% (48,3 en Amérique latine
et Caraïbes et 41,3 en OCDE) et un Impôt sur les profits de 23,8% (20,7 en Amérique latine et
Caraïbes et 16,4 en OCDE). La RD, 80ème, perd 4 places.
Au niveau du Commerce Transfrontalier, Haïti gagne 5 places et est classée 142ème (147ème en
2014) avec un total de 8 documents nécessaires à l’exportation (6 en Amérique latine et Caraïbes
et 4 en OCDE), un délai nécessaire à l’exportation de 28 jours (16,8 en Amérique latine et
Caraïbes et 10,5 en OCDE), 9 documents nécessaires à l’importation (7 en Amérique latine et
Caraïbes et 4 en OCDE), le délai nécessaire à l’importation est de 26 jours (18,7 en Amérique
latine et Caraïbes et 9,6 en OCDE). La RD, 24ème, gagne 15 places.
Au niveau de l'Exécution des Contrats, le classement d’Haïti reste inchangé (89ème en 2014 et
en 2015). La RD 73ème, inchangé. Cet indicateur évalue la complexité de l’exécution des contrats
en suivant l’évolution d’un litige et en relevant la durée, le coût et le nombre d’étapes nécessaires
entre le dépôt de la plainte et le règlement du créancier.
L’indicateur Règlement de l'insolvabilité mesure la durée et les coûts des procédures
collectives. Les données identifient les lacunes dans le Droit des faillites en vigueur et les
principaux goulots d'étranglement procéduraux et administratifs dans la procédure de faillite. Le
taux de récupération, exprimé en cents pour le dollar que le demandeur obtient de l’entreprise en
61
difficulté, est également noté. Au niveau de cet indicateur, le classement d’Haïti reste
inchangé (189ème en 2014 et en 2015). La RD, 158ème gagne 2 places.31
Progrès d’Haïti dans le classement Doing business
INDICATEUR
CLASSEMENT
(2015)
CLASSEMENT
(2014)
CLASSEMENT DOING BUSINESS
180
181
VARIATION
CLASSEMENT
1
Création d’Entreprise
188
187
-1
Octroi de Permis de Construire
132
138
6
94
95
1
Transfert de Propriété
175
176
1
Obtention de Prêts
171
169
-2
Protection des investisseurs minoritaires
187
187
Paiement des Taxes et Impôts
142
137
-5
Commerce Transfrontalier
142
147
5
89
89
Aucun changement
189
189
Aucun changement
Raccordement à l’électricité
Exécution des Contrats
Règlement de l'insolvabilité
Aucun changement
Source : www.doingbusiness.org
Importance des réformes
La contre-performance d’Haïti présentée dans le rapport indique qu'il y a des efforts à faire pour
faciliter les opérations dans le secteur des affaires. Toutefois, il semble que cela n’a pas suffi
puisque le pays fait toujours partie des dix pays dans lesquels il est plus difficile de faire des
affaires et ce, depuis 2005. Comparé à d'autres pays de la région, Haïti est avant dernier parmi les
pays de l’Amérique Latine et les Caraïbes, juste après le Venezuela. Sur la base du classement
peut-on dire que le climat des affaires se dégrade en Haïti? Pas nécessairement: de
nombreux pays ont simplement amélioré certains indicateurs- clés, ce qui a
considérablement augmenté leur score relatif au notre. Le Rwanda est un exemple avec des
réformes mises en œuvre par le gouvernement qui a abouti à un classement final de 32 en 2014
par rapport à 52 en 2013. Des réformes similaires ont été faites à l'île Maurice, le Costa Rica et la
31
http://www.haitilibre.com/article-12425-haiti-economie-haiti-progresse-dans-le-doing-business-2015.html
62
Pologne, ce qui a fait progresser leurs places dans le rapport de l’année précédente. Les progrès
des pays mentionnés ci-dessus affectent le classement d’Haïti.
2
Guatemala
20
4
5
5
1
Honduras
17
4
2
Jamaïque
16
3
1
République
dominicaine
15
3
Rwanda
37
4
Haïti
Venezuela,
RB
5
1
2
5
1
1
3
2
1
1
2
5
3
2
3
1
3
1
1
3
2
1
Règlement de
l'insolvabilité
Exécution des Contrats
Obtention de Prêts
Transfert de Propriété
1
Commerce
Transfrontalier
3
Paiement de Taxes et
Impôts
14
Protection des
investisseurs minoritaires
Costa Rica
Raccordement à
l’électricité
Total
Economie
Octroi de Permis de
Construire
Création d’entreprises
REPARTITION DU NOMBRE DE REFORMES DES AFFAIRES PAR CATEGORIE ET
PAR PAYS DEPUIS 2006
2
2
2
1
2
3
2
2
1
3
1
3
6
2
3
6
4
1
2
2
Source : www.doingbusiness.org
Par conséquent, en s’appuyant sur les chiffres du rapport, on peut déduire que la clé d'un
meilleur rang est liée en partie à la volonté des gouvernements aux réformes qu'ils lancent dans
ce secteur. En effet, pour les pays les plus performants, il existe une corrélation avec les réformes
et leur classement. Par exemple, la République dominicaine depuis 2006 a entrepris pas
moins de quinze réformes visant à améliorer leur environnement des affaires, passant du
63
2
99ème rang en 2008 au 84ème en 2015, un gain de 12 points en 6 ans. De même, la Jamaïque a
entrepris 16 réformes depuis 2006 et occupe désormais la 58ème place dans les classements
mondiaux. Il en est de même pour le Rwanda avec 37 réformes ; il occupait la 150èmeplace
en 2008 et maintenant il est classé 46ème, un gain de 104 points en 6 ans.
LIMITES DU RAPPORT
Le rapport Doing Business a gagné en notoriété au
cours des dernières années; comme beaucoup l'ont
souligné, il est à la fois très influent auprès des
décideurs politiques et des investisseurs, mais il
génère également de la controverse. De nombreux
responsables gouvernementaux ont souligné les
divergences dans l'approche utilisée par la Banque
pour évaluer le cadre réglementaire et législatif
notamment la façon dont les données sont collectées
et les indicateurs choisis. En effet, la lecture du
rapport soulève quelques questions, principalement
sur la méthode de collecte des données, l'universalité
de la méthodologie appliquée, et de certaines
hypothèses posées pour assurer la comparabilité.
Cette section explore les limites du rapport en ce qui
concerne le risque lié à l’interprétation et la
méthodologie utilisée par la Banque Mondiale pour
obtenir les classements.
Méthodes de collectes de données:
La collecte de toutes les données publiées par la
Banque dans le cadre du rapport Doing Business se fait
au moyen d'enquêtes standardisées ainsi que des
analyses de lois relatives au secteur des affaires. Pour
chacun des dix indicateurs un questionnaire est conçu ;
il est ensuite envoyé à des experts dans chaque pays,
notamment les acteurs qui sont le plus familier avec les
lois qui gèrent le secteur en question. Pour assurer la
comparabilité entre toutes les économies qui font
partie de l’enquête, les questionnaires doivent faire
certaines suppositions et hypothèses sur la nature de
l'entreprise. Par exemple pour tous les indicateurs les
hypothèses suivantes ont été formulées:
-
L'entreprise doit être une société à
responsabilité limitée située dans la plus
grande ville d'affaires du pays avec 10 à 50
employés dans le premier mois de
fonctionnement.
-
Le capital de départ de l'entreprise doit être
équivalent à 10 fois le RNB par habitant.
-
L'entreprise mène des activités industrielles
ou commerciales générales, comme la
production ou la vente de produits ou de
services au public.
-
L'entreprise n’est pas engagée dans des
activités de commerce extérieur et ne vend
pas des produits soumis à un régime fiscal
spécial, par exemple, l'alcool ou le tabac.
Interprétation du Rapport
Certains ont tendance à voir ce rapport comme une
présentation exhaustive de l'environnement des
affaires d'un pays. L’intitulé « Doing Business »,
laisse en effet supposer que le rapport fournit une
analyse complète de l'environnement des affaires.
C’est pourtant une supposition erronée, de plus le
rapport lui-même n’a pas une telle prétention. Il
s’agit plutôt d’un aperçu de l’environnement des
affaires dans un pays donné. Les indicateurs utilisés
ne mesurent pas tous les aspects du climat des
affaires qui intéresseraient les investisseurs
potentiels et ce n’est pas non plus une mesure du
niveau de compétitivité d’un pays. Des facteurs
importants comme la stabilité macroéconomique,
l'état du système financier, la proximité aux
grands marchés, la qualité des infrastructures, la
force des institutions, les niveaux de corruption,
et la stabilité politique sont importants à prendre
en compte lors d’une telle évaluation. Le rapport
n’inclut aucun des aspects mentionnés ci-dessus,
mais se concentre plutôt sur les lois et
règlementations qui régissent les entreprises privées.
En réalité, l'objectif du rapport est d'examiner
l'efficacité des lois qui s’appliquent au secteur 64
commercial et de déterminer si elles constituent
un obstacle ou une incitation à la création
d'entreprise.
L’idée de formuler un certain nombre d'hypothèses à
propos de l’entreprise n’est pas mauvaise en soi car
elle rend en effet la comparaison de données entre
plusieurs pays plus facile; de plus, elle limite
également les résultats dans un cadre de référence
assez spécifique. Les suppositions mentionnées cidessus sont cependant trop étroites et ne sont pas
toujours universellement applicables. Les conditions
imposées sur le statut de l'entreprise et ses activités
peuvent être problématique dans certains cas parce
qu’il se peut qu’elles ne soient pas appropriées dans
différentes parties du monde.
Dans le cas d'Haïti, le secteur informel est estimé
à 60% des activités productives. En d'autres
termes la majorité des institutions exerçant des
activités commerciales n’ont pas de statut
juridique, ne fonctionne pas comme une société à
responsabilité limitée et sont donc peu
susceptibles de faire partie des enquêtes de la
Banque Mondiale. Deuxièmement, les sociétés à
responsabilité limitée ne sont pas les types
d’entreprises les plus communes. Un recensement
des entreprises initiées par le Ministère du
Commerce et de l’Industrie en 2013 montre que
les Sociétés anonymes ne représentent que
0,2% des entreprises formelles avec 96,2% des
entreprises appartenant à des particuliers. Ces
dernières constituent la majorité des
entreprises à but lucratif du pays en raison du
coût élevé (tant en termes de temps et
d'argent) de la mise en place d’une société à
responsabilité limitée en l’espèce la société
anonyme. Si les entreprises prises en compte
dans l'échantillon de la Banque Mondiale sont
minoritaires, donc moins représentés dans le
secteur, cela signifie que les résultats du rapport
peuvent être biaisés et par conséquent elles ne
reflètent pas fidèlement les activités dans le
secteur des affaires en Haïti. L’interprétation du
rapport doit prendre en compte ces limites,
communiquer sur le fait que le classement n’est
pas forcément adapté à la réalité haïtienne En
outre, les questionnaires sont remplis en majorité
par des avocats et des notaires en raison de leur
connaissance des procédures dans le secteur des
affaires et leur accessibilité aux nouvelles lois et
réglementations. On estime qu'environ 70% des
répondants au sondage sont des avocats du
secteur privé, ce qui rend les données
potentiellement moins fiable en raison de la
concentration des sources. Ceci pourrait être
également amélioré si la base des répondants était
élargie en envoyant des questionnaires aux
institutions actuelles qui sont responsables de
certaines procédures et aux hommes d’affaires qui
sont familiers avec le secteur. Une fonction
spécifique peut être effectuée par une règle de
droit dans un pays et par un processus extra-légal
dans un autre pays; cela est particulièrement vrai
dans les Etats en voie de développement où les
lois ne sont pas toujours rigoureusement
appliquées.
Biais de dérèglementation
Le Rapport cherche à mesurer à quel point les réglementations
notamment le nombre de procédures dans le cadre des affaires
représentent un fardeau pour les entrepreneurs. Le rapport mesure le
nombre de procédures, le temps et les coûts associés à chaque
indicateur. Bien que cette approche puisse nous sembler logique, elle
omet cependant de capturer certains paramètres essentiels concernant
la nature de certaines règlementations. Par exemple, il ne mesure pas
la qualité ou l’objectif de certaines des procédures instituées. Bien au
contraire, le rapport traite toute procédure comme un fardeau et
présume qu’un minimum de procédures est préférable. Par
conséquent, les pays qui ont plus de procédures dans tous les
domaines de la création d'entreprises seront inévitablement moins
bien classés. La notoriété internationale du rapport Doing
Business et son influence sur les investisseurs internationaux
encouragent les décideurs à faire les réformes nécessaires pour
améliorer
leur
classement
afin
d'attirer
davantage
d'investissements étrangers plutôt que de faire des réformes
saines qui mèneront à un climat d'affaires profitable pour tous.
Ce biais relatif à la déréglementation est une des faiblesses du
Rapport car il arrête d’être impartial et semble vouloir imposer
certaines mesures aux pays qui participent à l'évaluation.
Dépendamment du secteur ou du contexte, la réglementation peut
servir à différentes fins telles que la protection des consommateurs,
la correction des externalités de marché, et l’asymétrie de
l'information. Aussi, payer des taxes ou impôts au gouvernement
peut ne pas être idéal du point de vue de l’entreprise, mais peut aider
le reste du pays à bénéficier de l’argent public pour des projets de
développement. Le Rapport ne tient pas compte de ces nuances et
classe tous les pays sur la base du nombre de procédures et non sur
le but de celles-ci.
Néanmoins la renommée internationale du Rapport exerce de
l’influence sur les investisseurs potentiels; un pays a la capacité
d’attirer ou de repousser les capitaux étrangers sur la base de leur
rang dans le Rapport Doing Business. Les limites du Rapport et les
lacunes méthodologiques mentionnés dans ce texte ne signifient pas
que le Doing Business est totalement inutile, mais que celui-ci doit
être interprété avec prudence et analysé dans le contexte du pays
concerné. Il faut reconnaitre que le Rapport ne précise pas
nécessairement tous les aspects essentiels de l'environnement des
affaires, mais fournit une idée des difficultés liées aux
réglementations auxquelles font face les entreprises. Les décideurs
ont besoin d'utiliser ce rapport comme un outil afin de réévaluer et
revoir leurs cadres juridiques et politiques d’incitation à
l’investissement. Dans le cas d'Haïti de nombreuses lois
commerciales (ainsi que d'autres lois) sont obsolètes et ne permettent
donc pas aux entreprises de mieux s’adapter à l’ère technologique, et
d’être compétitives régionalement et internationalement.
65
Initiatives de l’Etat
De nombreuses initiatives ont été instituées pour améliorer le climat des affaires en Haïti. En
octobre 2014, une semaine avant la publication du dernier bulletin Doing Business, des
représentants de la Banque, ainsi que les analystes qui ont fait l'évaluation d’Haïti ont organisé
un atelier dans le but d'informer les différents acteurs du secteur privé de la méthodologie utilisée
pour obtenir une image précise de l'environnement réglementaire en Haïti. Cette initiative a
suscité plusieurs débats et discussions sur les différents indicateurs utilisés, la méthodologie de la
Banque, l'exactitude de certaines procédures, etc. Cet atelier de deux jours a donné lieu à la
création de l'Unité Doing Business, une entité basée à la Primature, qui a pour objectif final
l'amélioration du classement d'Haïti dans les années à venir.
Des réformes spécifiques ont déjà été proposées par l'unité ainsi que le calendrier à suivre pour
s’assurer que les nouvelles règles soient mises en place. Pour chaque indicateur, l’UDB vise à
réduire considérablement le temps qu'il faut pour atteindre certaines des mesures et éliminer
celles qui sont inutiles et coûteuses. Dans une perspective à plus long terme l'intention serait de
moderniser complètement le secteur des entreprises en revisitant les lois et en produisant de
nouvelles plus adaptées et pertinentes. Sachant que le code de commerce Haïtien date du 19eme
siècle et par conséquent, complètement inadapté aux besoins de développement de
l’investissement privé et des affaires, le Président créa en 2013 la Commission Présidentielle sur
la Reformes du Droit des Affaires. La CPRDA a pour mandat de conduire des réflexions et faire
des débats sur la réforme du droit des affaires et de soumettre des projets de lois. Ce travail
donna lieu à plusieurs législations gérant le secteur des affaires tel que la Loi sur le commerce
électronique et le droit des suretés.
Conclusions
Le Rapport Doing Business est un outil intéressant et unique qui évalue un aspect vital de
l'environnement des affaires d'un pays. Le rapport utilise des méthodes créatives qui permettent
au lecteur d’avoir une idée de la façon dont les lois et règlements touchent certaines opérations
du monde des affaires. Bien qu'il ait été critiqué pour certains biais et controverses
méthodologiques, le Rapport Doing Business est néanmoins utilisé par les investisseurs
potentiels et les décideurs. L'information qu'il fournit est d’une importance vitale et peut s’avérer
très utile pour inciter les législateurs à faire les réformes nécessaires.
En même temps, en raison de la popularité du rapport, il y a une certaine tendance à faire en
sorte que les réformes entreprises dans les secteurs des affaires soient liées aux dix indicateurs
utilisés par le rapport. Mais pour vraiment améliorer le climat des affaires, il faut que le
gouvernement prenne des mesures qui vont au-delà des indicateurs Doing Business. Un score
élevé dans le rapport signifie qu'un minimum de réglementations sur le secteur des affaires a bien
été mis en place, mais ne nous dit rien sur la compétitivité de l'économie.
66
67
NOTE 5. SITUATION DE L’EDH ET PERSPECTIVES DU SECTEUR DE
L’ÉNERGIE
L’électricité d’Haïti (EDH)32, organisme autonome à caractère industriel et commercial, semble
depuis plusieurs années confronter à une situation financière catastrophique l’empêchant
d’assurer sa mission qui est de produire, transporter, distribuer et commercialiser l’énergie
électrique sur tout le territoire national. Elle vise aussi la satisfaction de la clientèle à travers
d’autres services liés à la fourniture d’électricité. Cette situation est due en grande partie à une
mauvaise gestion de l’entreprise et aux pertes d’électricité d’environ 60% en moyenne annuelle.
Les difficultés de l’EDH sont d’ordre technique et commercial. Sur le plan technique, elle est
incapable de produire la quantité d’énergie électrique pour satisfaire la demande en raison de
l’insuffisance et de la défectuosité de ses réseaux notamment de Péligre : 54MW et carrefour :
32MW. Sur le plan commercial, elle connait un faible niveau de facturation et de recouvrement
dont les taux sont respectivement 40% et 67% en moyenne. Pour compenser ses faiblesses
techniques, l’EDH achète de l’énergie à des producteurs privés (SOGENER, HAYTRAC, EPOWER) et les centrales électriques PBM (Pétion, Bolivar et Marti) en coopération avec le
Venezuela – souvent à un prix exorbitant, soit en moyenne US $0.2705/Kwh – puis elle assure
elle-même la distribution. A cet effet, l’EDH se trouve dans l’impossibilité d’honorer les
factures de ces IPP (Independent Power Producer) car la perte d’énergie est trop élevée.
Cet état de fait contraint l’Etat haïtien à travers le Ministère de l’Economie et des Finances à
effectuer, annuellement, en moyenne, des transferts de 7 à 8 milliards de gourdes à l’EDH. Ces
transferts sont effectués, soit par réquisitions, lettres de virement et/ou de garanties tirées sur le
Trésor et par les dépenses à travers le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aides au
Développement (BMPAD). Le montant des transferts à l’EDH représente environ 2.1% du PIB
en 2013/14, ce qui fait que cette institution représente la principale source de déficit budgétaire
de l’’Etat.
Compte tenu de la situation, un processus de réforme du secteur d’électricité est engagé et
incontournable pour la viabilité des finances publiques. Cet article fait le point sur la situation de
l’EDH, sa performance sur l’exercice 2013-2014.
32
créé par la loi du 9 Aout 1971, suite à la nationalisation d’une entreprise privée : « Compagnie d’éclairage » gérée
à l’époque par une firme Américaine « Stone and Webster corporation ».
