France-Examen 2013 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 5/6
2. ... qui s’expliquent par le contexte historique
Si de Gaulle propose ces nombreuses réformes, dans lesquelles l’Etat joue un rôle essentiel, c’est parce que la situation
en France en 1945 est particulière : c’est la Libération, après l’occupation allemande et des années de guerre difficiles,
marquées par la défaite, les pénuries et les divisions franco-françaises entre résistants et collaborateurs. L’heure est
désormais à la Reconstruction et à l’apaisement des “angoisses” de la population française. De Gaulle estime le
moment propice : en tant que chef d’une résistance unifiée depuis 1943 (dont on commémore donc les 70 ans !) grâce à
l’oeuvre de Jean Moulin, il a la confiance de l’opinion (qui l’a accueilli en héros en 1944). Il pense donc “avoir les
moyens” de “traduire en actes la volonté de rénovation sociale” qui a été portée par la Résistance, notamment dans le
programme du CNR (Conseil National de la Résistance). Les hausses de salaires qu’il mentionne mais aussi et surtout
les Comités d’Entreprise et la Sécurité Sociale, sans oublier les nationalisations, viendront de là. Relancée, la France
entrera ensuite dans la fameuse période de croissance économique des “30 Glorieuses”, grâce au rôle joué par l’Etat
dans l’économie, avec le concours des entreprises et des travailleurs.
Pour Jacques Chirac, le contexte est fort différent. Il arrive au pouvoir après 5 ans de pouvoir socialiste.
En 1982, le Président Mitterrand et le gouvernement Mauroy (décédé très récemment) ont remis au goût du jour les
nationalisations, en faisant passer sous la férule de l’Etat 36 banques et de nombreuses entreprises (Thomson, St
Gobain, Rhône-Poulenc, Péchinez, Sacilor, Suez). Dans un contexte international de guerre froide contre l’URSS et
dans un contexte intérieur de victoire de la droite unie (RPR et UDF) contre la gauche socialiste et communiste aux
législatives de 1986, Chirac mène une bataille beaucoup plus idéologique, ce qui explique sa dénonciation de l’étatisme.
Le contexte économique est également devenu morose : la crise s’est installée depuis les années 1970 marquées par la
fin de la convertibilité du dollar en or (1971) et deux chocs pétroliers successifs (1973-74 et 1979-80), d’où l’arrivée d’un
chômage de masse en France. Chirac prend alors un tournant néo-libéral en s’inspirant des exemples anglo-saxons et
des “politiques de l’offre” menées par Ronald Reagan aux Etats-Unis et Margaret Thatcher (disparue en avril 2013) au
Royaume-Uni. Dans cette conception, pour reprendre les termes du Président américain, “l’Etat n’est pas la solution,
l’Etat est le problème”. On lui reproche ses dépenses et son inefficacité, ce que fait Chirac en mentionnant ses “défauts
rédhibitoires : il se détruit lui-même, par obésité ; et surtout, il menace d’amoindrir les libertés individuelles”. Ce dernier
point est développé à nouveau à la fin de l’extrait proposé : avec mesure, le Premier mnistre de l’époque pointe du doigt
le paradoxe de la société française, à la recherche selon lui de davantage d’autonomie personnelle (par exemple en
matière de libre entreprise ou de libre concurrence), d’où la contradiction entre les “exigences de justice” (ou d’égalité)
et “l’aspiration à plus de liberté”, qu’il relie aux progrès du niveau de culture et d’éducation.
Ainsi, même si le texte ne le mentionne pas directement, on peut mentionner la politique qui sera conduite par la suite et
consistera à “détricoter” les inititives socialistes : en 1986, le gouvernement procède à une vague de privatisations.
France-Examen 2012 Tous droits rerv Reproduction sur support ectronique interdite page 5/6
corrigé bac 2013
Examen : Bac L, ES
Epreuve : Histoire
France-examen.com