ORIENTATION DU CADRE DE FORMATION AUX TROUBLES DES

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FORMATION ET SENSIBILISATION AUX PROBLÈMES DES
APPRENTISSAGES SCOLAIRES ;
DOCUMENT ADRESSÉ ORIGINELLEMENT AUX DIRECTEURS D'ÉCOLE DANS LE
CADRE D'UNE DEMANDE DE LA DIRECTION DU DIOCÈSE DE MARSEILLE
ORIENTATION DU CADRE DE FORMATION AUX
TROUBLES DES APPRENTISSAGES SCOLAIRES POUR
LES ECOLES PRIMAIRES
Conception et rédaction :
GORGY Olivier, psychomotricien, docteur ès sciences, expert et formateur.
– Le 27 juin 2011 -
I – Pourquoi sensibiliser le personnel enseignant des écoles aux troubles des
apprentissages scolaires ?
L'intérêt concernant les troubles des apprentissages est de plus en plus important ceci pour plusieurs
raisons :
1. L'augmentation de la fréquence d'apparition des pathologies des apprentissages [prévalence
entre 2 et 10% sur la population générale, 4 à 6 % des enfants scolarisés soit 40.000 enfants
par an (1)].
2. L'avancée des catégories diagnostiques par l'évolution des idées et l'imprégnation
scientifique (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysgraphie). Le caractère scientifique prend
une part de plus en plus grande au dépend des causes psychopathologiques qui étaient les
seules « validation » diagnostique auparavant.
3. L'intérêt pour le recours à la pluridisciplinarité afin de répondre plus efficacement aux
difficultés d'apprentissages rencontrées. Les enseignants (spécialistes des apprentissages
dans leur dimension pédagogique) ne peuvent gérer certains types de profils d'élèves sans le
recours à un spécialiste des troubles des apprentissages (orthophoniste, psychomotricien,
psychopédagogue, neuropsychologue, psychologue..).
4. Le développement au plan national d'une plus forte sensibilité à l'existence de ces troubles
qui sont à l'origine de difficulté d'adaptation en milieu scolaire, d'échec scolaire et
d'exclusion sociale. Les lois votées à partir de 2001 (2) vont dans ce sens en créant pour la
première fois en France un lien de communication entre le Ministère de l'enseignement et le
Ministère de la santé. Les troubles des apprentissages scolaires sont reconnus comme un
problème de santé publique.
5. La sensibilisation nationale au phénomène d'illettrisme qui peut provenir à l'origine d'une
incapacité d'apprentissage.
6. La nécessite de créer une dynamique d'action entre le milieu élève/enseignant (réalité de
l'école), le milieu enfant/famille (réalité familiale) et le milieu enfant/difficulté
d'apprentissage (réalité thérapeutique et rééducative). La réussite scolaire peut dépendre
d'une rééducation ou d'une thérapeutique influencée par la synergie entre ces trois milieux
en interdépendance lors des troubles d'apprentissages scolaires.
II – Comment intervenir dans les écoles concernant le sujet des troubles des
apprentissages scolaires ?
Comment trouver un intérêt commun entre l'école, l'élève en difficulté, la famille et la santé
publique ?
1. Il faut en premier lieu susciter un intérêt commun sur la possibilité d'échanges
d'informations concernant la complexité des processus d'apprentissages et sur la possibilité
de faire face aux troubles des apprentissages scolaires et non de les subir.
2. Il faut ensuite susciter un lien de coopération entre la direction de l'école, les enseignants et
la famille. Ce lien dépend de plusieurs facteurs : être sensibilisé aux difficultés des enfants
et des enseignants, écouter les problèmes rencontrés, informer sur la possibilité d'une
analyse spécialisée, former sur la problématique et les solutions possibles (un audit peu ici
être mis en place).
3. Il faut susciter l'intérêt du lien de collaboration possible entre les enseignants et les
thérapeutes spécialisés dans le cadre d'enfants en difficulté ou en échec scolaire en rendant
compte de la possibilité de réseaux entre l'école et les organismes de santé public et
privé : services hospitaliers spécialisés en troubles des apprentissages, associations
spécialisées dans les difficultés d'apprentissages, réseau libéral et institutionnel.
4. Il faut développer l'intérêt du recours à la pluridisciplinarité et à l'importance de la synergie
entre les professions d'enseignement et les professions thérapeutiques et rééducatives dans
leur ensemble lors de cas complexes.
5. Il faut introduire la possibilité pour l'enseignant de pouvoir communiquer l'existence de ces
réseaux aux parents qui ne peuvent œuvrer seul face aux difficultés scolaires.
6. Il faut offrir la possibilité de formations pratico-pratiques (et non seulement théorique)
pour les enseignants en difficulté face aux élèves à problèmes en vue de développer des
aménagements appropriés et indispensables à la réussite scolaire (3) (4) (5) (6).
III – Quel type de formation ?
Les formations doivent être pratico-pratiques afin de donner un lien de réflexion entre la théorie
simplifiée et synthétisée et la mise en pratique des mesures existantes (évaluation des signes
révélateurs de trouble des apprentissages, appropriation des préconisations éducatives et
pédagogiques).
Il ne s'agit pas de faire de l'enseignant un rééducateur ou un thérapeute mais de le former :
1. à la reconnaissance des difficultés qui dépassent le cadre de l'éducation normale. Ceci
permet de mieux repérer et de pouvoir plus aisément signaler le problème (gain dans le
temps de réaction), d'orienter une réflexion sur une thérapeutique éventuelle permettant de
savoir quoi faire, ainsi de pouvoir informer le parent sur les difficultés rencontrées par son
enfant et de l'orienter vers les organismes spécialisés, de mettre en place un protocole entre
l'école, les partenaires médicaux, paramédicaux et thérapeutes, la famille et l'enfant.