68
La Production 2013/2014
Pour l’exercice 2013/2014, la production nette d’énergie est de 1068 MWH contre 1079MWH
pour l’exercice précédent, soit une baisse de 1% en variation annuelle. Cette production est
fragmentée en EDH-Hydro, EDH-Thermique, IPP et PBM. La part des producteurs privés dans
la production totale représente environ 84% (IPP+PBM) en progression par rapport à l’exercice
2012-2013 où elle était de 79%. Conséquemment, l’EDH dépend directement des producteurs
privés avec sa maigre production qui équivaut à seulement 15% du total de l’offre de
l’entreprise.
Production nette d'énergie électrique en KWhpar type de producteurs et zone
Zone Métropolitaine
Provinces
Total
EDH - Hydro EDH - Thermique IPP
PBM
Total
95,184,512
30,330,500 507,912,885
172,512,602
805,940,499
10,081,461
30,383,985 75,459,330
146,457,822
262,382,598
105,265,973
60,714,485 583,372,215
318,970,424
1,068,323,097
Source: EDH/Direction commerciale
La situation de la production de l’EDH s’est
aggravée. La plus grande centrale électrique
de l’EDH (Péligre), qui a une capacité de
production moyenne 54 MW d’électricité, est
quasi-inactive depuis plusieurs années ; celle
de Carrefour qui a une puissance de 34 MW a
été récemment réparée et pour être remise en
service au cours de l’année 2015.
Evolution mensuelle de la production nette d'énergie électrique en milliers de KWh
sur les deux (2) derniers exercices.
110000
90000
70000
Oct.
Nov.
Dec.
Jan.
Fev.
Mar.
Avr.
Mai.
Juin.
Juil.
Aout. Sept.
Production2012-2013 85635 94532 102000 95305 78807 88716 91021 95266 92778 91550 81368 82901
production2013-2014 84481 83477 89127 90519 83056 96657 103920 86820 91607 91327 87468 79859
Source: EDH / Direction Commerciale
Achat d’énergie
Face à sa production limitée, l’Electricité d’Haïti (EDH) opère avec des producteurs privés dans
le souci de répondre au besoin de la population et la quantité d’énergie achetée augmente
régulièrement. Pour l’exercice fiscal 2013-2014, la production d’énergie des entreprises privées
s’élève à 902.34 MWH comparé au 859.68 MWH, de l’année précédente soit une variation
positive de 5%.
69
Quantité d'energie achetée en KWH
Sogener
361,941,622
E-Power
145,971,263
Haytrac
75,459,330
PBM
318,970,424
Totale
902,342,639
Parmi les producteurs privés, la SOGENER occupe la première place avec une moyenne de 40%
de vente d’énergie, avec un prix moyen du KWh de US$ 0.3028 supérieur aux autres. L’E-power
vend à un prix moins élevé que celui de la SOGENER, par contre la vente de cette dernière à
EDH est plus que le double de celle d’E-power.
En moyenne, le prix du KWh d’énergie achetée est de $0.2705 et le prix du KWh vendu est de $
0.3533, la marge bénéficiaire du KWh est de $0.0828. L’EDH devrait être en mesure de payer
ses factures d’énergie. Par contre, le vrai problème de l’EDH réside plutôt au niveau de la
facturation qui est très faible, en moyenne 40% par année. Malgré tout, cette entreprise publique
n’est pas en mesure de recouvrer la totalité des factures émises, soit un taux de recouvrement
moyen annuel de 75-80%. En grande partie, les pertes proviennent de la mauvaise gestion de
cette entreprise qui est victime de toute sorte de fraude : vol de courant, dilapidation des biens,
un effectif en surnombre, qualification limitée des travailleurs etc... Au cours des années 1990,
l’EDH comptait environ 400 employés, elle compte actuellement près de 3000.
Transfert MEF vers EDH :
Pour l’exercice 2013-2014, le montant des transferts du Trésor à EDH s’élève à 3.8 Milliards de
gourdes, ces dépenses représentent environ 45% du déficit global de l’Etat en base caisse.
70
Ventilation des subventions du MEF accordées à l’EDH
2013-2014
OCTOBRE
NOVEMBRE
DECEMBRE
JANVIER
FEVRIER
MARS
AVRIL
MAI
JUIN
JUILLET
AOUT
SEPTEMBRE
TOTAL 2013-2014
REQUISITIONS
LETTRES DE VIREMENT LETTRE DE GARANTIES
356,787,454.00
70,356,848.97
300,000,000.00
154,338,731.87
201,470,400.00
200,000,000.00
200,000,000.00
200,000,000.00
200,000,000.00
4,472,298.47
200,000,000.00
123,500,846.67
348,156,541.69
200,000,000.00
215,224,301.35
200,000,000.00
211,974,695.00
436,314,244.87
2,258,257,854.00
211,974,695.00
1,352,363,813.89
TOTAL
356,787,454.00
70,356,848.97
454,338,731.87
201,470,400.00
200,000,000.00
200,000,000.00
200,000,000.00
204,472,298.47
323,500,846.67
348,156,541.69
415,224,301.35
848,288,939.87
3,822,596,362.89
Source : Direction du Trésor/MEF
Cependant, en considérant les autres sources, la totalité des dépenses réalisées pour le compte de
l’EDH est évaluée à environ 10.6 Milliards de gourdes dont les dépenses du BMPAD de 1.4 Md
de gourdes et le financement externe qui se chiffre à un montant de 2.57 Milliards de gourdes.
Les transferts à l’EDH représentent 3% du PIB et 23% des recettes totales. L’EDH, en tant
qu’entreprise publique sous tutelle du Ministère des Travaux Publics, Transport et
Communication (MTPTC) devrait être en mesure de fournir des dividendes33 au Trésor public
comme c’est mentionné dans le règlement interne des institutions publiques à caractère
commercial et industriel. Par contre, le MEF est obligé de financer cette institution afin de lui
permettre de couvrir son déficit de trésorerie. Il parait anormal pour un pays dont les recettes
courantes ne suffisent que pour couvrir les dépenses courantes de l’Etat, de financer une
entreprise publique non rentable. Dans le budget rectificatif de l’exercice 2014-2015, on assiste à
une diminution de fonds Petro-caribe de 50% induite par la baisse des prix du baril de pétrole sur
le marché international. Haïti se trouve face à la nécessité de trouver d’autres sources de
financement de la croissance et la réforme de l’EDH est une urgence pour éviter d’accentuer le
déficit public.
33
Déterminer en fonction du bénéfice réalisé
71
Dépenses totales réalisées pour EDH (Transferts)
Dépenses/
Exercice Interventions
publiques
Services
d'Electricité
Financement
PETROCARIBE
Finacement/
Financement
BMPAD
Dépenses Totales
dette Lettre de Garanties
externe
publique
2013-2014 2,470,232,549.00 113,991,474.46 2,700,000,000 1,350,000,000 88,344,124.73
Source: MEF/BMPAD
1,352,363,813.89 2,576,000,000 10,650,931,962.08
Principaux résultats de gestion
Facturation et Recouvrement
Selon les objectifs visés dans le plan d’actions de l’exercice 2013-2014, le taux de facturation
devrait augmenter de plus 10 points de pourcentage, pour atteindre 56 % et d’accroitre du même
coup le taux de recouvrement de près de 20 points de pourcentage, pour aboutir à 85%. L’indice
de recouvrment (CRI : Cash recovery index) sera de 48 % en fin d’exercice. Comme constat, le
taux de facturation n’atteint pas la prévision et aussi a diminué à peu près de deux points
pourcentage, soit un taux de 43.59% pour 2012-2013 et un taux de 41.84 % pour l’exercice
2014-2015. Du coté de recouvrement, c’est le même scenario car celui-ci a baissé de 12 point de
base pour l’exercice 2013-2014 comparé à l’exercice passé. La situation de l’Electricité d’Haiti
continue d’empirer, en raison de la non applicaion du plan d’action.
En Pourcentage
Evolution du taux de recouvrement
43% 42% 43% 45% 45%
53% 52% 50%
Excercice 2013-2014
72
67%
61% 63% 66%
En pourcentage
Evolution du taux de Facturation
45% 45%
43%
46% 46% 47%
42% 43%
41%
40%
39% 39%
Excercice 2013-2014
Source : EDH
La non-réalisation des objectifs du plan est imputable à la mauvaise organisation de la clientèle
qui n’est pas adaptée aux fonctionnalités du Système de Gestion Commercial (SGC). Les
encaissements restent constants en valeur absolue (3600 et 3750 millions de gourdes
consécutivement pour les exercices 2012-2013 et 2013-2014). Bien que le nombre de clients a
augmenté de 22 000, les ventes d’énergie ont diminué de 14% (6447 millions HTG pour
l’exercice 2012-2013 ; 5569 millions HTG pour l’exercice 2013-2014).
La dette des mairies tourne autour de trois (3) milliards HTG et reste à un niveau important. Mais
qui payent pour les mairies, le Ministère de l’Economie et des Finances ou les mairies ellesmêmes?
L’un des problèmes majeurs de l’EDH réside au niveau de l’énergie livrée et facturée. Pour
l’exercice 2013-2014, l’énergie livrée était de 1.04 milliard de Kwh et l’EDH n’arrive qu’à
facturer à peine 410.4 millions Kwh, cela ne représente que 39%. Cependant, pour l’exercice
2012-2013, l’énergie livrée était de 1.08 milliards de Kwh et l’énergie facturée était de 478.4
millions Kwh représentant 44%. On a pu constater une baisse de 5% de la performance de l’EDH
pour l’exercice en question.
Perspective du Secteur de l’Énergie
Sur le plan technique, le secteur d’énergie compte sur la réhabilitation de la centrale de Carrefour
et celle de Péligre pour augmenter sa production et du même coup diminuer les achats d’énergie
auprès des IPP, ce qui pourra avoir un impact positif sur le déficit de trésorerie de cette
institution. Sur le plan commercial, d’une part, l’EDH a mis sur pied un département de
73
facturation sous la supervision de la Direction Commerciale dans le but de s’assurer un réel
pilotage de la facturation de l’ensemble des clients, notamment de la Zone Métropolitaine.
D’autre part, l’EDH compte former et organiser les agences pour pouvoir répondre aux
fonctionnalités du Système de Gestion Commerciale (SGC), cette action vise à réduire le nombre
de compteurs à consommation nulle et facturer les comptages à radiofréquence et poursuivre
l’installation de ces compteurs, au moins pour éviter les erreurs de relevés et enfin récupérer les
grands clients qui ont quitté l’EDH.
D’un autre côté, dans le Plan d’action de l’exercice 2014-2015, l’EDH a comme perspective de
réduire les pertes au niveau de la Zone Métropolitaine de 6.3%, augmenter le taux de facturation
de 6%, passant de 36.7% à 43%, augmenter le taux de recouvrement de 6.5%, soit 85.9% pour
l’exercice 14-15 et finalement, reconquérir les quatre mille (4000) clients inactifs dans le grand
Nord.
Sur le plan stratégique, le MEF de concert avec le MTPTC, l’EDH et la Primature table sur un
protocole d’accord engageant chaque partie concernée en vue de trouver une solution définitive
à la crise que confronte cette dernière. Par conséquent, ce protocole d’accord implique la
formation d’une commission entre les responsables des parties en vue de collaborer avec une
firme internationale recrutée par l’Etat haïtien pour procéder à l’élaboration d’un plan de
redressement pour l’EDH, incluant l’évaluation du personnel de l’entreprise et aussi une
évaluation financière et technique des lignes de transport ainsi que de la production disponible
permettant ainsi d’élaborer une programmation rationnelle pour pouvoir fournir un service
continu, régulier et de qualité à la clientèle.
74
75
NOTE 6. PERSISTANCE DU CHÔMAGE EN HAITI
Introduction et mise en contexte
Un diagnostic bien approfondi de l’Économie haïtienne permet de déceler que le gène morbide
qui gangrène le tissus économique haïtien revêt un aspect multidimensionnel. En effet, le mal
économique haïtien prend sa source au carrefour des crises politiques, sociales et idéologiques.
Ces dernières qui se sont succédé dans l’histoire ont imprimé une forme de déprimes chroniques
aux conditions macroéconomiques et financières. Les conséquences y relatives sont évidemment
catastrophiques pour les populations les plus vulnérables : en se basant sur les données de
l’ECVMAS (2012), 59 % de la population haïtienne connaît une situation de pauvreté relative
alors que 24 % végète dans la pauvreté absolue. Plus de la moitié des ménages les plus pauvres
est obligée de s’endetter pour avoir accès par moment au minimum. Ceci indique que le niveau
de stress financier de la population est conséquent. Combiné à cela, le taux moyen de croissance
de la population avoisine les 2% et nous peinons énormément à réaliser 3% de croissance l’an.
Ces tensions qui altèrent les conditions de vie de la population sont exacerbées et confortées par
l’existence d’un chômage chronique. En effet, se référant au circuit économique keynésien, le
chômage s’identifie comme étant la courroie de transmission qui achemine les émanations
pernicieuses d'une croissance latente aux effets pervers de la pauvreté sur le niveau de vie de la
population en général. Par conséquent, ce phénomène revêt d’une importance capitale dans une
perspective de juste appréciation de la dynamique du système économique et des politiques
publiques adéquates.
Pour aborder ce problème, nous allons dans un premier temps effectuer une revue de la littérature
théorique susceptible de nous éclairer sur la nature du chômage haïtien. Dans un second temps,
nous allons essayer de faire un état des lieux du chômage en Haïti, ensuite d’analyser la situation
du chômage en Haïti au regard des théories susmentionnées tout en essayant de dégager les
causes et les conséquences. Enfin, quelques recommandations seront formulées.
Revue de la littérature théorique
De manière générale, le chômage peut se définir comme étant un déséquilibre sur le marché du
travail qui résulte d’une offre de travail supérieure à la demande de travail. Dépendamment de
l’école de pensée considérée, de la conjoncture et de l’horizon temporel considéré, plusieurs
types de chômage peuvent être identifiés : Chômage technique, chômage frictionnel, chômage
structurel etc.… Le phénomène du chômage ne se développe pas de la même manière dans toutes
76
les économies. Dans certaines, il revêt un caractère persistant, on peut même parler de chômage
persistant.
Un chômage persistant correspond à une situation où le niveau du chômage connait une certaine
stabilité ou des périodes de retour vers un niveau initial. Un chômage persistant élevé est l’un des
phénomènes les plus épineux auxquels une économie puisse être confrontée. Il affecte l’appareil
économique dans tous ses aspects et influence profondément les mécanismes de production.
Partant de ce point de vue, les théories y afférents sont évidemment abondantes. Les approches
les plus célèbres sont certainement : 1) la théorie classique du chômage 2) la théorie
keynésienne 3) La théorie du déséquilibre.
Avec l’expansion de la théorie néo-classique, d’autres théories plus sophistiquées ont été aussi
élaborées pour cerner le phénomène : théorie du salaire d’efficience, théorie de la négociation
salariale, théorie des courbes d’appariement, la courbe de Beveridge, la théorie des signaux…
Cependant, en tenant compte des rouages de l’économie haïtienne tant du point de vue de la
qualité des signaux émis que du point de vue de l’organisation des groupes d’intérêt
(particulièrement les syndicats) autour d’une pensée économique haïtienne ainsi que de la
survivance des entreprises de type familial où les droits négociés ne sont pas la norme, nous
pouvons affirmer que ces dernières théories ne sont aucunement appropriées à la situation
factuelle d’Haïti.
Du point de vue classique, le chômage ne peut être que volontaire. Ceci s’explique dans la
mesure où dans une dynamique de libre concurrence, les entreprises fixent librement les salaires
des ouvriers. Par conséquent, si on veut résorber le chômage, il suffit de soustraire une fraction
du salaire des insiders afin de dégager la liquidité nécessaire au recrutement d’une main d’œuvre
supplémentaire. Du coup, il y aura chômeur si et seulement si le demandeur d’emploi n’accepte
pas le salaire proposé après un processus rationnel d’arbitrage entre l’utilité supplémentaire
générée par une unité de travail et une unité de loisir par exemple si on se réfère au programme
de maximisation néo-classique.
Le salaire, mis à part les déficits infrastructurels, est identifié comme étant le principal obstacle
pouvant entraver la transmission automatique des variations de la demande de travail à l’offre de
travail. Par conséquent, l’introduction d’un salaire minimum supérieur au salaire marginal peut
être source de tension sur le marché du travail dans la mesure où les entreprises connaitront une
surcharge pondérale en termes de coûts. A ce moment, leur capacité à embaucher se trouvera
sérieusement remise en question.
Le point de vue keynésien : La théorie keynésienne du chômage soutiendrait que le chômage en
Haïti serait la résultante d’une faiblesse de la demande effective adressée aux entreprises. Selon
77
Keynes, si la demande effective est suffisamment élevée, les entreprises seront incitées à mettre
en branle des ressources supplémentaires pour augmenter le volume de production. Pour se faire,
l’entreprise devra embaucher de nouveaux techniciens pour faire fonctionner les nouvelles
capacités de production installées. Plus la demande est importante, plus l’entreprise recrute. On
en déduit que le chômage persiste si et seulement la faiblesse de la demande effective persiste.
La théorie du déséquilibre : Cette théorie stipule que les courants classiques et keynésiens ne
sont pas antagoniques. En d’autres termes ils soutiennent qu’une économie peut abriter les deux
types de chômages ; keynésiens et classiques
Dans les secteurs où l’offre de biens est inférieure à la demande de biens et en faisant
l’hypothèse que les salaires sont rigides à la baisse, le problème doit être adressé en termes de
demande effective. Il s’agit d’un chômage keynésien. Au lieu de capitaliser sur les prix pour
rétablir l’équilibre, on débouche sur un équilibre par les quantités.
Dans les secteurs qui sont confrontés à un problème structurel et à des coûts de fonctionnement
importants, on n’a pas d’autres choix que de faire baisser la pression salariale ou favoriser une
certaine flexibilité de la main d’œuvre afin de faire baisser les coûts de l’entreprise ( contrat à
durée déterminée) . Au regard de ces théories comment peut-on apprécier le chômage en Haïti.
Situation du chômage en Haïti
Selon la définition du Bureau International du Travail (BIT), est considéré comme
chômeur toute personne en âge de travailler remplissant les trois conditions suivantes: 1)
ne pas exercer d'emploi ; 2) rechercher activement un emploi ; 3) être disponible pour
travailler.
Suivant cette définition, le taux de chômage en Haïti en 2012 était de 14.1 %. Il est un fait que
cette définition est très restrictive. Elle exclut ce que l’on appelle couramment dans certaines
économies le halo du chômage c’est-à-dire des individus inoccupés qui ne sont plus à la
recherche d’emploi activement. Par conséquent au lieu de prendre en compte la définition du
BIT, nous allons considérer la définition ouverte du chômage. Celle-ci se définit comme étant la
somme de taux de chômage au sens du BIT et du halo du chômage. Partant de là, nous pouvons
affirmer que le taux de chômage en Haïti en 2012 était de 30 %. Il est relativement faible en
milieu rural soit près de 7% alors qu'en milieu urbain un habitant sur quatre est touché (25%).
Les observations de l’IHSI permettent presque d’affirmer que le chômage est une fonction
croissante de l'urbanisation. Il touche de plein fouet les jeunes de l'aire métropolitaine soit
35.3%. En effet, près de 21% des jeunes dans l'aire métropolitaine connaisse une situation de
78
désaffiliation sociale totale. Ceci signifie que sur une période prolongée, ils ne sont ni à l'école,
ni en formation ni à la recherche d'emploi.
Cet état de fait est la conséquence de la non-attractivité du marché du travail haïtien. Les
structures et les qualités d’emploi disponibles ne répondent aucunement aux attentes des jeunes.
La couverture du système de protection sociale, extrêmement limitée et combinée à un déficit
crucial d’équipements collectifs, se révèle être un frein structurel à la mobilisation de la main
d’œuvre. Ceux qui ont un emploi sont obligés pour subvenir à leurs besoins de se consacrer à
d’autres activités génératrices de revenu. C’est le cas de près de 20% des actifs en 2012.
