LE DEBAT PHILOSOPHIQUE

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PRATIQUER LA PHILOSOPHIE A L’ECOLE
FRANÇOIS GALICHET
SPECIFICITES DU DEBAT PHILOSOPHIQUE
1) Conditions du débat
Quatre conditions nécessaires pour qu’il y ait débat :
 Il doit y avoir expression de désaccords, soit sur des idées, soit sur des faits.
 Il doit y avoir une distribution de la parole qui permette un véritable échange.
 Il doit y avoir une égalité approximative du temps de parole.
 Le débat doit être arbitré par un tiers (animateur président) qui veille au respect des
trois principes précédents.
2) Différents types de débats
Le débat, omniprésent dans la société actuelle, se fonde sur le respect d’un rituel (son ouverture doit être
clairement annoncée, les rôles de chacun nettement précisées, les règles formulées et la durée indiquée).
Diverses formes de débat :
 Le débat médiatique : un débat à trois (la relation des protagonistes étant toujours
médiatisée par l’auditoire devenu le personnage principal).
 Le débat judiciaire : porte sur des faits concrets, des personnes singulières et des faits
précis.
 Le débat démocratique : pour prendre une décision, à la majorité qualifiée.
 Le débat scientifique : valider ou infirmer des hypothèses et aboutir à des conclusions
générales.
 Le débat argumentatif.
Les caractéristiques du débat philosophique :
 Universalité (ce n’est pas un débat sur les avantages ou les inconvénients du portable par
exemple).
 Implication : touche à ma vie, mes choix, ma façon d’exister. Il me concerne
directement.
 Irréalité : ne peut être vérifié de manière expérimentale. La réponse à une question
philosophique demeure toujours en suspens.
 Totalisation : les questions renvoient les unes aux autres. Le débat philosophique
conduit à s’interroger sur la cohérence des principes qui organisent l’existence.
PHILOSOPHIE ET CROYANCE
Les énoncés philosophiques ont un caractère paradoxal car ils visent à atteindre une validité
universelle tout en restant du domaine de l’engagement personnel (réflexion que nul ne peut mener à
ma place).
Ce type d’énoncés correspond à ce que l’on appelle une croyance : une affirmation qui se donne
comme universellement valide, mais qui se reconnaît incapable de fournir des preuves irréfutables
et indiscutables de cette validité.
Distinction entre la croyance et plusieurs autres notions voisines :
 L’opinion : elle est subjective et ponctuelle.
 L’hypothèse : doit être validée pour être reconnue comme vraie ; se reconnaît elle-même
comme « en suspens » ; admet, comme l’opinion, la pluralité alors que la croyance vise à
l’exclusivité (prétention universalisante).
 La foi : se rapproche de la croyance qui est par essence immatérielle. Elle, se réfère à un
corpus initial.
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LES TROIS DIMENSIONS DU PHILOSOPHER
Philosopher c’est réfléchir individuellement ou collectivement sur ses propres croyances. Cela permet :
 Une prise de conscience (les opinions sont conscientes elles).
 Une explicitation (au contact des croyances des autres, les miennes se précisent).
 Un approfondissement (la philosophie conduit à nouer des liens de plus en plus
complexes dans tous les domaines).
Les trois dimensions du philosopher :
1. Dimension réflexive : doivent parler d’eux, non sur un mode anecdotique et affectif,
mais comme sujet énonciateur d’une thèse prétendant à la vérité.
2. Dimension herméneutique : déchiffrement et interprétation des phénomènes du monde
pour décrypter ce qui pourrait conforter la validité des thèses défendues.
3. Dimension pédagogique : la décentration ; l’implication de l’être entier des enfants (ce
n’est pas que de la simple confrontation d’arguments et des réflexions conceptuelles).
CONSEILS GENERAUX POUR L’ORGANISATION D’UN DEBAT EN CLASSE
A. Conditions matérielles
 La disposition des élèves dans la classe : adopter une disposition où les élèves se font
face
 Le nombre des élèves : le nombre idéal pour une participation optimale est entre 12 et
15 ce qui correspond environ à une demi-classe.
 La durée du débat : vingt minutes en cycle 1, une demi-heure en cycle 2, trois quarts
d’heure en cycle 3.
B. Conditions institutionnelles
 Gestion de la parole : apprendre à gérer la prise de parole avec un bâton de parole par
exemple.
 Présidence du débat : au début l’enseignant ensuite les élèves. L’enseignant ne prend
pas lui-même parti. Il clarifie, reformule, structure les interventions et en fin de séance
dégage les principales conclusions (points d’accord et de désaccord).
 Choix du sujet : le présenter sous forme de questions « qu’est-ce que… ? » (qu’est-ce
qu’un ami ?) ou « pourquoi… ? » (pourquoi va-t-on à l’école ? ».
C. Le cahier de philosophie
C’est un véritable journal de bord. Les élèves pourront y écrire leurs pensées avant ou après les
débats. Il ne doit pas être appréhendé comme un objet d’évaluation scolaire. Il est source de fierté pour
l’enfant qui voit la relation enseignant-élève s’inverser : en effet, c’est l’enfant qui autorise avec son
accord, l’enseignant à lire son cahier. Ce dernier peut rebondir sur telle ou telle idée exprimée,
demander des explications…
Trois types d’énoncés élaborés en classe :
 Ceux produits à la suite de la demande de l’enseignant et qui vont faire l’objet d’une
évaluation scolaire. Ce n’est pas le cas des énoncés philosophiques.
 Ceux produits lors d’un débat –philosophique notamment. Ils s’apparentent à la
recherche en commun de la vérité. Ils ont un statut épistémologique.
 Les énoncés produits lors d’un « Quoi de neuf ? » ou dans des textes libres. Ils relèvent
de l’expression personnelle et expriment les singularités d’un individu unique.
Ce cahier mêle caractère intime (il n’est en principe pas destiné à être communiqué aux autres élèves ni
même à l’enseignant) et visée universalisante (ce qu’il y écrit à un moment donné est considéré comme
la vérité). Il est la trace d’un cheminement, la concrétisation d’une histoire personnelle, le miroir du
développement et des mutations d’une pensée.
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