PRÉVENTION
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Les limites des indicateurs
actuels de lutte contre les
infections nosocomiales.
Parmi les indicateurs de qualité et de
sécurité des soins, dont les résultats
sont publiés et mis à la disposition
du public, nous disposons de 5 indi-
cateurs composant le tableau de bord
de suivi des infections nosocomiales. 8
Depuis 2014 le recueil des indicateurs
est réalisé en alternance une année
sur deux. Ce tableau de bord des infec-
tions nosocomiales est ainsi composé
des indicateurs suivants :
■ Indicateur composite des activités
de lutte contre les infections nosoco-
miales (ICALIN.2),
■ Indicateur de consommation de
produits hydro-alcooliques pour
l’hygiène des mains (ICSHA.2),
■ Indicateur composite de lutte contre
les infections du site opératoire
(ICA-LISO),
■ Indicateur composite de maîtrise de
la diffusion des bactéries multirésis-
tantes (ICA-BMR),
■ Indicateur composite de bon usage
des antibiotiques (ICATB.2).
Néanmoins, ces indicateurs, dont
l’intérêt est indéniable, ne nous per-
mettent pas d’évaluer les pratiques
réelles des soignants et en particu-
lier le degré d’observance des recom-
mandations en matière de lavage des
mains.
L’indicateur ICSHA.2 est un marqueur
indirect de la mise en œuvre effective
de l’hygiène des mains. Exprimé en
pourcentage, il est le rapport entre le
volume de produits hydro-alcooliques
(PHA) consommés réellement par l’éta-
blissement et l’objectif personnalisé
de consommation vers lequel l’établis-
sement doit tendre, déterminé à partir
d’un référentiel national prenant en
compte les types d’activités de l’éta-
blissement (capacité et nature des
activités).
LE RÔLE FONDAMENTAL DES PERSONNELS
DE SANTÉ DANS LA LUTTE CONTRE
LES IAS/IN
À l’occasion de la Journée de l’hygiène des
mains, le 5 mai 2014, l’Organisation mondiale
de la Santé (OMS) a publié un rapport majeur
sur la résistance aux antimicrobiens faisant
état de taux élevés chez les bactéries respon-
sables des infections les plus courantes (par
exemple les infections des voies urinaires,
les infections postopératoires, les pneumo-
nies et les infections du sang) dans toutes
les régions du monde.
« Il y a des preuves scientifiques mani-
festes que l’hygiène des mains de la part
des agents de santé contribue à réduire
la fréquence des infections nosocomiales
provoquées par des germes résistants, en
particulier le MRSA (staphylocoque doré,
résistant à la méthycilline) » 10.
Le rôle des professionnels de santé est
essentiel dans cette lutte contre les infec-
tions nosocomiales.
Il repose sur le respect des règles
d’hygiène à 5 moments clés, de préférence
en utilisant une solution hydroalcoolique
ou en se lavant les mains à l’eau et au
savon, si elles sont visiblement souillées.
1. Avant le contact avec un patient,
2. Avant le geste aseptique (par exemple
l’insertion de dispositifs comme des
cathéters),
3. Après le risque d’exposition à un liquide
biologique,
4. Après le contact avec un patient,
5. Après le contact avec l’environnement
du patient.
Si la notion de CLIN n’est plus obligatoire,
les objectifs demeurent et la tendance
se conrme de passer d’une logique de
moyens à une logique de résultats.
Cette lutte contre les infections noso-
comiales s’inscrit dans un programme
national qui vise à prendre en compte les
différentes dimensions de la prévention
des infections associées aux soins.
Malgré les améliorations apportées en
matière d’hygiène hospitalière, la prévalence
des infections associées aux soins n’a pas
diminué entre 2006 et 2012 9
, dans les
services de courts séjours (MCO).
LES CHIFFRES
En France, on estime que le nombre
de patients victimes d’une infection
associé aux soins (nosocomiales)
varie entre 5% et 8% selon les modes
de calculs et les années : ce taux
peut atteindre 13 à 14% en service de
réanimation. (2) (3) Le nombre de patients
infectés par an s’élève selon les études
entre 750 000 et 800 000. (7)
L’estimation du nombre de décès liés
aux IN a une variabilité assez grande
dans les études : de 4000 à 10 000
par an, selon que l’on intègre ou non
les patients dont le pronostic vital
était engagé avant la déclaration de la
maladie. (9) Les bactériémies aggravent
ces chiffres de manière signicative.
Les infections nosocomiales aux
conséquences souvent dramatiques
pour les patients représentent un
surcoût pour notre système de santé
pouvant s’estimer entre 2,4 et 6
milliards d’euros, dont 30% seraient
évitables (0,73 à 1,8 milliard d’euros),
pour un coût moyen d’une infection
nosocomiale de 8000 €. (4)
1 - ANACT et la DGT : http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Les-RPS-c-est-quoi.html
2 - http://www.inserm.fr/thematiques/immunologie-inammation-infectiologie-et-microbiologie/dossiers-
d’information/infections-nosocomiales
3 - Réseau REA-Raisin«Surveillance des infections nosocomiales en réanimation adulte. France, résultats 2007»
[archive], Institut de veille sanitaire, septembre 2009, ii + 60 pp.
4 - 22 juin 2006: Rapport du sénateur Vasselle au Sénat - http://www.senat.fr/rap/r05-421/r05-42113.html
5 - Sécurité du Patient & Pratiques – N° 35 – Sept.-oct. 2014 -Dr Jean Brami – HAS
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1761106/fr/securite-du-patient-pratiques-n-35-sept-oct-2014?portal=fc_1098491
6 - Manuel de certication V2010 – version Janvier 2014 - Critère 3.d
7 - La loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire (HPST) n° 2009-879 du 21 juillet 2009 (Art. L. 6144-1 et
6161-2 du C.S.P.) - Décret n° 2010-1408 du 12 novembre 2010 relatif à l’organisation de la lutte
contre les évènements indésirables associés aux soins dans les établissements de santé
8 - Arrêté du 20 février 2015 xant les conditions dans lesquelles l’établissement de santé met à la disposition du public les résultats,
publiés chaque année, des indicateurs de qualité et de sécurité des soins
9 - INVS: Etude de prévalence 2012, http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Infections-associees-aux-soins/
Surveillance-des-infections-associees-aux-soins-IAS/Surveillance-en-prevalence
10 - Professeur Benedetta Allegranzi - Responsable technique du programme OMS «Un soin propre est un soin plus sûr»