Nature du chômage en Haïti
Au regard de la succincte revue de littérature effectuée ci-dessus, que peut-on dire de la nature
du chômage ? Est-il keynésien, classique ? Ou est-ce un hiatus ? En d’autres termes, est-ce que
l’économie haïtienne abrite les deux types de chômage simultanément ?
Rigidité
salariale
Chomage
Classique
Faiblesse de
la demande
effective
Chomage
keynésien
Chomage ( théorie
déséquilibre)
79
Chômage classique : Il est vrai qu’il existe un salaire minimum en Haïti (en moyenne 225
gourdes). Cependant, en se référant à la structure du système productif ainsi qu’aux enquêtes sur
la condition de vue des ménages, nous pouvons affirmer qu’il ne saurait être responsable de la
viscosité présente sur le marché du travail haïtien.
En effet, les enquêtes sur la condition de vie des ménages révèlent que le taux de sous-emploi
invisible dans L’économie haïtienne a atteint en 2012 79.3 %. Ceci signifie très exactement
qu’en moyenne sur chaque centaine d’actifs considérés il y a au moins 79 qui reçoivent un
salaire en dessous du salaire minimum. Par conséquent, cela équivaudrait à dire que les
entreprises haïtiennes trouvent des subterfuges pour attribuer des salaires assez faibles à la main
d’œuvre.
Il nous faut ajouter à tout cela que près de 11 % des actifs connaissent une situation de sousemploi visible. En d’autres termes sur chaque centaine d’actifs considérés plus d’une dizaine
travaille une quantité d’heure inférieure à celle qu’ils voudraient effectivement travaillés.
Taux de sous‐emploi invisible par secteur institutionnel et zone géographique
2007, 2012
Source : IHSI
Ceci dit, la rigidité du salaire même en présence d’un salaire minimum dans l’économie
haïtienne ne peut être retenue comme l’élément d’explicatif du facteur chômage en Haïti.
Chômage keynésien : Il faut admettre que le pouvoir d’achat au sein de la population haïtienne
est faible. Les statistiques de l’IHSI révèlent que le revenu moyen mensuel d’un salarié haïtien,
tous secteurs confondus, est de 4830 gourde soit moins de 100 dollars américains. Combiné à
cela, pendant ces dix dernières années, le taux d’inflation a excédé une moyenne de 5% par an.
Cependant, en observant le tissu productif Haïtien, nous réalisons que le problème est encore
plus profond. Ce dernier est structurel : 1) Les technologies utilisées sont pour la plupart du
temps obsolète. 2) La main d’œuvre disponible est très peu qualifiée. 3) Le crédit destiné aux
activités productives représente moins de 10 % du crédit total accordé par le système bancaire. 4)
la recherche appliquée et innovante est très peu développée.
80
Les passations de marché sont certainement en partie révélatrices de ce problème structurel en
tenant compte du fait que moins de 10 % des passations de marché sont gagnés par les
entreprises haïtiennes. Fort de ce constat, nous pouvons affirmer que la demande effective n’est
que la partie immergée de l’iceberg qui expliquerait le chômage haïtien.
Chômage mixte : Si on se réfère aux études menées dans plusieurs filières agricoles (Filière du
vétiver, filière du miel, filière de l’avocat) par le Service d’Appuis aux Entreprises (SAE),
nous pouvons affirmer que dans le secteur agricole certains segments de production se
caractérisent par l’existence d’une armée de petits producteurs qui s'adonnent à une agriculture
de subsistance d’une part et d’autre part par le développement de quelques grandes compagnies
qui s’adonnent à l’exportation. Analysé du point de vue des 5 forces de porter, la compétitivité y
demeure très faible. Le pouvoir de négociation des compagnies étant de très loin supérieur à
celui des petits producteurs. Du coup, l’évolution de ces segments est entravée. Cette situation
est confortée à un niveau de mécanisation très faible, moins de 3 machines agricoles pour 100
kilomètres carré de superficie cultivable. Il en résulte évidemment un rendement agricole très
maigre (environ 0.5 tonne par hectare).
En supposant que les savoir-faire sont constitués et les coûts technologiques abordables, la
meilleure façon d’apporter une solution aux problèmes de ces secteurs est certainement la
relance de la demande effective. En effet, pour diminuer l’influence des grandes compagnies sur
les petits producteurs, il est nécessaire de diversifier la demande effective en volume et en
qualité. En volume, c’est-à-dire en se taillant de nouvelles parts de marché, en qualité, c’est-àdire en empêchant à un acheteur unique d’acquérir un pouvoir de négociation systématique sur
les producteurs.
Nous en déduisons que le problème de ces secteurs n’est pas l’offre mais la faiblesse et la
composition de la demande. Ce type de chômage peut être qualifié de keynésien.
Dans le secteur industriel, il est vrai que les techniques de production ne sont pas à l’optimum.
Cependant, nous pouvons affirmer que le frein principal à l’expansion de ce secteur n’est pas la
demande effective mais de préférence un déficit en termes d’infrastructure de base (eau,
électricité, main d’œuvre qualifiée). Ce déficit gonfle les coûts encourus par l’entreprise. A court
terme, ces problèmes ne peuvent pas être résolus alors que l'entreprise se doit de répondre à la
demande. Par conséquent, l'unique moyen d'y apporter une solution est de rendre la masse
salariale plus malléable afin de diminuer les pressions sur les coûts. Ce chômage est de type
classique.
De ce fait, il semblerait que le chômage qui prévaut en Haïti soit un chômage mixte. Ceci n’est
pas étonnant vu le fait que nous évoluons dans économie duale.
81
Causes et conséquences du chômage en Haïti
Conformément au processus décrit par Arthur Lewis relatif aux économies duales, L'économie
haïtienne a connu au cours du 20ème siècle un changement de régime. En effet, les rendements
agricoles, devenus de plus en plus faibles (Loi des rendements décroissants de Ricardo)
combinés évidemment à une diminution du revenu agricole ainsi qu’à une libéralisation à
outrance du marché agricole, ont favorisé l’accumulation d’un surplus de main d'œuvre
considérable. Cette masse de main d’œuvre nouvellement disponible s'est tournée vers les autres
secteurs de l'économie (secondaire et tertiaire) où le facteur travail est mieux rémunéré. Ce
changement de phase de l'économie haïtienne est illustré par un amenuisement progressif de la
valeur ajoutée du secteur primaire en faveur des autres secteurs. A la fin du 20ème siècle on
pouvait même parlé d'hypertrophie du secteur tertiaire.
Cette main d'œuvre nouvellement disponible se devait d'être absorbé presqu'entièrement par les
autres secteurs de l'Économie. Cependant, pour que cela soit effectif, il aurait fallu que la
croissance des secteurs concernés réponde à l'appel. Est-ce le cas ? Non évidemment.
Si on se réfère à l'histoire économique récente, du point de vue de la création de richesse, en
dépit des efforts qui ont été réalisés durant ce quinquennat la croissance économique est restée
faible. La croissance moyenne entre 2012 et 2016 n’excèdera pas les 3% selon les prévisions.
Les principaux secteurs d’activité continuent de battre de l’aile1. Si on considère le secteur
secondaire qui a connu un regain de croissance au cours des dernières années (soit 6 % en 2013)
grâce à une expansion de la branche textile et de celle de la construction (9 % en 2013), les
prévisions en termes de contribution du secteur secondaire à la croissance du PIB pour la période
2012-2016 indique une contribution n’excédant pas 1.4 %.
A tout cela, il faut ajouter le fait que le peu de croissance obtenue n’est pas inclusive. En effet, le
niveau d’inégalité calculé par le coefficient de Gini est de 0.676 soit l’un des plus élevés au
monde. Ceci est particulièrement grave dans la mesure où la pauvreté peut s’intensifier en dépit
d’un gain de croissance.
Ce défaut majeur de la machine productive est à la base de la prépondérance du chômage dans
l’économie haïtienne. Ce chômage peut être même qualifié de persistant puisque les défauts de la
machine productives sont persistants. De manière théorique, en se basant sur la loi d’Okun1, on
peut même supposer que le niveau de chômage revient à son niveau initial (persistance) à
chaque fois que la croissance s’essouffle. Le défaut de croissance de l'économie constitue une
force de rappel.
Les conséquences de la persistance de ce chômage de masse sont légions : a) Une part
grandissante de l’informel dans l’économie haïtienne b) l’exode rural c) la dégradation de
l’environnement d) l’explosion démographique.
82
Nous allons dans le cadre de cette note prendre en compte uniquement la première conséquence
dans la mesure où les autres revêtent un aspect plus exogène et plus et plus insaisissables. Etant
donné que la machine productive est en panne et que les emplois crées dans l’économie sont de
faibles qualités, la plupart des actifs se consacre à une activité informelle pour subsister. En
prenant en compte la structure de l’emploi par secteur institutionnel et zone d’activité, nous
constatons que plus de 45% des emplois de l'économie se situent dans le secteur informel.
Répartition de l’emploi par secteur (avec couverture sociale)
2012
Primaire
Secteur
informel
Secteur
privé
formel
Secteur
public
Ensemble
Aire Métro
0,8
77,1
14,0*
8,1
100
Autre urbain
19,3
69,5
5,7
5,5
100
Rural
70,9
26,7
1,1
1,3
100
Ensemble
47,0
45,1
4,5
3,4
100
En
élargissant le secteur informel à tous ceux qui ne bénéficient pas d’une couverture sociale, c’est
plus de 93 % de l’économie haïtienne qui fonctionne dans l’informel.
Répartition de l’emploi par secteur (sans couverture sociale)
2012
Primaire
Secteur
informel
Secteur
privé
formel
Secteur
public
Ensemble
Aire Métro
100
91,5
49,8
37,6
81,4
Autre urbain
98,2
95,9
61,1
59,5
92,4
Rural
99,5
95,8
65,7
68,8
97,7
Ensemble
99,4
94,5
55,3
52,1
93,6
Source : IHSI/ MEF
Les Politiques publiques mises en place pour résorber le chômage
Les années 90, en plus de marquer un tournant décisif dans les échanges d’Haïti avec le reste du
monde, cristallisent aussi un retournement de paradigme. En effet, sous l’impulsion des
programmes d’ajustement structurel et du libre échangisme, toute l’attention des pouvoirs s’est
tournée vers les capitaux étrangers pour la création d’entreprises pourvoyeuses d’emploi. Alors
83
qu’on se préoccupait de faire plaisir à l’étranger au détriment de nos produits locaux, l’oligarchie
s’était attelée à monter des Réseaux Sociaux d’Accumulation (RSA) afin de pérenniser leurs
avoirs d’une part et verrouiller d’autre part les canaux qui donnent accès au financement, à la
logistique et à toutes les informations stratégiques.
Cependant, au cours de ce quinquennat, il y a, semble-t-il, une nouvelle mentalité qui commence
à s’imposer. Cette nouvelle mentalité consiste à accorder une attention spéciale au MPME.
Pourquoi ?
Le pacte pour l’emploi et la croissance souligne : « Dans l’optique d’une grande politique de
l’emploi et de la mise en place d’un levier de croissance à effets multiplicateurs significatifs
au niveau national, le groupe des PME apparait éminemment stratégique. En effet, selon
les données du recensement des entreprises réalisées en 2012/13 par le Ministère du
Commerce et de l’Industrie, ce groupe représente 95% du tissu global des entreprises dont
moins de 2% ont un statut vraiment formel. »
Des initiatives sont prises aussi au niveau du Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI)
afin d’encadrer les MPME : on peut citer : 1) les SAE 2) Le programme des Micro-parcs
industriels 3) le programme d’accélérateur d’entreprise etc. Cette stratégie bâtie autour des
MPME s’inscrit dans une perspective globale d’augmenter leur taille et la richesse produite afin
de casser la rente et de faire profiter à la population de la réalisation d’une croissance plus
inclusive.
Conclusion et Recommandations
Nous avons commencé par montrer l’importance du sujet dans un contexte aussi sensible que le
nôtre en soulignant les relations pernicieuses qu’entretiennent chômage et pauvreté. Ensuite,
nous avons effectué une brève revue de littérature en considérant trois théories (classique,
Keynésien et théorie du déséquilibre). Nous avons mentionné d’autres théories mais vu la
structure de l’économie haïtienne, on a déduit qu’elles ne sont pas applicables au cas haïtien. On
a abordé la situation générale du chômage en Haïti dont le taux, compte tenu de la définition
ouverte, est de 30 %. Au regard des théories susmentionnées, on a déduit que la nature du
chômage haïtien était mixte et que ces causes remontaient aux défauts de la machine productive
de l’économie. On a souligné également que l’une des conséquences fondamentales du chômage
est la progression de la part de l’informelle dans l’Economie soit (45 %). Pour finir, on a cité
quelques politiques publiques mises en place pour faire la promotion de l’emploi.
Compte tenu du fait que le problème du chômage en Haïti soit avant tout lié à la problématique
de la production, Pour lutter contre le chômage, on devrait :
84
a) Mettre sur pied un système de protection sociale efficace destinée à accompagner les
actifs ;
b) Renforcer le tissu productif par la codification des savoir-faire et l’amélioration des
technologies de production ;
c) Mettre en place une connexion entreprise-école professionnelle afin de permettre que se
développe une compétence sûre et nationale dans les filières de prédilection ;
d) Mettre sur pied des clusters abritant des chaines de valeurs pour permettre au MPME de
prendre pied ;
e) Améliorer l’accès au financement des MPME.
85
NOTE 7. HAÏTI, PAYS EMERGENT EN 2030 : RESULTATS, DEFIS ET
PERSPECTIVES
En tenant compte des objectifs du Plan Stratégique de Développement Haïtien (PSDH), la
période de 2015-2030 devrait constituer une période de transition cruciale pour l’économie
haïtienne. En effet, si l’on accepte encore la possibilité que cette dernière puisse émerger 34 d’ici
2030, certaines transformations devraient déjà être constatées. Du moins, les conditions
préalables au démarrage, l’une des étapes du processus de rattrapage économique (Rostow35,
1960), devraient être remplies en 2015. Ainsi les quinze (15) années restantes seraient
essentiellement consacrées à une croissance accélérée et continue, avec des changements
fondamentaux au niveau de la structure de production, de l’aménagement du territoire, du tissu
social ainsi que des institutions (PSDH36, 2010).
Bien entendu, l’opérationnalisation du PSDH, à travers le Cadre Triennal de Développement
devrait conduire à l’atteinte de ces objectifs, pourvu que les Programmes Triennaux
d’Investissement (PTI) soient élaborés de manière efficace et exécutés de façon à produire des
effets importants sur le niveau de production et à améliorer les conditions de vie de la
population. Avec l’exécution méticuleuse des programmes, sous-programmes et projets du
PSDH, combinée à l’harmonisation des politiques publiques, l’émergence de l’économie
haïtienne en 2030 ne devrait pas constituer une utopie.
Cependant, il convient d’analyser les possibilités d’émergence d’Haïti d’ici 2030, en prenant en
considération les résultats de la période 2010-2015. À titre d’exemple, il est nécessaire de
déterminer si le taux de croissance moyen de 4.3% sur 2011-2013 constitue une avancée
considérable ou s’il est trop insuffisant pour tirer l’économie haïtienne et l’amener à
l’émergence. Ainsi, ces résultats permettront d’une part de déterminer si les réformes, mesures et
politiques publiques déjà mises en application permettent à l’économie de se placer sur la voie de
l’émergence. D’autre part, l’analyse des performances économiques laissera non seulement
entrevoir les différents défis à relever pour atteindre cet objectif avant 2030 (ou même s’en
rapprocher) mais elle constitue aussi un cadre pour présenter des perspectives. En d’autres
termes, cette réflexion offre une vue sur les contraintes à desserrer pour émerger et sur les
résultats possibles avec les mécanismes actuels ou avec des mécanismes plus performants.
34
Émergence économique
35
Walt Whitman Rostow (1960), Les étapes de la croissance économique: un manifeste non communiste, Cambridge
University Press.
36
Les quatre (4) refondations prévues au niveau du PSDH.
86
Ce document se propose d’effectuer ce travail en clarifiant dans un premier temps le concept de
l’émergence, puis en mettant en évidence les critères utilisés pour qualifier une économie
d’émergente (Section I). Ensuite, il présente une analyse des critères quantitatifs de l’émergence
(Section II), en considérant le cas d’Haïti. Enfin, il détermine à quel moment et à quelle vitesse
l’économie haïtienne converge (convergence σ) vers l’émergence (Section III). Ainsi, les défis
pourront être décelés, les perspectives et les mesures à prendre se dessineront (Section IV). Il est
nécessaire de préciser que cette analyse peut se compléter en y intégrant d’autres éléments
d’études (diagnostic37 du PSDH, l’horizon d’émergence…) tels que les indicateurs qualitatifs.
Mais ces aspects ne seront pas pris en compte au niveau de ce document c’est là l’une des limites
de ce travail.
Interprétation de l’émergence
Quelle que soit la définition de l’émergence économique privilégiée, elle renvoie toujours à la
croissance et à d’autres caractéristiques économiques (qui seront abordées dans ce texte). Les
différentes interprétations de l’émergence découlent soit du courant de pensée économique
adoptée, soit des indicateurs utilisés pour classer les économies (PIB per capita, indice des
valeurs de S&P/SFI…), soit des organismes de classification retenues (FMI/OCDE, HSBC,
FTSE, Goldman Sachs…)38. Tout cela pour dire que l’émergence constitue un phénomène
économique multidimensionnel (Fleury et Houssay-Holzschuch39, 2012) et peut être interprétée
de différentes manières (Jaffrelot40, 2008).
Ainsi, Hoskisson et al.41 (2000) la définit à partir de trois critères fondamentaux : le niveau de
revenu (intermédiaire), la croissance (rapide et soutenue) et la libéralisation (comme moteur
principal de la croissance). Ce dernier critère est aussi repris par Arnold et Quelch 42 (1998) pour
expliquer l’intérêt porté aux marchés émergents au cours des périodes à prédominance libérale
ou néolibérale. Ils arrivent même à confondre les deux termes (économies émergentes et marchés
émergents) bien que le dernier n’ait été utilisé dans le temps que pour qualifier les pays en
37
Déterminer les contraintes à l’implémentation du PSDH pourrait constituer un élément d’étude.
HSBC = Hong Kong and Shanghai Banking Corporation ; FTSE = Financial Times Stock Exchange
39
Antoine Fleury et Myriam Houssay-Holzschuch (2012), Pour une géographie sociale des pays émergents,
EchoGéo No 21.
40
Christophe Jaffrelot (2008), L’enjeu mondial. Les pays émergents / sous la direction de Christophe Jaffrelot,
Paris : Presses de Sciences Po/l’Express.
41
Robert E. Hoskisson, Lorraine Eden, Chung Ming Lau et Mike Wright (2000), Strategy in emerging countries,
Academy of Management Journal, Vol. 43, No 3, pp. 249-267.
42
David J. Arnold et John A. Quelch (1998), New Strategies in Emerging Markets, Sloan Management Review
38
87
développement de taille moyenne avec un PIB élevé. Ils mettaient ainsi en évidence la relation
entre le développement rapide, par l’ouverture économique, de certaines industries/branches
d’activités et l’émergence économique ; cette même relation dont Henry et Kannan43 (2008)
tentent de démontrer l’existence un peu plus tard.
Si l’on assimile les caractéristiques d’un marché émergent (au sens de Henry et Kannan) à celles
d’une économie émergente, l’on peut relever un autre élément capital lié à l’émergence : des
investissements massifs, en particulier des Investissements Directs Étrangers (IDE), réalisés sur
de longues périodes pour booster la croissance (Henry et Kannan, 2008). Cette évolution des IDE
font aussi partie des différentes conditions d’émergence retenues par Koutouzi44 (2013) et
Lafargue45 (2011), qui sont la présence de capitaux étrangers sur de longues périodes, un PIB per
capita enregistrant une hausse accélérée (ce critère est prise en compte par l’OCDE), une
progression du commerce extérieur, combinée à l’apparition d’entreprises locales de taille
mondiale.
