
Traumatismes du bassin 371
ces blessés, 47 % des blessés étaient des polytraumatisés dans la série de Dujardin [2]
bien que cette série, s’intéressant au pronostic fonctionnel à long terme avait éliminé
les patients décédés dans la première année. Dans la série multicentrique du sympo-
sium de la SOFCOT [8] qui regroupait 675 patients affectés de lésions à haute énergie
de la ceinture pelvienne, 2/3 des blessés présentaient des lésions associées de gravité
variée mais susceptible dans la moitié des cas d’engager le pronostic vital.
La mortalité de ces lésions pelviennes est également liée au syndrome hémor-
ragique. Celui-ci avait affecté 28,8 % des 675 blessés du symposium de la SOFCOT [8].
Mucha et Welch [9] avaient observé que la mortalité des traumatismes du bassin (toute
forme confondue, y compris type A) sans signes de saignement était de 3 %, alors
qu’elle s’élevait à 42 % lorsqu’il existait un choc hémorragique. A court terme [10], le
pronostic vital est engagé par l’abondance du saignement (69 % des décès immédiats),
mais également par les complications secondaires induites par le saignement : insuffi-
sance rénale (15 % des décès) et infection de l’hématome rétro-péritonéal (15 %). Ce
syndrome hémorragique peut également être à l’origine de complications thrombo-
emboliques, moins connues et moins bien estimées, liées aux troubles de la coagulation
induits et à l’hématome rétropéritonéal comprimant les veines iliaques et favorisant la
survenue de thrombophlébite des membres inférieurs. Neuf % des patients du sympo-
sium [8] avaient ainsi été affectés de complications thrombo-emboliques responsables
d’embolies pulmonaires dans la moitié des cas.
Cette étude de la SOFCOT [8] a permis d’identifier les principaux facteurs condi-
tionnant ce pronostic vital immédiat. Il s’agit du type lésionnel selon la classification
de Tile, de l’âge du blessé, de sa tension artérielle initiale lors de son arrivée aux urgen-
ces, des lésions associées éventuelles et enfin du caractère ouvert ou fermé des lésions.
Le type lésionnel est indéniablement un facteur pronostique, mais il n’est cependant
pas absolu et des lésions qui apparemment correspondent aux situations les moins
graves d’instabilité, y compris des «four pubic rami» du groupe A, sont susceptibles
d’engager le pronostic vital. Cette réserve est essentielle car, comme nous le verrons, le
type lésionnel ne permet pas d’orienter la stratégie thérapeutique en urgence.
• DEUX NIVEAUX DE PRISE EN CHARGE
Ces lésions à haute énergie de la ceinture pelvienne suscitent deux difficultés théra-
peutiques. La prise en charge en urgence, où est engagé le pronostic vital, qui nécessite
de considérer, en dehors des manœuvres de réanimation non spécifiques, l’embolisa-
tion, la fixation externe, le recours à une combinaison pressurisée ou enfin le
tamponnement par champs (packing). Secondairement, doit être considéré le traite-
ment orthopédique définitif qui répond à l’objectif d’améliorer le pronostic fonctionnel
et dont l’arsenal comporte la traction continue, la fixation externe et les synthèses inter-
nes de l’arc antérieur ou de l’arc postérieur. Il faut, lors de la décision thérapeutique
initiale et dans la mesure du possible, concilier ces deux objectifs. Il peut ainsi être
difficile d’imposer une traction osseuse qui nécessite un décubitus dorsal à un patient
polytraumatisé justifiant de divers examens complémentaires et de nursing. Les com-
plications vasculaires interdisent, sauf rares exceptions, un abord chirurgical et donc
une synthèse interne, qu’elle soit antérieure ou postérieure, avant que l’hémostase spon-
tanée ne soit obtenue, à savoir dans la deuxième semaine.
La prise en charge en urgence doit également tenir compte de l’association lésion-
nelle fréquente avec des lésions de l’appareil urinaire (16 % des cas dans la série de la
SOFCOT [8]), lésions urinaires qui doivent être suspectées de principe et conduisent à
l’interdiction d’un sondage par voie naturelle hormis dans quelques cas exceptionnels
pris en charge par les Urologues.