2. à investir les moyens que communique le rééducateur ou le thérapeute (moyens psychopédagogiques, moyens psycho-éducatifs, moyens rééducatifs) et à se familiariser avec
l'utilisation des préconisations.
3. à communiquer les progrès ou non de l'enfant aux rééducateurs et thérapeutes.
4. à solliciter des réunions régulièrement selon les cas qui regroupent : l'enseignant, les parents,
les acteurs de la rééducation, le psychologue scolaire, le responsable d'intégration scolaire,..
5. à permettre de repérer le parent à la réalité des objectifs scolaires et aux difficultés
d'apprentissages de leur enfant dans une perspective d'évolution de la situation.
Les formations doivent permettre la mise en action de mesures qui simplifient la mise en place d'un
cadre d'intervention :
1. connaître les bases théoriques des classifications des troubles des apprentissages scolaires.
2. connaître les relations entre les compétences perceptives, motrices, cognitives, affectives et
les troubles des apprentissages scolaires.
3. connaître les champs d'intervention des rééducations concernant les troubles des
apprentissages scolaires (orthophonie et troubles parole/langage/lecture, psychomotricité et
troubles attention/graphisme/maturité psychomotrice, orthoptie et troubles des coordinations
visuelles, psychiatre et psychologue et réalité psycho-affective et cognitive de l'enfant).
4. Repérer le rôle de l'enseignant et celui de l'AVS dans leur action séparée et coordonnée au
sein du processus d'adaptation aux contraintes scolaires de l'enfant en difficulté
d'apprentissage.
IV – Comment organiser ce type de formation ?
Nous pouvons nous employer à offrir différents types d'intervention :
Stage d'information et de sensibilisation
Il peut s'agir d'une formation permettant d'exposer les grandes lignes concernant les troubles des
apprentissages scolaires et de recueillir les questions que se pose le corps enseignant afin d'y
répondre au mieux.
Stage de formation théorique
Il peut s'agir ici de donner une formation plus complète sur le plan de la théorie des troubles des
apprentissages, de former au vocabulaire communément employé afin de désigner les troubles des
apprentissages scolaires, de former à l'observation des signes et symptômes basiques permettant de
repérer au mieux l'enfant en difficulté d'apprentissage, et de former à l'intervention pluridisciplinaire
et aux mesures d'aménagement favorisants l'adaptation.
Stage de formation pratico-pratique
Il peut s'agir ici d'exposer le cas d'un enfant et d'analyser les situations de difficulté face aux
apprentissages, de donner des pistes d'interventions et de préconisations selon l'analyse et
l'évaluation des domaines déficitaires, afin d'employer les mesures favorisant le progrès de l'enfant.
Bibliographie
(1) Juzeau D. et Dussart P. (2008). Étude des troubles des apprentissages. CREAI
NORD/PAS-DE-CALAIS – RESEAU NEURODEV.
(2) Encart B.O. n°6 du 7-2-2002 : MISE EN ŒUVRE D'UN PLAN D'ACTION POUR LES
ENFANTS ATTEINTS D'UN TROUBLE SPÉCIFIQUE DU LANGAGE ORAL OU
ÉCRIT. Texte adressé aux préfètes et préfets de région, directrices et directeurs régionaux
des affaires sanitaires et sociales (DRASS) ; aux rectrices et recteurs d'académie ; aux
directrices et directeurs des agences régionales de l'hospitalisation (ARH) ; aux présidentes
et présidents d'université ; aux directrices et directeurs d'IUFM ; aux préfètes et préfets de
département, directrices et directeurs départementaux des affaires sanitaires et sociales
(DDASS) ; aux inspectrices et inspecteurs d'académie, directrices et directeurs des services
départementaux de l'éducation nationale
Réf. : C. DH/EO/97 n° 97/277 du 9-4-1997 ; C. DGS/SQ2/DAS/DH/DSS/DIRMI/99/648 du
25-11-1999 ; C. DHOS/01/2001/209 du 4-5-2001. Texte abrogé : C. n° 90-023 du 25-1-1990
(NOR : MENE9050053N). Texte disponible sur
http://www.education.gouv.fr/botexte/bo020207/MENB0200174C.htm
(3) Frédéric Plessiet (2009) : Aménagements et adaptations susceptibles d'aider l'élève
souffrant de troubles de l'attention. Disponible sur http://blog.crdpversailles.fr/ressourcesdysgarches/public/PDF/Adaptations_Amenagements_troubles_de_l_
_attention__FP.pdf
(4) Mirian Ecay Torres. Dr Emilie Schlumberger (Mars 2009 ) : Centre de référence troubles
du langage et des apprentissages, Consultation Letulle. Hôpital Raymond Poincaré 104, Bd
R Poincaré 92380 Garches FRANCE.
(5) Dr Alain POUHET (septembre 2009). Déficits d’attention avec ou sans impulsivité et/ou
hyperactivité, Syndromes dysexécutifs : Conseils aux enseignants et rééducateurs.
(6) Enseigner aux élèves avec troubles d'apprentissages (2010). Administration générale de
l’Enseignement et de la Recherche scientifique, Service général du Pilotage du système
éducatif, Boulevard du Jardin Botanique, 20-22 – 1000 Bruxelles Tél. : 02 690 81 00.
http://www.enseignement.be/download.php?do_id=7723&do_check=
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