Si l’on considère l’aspect multidimensionnel de l’émergence (Lô 46, 2013), d’autres critères
peuvent être retenus pour déterminer si une économie est émergente. Parmi ces critères, Fleury et
Houssay-Holzschuch47 (2012) retiennent notamment la structure du marché du travail, avec une
modification du poids des différents types de travail (faible, moyenne ou haute qualification), et
l’expansion de certaines industries (loisirs, sexe...) entraînant généralement une consommation
de masse. Lô48 (2013b), d’un autre côté, mettra l’accent sur l’émergence comme un phénomène à
la fois économique et sociale.
Compte tenu des différentes nuances dans la conception de l’émergence, il importe de définir un
cadre précis pour ce travail. Ainsi, tout au long de ce travail, l’émergence sera abordée
uniquement d’un point de vue économique. L’aspect social, relaté par Lô (2013) et certains
43
Peter Blair Henry et Prakash Kannan (2008), Growth and Returns in Emerging Markets, The University of
Chicago Press, International Financial Issues in the Pacific Rim: Global Imbalances,
Financial Liberalization, and Exchange Rate Policy, Vol. 17, pp. 241-265.
44
Francis Koutouzi (2013), Modèle économique des pays émergents : une évaluation théorique et empirique des
pays émergents de l’Asie, Université de Douala (Cameroun).
45
François Lafargue (2011), Des économies émergentes aux puissances émergentes, Regards sur le monde,
Question Internationales No 51.
46
Moubarack Lô (2013), L’émergence économique des Nations : définition et mesure, Université de Gaston Berger
de Saint-Louis, Sénégal.
47
Antoine Fleury et Myriam Houssay-Holzschuch (2012), Pour une géographie sociale des pays émergents,
EchoGéo # 21.
48
Moubarack Lô (2013b), L’émergence économique des pays, Centre Africain de Formation et de Recherche
Administratives pour le Développement - Fondation Hanns Seidel.
88
angles d’approche considérés par Fleury et Houssay-Holzschuch (2012) ne seront pas non plus
pris en compte dans ce document.
De plus, l’émergence d’Haïti sera analysée en considérant uniquement les indicateurs quantitatifs
mentionnés (Hoskisson et al., 2000) (Lafargue, 2011) (Koutouzi, 2013), c’est-à-dire les
indicateurs de commerce extérieur, de bien-être, de mouvement de capitaux et d’importance
d’entreprise. Ainsi, les indicateurs qualitatifs, tels que la structure du marché du travail, le profil
des groupes de revenus, le tissu d’entreprise etc. ne seront pas pris en compte dans cette
réflexion.
Une fois, l’analyse des indicateurs faits, les défis pour l’émergence d’Haïti seront plus faciles à
déterminer et l’analyse de la convergence sera facilitée. Afin de peaufiner parfois cette réflexion,
certains indicateurs utilisés seront mis en comparaison avec certains groupes de pays émergents,
retenues en combinant les approches des organismes de classification tels que HSBC, FTSE,
FMI/OCDE et Goldman Sachs (Lafargue, 2011).
Analyse des indicateurs quantitatifs
Tel que mentionné ci-dessus, les trois (3) premiers indicateurs quantitatifs qui seront utilisés pour
déterminer si l’économie haïtienne a su remplir les conditions pour le démarrage (Rostow, 1960)
sont le PIB per capita, le solde de la balance commerciale, les IDE. Ces indicateurs sont aussi
utilisés par l’OCDE et coïncident avec trois (3) des six (6) critères d’émergence retenus par le
« Boao Forum for Asia49 (BFA)» (2009). Le dernier indicateur qui sera utilisé est la taille des
entreprises haïtiennes à l’étranger. Cet indicateur correspond à l’un des critères utilisés par le
BFA mais est aussi utilisé par d’autres auteurs comme Manhart et al.50 (2008), Jaffrelot51 (2008),
Fleury et Houssay-Holzschuch52 (2012).
Il importe de mentionner que cette analyse ne s’évertuera pas à montrer si oui ou non Haïti est
émergent mais tentera plutôt de montrer si l’économie nationale se positionne sur la voie de
49
The Boao Forum for Asia (2009), The Development of Emerging Countries, Annual Report 2009, University of
International Business and Economics Press, pp. 3-6
Les six (6) critères retenus par le « Boao Forum for Asia » sont : une croissance économique élevée, un poids
économique et une population importante, un revenu per capita moyen, une ouverture économique significative, une
représentativité à l’étranger (entreprise, position géopolitique…) et enfin des controverses négligeables.
50
Andreas Manhart, Katharina Schmitt, Dr. Harmut Stahl et Dr. Rainer Grieβhammer (2008), Emerging Economies
– New Challenges for international cooperation and development, Freiburg, Darmstadt, Berlin
51
Op. cit.
52
Op. cit.
89
l’émergence. En d’autres termes, les réflexions suivantes auront pour objectifs de confirmer la
stabilité des indicateurs considérés et/ou leur évolution positive53. Les données qui seront
traitées proviennent de sources diverses et correspondent à la période54 2011-2014.
PIB per capita
Le PIB per capita implique la prise en compte de deux (2) variables : la croissance économique
et la population. L’émergence d’une économie implique non seulement une accélération du
rythme de croissance sur de longues périodes mais aussi une maîtrise du taux d’accroissement de
la population sur ces périodes. Cependant, avant même de commencer la réflexion, il est
important que montrer que cette dernière est limitée par le fait que l’indicateur lui-même
comporte certaines limites. En effet, le PIB per capita ne prend pas en compte la distribution des
revenus à l’intérieur d’une population. Ainsi, il convient de ne pas considérer comme absolus les
résultats qui seront obtenus à partir des analyses faites.
Dans le cas d’Haïti, en considérant la période 2011-2014, l’analyse du taux de croissance de la
production t Xi et du taux d’accroissement démographique t Di pour chaque année i de la période
I  2011,2014 , permet d’entrevoir les résultats suivants (qui doivent cependant être considérés
avec attention) :
i  2011,..., 2014, t Xi  t Di

 I
I
t X  t D (croissance sur la periode 2011 2014)

(cf. Figure 1)
Évolution de la production et de la population haïtienne (2011-2014)
Taux de croissance économique et démographique
5.59
Taux de croissance
economique
%
4.41
2011
2.83
2012
2.70
2013
2014
Taux de croissance
demographique
Linear (Taux de
croissance
economique)
Source: IHSI
53
L’évolution positive des indicateurs traduisent l’amélioration de la performance de l’économie par rapport aux
indicateurs retenus.
54
2010 est la dernière année d’application du Document de Stratégie
90
En se basant sur la définition de la croissance fournie par Kuznets55 (1971), l’on peut admettre
que globalement l’économie haïtienne a connu un regain de croissance durant la période 20112014 (quoique la période demeure trop courte pour tirer des conclusions définitives sur la
croissance tiède ou accélérée), bien que cette croissance ne soit pas accélérée. Malgré tout, les
performances de l’économie haïtienne se situent encore loin des taux de croissance supérieurs à
5%, généralement affichés de façon continue par les pays émergents, et particulièrement des
économies en début d’émergence.
Compte tenu du fait qu’on se situe tout au début de la période d’application du PSDH, l’on
pourrait croire que ce résultat est expliqué par le fait qu’il faut un temps d’attente avant que les
réformes effectués prennent effets et permettent à l’économie d’atteindre une croissance à deux
chiffres. Cependant, la croissance de l’économie haïtienne de 2011 à 2014 n’est pas stable. Elle
affiche même une tendance générale à la baisse sur cet intervalle. Le seul taux de croissance de
plus de 5% (2011) sur la période consiste en un taux de relance après le tremblement de terre de
2010. Enfin, si l’on tient compte des prévisions effectuées par le Fonds Monétaire International
(FMI), la croissance potentielle de l’économie haïtienne ne dépassera pas 4.2% pour l’année
2015 (Belet et Epaulard56, 2013). En conclusion, l’économie ne semble pas encore en position de
démarrage.
L’économie haïtienne peine certes à afficher de manière constante les bonnes performances,
pourtant le PIB per capita ne cesse d’augmenter depuis 2011 (cf. Figure 2). En effet, le PIB per
capita est passé de 670 $US en 2010 à 820 $US57 en 2014: une augmentation de 22% sur la
période. Cela implique que malgré l’instabilité de la croissance, l’on peut constater une
amélioration de la qualité de vie de la population. Ces résultats peuvent sembler mitigés vu que
le PIB per capita ne permet pas forcément de déceler le processus de distribution des revenus.
Mais en considérant le fait que le taux de pauvreté extrême58 est passé de 31% en 2000 à 24% en
2012, il est clair que la structure des groupes de revenus a connu certaines modifications, et que
l’amélioration des conditions de vie de la population, aussi peu considérable qu’elle puisse être,
n’est pas une chimère.
55
Simon Kuznets (1971), Economic Growth of Nations: Total Output and Production Structure, Harvard University
Press, Cambridge, Massachusetts.
La réflexion de Kuznets suppose qu’il n’y a croissance économique que lorsque le taux de croissance de la
production est supérieur aux taux d’accroissement de la population.
56
Gérard Belet et Anne Epaulard (2013), Rapport de la mission d’assistance technique à Haïti, Département des
finances publiques, Fonds Monétaire International (FMI).
57
Base de données Banque Mondiale
58
Données Observatoire National pour la Pauvreté et l’Exclusion Sociale (ONPES)
91
Évolution de la croissance distribuée aux habitants en Haïti (2010-2013)
850
PIB per capita
800
PIB per capita
700
Linear (PIB per
capita)
US
750
650
600
2010
2011
2012
2013
Source: WDI_GDF
Bien que le PIB per capita suive une tendance générale à la hausse, son rythme de croissance
n’est pas constant. Il décélère en passant de +11% en 2011 à près de +6% en 2013. Ceci laisse
supposer que la tendance haussière du PIB per capita est probablement éphémère. En effet, en
considérant la diminution de la vitesse de croissance de cet indicateur, et en supposant que
l’économie évolue dans un mouvement d’inertie, d’ici 2017, la variation du PIB per capita
d’Haïti sera négative : ce qui sera en totale contradiction avec les objectifs d’émergence.
En considérant les résultats précédents, c’est-à-dire une croissance moyenne de moins de 5% sur
2011-2014 et instable, un PIB per capita, certes suivant une tendance haussière, mais dont
l’accroissement est en décélération, il est clair qu’Haïti ne s’est pas encore mise en position de
détente, dans le but d’émerger. Cependant, il serait tout à fait irréaliste de confiner les
performances de l’économie haïtienne à la seule évolution de son taux de croissance (comparé au
taux de croissance démographique) et de son PIB per capita. L’analyse d’autres indicateurs, tels
que ceux du commerce extérieur, est nécessaire.
Commerce extérieur
Cette section analysera l’évolution du commerce extérieur de l’économie haïtienne en
considérant les mouvements des exportations et des importations de biens et services. Pour
mesurer ces différents mouvements, la réflexion qui suit se base sur les valeurs des différents
indicateurs suivants :
1)
2)
3)
4)
Le taux d’exportations et le taux d’importations
Le taux de couverture et le taux d’ouverture
Le taux de dépendance des importations
Poids des exportations haïtiennes dans l’économie mondiale
92
Les deux (2) premiers indicateurs servent à montrer si la richesse produite par Haïti sert à
alimenter les importations ou si cette richesse est exportée vers le reste du monde. Le taux de
couverture montre à quelle proportion les rentrées des devises générées par les exportations
haïtiennes couvrent les sorties de devises occasionnées par les importations haïtiennes alors que
le taux d’ouverture présente part de la production totale de l’économie haïtienne faisant l’objet
d’échanges extérieures. Le troisième indicateur met en évidence quelle part des
approvisionnements intérieurs disponibles provient des importations ou de la production
domestique (FAO59). Enfin, le dernier indicateur indique la position de l’économie dans le
commerce international.
Avant d’analyser60 ces indicateurs, la première remarque relative au commerce extérieur dans le
cas de l’économie haïtienne est que le déficit commercial a diminué, en moyenne de 4% par
année, sur la période 2011-2013 (avec deux années de baisse consécutives). Cette réduction est
expliquée non pas par une diminution continue des importations sur la période mais est plutôt dû
au fait que les exportations ont crû de manière plus considérable : ce qui peut constituer un
progrès, mais plus ou moins mitigé.
Ainsi, la deuxième remarque, assez pertinente, est que cette réduction du déficit de la balance
commerciale est attribuable à un simple ajustement de l’économie suite au choc de 2010 (cf.
Figure 3). En effet, il s’agit d’un choc, puisqu’après le tremblement de terre, les importations ont
crû de plus de 20%61 (alors que les variations n’avaient jamais atteint la barre des 10% entre
2003 et 2009) et le solde extérieur a diminué de plus de 25% (alors que les variations n’avaient
jamais atteint 10% entre 2003 et 2009).
Ajustement du solde extérieur en Haïti (2003-2013)
Déficit extérieur (2003-2013)
17000
15000
Deficit exterieur
scenario 1
13000
Deficit exterieur
base
11000
9000
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
Millions de gourdes 86-87
19000
Source: BRH/IHSI
59
Cet indicateur a été utilisé par l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. Il implique
une hypothèse de base fondamentale : les importations ne sont pas réexportées mais consommées directement par le
marché domestique.
60
Les données proviennent de l’Atlas de l’Observatoire de la Complexité Économique (OCE), des données de la
Direction des Études Économiques du Ministère de l’Économie et des Finances et la Banque Mondiale.
61
BRH, Annexe Statistique, Rapport annuel 2013.
93
Si l’on considère les éléments susmentionnés et si l’on considère le fait qu’en moyenne, le déficit
augmentait chaque année de 2% entre 2003 et 2009, la diminution de ce dernier, après la
singularité de 2010 (augmentation de 26%) est tout à fait normale. En d’autres termes, cette
performance sur le plan externe est assimilable à un retour à la position initiale62 de l’économie,
c’est-à-dire un retour à la tendance d’avant 2009. De cette façon, l’on ne peut affirmer de façon
réelle que le solde extérieur de l’économie haïtienne est amélioré. L’analyse des indicateurs (cf.
Tableau 1) précédemment retenus permettra de mieux saisir la situation, puisqu’elle offrira des
éléments plus détaillés.
Tableau - Indicateurs des échanges extérieurs haïtiens63 en %
Année
Indicateur
Taux d’exportations
2009
2010
2011
2012
2013
15.7
15.3
17.4
16.9
18.2
42.6
64.7
59.0
53.1
52.9
36.9
23.7
29.6
31.8
34.5
29.1
40.0
38.2
35.0
35.6
33.6
43.3
41.7
39.0
39.3
0.006
0.006
0.006
Tendance
Taux d’importations
Taux de couverture
Taux d’ouverture
Taux de dépendance des
importations
Poids des exportations
dans les exportations
0.006
0.005
mondiales
Source : WDI_GDF / IHISI /BRH / DEE
En analysant le taux d’exportation et le taux d’importation sur la période 2010-2013, l’on peut
confirmer deux hypothèses. D’abord, le choc subi par les importations en 2010 se résorbe au fur
et à mesure que le temps passe. À rappeler que les taux d’importations variaient entre 2 à 7 point
de pourcentage jusqu’à 2009, avant que ce taux n’ait augmenté de 22 points en 2010. Ainsi, la
chute continue enregistrée entre 2010 et 2011 n’est qu’un redressement de l’indicateur, qui a
conduit à l’ajustement du solde extérieur tel que montré antérieurement. La deuxième hypothèse
62
Le scénario de base représente le solde extérieur avec les valeurs observées jusqu’en 2013. Le scénario 1
représente le solde extérieur avec les valeurs observées jusqu’en 2009 et les valeurs estimées (en considérant la
variation moyenne de 12% entre 2003 et 2009) pour la sous-période 2010-2013.
63
Les indicateurs utilisés pour calculer les valeurs figurant au niveau du tableau sont pris en dollars US courant.
L’année 2009 est utilisé comme année de référence d’avant le tremblement de terre.
94
confirmée est qu’il y a bel et bien eu un progrès absolu64 en matière d’exportations durant la
période 2010-2014, ceci indépendamment du choc subi par l’économie en 2010. Quoique le
rythme de progression du taux d’exportation vacille entre des hausses et des baisses, ce dernier
affiche quand même une tendance globale à la hausse, entre 2010 et 2013.
La dynamique des exportations et des importations après le tremblement de terre a aussi
influencé la capacité de l’économie à financer ses dépenses d’importations (devises nécessaires
aux paiements des importations) à partir des ressources provenant des exportations. En effet, les
devises rapportées par les exportations couvrent de plus en plus le besoin de devises pour
l’importation de biens et de services (le taux de couverture est passé de 23.7% en 2010 à 34.5%
en 2013). Cependant, il faut mentionner encore une fois que ce taux s’ajuste compte tenu de la
distorsion enregistrée en 2010 ; son comportement étant en partie une fonction des importations,
qui elles-mêmes tendent à reprendre leur rythme d’avant 2010.
Cette même raison (l’ajustement) est susceptible d’expliquer la diminution du taux de
dépendance des importations. En effet, les résultats indiquent que la part des approvisionnements
intérieurs en provenance des importations a diminué sur la période (passant de 43.3% en 2010 à
39.3% en 2010). Malgré cela, il ne faut pas ignorer le fait que l’année 2010 a poussé ce taux audelà de 40% alors qu’il avoisinait généralement 35%. Par conséquent, cette réduction est relative
et doit être considérée comme un retour à la normale.
Il convient de placer un autre bémol. Entre 2010 et 2013, la valeur relative des échanges a
diminué de plus de 5 points de pourcentage. La part du PIB échangé avec le reste du monde a
chuté considérablement. À ce niveau, l’on pourrait supposer aussi que tout comme les
indicateurs précédents, la baisse du taux d’ouverture soit un simple redressement. Par
conséquent, quel que soit l’indicateur considéré, il est clair que, eu égard au commerce extérieur,
l’économie haïtienne n’as pas fait un bond de longue portée après 2010.
En considérant sa position par rapport aux exportations mondiales, il est clair que le commerce
extérieur haïtien a relativement stagné. En analysant le poids des exportations haïtiennes dans le
commerce international, l’on peut constater qu’entre 2010 et 2013, l’importance de l’économie
haïtienne dans les transactions internationales de biens et services est restée la même.
Les résultats des réflexions ci-dessous sous-entendent que les réformes engagées pour améliorer
la position haïtienne dans le commerce mondial n’ont pas encore pris effet ou sont inefficaces.
Quoiqu’il en soit, l’économie haïtienne n’est pas en mesure de démarrer son processus
d’émergence en considérant cet aspect de la question.
64
Ici, il s’agit d’un progrès en termes absolu. Attention, il faut rappeler que ce travail ne montre pas à quel point les
taux d’exportations sont faibles, mais tente de démontrer plutôt si l’économie haïtienne se positionne en économie
prête à émerger.
95
Investissements Directs Étrangers
Il est évident que le flux de capitaux étrangers au niveau de l’économie haïtienne n’a jamais été
aussi important que durant la période d’après le tremblement de terre. Entre 2010 et 2014, la
valeur des Investissements Directs Etrangers nets65 (IDE), évaluée à près de 740 millions de
dollars US66, représentait près de deux fois la valeur des capitaux étrangers investis sur les
quatorze années antérieures (1995-2009), soit moins de 430 millions de dollars US (cf. Figure 4).
Ces investissements, effectués particulièrement dans la reconstruction du secteur « Tourisme »,
ont permis de booster le sous-secteur « Hôtellerie », qui a subi des dommages considérable après
le séisme.
