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●Dans Critique de la raison pure, Kant prétend répondre à la question : Que puis-je savoir? Il dit qu'il a voulu
"supprimer le savoir pour lui substituer la croyance". Cela ne signifie pas qu'il défend une position obscurantiste,
mais qu'il reconnaît que notre savoir ne s'étend qu'aux phénomènes (càd ce qui apparaît, ce qui se présente à
nous). Au-delà des phénomènes nous ne pouvons rien connaître. Ne reste plus alors que la croyance pour
envisager ces objets qui dépassent toute expérience possible, comme l'âme ou Dieu.
●Selon Kant, il n'y a pas contradiction ni même contrariété entre la raison et la croyance. Chacune a son ordre
propre, ses objets spécifiques, son territoire, sa juridiction et sa légitimité. C'est lorsque l'une ou l'autre sort de son
domaine qu'elle outrepasse son pouvoir et délire. La science ne peut pas démontrer l'existence ou l'inexistence de
Dieu, mais la foi ne peut rien faire contre la physique de Galilée, de Newton ou d'Einstein, sinon constater que
l'esprit de l'homme est capable de comprendre la structure du monde et d'utiliser cette connaissance à son profit.
●Cette nouvelle étape arrive logiquement pour limiter la portée de la première réponse que nous avons
faite: croyance et raison ne sont pas contraires lorsqu'elles demeurent à l'intérieur de leurs limites, s'en tiennent à
leurs objets spécifiques et n'essaient pas d'usurper le territoire de l'autre. Elles peuvent même cohabiter chez un
même individu, et l'on a vu des savants reconnaître en tant qu'homme leur foi devant les mystères de la nature.
Cela ne les empêche pas d'essayer de les expliquer rationnellement dans leur métier de savant.
●Mais la croyance peut se marier à la raison si l'on pense que toute une partie de notre conscience est façonnée
par l'habitude . La répétition de certaines expériences, les essais et les erreurs forment notre jugement, nos
espérances et nos craintes. Si nous habitons le monde avec autant d'aisance, c'est que l'expérience nous a donné
une sorte de "cartographie" du monde social et culturel dans lequel nous évoluons, nous avons nos repères, nous
en connaissons les "ficelles", nous devinons presque "d'instinct" les voies les plus favorables à nos intérêts. Cet
instinct n'est pas inné, il est construit. Et cette construction s'exprime dans des croyances. Ainsi lorsque nous
faisons un choix de métier, il arrive que nos parents ou nos éducateurs nous disent "Ce n'est pas un métier pour
toi". Cela n'est pas une vérité, c'est une simple croyance au regard de certains éléments issus de l'expérience, de
ce que nos parents ou nos éducateurs connaissent de notre personnalité, de nos capacités, ou de ce qu'ils
connaissent du métier en question. Nous ressentons d'ailleurs souvent ce type de conseil comme une brimade et
nous n'en tenons pas compte. C'est notre liberté. La suite nous donne tort ou raison, selon que nous démentons la
croyance ou qu'elle se vérifie, selon que nous avons mal estimé nos capacités ou au contraire que nous avons "cru
en nous".
●Mais attention, cette expérience, en validant notre choix, valide une croyance particulière. Il n'y a là rien d'une vérité
universelle. Au même moment, la même expérience pourrait bien invalider la croyance de votre meilleur ami qui
aura fait le même choix que vous.
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corrigé bac 2012
Examen : Bac L
Epreuve : Philosophie
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