3
qui caractérisent l’économie en question. Quand on parle de structure cela fait avant tout
référence aux relations productives et financières entre agents économiques (la structure du
système productif) mais aussi, dans une perspective plus qualitative, aux structures
institutionnelles, sociales ou encore mentales. C’est la cohérence et la combinaison de ces
structures qui sont à l’origine du “ développement économique ”. La création de richesse est
d’autant plus importante que cette cohérence et cette combinaison structurales sont fortes,
c’est-à-dire qu’il existe de nombreuses synergies entre ces structures et qu’elles se trouvent en
adéquation avec la conjoncture à un moment donné du temps (mesures de politiques
économiques ciblées, spécialisation opportune...).
Il faut ici noter que le cadre spatio-institutionnel est défini : la nation ; les mesures
prises et les actions réalisées à cette échelle relèvent de la macro-économie. Dans une
perspective historique, il est primordial de comprendre pourquoi certains espaces (continents,
nations, régions...) ont connu une croissance vive et soutenue (un “ take off ” ou décollage)
sur telle ou telle période. Pourquoi un processus de développement s’est-il enclenché là et pas
ailleurs (parfois même dans la localité voisine) alors que certaines conditions “ objectives ”
étaient a priori similaires ? Pourquoi a-t-il perduré à cet endroit ? Pourquoi des espaces
connexes ou lointains continuent d’être marginalisés ? Ce sont les questions auxquelles
s’efforce de répondre l’économie historique.
Reste à s’interroger sur les causes de cette apparition de richesses. Non seulement
quels sont les principaux facteurs (autrement dit les sources1), mais aussi quels sont les
principaux acteurs à l’origine de la croissance économique (autrement dit les agents2 et les
processus différenciés qu’ils mettent en oeuvre). Cela renvoie aux problèmes de dotation,
d’allocation3 et de création de ressources. Au travers de l’usage efficient des facteurs de
production, de la stimulation de l’investissement, du transfert de technologie ou encore de
l’acquisition de qualifications, l’état régulier d’une économie peut se déplacer et cette
dynamique transitionnelle peut alors correspondre au “ miracle ” de la croissance. Des pays
ont ainsi connu (et connaissent) des transformations économiques spectaculaires et rapides
tandis que d’autres stagnaient ou, pire, connaissaient des évolutions contraires.
Pour une définition
Pour bien appréhender ces phénomènes, une définition complémentaire peut être utile.
En la matière c’est probablement la référence à l’économiste Lionel Robbins [1932] qui
complète le mieux la perspective smithienne. Pour lui, en effet, l’économie est la science qui
s’attache à trouver l’allocation optimale des ressources rares à usage alternatif. Pour ce faire il
importe d’avoir des critères de décision objectifs de façon à réaliser les meilleurs choix sur la
base d’un projet d’ensemble cohérent. Parmi les ressources à disposition (contrainte de rareté)
il faut en privilégier quelques unes, non seulement quant à leur nature (productive, humaine,
financière...) mais aussi quant à leur degré d’implication (proportion de chacune d’entre elles
destinée à tel ou tel projet). Chaque agent économique s’efforce alors, selon ses anticipations,
d’optimiser ses ressources en prenant en compte de multiples contraintes (de revenu ou
financière, administrative, juridique....). La décision se trouve d’autant plus difficile à prendre
que les agents économiques se trouvent confrontés à une double incertitude : la finitude de
leur horizon temporel tout d’abord c’est-à-dire la difficulté de réaliser de bonnes prévisions et
l’impossibilité de peser sur la conjoncture à venir (susceptibles d’invalider certaines
anticipations : contraction des débouchés, nouvelle orientation des marchés financiers,
1 Matières premières, ressources naturelles, capital, travail, innovation, formation, communication...
2 Entreprises, ménages, institutions financières, Etat et bien sûr le “ reste du monde ”.
3 Ce terme étant entendu dans son acception la plus large c’est-à-dire incluant les décisions de l’ensemble des
agents, y compris l’Etat (pour lequel on parle plus spécifiquement de répartition).