Évolution du flux de capitaux étrangers vers l’économie haïtienne
Millions de dollars US
Investissements Directs Étrangers (IDE)
738
429.83
178
119
186
156
99
55
Source: Base de données « Secteur externe » DEE-MEF
Lorsqu’ on considère les IDE, Haïti semble avoir fait d’énormes progrès vers une économie
émergente. Les différentes actions entreprises- la réduction du délai de création d’une entreprise
- ont permis à Haïti d’attirer continûment sur la période des flux de capitaux étrangers dépassant
les 100 millions de dollars US. De plus, la croissance enregistrée entre 2010 et 2014, bien
qu’instable, a aidé à l’augmentation du montant de ces capitaux investis, quoique de manière peu
significative (Lo and al67, 2013).
65
IDE nets = IDE - désinvestissement
66
Base de données du secteur externe / DEE-MEF. Les valeurs pour 2013 et 2014 sont provisoires.
67
Chen-Chang Lo, Yaling Lin, Tsung-Li Chi et Dominique Jude Joseph (2013), Foreign Direct Investment Inflows
in Haïti: Its Determinants and Impact on Economic Growth, Business Management Dynamics, Vol. 2, No 9, pp. 3650.
96
Pourtant, en considérant Haïti par rapport au mouvement de capitaux étrangers dans l’Amérique
Latine et des Caraïbes, le résultat peut sembler différent. Sur la période 2010-2013, la part des
IDE en direction de la région, captée par Haïti, n’a jamais dépassé 0.2% alors qu’en moyenne la
part captée par la République Dominicaine a atteint généralement 1.5%68. De plus, cette part a
affiché une tendance générale à la baisse, en passant de 0.15% en 2010 à 0.10% en 2013. Cela
sous-entend que malgré le progrès absolu (en termes de croissance et en considérant la valeur
absolue des IDE) sur les quatre (4) dernières années, Haïti perd tout de même en attractivité au
niveau de la région, ce qui peut être confirmé par la valeur des IDE durant la période
susmentionnée.
En effet, la valeur des IDE nets a considérablement diminué en 2014 (de 47% par rapport à
l’année 2013 et de 44% par rapport à 2010). Ceci laisse croire que l’indicateur est revenu à son
mouvement initial : celui d’avant le tremblement de terre. En outre, vu que l’année 2015
constitue une année de transition politique en Haïti, il est envisageable que la valeur des IDE
continue de chuter, compte tenu des risques d’instabilité dont les élections sont à l’origine.
En d’autres termes, le comportement affiché par l’économie haïtienne ne semble pas être en
cohérence avec les objectifs d’émergence ; du moins, de façon relative. Les IDE, certes ont
grimpé de manière substantielle après 2010, mais décroissent au fur et à mesure. Par conséquent,
Haïti s’éloigne de plus en plus de la trajectoire d’émergence, si l’on considère cet indicateur :
situation à laquelle il faut remédier. Le rapport « Situation économique, financière, sociale de
2013 en Haïti et les perspectives à court-terme » présenté par la Direction des Études
Économiques (2014), met en évidence plusieurs moyens de relever le niveau des IDE investis
dans l’économie haïtienne.
Entreprise de taille mondiale
Comme il a été indiqué, l’une des caractéristiques de l’émergente réside dans la dimension des
entreprises du pays en question. Plus une économie émerge, plus ses entreprises ont tendance à
étendre leurs activités au niveau mondial. Les investissements réalisés par ces entreprises dans le
reste du monde croissent rapidement et de manière substantielle tout en leur permettant de se
repositionner en matière de compétition mondiale. Que l’on considère le chiffre d’affaires, les
bénéfices nets ou le montant des investissements, la taille de ces entreprises augmente
considérablement, pendant qu’elles intègrent de plus en plus de marchés étrangers.
Dans le cas d’Haïti, en analysant le tissu des entreprises, il est clair que le nombre d’entreprises
formelles capables de s’étendre à un niveau mondial est extrêmement faible. En effet, le
recensement de 201269 montre que 96% des entreprises haïtiennes sont des entreprises
68
Base de données Banque Mondiale (WDI_GDF)
69
Le recensement des entreprises réalisé par le Ministère du Commerce et de l’Industrie en 2012.
97
unipersonnelles et familiales. Cela implique que les entrepreneurs sont réticents à inviter d’autres
investisseurs et à se regrouper : ce qui constitue un certain blocage à leur expansion au niveau
international. De plus, près de 82% de ces entreprises réalisent uniquement d’activités d’achat et
de ventes de biens (la plupart du temps importés) et services. En d’autres termes, ces entreprises
ne sont pas assez équipées pour bénéficier d’importantes injections de capitaux. Le problème
est encore plus complexe lorsqu’on tient compte du fait que seulement 1.2% des entreprises
haïtiennes disposeraient d’un cahier comptable, d’où parfois l’inexistence d’états financiers : ce
qui rend ainsi de plus en plus difficile l’accès au crédit. Enfin, sur l’ensemble des entreprises,
moins de 40% seraient prêts à engager des partenariats avec des étrangers. Le manque de
confiance, la méconnaissance des partenaires font partie des motifs expliquant ce faible nombre,
et montrent pourquoi il est difficile à une entreprise haïtienne d’avoir une portée internationale.
En considérant la question sous l’angle des grandes firmes, le constat est que parmi les dix (10)
plus grandes entreprises implantées en Haïti en 2011 (cf. Figure 5), seulement trois (3) sont des
entreprises avec des activités régionales et internationales et des filiales présentes dans des
marchés étrangers (Unigestion Holding S.A70, Total71, Marriott72). La première évolue
précisément dans les Caraïbes et en Amérique Centrale. Total est une entreprise française
évoluant dans plus de 130 pays73. Marriott, firme américaine, compte plus de 3700
établissements (hôtels, résidences, clubs…) dans le monde.
Contribution fiscale des dix (10) plus grandes entreprises d’Haïti (2011)
EDH
183
Total Haiti
187
Cimenterie Nationale SEM
203
SOGEBANK
336
UNIBANK S.A
372
DINASA S.A
425
COMCEL
451
Brasserie Nationale d'Haiti
Comme Il Faut S.A
613
669
Unigestion Holding SA
2488
Millions de gourdes
74
Source: DGI
70
Nom commercial de la Digicel
71
Cette entreprise a été classée comme 9ème plus grande entreprise d’Haïti par la DGI en fonction de sa contribution
fiscale en 2011.
72
Marriott a commencé ses activités seulement en 2015.
73
Données de la CCP Composite, filiale du Groupe Total.
74
La COMCEL a été racheté par la « Unigestion Holding S.A » en mars 2012.
98
Seulement trois (3) entreprises semblent avoir le profil d’une entreprise de taille mondiale.
Cependant, aucune des sociétés mères n’est une entreprise haïtienne et leurs sièges sociaux ne
sont pas localisés en Haïti. Par conséquent, il est difficile de la considérer dans l’évaluation de la
trajectoire d’émergence d’Haïti.
Deux faits confirment aussi que les entreprises haïtiennes évoluent uniquement sur le marché
intérieur. Le premier est qu’aucune firme haïtienne ne fait partie des 500 plus grandes entreprises
du monde75. L’on pourrait croire que cela vient du fait qu’Haïti est en phase de préparation à
l’émergence. Cependant, le deuxième fait montre qu’aucune des dix (10) entreprises évoquées,
ne fait partie des cents (100) entreprises ayant enregistré les plus fortes croissances76 en 2014.
Ces deux éléments démontrent que non seulement Haïti n’a pas encore d’entreprise de type
mondial mais que ces entreprises ne s progressent pas assez rapide pour bien se positionner au
niveau mondial à défaut d’être leader.
Au final, l’un des aspects auxquels la réflexion sur l’émergence renvoie est la convergence d’une
économie. Déterminer comment l’économie haïtienne converge vers les pays émergents et à
quelle vitesse est donc primordial pour compléter la réflexion sur les indicateurs. Voilà,
pourquoi, il est capital d’étudier, dans le cas d’Haïti, l’un des deux types de convergence
généralement connus : la convergence relative (σ-convergence).
Convergence de l’économie haïtienne
La notion de convergence d’une économie fait référence à la réduction des écarts entre le revenu
par habitants (proxy du niveau de bien-être) de cette économie et les économies utilisées comme
référence (Géneau de Lamarlière et Staszak77, 2000). Pour ce niveau de bien-être, l’on utilise
généralement le PIB per capita (quoique les limites de cet indicateur aient été montrées). Ainsi,
une étude de la convergence de l’économie haïtienne consiste à déterminer dans quelle mesure
ses caractéristiques se rapprochent de celles des pays émergents et à quel rythme ce
rapprochement s’effectue.
Les deux types de convergence les plus utilisés sont la σ-convergence et la β-convergence. Ainsi,
l’on parlera de σ-convergence lorsque les valeurs du PIB per capita haïtien se rapprochent des
valeurs du PIB per capita moyen du groupe des pays émergents (qui sera défini). D’autre part, la
β-convergence est utilisée pour comparer les performances d’un groupe de pays. Ainsi, l’on
75
Fortune, septembre 2014
76
Id.
77
Isabelle Géneau de Lamarlière ; Jean-François Staszak (2000), Principes de géographie économique, Éditions
Bréal, pp. 437-438.
99
parlera de β-convergence si les taux de croissance du groupe sont d’autant plus forts que le PIB
per capita est faible : ceci impliquera que les économies pauvres progressent alors que les
économies riches stagnent ou décélèrent. Dans le cadre de ce travail, l’on ne tiendra compte
que de la convergence relative.
Avant de procéder à l’analyse de la convergence de l’économie haïtienne vers l’émergence, il
convient de définir d’abord le groupe de pays considérés comme émergents. Une fois ces
économies connues, l’on pourra comparer les performances d’Haïti (en considérant les autres
indicateurs traités précédemment) aux performances de ce groupe de pays. Ces éléments
permettront de mieux comprendre le mécanisme de détermination de la convergence.
Position de l’économie haïtienne
Le groupe des économies émergentes varie en fonction des indicateurs retenus ou en fonction des
institutions de classification (FMI/OCDE, HSBC, FTSE, Goldman Sachs). Ainsi, afin de
remédier à cette contrainte, l’on utilisera comme groupe de pays émergents, l’ensemble des
économies retenues par les quatre (4) organismes susmentionnés (Lafargue, 2011). En combinant
l’ensemble des critères utilisés par ces derniers, l’on dénombre vingt-six (26) pays émergents (cf.
Tableau 2) en 2011. L’étude de la convergence sera effectuée à partir de ce regroupement.
Tableau - Les pays émergents selon le FME/OCDE, FTSE, HSBC, Goldman Sachs78
Argentine
Chili
Malaisie
Pérou
Thaïlande
Inde
Iran
Philippines
Rép. Tchèque
Égypte
Indonésie
Turquie
Vietnam
Colombie
Afrique du Sud
Brésil
Mexique
Hongrie
Pologne
Taïwan
Bengladesh
Chine
Russie
Corée du Sud
Nigeria
Pakistan
Source : François Lafargue (2011)
Afin de déterminer à quel niveau se situe l’économie haïtienne, par rapport à ses économies, l’on
comparera la moyenne des performances moyennes du groupe79 entre 2009 et 2013 à la moyenne
des performances d’Haïti sur cette même période. Ainsi, l’on pourra estimer à quelle distance
elle se situe par rapport au groupe : ce qui n’est pas encore la convergence à proprement dite.
Cette démarche peut être exécutée en considérant soit le PIB per capita, soit les IDE, soit la
valeur des exportations.
78
―FMI/OCDE ; ---- HSBC ; ΞΞΞ
FTSE ; === Goldman Sachs
79
Dans les calculs qui suivront, Iran ne sera pas inclus dans le groupe des pays émergents vu la difficulté de
déterminer certaines données (dû aux restrictions sur les exportations imposées à ce pays). De plus, les données
relatives à Taïwan sont intégrées directement dans les données relatives à la Chine.
100
Entre 2009 et 2013, le PIB per capita du groupe80 des pays émergents représentaient en moyenne
plus de dix (10) fois le PIB per capita moyen haïtien : ce qui illustre en quelque sorte l’écart
moyen à combler par l’économie haïtienne, pour que sa population puisse atteindre un niveau de
bien-être similaire à celui des pays émergents. Cet écart est encore plus important (cf. Figure 6)
lorsqu’on considère les IDE (les IDE du groupe des pays émergents81 représentent en moyenne
sur la période plus de 180 fois les IDE moyens haïtiens) et la valeur des exportations (le groupe
des pays émergents exportent en moyenne 205 fois82 plus que l’économie haïtienne n’exporte).
Position comparée de l’économie haïtienne (pour 2009-2013)
PIB per capita
moyen (milliers
de $US courants)
30
25
Ecart entre les indicateurs
20
15
10
8.04
5
0
2.57
Exportations
moyennes (cent
milliards de $US
courants)
25.18
Pays émergents
IDE moyens
(milliards de $US
courants)
Haiti
Source: WDI_GDF
Ces éléments indiquent uniquement la position d’Haïti par rapport au reste des pays émergents.
Cependant, ils ne montrent pas l’évolution de l’économie haïtienne. En d’autres termes, ils
n’indiquent pas si l’économie converge vers l’émergence ou en diverge. C’est en utilisant ce
même groupe de pays que l’on procédera à l’analyse de la convergence (relative).
80
Afin de faciliter l’analyse, le PIB per capita est mis ici pour le PIB per capita moyen du groupe. Ainsi, la moyenne
sur la période représente la moyenne du PIB per capita moyen du groupe.
81
Même raisonnement
82
Les données utilisées pour ces calculs proviennent de la base WDI_GDF de la Banque Mondiale.
101
Convergence relative
L’évolution des performances annuelles de l’économie haïtienne indique un certain progrès (PIB
per capita, IDE, taux de dépendance des importations…), même si celui-ci est peu important et
très nuancé (particulièrement lorsqu’on intègre le choc du tremblement de terre de 2010). Mais le
fait est que le comportement affiché par Haïti sur le plan économique entre 2010 et 2013 est de
loin meilleur que les résultats enregistrés durant les deux dernières décennies combinées. Haïti,
se rapproche-t-il des pays émergents ou s’en est-elle éloignée malgré les efforts ? Comme cela a
été déjà indiqué, ce sont ces questions auxquelles l’analyse de la convergence de l’économie
haïtienne tente d’apporter des réponses.
Tel que montré dans la section II, le PIB per capita haïtien a augmenté de plus de 20% entre
2010 et 2013. Parallèlement, si l’on intègre Haïti dans l’ensemble des pays émergents, les
résultats montrent que le PIB per capita de ce nouveau groupe a augmenté seulement de 16% sur
la même période. Ainsi, lorsqu’il est considéré seul, le niveau de bien-être haïtien s’est amélioré
sur les quatre dernières années à un rythme plus accéléré que lorsqu’il est rattaché/comparé au
groupe des pays émergents. En outre, si l’on aborde la question sous un autre angle, l’on se
rendra compte que les économies émergentes se distancent absolument de l’économie haïtienne
(cf. Figure 7). L’écart entre le nombre de dollars américains dont dispose en moyenne chaque
habitant d’Haïti et celui du groupe des pays émergents (incluant Haïti83) tend à s’élargir
lorsqu’on considère la période 2010-2013. Puisque le PIB per capita haïtien s’écarte de la
moyenne du PIB per capita du groupe des économies émergentes (Haïti y compris), l’on peut
confirmer qu’il n’y a pas σ-convergence (convergence relative) d’Haïti vers les autres pays
émergents.
Convergence relative de l’économie haïtienne (sur la période 2009-2013)
Milliers de dollars US
10
PIB per capita (2009-2013)
8
6
Pays émergents
4
Haiti
2
0
2009
2010
2011
2012
2013
Source: WDI_GDF
83
Le procédé de calcul pour savoir s’il y a σ-convergence nécessite qu’Haïti soit inclus au groupe de pays
émergents, pour déterminer le PIB per capita stationnaire (dans ce cas, le PIB per capita moyen du groupe) et
analyser comment Haïti se comporte lorsqu’elle est placée à l’intérieur de ce groupe. À rappeler, que dans les lignes
précédentes, l’on avait comparé l’évolution de l’économie haïtienne prise toute seule à son évolution lorsqu’elle est
intégrée dans le groupe des pays émergents.
102
Il n’y a donc pas de réduction des écarts entre le niveau de vie du citoyen haïtien (le PIB per
capita) et le niveau de vie moyen du citoyen résidant dans un pays émergent. Les valeurs du
revenu par habitant d’Haïti et des économies émergentes divergent entre 2010 et 2013. Ce qui
laisse entendre que l’on s’écarte beaucoup de l’émergence qu’on s’en rapproche. Il faut tout de
même faire une remarque importante : à partir de 2011, le rythme de divergence décélère.
Cependant, la vitesse de décélération semble bien trop réduite pour une émergence d’ici 2030.
Défis et perspectives pour l’émergence
L’analyse des quatre (4) indicateurs quantitatifs et de la convergence indique deux conclusions
possibles. La première est que les efforts consentis sont insuffisants. En d’autres termes, les
réformes mises en place depuis 2010 ne sont pas assez efficientes. Ceci peut être justifié par un
fait parmi tant d’autres très illustratif : généralement l’économie haïtienne n’atteint que très
rarement les taux de croissance prévus en début d’exercice et ces taux sont la plupart du temps
inférieurs au taux de croissance potentiel. La deuxième conclusion possible consiste au fait que
les effets structurants des réformes effectuées après le tremblement de terre ne sont probablement
pas encore visibles. En effet, les impacts des transformations prennent du temps à être visibles, et
n’apparaissent parfois que sur le très long terme.
Cependant, il est clair que, dans les deux cas, compte tenu de l’horizon temporel assez court, les
progrès sont insuffisants. L’économie haïtienne évolue de façon trop lente pour émerger d’ici
2030. Plusieurs résultats des analyses précédentes l’on montré. D’un côté, le taux de croissance
moyen annuel de 4.3%84 (entre 2010 et 2011) ne permettrait à l’économie de doubler sa
production qu’après dix-sept (17) ans. Ce résultat est insignifiant compte tenu d’une croissance
moyenne annuelle de la population de près de 2%. Lorsqu’on sait que le PIB de la République
Dominicaine, non encore émergente, représente déjà près de 8 fois le PIB haïtien, doubler sa
production d’ici 2030 ne représente pas un effort significatif pour un pays en quête d’émergence.
D’un autre côté, vu que le rythme de croissance du PIB per capita, durant ces quatre dernières
années, diminue de façon considérable (décélération de 5 points de pourcentage entre 2011 et
2013), l’on ne peut imaginer que cet indicateur atteigne 5879 dollars US 85 d’ici 2030, avec les
performances actuelles de l’économie haïtienne. En combinant, la baisse des IDE (47% de 2013
à 2014), le retour du commerce extérieur à la tendance d’avant le séisme ainsi que le
« rachitisme » dont souffrent les entreprises haïtiennes, l’émergence peut effectivement sembler
84
L’on utilise ici le taux de croissance moyen, qui est le scénario le plus optimiste, en considérant le fait que les
prévisions du rythme de croissance sont à la baisse (DEE/MEF).
85
Le PIB per capita de la République Dominicaine en 2013.
Source : WDI_GDF
103
une utopie, sans des changements radicaux. La divergence relative de l’économie haïtienne peut
le confirmer.
Ainsi, les grands défis de l’économie haïtienne, dans l’objectif d’émergence, sont dans un
premier temps la mise en place de mécanismes permettant de promouvoir la production
domestique de biens exportables, tout en cherchant à protéger les entreprises locales de la
concurrence féroce des produits importés. Pour cela, il conviendrait d’ajuster à la baisse les tarifs
douaniers sur les « intrants », tout en ajustant à la hausse le tarif sur les produits concurrent finis
importés. Enfin, il faut un dialogue entre les secteurs priorisés et l’État pour que ce dernier
s’assure que ces premiers pourront effectivement augmenter leur production (soit par une hausse
des investissements locaux, soit par la création de plus en plus d’entreprises) afin d’éviter des
flambées des prix sur le marché intérieur.
Dans un deuxième temps, il faut diversifier l’économie haïtienne, en priorisant des secteurs
autres que les secteurs traditionnels et en encourageant la création d’entreprises dans ces
nouveaux secteurs. Parmi ces secteurs, nous pouvons citer, l’éducation (et particulièrement le
sous-secteur « université »), l’industrie manufacturière et la technologie (télécommunication et
autres). De plus, à l’intérieur des secteurs, il lui faut prioriser les filières les plus porteuses. Tout
ceci rentre dans un objectif d’accélération du rythme de croissance.
