Gérard Roland, Economie Politique Chapitre 23
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CHAPITRE 23
LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Ce chapitre constitue une introduction aux théories de la croissance économique. Après
un bref exposé des faits stylisés de la croissance économique, nous étudierions le modèle
développé par Robert Solow. Ce modèle permet d’appréhender les sources de la
croissance économique. Il s’agit essentiellement du progrès technologique. Cependant
celui-ci reste « exogène ». Les théories qui se sont développées à la suite du modèle de
Solow se proposent d’expliquer comment l’économie génère de façon « endogène » la
croissance. Elles mettent en avant différents facteurs de croissance tels que
l’accumulation des connaissances, le capital humain ou la recherche.
1. INTRODUCTION : LES CHIFFRES CLES DE LA CROISSANCE
ECONOMIQUE
La croissance économique joue un rôle clef dans la progression du revenu par tête, dans
le rattrapage éventuel des niveaux de vie entre pays développés et pays en
développement, etc…..
Le PIB par habitant est traditionnellement utilisé pour mesurer le niveau de vie moyen
d’un pays. Afin de tenir compte de différences dans les niveaux de prix, les
comparaisons internationales se fondent éventuellement sur un niveau de PIB ajusté pour
le pouvoir d’achat (c.f. Penn World Tables de Summers et Heston)
La croissance économique n’est pas un phénomène stable dans le temps ni également
distribué entre pays.
Le tableau ci-dessous reprend les taux de croissance annuels moyens du revenu réel par
habitant sur différentes périodes et pour différents pays, ainsi que le revenu réel par
habitant. On constate que
le revenu réel par habitant a augmenté dans tous les pays, il y a eu croissance
positive ;
après des taux de croissance élevé sur la période 50-70, le taux de croissance
moyen a diminué dans les pays industrialisés depuis le milieu des années 70. Afin
d’illustrer l’importance du ralentissement de la croissance, il faut noter qu’un taux
de croissance de 4,4% par an implique que le PIB par habitant double après 16
ans, tandis qu’il ne double qu’après 37 ans si le taux de croissance tombe à 1,9%;
les pays repris dans ce tableau ont rattrapé leur retard par rapport aux Etats-Unis,
l’écart de niveau de vie par habitant s’est réduit, il y a eu convergence des niveaux
de vie par habitant. Ceci résulte de taux de croissance plus importants pour les
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pays dont le PIB par habitant était, dans les années 50, inférieur à celui des Etats-
Unis.
Croissance annuelle du PI B Production réelle par hab.
par habitant ( %) ( dollars de 1992)
Ratio de la production réelle
par habitant
1950-1973 1973-1998 1950 1998 1998/1950
France 4.2 1.6 5,150 19,158 3.7
Allemagne 4.9 1.8 4,356 20,059 4.6
Japon 8.1 2.5 1,820 19,907 10.9
Royaume-Uni 2.5 1.9 6,870 19,005 2.8
États-Unis 2.2 1.5 11,170 25,890 2.3
Moyenne 4.4 1.9 5,872 20,804 3.5
Pour évaluer empiriquement le phénomène de convergence des niveaux de vie entre un
ensemble de pays, on compare traditionnellement le taux de croissance annuel moyen sur
une période donnée au revenu par habitant en début de période. Si les pays dont le PIB
par tête initialement faible croissent plus vite que les pays à PIB par tête initialement plus
élevé, ceci indique que les pays initialement plus pauvres rattrapent le niveau de vie des
pays plus riches.
Le graphique ci-dessous reprend le taux de croissance moyen et le PIB réel par habitant
(exprimés en dollars et en termes réels avec comme année de référence 1992) des pays de
l’OCDE, , il y a bien une relation négative entre taux de croissance sur la période 1950-
1992. On peu donc conclure, comme dans le tableau précédent, qu’il y a eu un
phénomène de convergence des niveaux de vie entre les pays de l’OCDE.
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Convergence des PIB par habitant pays de lOCDE
Cependant, ce phénomène ne eut pas être généralisés à l’ensemble des pays. Comme le
montre le graphique ci-dessous, si il y a eu convergence entre pays de l’OCDE et
convergence dans les pays asiatiques, le niveau de vie des pays africains par contre ne
s’est pas rapproché de celui des pays industrialisés. Partant d’un niveau de revenu par
habitant initialement bas, ces pays n’ont pas connu un taux de croissance supérieur à
celui des pays à revenu par habitant élevé. Certains ont même connu des taux de
croissance négatifs.
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Comparaison entre les continents
2. LE MODELE DE SOLOW
Le modèle de Solow va permettre de mettre en évidence les sources de la croissance
économique, le rôle de l’accumulation du capital, de l’épargne et du progrès technique.
2.1. Les sources de la croissance
Le point de départ du modèle est la fonction de production agrégée :
Y = A.F (K,N)
Elle dépend de l’état de la technologie, A, du stock de capital en début de période, K, du
stock de travail dans l’économie, N.
progrès technologique, A/A:
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N
N
a
K
K
a
A
A
Y
YNK
2.2. Le modèle de Solow sans technologie
On étudiera le modèle de Solow en supposant l’absence de progrès technologique. Ceci
servira de contre-exemple pour montrer qu’une croissance soutenue du revenu par
habitant ne peut provenir, dans ce modèle, que de progrès technologique continu.
On supposera par contre que la population (et donc le stock de travail) croit au taux gN.
Pour simplifier la notation, on posera A=1 et la fonction de production s’écrit :
Y = F (K,N)
Pour rappel, on définit les rendements d’échelle d’une fonction de production comme la
quantité supplémentaire d’output par unité supplémentaire d’inputs. Ainsi les
rendements d’échelle sont
constants si F(xK, xN) = xY
croissants si F(xK, xN) > xY
décroissants si F(xK, xN) < xY
Pour simplifier, on supposera les rendements constants. A noter que ceci implique que
les rendements des facteurs de production sont décroissants, c’est-à-dire que des
augmentations de K et N entraînent des augmentations de moins en moins importantes de
la production. On reviendra sur cette propriété ultérieurement.
Comme on l’a vu plus haut, la question de la croissance est liée au niveau de vie par
habitant. On se concentrera donc sur la production par travailleur, Y/N. Lorsque les
rendements d’échelle sont constants le PIB/travailleur peut s’exprimer en fonction du
rapport capital par travailleur.
)()1,(
1
),(
N
K
f
N
K
F
N
YN
x
xNxKFxY
Par exemple, dans le cas d’une fonction de production Cobb-Douglas, les rendements
d’échelle sont constants, on a +=1; ou encore =1-. Par conséquent, la production par
tête s’écrit en fonction du capital par tête:
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