Dans un troisième temps, il est nécessaire aussi d’avoir une politique de contrôle de natalité. Une
économie peut bien augmenter sa production à un rythme effréné, mais si elle ne contrôle pas le
rythme de croissance de sa population, elle ne sera jamais en situation de croissance (Kuznets,
1971).
Afin d’attirer les IDE, quatre (4) principaux86 défis doivent être relevés :
1) Promouvoir les investissements locaux avant de promouvoir les IDE. Plus une
économie préfère les capitaux étrangers aux capitaux locaux, plus elle crée des
tensions entre les entrepreneurs haïtiens et les investisseurs étrangers (Chéry87, 2010).
Cet élément est aussi important pour créer un climat de confiance entre les potentiels
investisseurs haïtiens et étrangers et favoriser des partenariats88.
2) Améliorer la qualité des institutions formelles, particulièrement les lois sur
l’économie (protégeant la propriété privée, structurant le marché du travail,
86
D’autres actions secondaires peuvent être entreprises pour attirer les IDE. Le Rapport « Situation économique,
financière, sociale de 2013 en Haïti et les perspectives de court-terme », publié en 2014 par la Direction des Études
Économiques traite aussi de ces questions
87
Frédéric Gérald Chéry (2010), L’action de l’État et l’économie en Haïti, Port-au-Prince, Henri Deschamps.
88
À rappeler que l’on avait insisté sur le fait que moins de 40% des entreprises haïtiennes sont enclines à engager
des partenariats avec des investisseurs étrangers (selon le Rapport du recensement des entreprises de 2012)
104
établissant des normes sanitaires…) puisqu’elles réduisent les coûts de transactions et
de production (North89, 1991).
3) Assurer d’une formation de qualité aux jeunes, afin non seulement d’attirer les
entreprises en quête de main d’œuvre qualifié mais aussi de profiter au maximum des
avantages de la venue d’un investisseur étranger.
4) Rendre disponibles et accessibles financièrement les différents facteurs de production
(eau, énergie, terre…)
Enfin, l’un des défis majeurs de l’économie haïtienne est le contrôle des différentes frontières
(terrestres, aériennes et maritimes) afin d’éviter la contrebande et avoir une maîtrise des
importations vers l’économie haïtienne. Sans le contrôle des frontières, il est impossible
d’appliquer une politique de protection des entreprises locales haïtiennes non encore
concurrentielles.
Perspectives
Face à ces défis, les perspectives peuvent être résumées en un point : les Pactes pour l’Emploi et
la Croissance Économique (PECE). Ce nouvel instrument mis en place pour encourager la
production prévoit un dialogue entre les différents acteurs de l’économie et la prise
d’engagement mutuel dans un objectif commun: la croissance inclusive. Les PECE ne
constituent qu’un nouvel outil d’opérationnalisation de la vision du PSDH et par conséquent ne
l’outrepassent pas. L’horizon temporel des PECE est de trois (3) années (cf. Encadré 1) et
peuvent être renouvelés par les prochains gouvernements.
Encadré 1.- Horizon temporel des PECE
Les premiers pactes s’opérationnaliseront sur 3 années. La première période (2014-2015) sera consacrée à garantir le
maintien du niveau de croissance atteint depuis 2011. Les deux dernières périodes (2015-2016 et 2016-2017) seront
consacrées à promouvoir la production et l’emploi de masse. Il est primordial de mentionner que les enjeux des pactes, vu
le financement du Fonds Monétaire International à partir de son programme triennal, soient maîtrisés.
Les PECE constituent une nouvelle modalité de promotion de la production domestique
haïtienne et de dynamisation du marché du travail par la création d’emploi, principalement dans
les secteurs productifs de l’économie haïtienne. En d’autres termes, c’est une nouvelle façon de
prendre les décisions, dans le cadre des différentes politiques économiques, impliquant des
engagements respectifs de l’État et des différents principaux acteurs intervenant dans le
processus de création de richesse au niveau de l’économie haïtienne. Ainsi, plusieurs mesures
89
Douglass C. North (1991), Institutions, The Journal of Economic Perspectives, Vol. 5, No 1, pp. 97-112
Les institutions (selon North) sont les normes auxquelles une économie est soumise. Elles peuvent être informelles
(coutumes, habitudes…) ou formelles (lois, constitution…)
105
fiscales et douanières (sur le maïs et la farine) inscrites dans le budget rectificatif de 2014-2015
sont prises dans la logique de cette nouvelle manière de promouvoir la création de richesse.
Les pactes sont fondamentalement des instruments de coordination et en même temps un cadre de
responsabilité collective impliquant des droits et des devoirs.
Ce nouveau mécanisme (PECE) prévoit de promouvoir les Petites et Moyennes Entreprises
(PME) dans des filières porteuses cibles, de rendre plus accessibles les facteurs de production et
de lancer un programme à haute intensité de main d’œuvre et d’habilitation économique
(PHIMHE). Malgré son côté inédit, il n’oublie pas de prendre en compte aussi les besoins de
stabilité économique et sociale. Enfin, il prévoit même un ensemble de sources de financement
alternatives (cf. Encadré 2). En d’autres termes, ce sont des mécanismes de financement
différents des sources traditionnelles (appui budgétaire, recettes pétrolières, Petro Caribe…). Ces
nouvelles sources de financement permettront de mettre en œuvre les PECE et ainsi placer
l’économie haïtienne sur la trajectoire de la croissance soutenue.
Encadré 2.- Les sources et modalités de financement du PECE
Afin de financer les pactes, plusieurs sources et modalités de financement sont envisageables. Parmi ces
éléments, l’on peut citer :
1) Un fonds de 250 millions de gourdes financé par les institutions financières et le Fonds de
Développement Industriel (FDI), géré par ces institutions financières, visant à promouvoir les
PME ayant le statut de société en nom collectif.
2) Un fonds de soutien aux PME, à constituer auprès du FDI, devant encourager le regroupement
des terres
3) Un fonds multilatéral de solidarité à mettre en place, impliquant la vente de droits d’accès
privilégiés (DAP) à des entreprises étrangères voulant intégrer le marché haïtien
4) L’Assurance-Crédit, permettant de réduire le niveau de risque de défaut de paiement des PME
recevant des prêts au niveau du système bancaire.
5) D’autres sources de financement (Fonds d’investissement avec prise de participation ou quasiparticipation, Fonds de garantie de récolte, Titrisation dans le secteur immobilier…)
Par son côté innovant, les PECE peuvent constituer un nouveau levier pour l’économie haïtienne,
un point de démarrage pour le décollage économique d’Haïti tant souhaité. Cependant, il faut
non seulement la volonté des responsables mais aussi celle des différents acteurs, pour assurer la
mise en œuvre de la stratégie élaborée. Sans ces deux éléments, les efforts sont encore voués à
l’échec.
106
107
NOTE 8. PROFIL DE LA PAUVRETE D'HAÏTI EN 2012 : PAUVRETE ET
EXTREME PAUVRETE
Au seuil de ce nouveau millénaire, la pauvreté constitue une préoccupation majeure à
l’échelle internationale. Son incidence notable à l’échelle nationale en particulier a été le motif
même du Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté
(DSNCRP). Par ailleurs, le séisme qui a frappé la République d’Haïti en 2010, en balayant les
structures déjà presqu’inexistantes, a effondré la situation des pauvres et des plus vulnérables.
Conséquemment, pour évaluer la profondeur du phénomène de paupérisation, l’Institut
Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) en partenariat avec la Banque Mondiale a
mené une enquête sur les conditions de vie des ménages après le séisme en 2012
(ECVMAS). Cette enquête partielle a été réalisée sur un échantillon de plus de 65 000 individus
constituant 4930 ménages. L’étude présente principalement le profil de la pauvreté à travers les
zones rurales et urbaines, et d’autres indicateurs qui sont inhérents au phénomène de pauvreté.
Sur la base des résultats de l’étude, on a constaté en 2012 une baisse de l’incidence de la
pauvreté extrême. L’indice est passé de 31 % en 2000 à 24% en 2012, soit une baisse de 7
points de pourcentage en 12 ans.
Le niveau de pauvreté a diminué dans les zones urbaines et dans l’aire métropolitaine
tandis qu’il n’a pas bougé dans les zones rurales. En effet, l’indice de pauvreté extrême est
passé de 21% en 2000 à 12% en 2012 dans les zones urbaines ; de 20% en 2000 à 5% en 2012
dans l’aire métropolitaine et est resté à 38% respectivement en 2000 et en 2012. En 2012, on
pouvait compter en Haïti 6.3 millions de pauvres et parmi eux 24% sont extrêmement
pauvres. Cette situation de pauvreté sévit systématiquement dans le quotidien haïtien puisqu’en
effet 58.5% des 10.8 millions d’habitants en 2012 sont pauvres et parmi eux, 2.5 millions (24%)
sont extrêmement pauvres. C’est- à -dire ne pouvant pas réunir les conditions sociales de base à
savoir : manger à sa faim, aller à l’école, se payer les soins de santé et couvrir tous les autres
besoins primaires.
Distribution des revenus et l’accès aux services
La distribution des revenus et l’accès aux services sont très inégaux. En effet, le taux
d’inégalité des revenus calculé à partir du coefficient de Gini stagne à 0.61 depuis plus de 10 ans
et s’est détérioré en particulier dans les zones rurales en passant de 0.50 à 0.56. Par conséquent,
les zones rurales, dont la population de pauvre est estimée à 74.9%, doivent représenter le
principal champ d’actions de l’Etat dans le cas où celui-ci voudrait adresser le problème de
manière concrète en vue d’éradiquer la pauvreté.
108
De plus, les 20 % des plus riches concentrent plus de 60% de la richesse nationale. L’accès
aux services de base demeure inégal et limité : parmi les quintiles les plus pauvres (40% de la
population), seulement 15% ont accès à un assainissement de qualité, contre 65% parmi les 20%
les plus riches. Plus écœurant encore, seulement 9% des 20% des personnes les plus pauvres ont
accès à l’énergie en ce plein 21ième siècle. En ce qui a trait aux sources d’eau améliorées, la
situation est moins criante 51% du quintile le plus pauvre ont accès aux sources d’eau améliorées
contre 91% pour le quintile le plus riche.
La vulnérabilité
Haïti est l’un des pays les plus exposés au monde aux risques de catastrophes naturels. Tant
est la pauvreté, tant est la vulnérabilité si on veut utiliser une approche de cause à effet. Pour
ainsi dire, plus de 93% de la surface d’Haïti et plus de 96% de la population sont exposés à un ou
plusieurs risques de désastres naturels. Ces statistiques alarmantes classent Haïti en cinquième
position en termes d’exposition aux risques.
Dans la plupart des départements d’Haïti, les pauvres sont plus susceptibles d’être affectés
par un choc climatique. Les départements de la Grand ‘Anse, du Sud-Est et du Nord-Ouest
dont 78 à 82% de la population est pauvre ont le niveau de vulnérabilité aux désastres naturels
est le plus élevé. Tandis que le département de l’Ouest est le département pour lequel le niveau
de vulnérabilité est le plus faible, soit 42%.
Plus généralement, près de 70% de la population haïtienne est pauvre ou bien est
vulnérable à la pauvreté. En effet, 1 million de personnes pourraient être poussées dans la
pauvreté par un choc négatif. Seulement 2% de la population vit avec un budget d’au moins 10
dollars par jour, soit le seuil identifiant la classe moyenne en Amérique latine.
Parmi les différents facteurs évoqués pour la réduction de la vulnérabilité, un système de
protection sociale serait susceptible d’avoir des résultats probants. A dire vrai, un système
de protection sociale adéquat permettrait d’aider les ménages les plus pauvres et vulnérables à
gérer les risques et chocs auxquels ils sont confrontés et à investir dans l’éducation de leurs
enfants ou la santé.
109
La couverture des programmes de protection sociale et ses limites
La protection sociale comporte deux composantes : une composante contributive et une
composante non contributive. La première, c’est-à-dire la protection sociale contributive, est
vue sous l’angle d’assurance ou de sécurité sociale imprimée à travers les pensions et les
assurances de santé. La composante non-contributive de la protection sociale est traduite à
travers les filets de sécurité sociale qui, pour la plupart, se dirigent vers les plus pauvres et les
plus vulnérables.
En Haïti, la couverture de la sécurité sociale est très faible. En effet, seulement 11% des
salariés ont accès à la sécurité sociale, dont 2/3 sont concentrés dans le quintile supérieur. Quant
à la partie non-contributive, en 2012, seulement 8% de la population haïtienne et 11% des
pauvres ont reçu des prestations d’aide sociale non contributives.
Stratégies pour lutter contre la pauvreté et les inégalités de manière durable
Investir dans les infrastructures sociales de base est susceptible d’avoir des résultats
significatifs sur la paupérisation. De fait, une amélioration des conditions sociales de base va
passer par des efforts nécessaires pour élargir l’accès à l’éducation primaire, à la nourriture et
aux soins de base, tout en fournissant de l’eau potable, de l’assainissement et des services de
qualité.
Augmenter les revenus et les opportunités dans le secteur agricole et pour les travailleurs
indépendants du secteur informel. Sur la base des statistiques de l’ECVMAS, presque 80% des
ménages opérant exclusivement dans le secteur agricole sont pauvres. Aussi, presque 60% des
pauvres travaillent dans le secteur informel en tant que travailleurs indépendants. Les personnes
actives dans le secteur agricole gagnent en moyenne 75% de moins, et celles engagées dans le
secteur informel gagnent 50% de moins que les travailleurs du secteur formel. Par conséquent,
les spécialistes de la Banque Mondiale estiment qu’en zone rurale, les priorités seraient de
développer la productivité agricole, d’encourager le meilleur fonctionnement et l’accès aux
marchés d’intrants et de produits finaux, et de favoriser la diversification agricole et nonagricole.
Protéger les pauvres et vulnérables contre les chocs. Au travers des résultats de l’étude, près
de 75% des haïtiens font face à au moins un choc économique par an. Confrontés à un choc
climatique, 56% des ménages extrêmement pauvres doivent modifier leur consommation
alimentaire, ce qui mène à des taux élevés de malnutrition et d’anémie. Pour cela, il faudrait
protéger les ménages et leurs moyens de subsistance tout en augmentant et en rendant efficace la
couverture des programmes de protection sociale.
110
111
ANNEXE
112
113
Tableau A1: World Bank (Commodity price data) The Pink sheet
Monthly crude oil Brent and WTI prices in nominal US dollar
Updated on September 03, 2015
Crude oil, Brent
Crude
oil,
WTI
($/bbl)
($/bbl)
CRUDE_BRENT CRUDE_WTI
2009M01
44.86
41.74
2011M05
114.46
101.28
2009M02
43.24
39.15
2011M06
113.76
96.25
2009M03
46.84
47.52
2011M07
116.46
97.31
2009M04
50.85
49.81
2011M08
110.08
86.32
2009M05
57.94
59.13
2011M09
110.88
85.58
2009M06
68.62
69.62
2011M10
109.47
86.41
2009M07
64.91
64.12
2011M11
110.50
97.12
2009M08
72.50
71.06
2011M12
107.91
98.56
2009M09
67.69
69.44
2012M01
111.16
100.29
2009M10
73.19
75.77
2012M02
119.70
102.21
2009M11
77.04
78.00
2012M03
124.93
106.15
2009M12
74.67
74.49
2012M04
120.46
103.28
2010M01
76.37
78.36
2012M05
110.52
94.68
2010M02
74.31
76.41
2012M06
95.59
82.36
2010M03
79.27
81.25
2012M07
103.14
87.90
2010M04
84.98
84.48
2012M08
113.34
94.11
2010M05
76.25
73.73
2012M09
113.38
94.51
2010M06
74.84
75.35
2012M10
111.97
89.52
2010M07
74.74
76.35
2012M11
109.71
86.68
2010M08
76.69
76.60
2012M12
109.68
88.22
2010M09
77.79
75.29
2013M01
112.97
94.74
2010M10
82.92
81.90
2013M02
116.52
95.30
2010M11
85.67
84.24
2013M03
109.24
92.91
2010M12
91.80
89.15
2013M04
102.88
92.02
2011M01
96.29
89.41
2013M05
103.03
94.76
2011M02
103.96
89.53
2013M06
103.11
95.79
2011M03
114.44
102.92
2013M07
107.72
104.70
2011M04
123.07
109.96
2013M08
110.96
106.55
114
2013M09
111.62
106.25
2014M09
97.34
93.22
2013M10
109.48
100.50
2014M10
87.27
84.40
2013M11
108.08
93.95
2014M11
78.44
75.81
2013M12
110.67
97.85
2014M12
62.33
59.26
2014M01
107.42
94.86
2015M01
48.07
47.27
2014M02
108.81
100.73
2015M02
57.93
50.61
2014M03
107.40
100.57
2015M03
55.79
47.78
2014M04
107.79
102.08
2015M04
59.39
54.44
2014M05
109.68
101.86
2015M05
64.56
59.27
2014M06
111.87
105.24
2015M06
62.34
59.80
2014M07
106.98
102.94
2015M07
55.87
50.90
2014M08
101.92
96.38
2015M08
46.99
42.86
Tableau A2: Supply & consumption
(Million barrels per day)
Title
2013
2014
2015
2016
Non-OPEC Production
OPEC Production
OPEC crude oil portion
Total World Production
OECD commercial inventory(end-of-year)
Total OPEC surplus crude oil production capacity
OECD Consumption
Non-OPEC Consumption
Total World Consumption
Primary Assumption
World Real Gross Domestic Product
Real U.S. Dollar Exchange Rate
54.46
36.50
30.12
90.95
2550
2.13
46.03
45.16
91.19
56.66
36.43
30.08
93.09
2717
2.03
45.66
46.38
92.05
57.39
36.77
30.20
94.16
2880
2.07
45.90
47.19
93.09
57.81
36.45
29.75
94.26
2867
2.57
45.93
48.28
94.20
Source: www.eia.gov
Release date: April 7, 2015
115
Percent change from prior year
2.7
3.8
2.7
3.7
2.6
10.3
3.1
1.2
Tableau A3: Haïti- Bilan du secteur bancaire de 1998 à 2014
ACTIF(Milliers de gourdes)
Disponibilités (Milliers de gourdes)
Encaisse (Milliers de gourdes)
Avoirs à la BRH (Milliers de gourdes)
Avoirs à l'étranger (Milliers de gourdes)
Avoirs dans les banques locales
Autres liquidités (Milliers de gourdes)
Bons B.R.H. (Milliers de gourdes)
Bons du Trésor / M.E.F.
Autres Placements (Milliers de gourdes)
Portefeuille net (Milliers de gourdes)
Immobilisations (Milliers de gourdes)
Autres actifs (Milliers de gourdes)
30/9/1998
30/9/1999
30/9/2000
30/9/2001
30/9/2002
18,210,920.9
21,097,182.4
30,109,215.9 30,293,652.0
35,330,045.7
5,800,671.1
5,911,684.9
11,196,484.5 11,462,771.3
13,546,793.3
961,163.0
1,059,498.2
1,552,316.4 1,561,756.1
2,196,233.7
3,279,341.4
3,271,678.6
6,504,882.4 7,120,504.2
7,796,382.7
904,644.9
872,115.5
2,482,365.8 1,841,043.9
2,022,444.2
230,340.9
240,331.1
91,339.6
320,054.4
790,939.6
425,180.9
468,061.5
565,580.3
619,412.7
740,793.2
1,639,000.0
3,099,604.0
1,180,246.0
2,777,000.0
3,151,417.0
1,066,857.6
7,963,443.4
1,021,277.0
719,671.8
1,369,153.7
8,546,407.6
1,207,804.9
962,527.3
2,999,245.1
11,888,241.7
1,504,207.0
1,340,791.6
2,511,708.8
10,576,882.1
1,757,346.9
1,207,943.0
3,242,681.3
12,160,515.8
1,987,371.4
1,241,266.9
17,171,476.8
15,348,406.3
3,791,241.9
6,477,154.8
5,080,009.6
20,008,691.6
18,196,488.4
4,560,733.3
7,746,819.5
5,888,935.6
28,572,718.7
25,006,396.0
5,842,387.3
10,005,041.4
9,158,967.3
28,537,835.2
25,988,322.0
6,087,010.7
10,168,703.7
9,732,607.5
33,284,759.2
30,204,518.9
8,268,673.8
12,219,240.1
9,716,605.0
1,249,862.0
328,039.3
13,805.0
908,017.7
1,259,178.0
60,500.0
0.0
1,198,678.0
1,755,243.8
667,826.5
0.0
1,087,417.3
1,396,355.6
29,000.0
889.4
1,366,466.1
1,618,229.4
302,704.3
0.0
1,315,525.1
Obligations à terme (Milliers de gourdes)
Banques locales (Milliers de gourdes)
Banque à l'étranger (Milliers de gourdes)
Autres (Milliers de gourdes)
304,958.1
27,155.0
0.0
277,803.1
333,130.0
60,691.1
0.0
272,438.9
1,138,293.2
722,475.0
44,305.1
371,513.1
575,154.7
128,505.4
48,436.1
398,213.1
742,370.7
224,047.6
128,457.1
389,866.0
Autres passifs
268,250.4
219,895.2
672,785.7
578,002.9
719,640.3
1,039,444.1
634,721.1
181,098.3
38,338.4
185,286.3
1,088,490.8
635,084.8
74,006.3
102,702.2
276,697.5
1,536,497.2
843,976.5
146,467.0
62,732.7
483,321.0
1,755,816.8
904,916.0
185,841.4
84,972.8
580,086.7
2,045,286.8
934,525.3
247,231.1
96,203.4
767,326.9
18,210,920.9
21,097,182.4
30,109,215.9
30,293,652.0
35,330,046.0
PASSIF (Milliers de gourdes)
Dépôts (Milliers de gourdes)
À vue (Milliers de gourdes)
Épargne (Milliers de gourdes)
À terme (Milliers de gourdes)
Obligations à vue (Milliers de gourdes)
Banques locales (Milliers de gourdes)
Banques à l'étranger (Milliers de gourdes)
Autres (Milliers de gourdes)
AVOIR DES ACTIONNAIRES
Capital versé (Milliers de gourdes)
Réserves (Milliers de gourdes)
Surplus d'apport (Milliers de gourdes)
BNR (Milliers de gourdes)
PASSIF+AVOIRS DES ACTIONNAIRES
Source : BRH
116
Haïti- Bilan du secteur bancaire
ACTIF(Milliers de gourdes)
Disponibilités (Milliers de gourdes)
Encaisse (Milliers de gourdes)
Avoirs à la BRH (Milliers de gourdes)
Avoirs à l'étranger (Milliers de gourdes)
Avoirs dans les banques locales
Autres liquidités (Milliers de gourdes)
Bons B.R.H. (Milliers de gourdes)
Bons du Trésor / M.E.F.
Autres Placements (Milliers de gourdes)
Portefeuille net (Milliers de gourdes)
Immobilisations (Milliers de gourdes)
Autres actifs (Milliers de gourdes)
30/9/2003
30/9/2004
30/9/2005
30/9/2006
30/9/2007
50,916,484.3
55,931,023.0
65,810,645.4 72,519,407.4
79,764,257.0
18,995,182.3
22,453,867.9
23,162,992.1 25,141,471.5
28,066,536.3
2,998,826.1
2,750,727.4
3,131,435.6 3,280,391.2
3,028,954.2
11,595,639.2
16,069,776.5
14,692,435.0 16,312,632.3
18,252,218.9
2,279,349.6
1,451,118.8
3,130,039.9 3,038,875.0
3,343,819.7
1,069,313.6
1,468,027.1
1,204,030.1 1,452,561.7
1,726,469.4
1,052,053.8
714,218.1
1,005,051.5 1,057,011.4
1,715,074.1
3,818,000.0
3,543,775.0
5,527,100.0
7,683,506.5
9,008,380.4
7,448,054.1
16,228,318.2
2,387,730.0
2,039,199.7
7,303,933.8
17,059,241.4
2,810,291.9
2,759,913.0
10,359,553.9
20,724,021.4
3,409,020.6
2,627,957.4
12,684,075.7
20,486,580.4
4,305,417.0
2,218,356.2
12,128,584.0
22,564,576.0
4,425,367.6
3,570,812.7
48,186,254.9
43,028,992.9
11,073,164.4
17,234,820.5
14,721,008.0
52,983,520.4
48,057,160.8
13,002,479.8
18,417,049.6
16,637,631.4
62,514,563.7
56,771,149.8
16,697,373.8
22,799,131.5
17,274,644.5
68,679,037.8
61,311,222.0
18,071,250.8
24,185,085.2
19,054,886.0
74,175,760.6
66,030,665.1
19,978,076.1
25,373,570.5
20,679,018.5
Obligations à vue (Milliers de gourdes)
Banques locales (Milliers de gourdes)
Banques à l'étranger (Milliers de gourdes)
Autres (Milliers de gourdes)
2,904,660.5
497,669.9
0.0
2,406,990.6
2,881,065.2
410,494.9
0.0
2,470,570.3
2,923,430.5
375,605.1
157,029.4
2,390,796.0
2,798,771.4
193,271.0
0.0
2,605,500.4
4,242,334.3
818,703.0
436,576.0
2,987,055.3
Obligations à terme (Milliers de gourdes)
Banques locales (Milliers de gourdes)
Banque à l'étranger (Milliers de gourdes)
Autres (Milliers de gourdes)
1,225,366.2
363,613.9
79,848.1
781,904.2
1,038,022.0
241,755.1
69,963.5
726,303.4
1,531,739.5
394,340.8
81,780.9
1,055,617.8
1,311,332.4
234,775.2
74,345.5
1,002,211.7
1,692,296.1
516,722.4
0.0
1,175,573.7
Autres passifs
1,027,235.3
1,007,272.4
1,288,243.9
3,257,712.1
2,210,465.1
2,730,229.4
990,814.9
363,414.3
108,297.7
1,267,702.5
2,947,502.6
1,127,937.7
450,262.7
65,640.8
1,303,661.4
3,296,081.7
1,408,213.0
377,699.7
402,763.9
1,107,405.1
3,840,369.6
3,592,993.5
918,333.3
-1,138,738.7
467,781.5
5,588,496.4
1,770,759.5
836,936.1
491,419.3
2,489,381.5
50,916,484.3
55,931,023.0
65,810,645.4
72,519,407.4
79,764,257.0
PASSIF (Milliers de gourdes)
Dépôts (Milliers de gourdes)
À vue (Milliers de gourdes)
Épargne (Milliers de gourdes)
À terme (Milliers de gourdes)
AVOIR DES ACTIONNAIRES
Capital versé (Milliers de gourdes)
Réserves (Milliers de gourdes)
Surplus d'apport (Milliers de gourdes)
BNR (Milliers de gourdes)
PASSIF+AVOIRS DES ACTIONNAIRES
Source : BRH
117
Haïti- Bilan du secteur bancaire de 2008 à 2014
ACTIF(Milliers de gourdes)
Disponibilités (Milliers de gourdes)
Encaisse (Milliers de gourdes)
Avoirs à la BRH (Milliers de gourdes)
Avoirs à l'étranger (Milliers de gourdes)
Avoirs dans les banques locales
Autres liquidités (Milliers de gourdes)
Bons B.R.H. (Milliers de gourdes)
Bons du Trésor / M.E.F.
Autres Placements (Milliers de gourdes)
Portefeuille net (Milliers de gourdes)
Immobilisations (Milliers de gourdes)
Autres actifs (Milliers de gourdes)
30/9/2008
30/9/2009
30/9/2010
30/9/2011
30/9/2012
30/9/2013
30/9/2014
100,301,549.1
107,913,094.2
137,937,385.4 153,995,304.4
170,555,705.1 175,932,027.7 194,501,695.1
35,518,602.9
41,074,730.7
61,161,641.3 69,961,864.5
71,284,119.7 67,166,141.2
73,324,350.0
5,397,865.4
6,036,410.8
3,521,562.5 4,341,463.5
5,061,573.10 6230349.449
7997285.339
22,238,170.8
26,657,597.5
45,132,956.7 50,750,275.7
54,214,409.59 52101131.54
55151419.03
4,575,180.0
5,420,539.3
9,273,445.9 11,555,470.1
8,130,941.45 6223831.08
7258935.913
1,721,049.5
1,752,318.8
1,996,897.2 1,779,544.4
1,749,377.06 1162866.482
1671052.967
1,586,337.2
1,207,864.3
1,236,778.9 1,535,110.8
2,127,818.47 1447962.655
1245656.784
9,396,743.0
9,551,922.1
9,249,058.5
6,327,919.5
17,570,608.6
29,180,775.7
4,266,676.9
4,368,142.0
16,319,451.6
33,315,183.8
4,107,002.0
3,544,804.0
28,488,078.7
29,430,717.0
4,435,864.6
5,172,025.3
29,666,558.1
38,697,304.5
4,365,832.7
4,975,825.0
93,790,318.4
84,724,658.0
32,601,444.0
31,279,800.3
20,843,413.7
100,668,288.9
92,460,411.7
36,968,990.9
35,028,156.1
20,463,264.7
Obligations à vue (Milliers de gourdes)
Banques locales (Milliers de gourdes)
Banques à l'étranger (Milliers de gourdes)
Autres (Milliers de gourdes)
3,542,632.1
523,292.0
0.0
3,019,340.1
2,827,206.1
127,348.0
0.0
2,699,858.1
4,026,260.8
0.0
0.0
4,026,260.8
Obligations à terme (Milliers de gourdes)
Banques locales (Milliers de gourdes)
Banque à l'étranger (Milliers de gourdes)
Autres (Milliers de gourdes)
2,534,544.3
514,536.4
599,302.5
1,420,705.4
3,573,996.3
734,634.7
1,052,697.2
1,786,664.4
Autres passifs
2,988,484.0
PASSIF (Milliers de gourdes)
Dépôts (Milliers de gourdes)
À vue (Milliers de gourdes)
Épargne (Milliers de gourdes)
À terme (Milliers de gourdes)
AVOIR DES ACTIONNAIRES
Capital versé (Milliers de gourdes)
Réserves (Milliers de gourdes)
Surplus d'apport (Milliers de gourdes)
BNR (Milliers de gourdes)
PASSIF+AVOIRS DES ACTIONNAIRES
6,269,459.71 5,944,985.00
1.00
30,318,723.16 30,551,969.66
51,860,165.98 62,165,980.09
4,948,839.44 5,415,184.06
5,874,397.12 4,687,766.69
92.6%
159,638,498.5 162,868,113.2
146,838,094.9 145,645,946.3
76,669,189.95 71,460,294.97
50,385,400.00 52,000,430.12
19,783,505.00 22,185,221.18
4,508,555.00
3875000
32859964.6
68178247.39
6250547.101
5505030.985
92.4%
179,751,209.4
157,549,122.5
75847921.49
55250784.62
26450416.39
4,318,103.2
320,000.0
0.0
3,998,103.2
5,030,183.8 5,696,750.9
200,000.00
200000
0.00
0.00
4,830,183.83 5496750.891
7,342,639.9
300000
0
7042639.87
3,380,851.1
425,375.3
0.0
2,955,475.8
2,342,254.4
403,000.0
0.0
1,939,254.5
4,772,738.4 7,407,266.7
1,181,530.00 1,727,020.00
634,833.00 1,782,451.23
2,956,375.36 3,897,795.43
10,490,434.0
1,667,510.00
4,243,653.00
4,579,271.04
1,806,674.8
2,660,414.8
2,281,516.3
2,997,481.32 4,118,149.34
4,369,013.02
6,511,230.6
1,924,979.0
1,116,654.0
496,996.7
2,972,600.9
7,244,805.3
2,752,607.0
1,333,059.7
235,739.5
2,923,399.1
8,617,116.5
3,047,393.0
2,057,085.2
219,390.8
3,293,247.6
9,504,434.4
4,023,411.4
1,709,138.4
219,512.2
3,552,372.4
10,917,206.6
4,116,904.38
1,973,439.65
219,512.18
4,607,350.42
13,063,913.6
5876702
2441494.693
224511.8655
4521205.082
14,750,485.7
6024565
2894460.645
208035.6553
5623424.389
100,301,549.0
107,913,094.2
170,555,705.1 175,932,026.8
194,501,695.1
Source : BRH
118
129,320,268.9 144,490,869.9
119,252,742.2 135,548,996.1
58,360,149.3 68,461,388.3
42,333,495.8 47,996,856.9
18,559,097.1 19,090,750.8
137,937,385.4 153,995,304.4
Tableau A4: Secteur réel – Taux de croissance du PIB par secteurs
Taux de croissance du PIB par secteurs
Variation annuelle
2011
2012
2013
2014
2015 Prév
PIB
5.5
2.9
4.2
2.7
4.6
Valeur ajoutée brute
5.4
2.5
4.3
2.7
4.5
7.0
8.2
4.1
3.2
5.5
-1.0
-1.4
4.4
-1.4
2.5
Impôts et subventions sur les produits
Secteur primaire
Agriculture, sylviculture, elevage, chasse, peche
-1.1
-1.3
4.3
-1.5
2.5
Industries extractives
17.6
-15.0
5.9
5.6
6.19
Secteur secondaire
13.4
5.1
5.9
5.3
6.0
Industries manufacturieres
17.8
7.1
2.2
2.2
6.0
Electricite, gaz et eau
30.0
-24.2
0.0
1.4
5.0
Construction
9.1
5.5
9.3
7.9
8.0
Services
6.0
3.3
3.7
3.6
4.5
Commerce, restaurants, hotels
4.6
5.0
4.9
4.2
4.6
Transports et communications
13.4
-1.3
3.6
3.7
5.69
2.7
3.9
3.3
5.1
5.69
2.9
2.8
2.6
2.0
3.5
-3.5
5.3
6.6
6.4
7.01
Autres services marchands
Services non marchands
Branche fictive
Source: DEE
Tableau A5: Inflation
Source : IHSI
119
Tableau A6: Indice général des prix
Tableau présentant l’indice général des prix de certains postes ainsi que leur poids en
variation mensuelle et en glissement annuel
Source : IHSI
Tableau A7: Sommaire des finances publiques
Sommaire des opérations financières de l'Etat/ Trésor public
Budget
2013-2014
2013-14 (2)
Postes
Recettes totales
Previsions OctSept 13-14
Réalisations (Oct-Sept)
2013-14(3)
2012-2013 (4) 2013-2014(5)
Variation
execution en execution en
% de la
% de la
prevision prevision de
budgétaire trésorerie
(5)/(2)
(5)/(3)
50900.00
49614
44522
47107
6%
93%
95%
Recettes internes
35917.41
34356.00
29243
33380
14%
Recettes douanières
14419.68
14599.00
14231
13401
-6%
97%
92%
49%
562.91
659.00
1049
326
-69%
93%
93%
58%
85149.10
55526.00
72431.06
70384.31
-3%
83%
127%
Dépenses courantes
46471.20
44064.00
39376.17
45109.19
15%
dont: traitement et salaires
23520.70
20735.00
20006.14
22624.75
13%
Fonctionnemnet
97%
96%
98%
95%
114%
65%
58%
61%
126%
102%
109%
72%
214%
102%
221%
65%
Autres
Dépenses totales
13454.09
18231.00
11261.47
13175.46
17%
Subventions
8217.53
3660.00
6811.23
7844.98
15%
versement d'interet
1278.87
1438.00
1297.34
1464.00
13%
** Investissement
38677.91
11462.00
33054.89
25275.13
-24%
Tresor public
12664.21
11462.00
13449.69
7404.08
-45%
Petrocaribe
22824.59
n.a.
15800.00
13845.00
-12%
3189.11
n.a.
3805.20
4026.05
6%
AFC
Solde courant
4428.80
5550.00
5145.96
1997.88
-61%
36%
Solde global hors petrocaribe
-8235.41
-5912.00
-8303.73
-5406.20
-35%
91%
5136.24
4281.88
-17%
Financement interne
dont ressources tresor à la BRH
emission nette billet de tresorerie
Appui budgetaire
0.00
2271
5272
132%
8669.17
4675
855
-82%
3073.55
3844
4277
11%
120
10%
139%
trim I 13-14
Janv. 14 prov.
Fevr. 14 prov.
Mars 14 prov.
trim II 13-14
Avr.14 prov.
Mai 14 Prov.
juin 14 prov.
trim III 13-14
Juil. 14 prov.
Aout 14 prov.
Sept 14 prov.
3,660
4,164
11,857
4,393
3,923
3,835
12,152
3,895
3,941
3,795
11,631
3,874
3,923
3,671
11,468
47,107
44,522
6%
4,033
3,660
4,164
11,857
4,393
3,923
3,835
12,152
3,895
3,941
3,795
11,631
3,874
3,923
3,671
11,468
47,107
44,522
6%
4,033
3,660
4,164
11,857
4,393
3,923
3,835
12,152
3,895
3,941
3,795
11,631
3,874
3,923
3,671
11,468
47,107
44,522
6%
3,023
2,368
2,834
8,225
3,224
2,906
2,733
8,864
2,689
2,674
2,729
8,092
2,808
2,850
2,540
8,198
33,380
29,243
14%
532
1,238
3,073
1,138
1,282
950
3,370
869
749
810
2,428
984
713
745
2,442
11,313
9,449
20%
84
86
223
102
72
85
259
75
94
58
227
76
72
55
203
912
0%
1,216
1,173
3,521
1,220
1,045
1,177
3,442
1,212
1,247
1,059
3,519
1,160
1,169
1,181
3,510
13,991
13,435
4%
296
276
865
331
242
306
879
296
316
559
1,171
332
676
308
1,316
4,231
3,500
21%
51%
Impôt sur le revenu (P-au-P) 1,303
Droits d'accise (P-au-P)
53
TCA (P-au-P)
1,132
Autres Taxes (P-au-P)
292
Recettes internes de province 242
Recettes douanières
961
Autres ressources fiscales
49
239
62
543
434
265
215
915
237
268
242
747
256
221
252
1,275
1,300
3,536
1,153
1,011
1,094
3,258
1,136
1,215
1,024
3,376
1,048
1,069
1,115
17
30
97
16
5
8
29
69
52
42
163
19
3
15
6,009
12,809
4,153
3,644
3,371
11,168
3,419
3,677
4,287
11,384
4,645
4,240
8,268
5,338
11,573
3,301
3,581
3,051
9,933
3,054
3,218
3,560
9,832
4,183
3,590
5,997
3,054
6,272
1,571
1,583
1,589
4,744
1,701
1,667
1,816
5,185
2,055
2,121
1,310
3,926
1,311
1,320
1,327
3,958
1,330
1,351
1,453
4,134
1,461
1,577
1,744
2,346
260
263
263
786
372
316
363
1,051
594
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1,307
3,154
1,063
1,011
773
2,847
766
917
1,026
0
0
0
0
0
0
0
0
0
110
327
130
157
121
409
109
92
99
299
117
136
117
369
109
92
0
0
18
37
25
80
17
99
299
99
99
92
289
11
28
13
22
5
39
867
1,821
536
831
567
671
1,236
853
62
319
II. Total des dépenses et des prêts moins recouvrements (II.1.1
3,115+ II.1.2)
3,686
II.1.1 Dépenses courantes
2,968
3,267
Traitements et salaires
1,529
1,689
Employés permanents
1,309
1,306
Autres
220
382
dont comptes courants
0
0
Autres achats de biens et services (Fonctionnement) 819
1,028
dont comptes courants
0
0
Versements d'intérêts
7
210
2.2. internes
0
200
Titres publics
0
0
Autres creanciers
0
200
2.3. externes
7
10
Subventions et autres transferts courants
613
341
II.1.2 Investissements
147
419
Projets d'investissement
110
382
III. Financement total (net) (III.1 + III.2)
III.1 Financement externe (net)
Dons
Prêts (nets)
Tirages
Amortissements
Arriérés (nets)
III.2 Financement interne (net)
Secteur bancaire (net)
BRH (net)
Banques commerciales (net)
Emissions de titres publics
Amortissements
Amortissement Obligations à long terme
Entreprises privées non financières (net)
Arriérés (nets)
IV. Réechelonnement dette externe
Pour mémoire:
Solde primaire
Variation
1,946
14,231
-6%
326
1,049
-69%
17,152
52,513
52,826
-1%
13,770
45,109
39,376
15%
2,248
6,424
22,625
20,006
13%
1,575
4,613
16,630
15,149
10%
544
673
1,812
5,995
4,857
23%
0
0
0
2,709
1,259
712
2,447
0
0
0
0
241
442
27
138
122
286
1,464
1,297
143
343
27
99
63
188
1,200
1,229
-2%
0
18
35
17
90
47
154
269
147
83%
92
92
125
308
9
9
16
34
931
1,157
-20%
0
0
99
99
0
39
59
98
264
69
285%
1,934
477
541
477
1,496
842
620
1,180
2,641
7,892
6,811
16%
1,235
365
459
727
1,552
462
649
2,271
3,382
7,404
13,450
-45%
6,508
12,902
-50%
548
64%
37
0
4,418
0
0
13,128
0
0
11,261
17%
210
13%
601
1,093
786
0
285
1,071
336
423
668
1,427
375
512
2,030
2,917
70
143
66
62
35
163
29
36
59
124
87
138
240
464
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1,065
393
-1,174
284
1,092
342
784
2,218
840
723
235
1,798
-309
333
-2,327
-2,303
1,998
5,146
-61%
918
-26
-1,845
-952
240
279
465
984
475
264
-492
247
-771
-317
-4,597
-5,684
-5,406
-8,304
-35%
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
918
-26
-1,845
-952
240
279
465
984
475
264
-492
247
-771
-317
-4,597
-5,684
-5,406
-8,304
-35%
-2,596
-558
-588
-3,742
-1,834
1,152
-713
-1,395
-824
724
2,045
1,944
-1,517
-794
3,101
790
-2,403
-492
389%
29
-3
146
-13
-2,724
-2,887
-3,645
-2,013
-1,996
0
0
896
0
0
0
0
-845
-131
-411
-349
987
1,553
2,191
-2,288
-1,111
-1,496
-4,895
-7,808
-8,795
-11%
248
411
349
-987
-1,553
-2,191
2,288
1,111
1,496
4,895
7,808
8,795
-11%
0
-113
0
0
-333
-333
2,067
1,476
495
4,039
3,526
3,659
0
0
0
0
0
0
2,100
1,633
544
4,277
4,277
3,844
0
-113
0
0
-333
-333
-33
-157
-49
-238
-751
-185
-1,678
-584
-2,433
-4,694
-1,595
1,431
-248
1,678
584
2,433
4,694
1,595
-1,431
-27
-39
0
-66
-51
-62
0
0
0
0
0
0
-27
-39
0
-66
-51
-62
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
-39
0
-66
-51
-62
0
-113
0
0
-333
-333
-33
-157
-49
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1,705
622
2,433
4,760
1,646
-1,369
248
524
349
-987
-1,220
-1,858
220
-365
1,001
856
4,282
5,136
1,705
622
2,433
4,760
1,646
-1,369
248
524
349
-987
-1,220
-1,858
220
-365
1,001
856
4,282
5,136
-17%
1,821
1,033
2,679
5,533
1,017
-1,396
450
71
365
-972
-1,099
-1,705
242
226
905
1,373
5,272
2,271
132%
0
0
0
0
1,000
200
5
1,205
0
0
45
45
0
-495
100
-395
855
4,675
-82%
0
0
0
0
1,000
3,000
1,880
5,880
1,000
0
950
1,950
1,000
2,505
1,975
5,480
13,310
11,075
20%
0
0
0
0
0
-2,800
-1,875
-4,675
-1,000
0
-905
-1,905
-1,000
-3,000
-1,875
-5,875
-12,455
-6,400
95%
-116
0
-411
0
-246
0
-773
0
-371
0
-173
0
-207
0
-751
0
-16
0
-16
0
-166
0
-198
0
-22
0
-96
0
-5
0
-122
0
-1,845
0
-1,810
0
2%
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
911
0
-4%
307%
-27
Dépenses totales (Décaissements de l'Administration Centrale)3,258
Solde global avant prêts et dons (Cash)
918
Prêts bruts et dons étrangers (Décaissés)
0
Solde global après prêts et dons étrangers (Cash)
918
-238
0
0
-751
0
0
-185
307%
0
-17%
-36
-1,855
-980
226
258
460
944
475
263
-591
148
-771
-356
-4,656
-5,783
-5,670
-8,372
4,136
6,254
13,648
4,576
3,879
3,578
12,033
3,435
3,693
4,787
11,915
4,699
4,492
8,321
17,513
55,108
54,820
1%
-26
-1,845
-952
240
279
465
984
475
264
-492
247
-771
-317
-4,597
-5,684
-5,406
-8,304
-35%
0
0
0
-26
-1,845
-952
Note: Les Recettes sont en base caisse et certaines Dépenses sont en base engagement.
0
0
0
0
0
0
0
0
2,100
1,633
544
4,277
4,277
3,844
240
279
465
984
475
264
-492
247
1,329
1,316
-4,053
-1,407
-1,129
-4,460
La mention "pour mémoire" caractérise toutes les informations qui ne participent pas aux calculs.
1
Oct-Sept 14
2,933
13,401
3,232
37
Machineries et équipements
37
Indemnisations pour expropriations0
Solde courant
Solde global (base engagement avant [a] ci-dessous)
[a] Coût des élections
Solde global (base engagement après [a] ci-dessus)
Ajustement
dont dépenses engagées non payées
chèques en circulation
dont chèques pour Exerice13-14
Solde global (base caisse)
728
912
Oct-Sept 13
Dec. 13 prov.
4,033
trim IV 13-14
Nov. 13 prov.
I. Recettes totales (I.1+ I.2)
I.1 Recettes courantes
I.1.1 Recettes fiscales
Recettes internes:
Oct. 13 prov.
Tableau des opérations financières de l’Etat (TOFE)
Ces previsions correspondent au programme financier en négociation avec le FMI.
121
-32%
-75%
TOFE résumé (hors dons projet)
2011
2012
2013
2014
Recettes courantes
39.1
42.3
44.5
47.1
Dépenses courantes
30.3
34.5
39.4
45.1
Solde Courant
8.8
7.7
5.2
2.0
Investissement Total
15
20.6
29.2
21.3
7
12.3
13.5
7.4
7.5
8.4
15.7
13.9
Solde global (hors AFC)
1.8
-4.5
-8.3
-5.4
Solde global (incluant PetroCaribe)
-7.4
-13.3
-23.9
-19.3
Appui budgétaire
2.9
1.5
3.8
4.3
Pétrocaribe
7.5
8.4
15.7
13.9
Bons du Trésor
0
0
4.7
0.9
Amortissement
-1
-4.4
-1.8
-1.8
Solde Global (hors AFC) en % PIB
0.03
-1.5
-2.3
-1.4
Solde Global (hors PetroCaribe) en % du PIB
-2.4
-4.1
-6.6
-5.0
12.8%
12.8%
12.2%
12.1%
(en milliards de gourdes)
Trésor Public
Pétrocaribe
Financement
Pression fiscale
ETAT D'EXECUTION DES DEPENSES BUDGETAIRES 2013-2014
EXECUTION
CREDIT
POUVOIR EXECUTIF
POUVOIR LEGISLATIF
POUVOIR JUDICIAIRE
ORGANISMES INDEPENDANTS
Total
D EP EN SES C OUR A N T ES
% des
D EP EN SES
D "IN VEST ISSEM EN
T S P UB LIC S
Total
crédits
consommés
SALAIRES
FONCTIONNEMENT
56,782.39
20,336.59
19,975.67
9,789.05
50,101.31
88.23%
2,784.49
1,662.75
977.06
89.55
2,729.37
98.02%
990.19
729.02
132.22
60.86
922.11
93.12%
1,915.79
634.28
1,130.43
59.90
1,824.61
95.24%
62,472.86
23,362.64
122
22,215.39
9,999.36
55,577.39
88.96%
Tableau A8: Monnaie
Haiti-Base monétaire et contreparities
En millions de gourdes
Va ri a ti on
BASE MONÉTAIRE (au sens large)
Base Monétaire ( Programme )
Réserves des banques
Dépots en gourdes des banques
Encais s es & autres engagem ents
Monnaie en ciculation
Dépôts en devises des banques et Bons BRH
Depots en devises des banques à la BRH
Dépôts en dollars des banques à la BRH
Dépôts en Euros des banques à la BRH
30-sept.-13
48,161.19
26,809.17
24,078.78
2,730.38
21,352.02
35,950.71
30,005.71
30,003.64
2.08
Va ri a ti on
re l a ti ve
01-sept.-14 a bs ol ue
48,064.92
-96.27
-0.2%
24,274.10 -2,535.07
-9.5%
20,869.94 -3,208.84
-13.3%
3,404.16
673.78
24.7%
23,864.86
2,512.84
11.8%
38,021.63
2,070.92
5.8%
33,312.63
3,306.92
11.0%
33,310.54
3,306.90
11.0%
2.09
0.01
0.7%
Bons BRH
BASE MONETAIRE 10R
AUTRES DÉPÔTS
5,945.00
84,111.90
12,245.46
96,357.36
4,709.00
86,160.59
10,049.59
96,210.18
-1,236.00
2,048.68
-2,195.87
-147.18
-20.8%
2.4%
-17.9%
-0.2%
SOURCES DE LA BASE MONÉTAIRE
96,333.74
91,518.93
-4,814.81
-5.0%
Réserves internationales nettes
Créances nettes s ur le gouv.central
Créances nettes s ur les Organ.Auton.
Créances s ur les collect .locales
Créances s ur les entrepris es publiques
Créances s ur les Particuliers
Créances sur les banques
Autres postes nets
78,483.74
10,860.02
-813.35
0.00
154.50
2,792.13
2,018.04
2,838.66
71,365.90
14,165.27
-562.76
0.00
284.83
2,962.89
1,023.98
2,278.81
-7,117.84
3,305.26
250.59
0.00
130.33
170.76
-994.06
-559.85
-9.1%
30.4%
-30.8%
84.4%
6.1%
-49.3%
-19.7%
Source: BRH
Haiti- Situation monétaire
Variation
Variation
relative
Contribution
En millions de gourdes
Sep-13
Sep-14 absolue
Agrégat M3
159,034.55
174,618.13
15,583.58
9.8%
9.8%
Monnaie en circulation
21,352.02
23,864.86
2,512.84
11.8%
1.6%
Depots en gourdes
26,806.83
29,022.90
2,216.07
8.3%
1.4%
Depots en US$
77,142.26
85,807.97
8,665.71
11.2%
5.4%
Avoirs Exterieurs Nets du système Bancaire 101,000.12
95,189.37
-5,810.75
-5.8%
-3.7%
Avoirs Exterieurs Nets des b, commerciales 22,516.37
21,249.63
-1,266.74
-5.6%
-0.8%
Avoirs Exterieurs Nets de la banque centrale78,483.74
73,939.73
-4,544.01
-5.8%
-2.9%
Credit Intérieur Net
71,342.45
92,386.81
21,044.36
29.5%
13.2%
Credit Net au sect public
-5,007.08
7,515.83
12,522.91
-250.1%
7.9%
Credit Total au secteur privé
76,349.54
84,870.99
8,521.45
11.2%
5.4%
Autres Postes Nets/1
-13,308.02
-12,958.05
349.97
-2.6%
0.2%
1/ Ce poste regroupe les "créances interbancaires", "comptes de capital" et "autres postes non classés"
Source: BRH
123
Haiti: Taux d'intéret sur les bons (BRH) de differents maturités
Tx int bon7
Source: BRH
Tx int bon28
Tx int bon91
Tx mise en pension
Haiti: Indicateurs de dollarisation financière
56.5
56.9
48.9
49.1
Crédit $/Crédit
Crédit
$/Dépot
total, Sep-18, 43.32 $ ,
Sep-18, 42.84
42
37.3
Source: BRH
Dépot $/Dép.tot.
Crédit $/Dépot $
124
Tableau A9: Cadrage macroéconomique 2015-2016
Synthèse des résultats de la prévision de croissance
Cadre macroéconomique 2015-2016
Indicateurs macroéconomiques
PIB
à prix constant
variation annuelle
PIB
à prix courant
variation annuelle
2009-10
2010-11
13,255.00
-5.4%
13,996.00
5.6%
14,407.00
2.9%
2012-2013
15,019.00
4.2%
2013-2014
2014-2015
15,432.00
2.7%
15,794.34
2.3%
2015-2016
16,369.09
3.6%
264,039.00 297,687.00 328,061.00 364,526.00 388,809.00 426,401.94 491,509.86
-0.9%
12.7%
10.2%
11.1%
6.7%
9.7%
15.3%
Déflateur du PIB
Variation annuelle
Inflation
en glissement annuel
en moyenne annuelle
Source :MEF/DEE
Tableau II Taux de croissance du PIB par secteur
2011-2012
4.7
4.1
21.6
22.8
5.3%
24.3
6.6%
25.2
3.8%
27.0
7.2%
30.0
11.2%
10.4
7.4
6.5
6.8
4.5
6.8
5.3
3.9
11.0
7.5
6.2
9.7
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015Est. 2016 Prév
3.1
2.3
3.0
4.1
-5.5
-7.2
-5.4
-6.3
5.5
7.7
5.4
7.0
2.9
4.2
2.7
2.3
3.6
4.2
4.2
4.0
3.4
3.8
2.5
4.3
2.7
2.3
3.3
8.2
4.1
3.2
3.0
7.2
5.6
5.6
6.3
-0.1
-0.1
0.0
-1.0
-1.1
17.6
-1.4
4.4
-1.4
-1.5
3.0
-1.3
4.3
-1.5
-1.5
3
-15.0
5.9
5.6
1.6
3.6
4.6
4.5
28.8
3.5
-5.0
-15.2
4.5
4.1
13.4
17.8
30.0
9.1
5.1
5.9
5.3
4.4
4.2
7.1
2.2
2.2
4.7
4.0
-24.2
0.0
1.4
0.4
1.5
5.5
9.3
7.9
4.3
4.5
1.4
1.2
2.6
0.1
0.3
-3.8
-8.0
-8.0
-2.9
-7.1
1.4
21.8
6.0
4.6
13.4
2.7
2.9
-3.5
3.3
3.7
3.6
3.1
3.1
5.0
4.9
4.2
3.1
3.5
-1.3
3.6
3.7
3.8
4.4
3.9
3.3
5.1
3.8
4.4
2.8
2.6
2.0
3.7
3.5
5.3
6.6
6.4
6.2
9.3
Variation annuelle
PIB
PIB non agricole
Valeur ajoutée brute
Impôts et subventions sur les produits
Secteur primaire
Agriculture, sylviculture, élevage, chasse, pêche
Industries extractives
Secteur secondaire
Industries manufacturieres
Electricite, gaz et eau
Construction
Services
Commerce, restaurants, hôtels
Transports et communications
Autres services marchands
Services non marchands
Branche fictive
Source: DEE
125
Synthèse des résultats de la prévision de croissance
Secteur réel
En millions de gourdes constantes
2009-10
2010-11
2011-12
2012-2013
2013-2014
2014-2015
2015-2016
13,255.00
21,980.00
13,996.00
20,881.00
14,407.00
20,883.00
15,019.00
21,553.00
15,432.00
22,122.00
15,794.34
21,656.03
16,369.09
22,156.41
Offre Globale
35235.0
34877.0
35290.0
36572.0
37554.0
37450.4
38525.5
Consommation
Exportations
26,593.00
4,649.00
3,993.00
25,099.00
5,067.00
4,712.00
23,677.00
5,417.00
6,196.00
24,320.00
5,747.00
6,505.00
24,889.00
5,865.00
6,800.00
24,544.44
5,671.40
7,234.53
24,781.26
5,678.54
8,065.69
Demande Globale
Balance commerciale
35235.0
34878.0
35290.0
36572.0
37554.0
37450.4
38525.5
-17,987.00 -16,169.00 -14,687.00 -15,048.00 -15,322.00 -14,421.50 -14,090.71
Tableau III Taux de croissance réelle en
2009-10
PIB
Importations
Investissement
2010-11
-5.4%
20.0%
Offre Globale
Consommation
PIB
Importations
Investissement
Exportations
Demande Globale
Sources: IHSI/ calcul de l'auteur
Ratio (en terme réel)
Importations/PIB
Consommation/PIB
Investissement/PIB
Exportations/PIB
2012-2013
2013-2014
2014-2015
2015-2016
-7.1%
2.9%
0.0%
4.2%
3.2%
2.7%
2.6%
2.3%
-2.1%
3.6%
2.3%
9.0%
-1.0%
1.2%
3.6%
2.7%
-0.3%
2.9%
15.4%
-6.4%
-7.4%
-5.6%
9.0%
16.9%
-5.7%
6.9%
31.5%
2.7%
6.1%
5.0%
2.3%
2.1%
4.5%
-1.4%
-3.3%
6.4%
1.0%
0.1%
11.5%
9.0%
-1.0%
1.2%
3.6%
2.7%
-0.3%
2.9%
2009-10
5.6%
2011-12
2010-11
165.8%
200.6%
35.1%
30.1%
Source:MEF/DEE
126
149.2%
179.3%
36.2%
33.7%
2011-12
145.0%
164.3%
37.6%
43.0%
2012-2013
143.5%
161.9%
38.3%
43.3%
2013-2014
143.4%
161.3%
38.0%
44.1%
2014-2015
137.1%
155.4%
35.9%
45.8%
2015-2016
135.4%
151.4%
34.7%
49.3%
Hypothèses sous tendant les projections 2015-2016
Secteur
Variables
Valeur
Hypothèses
cible
Secteur réel
PIB
3.6%

Agriculture serait la locomotive de l’économie
(3% de croissance)

Augmentation de la productivité de l’agriculture

Meilleure prise en charge du secteur agricole par
le système financier

Convergence des investissements sectoriels vers
une augmentation de la production agricole

Hausse de 4.0% de la valeur ajoutée de la
branche industrie manufacturière en raison de
la croissance américaine et d’une plus grande
compétitivité prix du secteur

Augmentation de 3.1% de la valeur ajoutée du
secteur service entrainée par un plus grand
dynamisme du commerce
Inflation fin de
période
6.2%

Sous les hypothèses que les prix pétroliers
seront en baisse 9.6%% en moyenne en 2015 et
en légère hausse de 1.5% sur l’exercice 2016
Inflation
moyenne
9.7%

annuelle
Consommation
1.0%
Les prix alimentaires devraient baisser en
moyenne de 2.2 et de 0.2% respectivement en
2015 et 2016
Sous l’hypothèse d’une hausse des transferts prives de
15%, d’une augmentation des dépenses publiques
réelle
courantes de 14%
Investissement
0.1%
Les contraintes de financement limiteraient les dépenses
en capital de l’Etat.
127
Secteur
externe
Exportations
15%
Sous les hypothèses d’une dépréciation de 4% du taux
de change en 2016 et d’une croissance américaine de 3%
Taux de change
54.267
Avec une dépréciation de 14.1% en 2014-2015, la
gourde se déprécierait de 4% en 2016
Transferts
privés
15%
Les transferts privés augmenteraient grâce a la
croissance économique américaine prévue à 3%
128
Tableau A10: Résumé de la Balance des paiements 2009-2014
129
DIRECTION DES ÉTUDES ÉCONOMIQUES
MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES
5, Avenue Charles Sumner, Bois-Verna, Port-au-Prince, Haïti
mef.gouv.ht
Tél : (509) 29921039
130
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