Macroéconomie La croissance économique Plan du chapitre La croissance économique en chiffres Le modèle de Solow : modèle de croissance exogène rôle de l’accumulation du capital, de l’épargne et du progrès technique Modèles de croissance endogène: capital humain et recherche La croissance économique en chiffres Croissance importante dans les pays industrialisés mais ralentissement depuis le milieu des années 1970 Comparaison internationale Convergence entre pays de l’OCDE vers un revenu par habitant comparable Divergence par rapport à d’autres régions du monde La croissance économique en chiffres Croissance annuelle du PIB par habitant (%) 1950-1973 1973-1998 Production réelle par hab. (dollars de 1992) 1950 Ratio de la production réelle par habitant 1998 1998/1950 France 4.2 1.6 5,150 19,158 3.7 Allemagne 4.9 1.8 4,356 20,059 4.6 Japon 8.1 2.5 1,820 19,907 10.9 Royaume-Uni 2.5 1.9 6,870 19,005 2.8 États-Unis 2.2 1.5 11,170 25,890 2.3 Moyenne 4.4 1.9 5,872 20,804 3.5 1950-1973 4.4% (PIB/habitant double tous les 16 ans) 1973-1998 1.9% (PIB/habitant double tous les 37 ans) NB:PIB/habitant en parité de pouvoir d’achat (Penn World Tables) La croissance économique en chiffres Convergence des PIB/habitant: évaluation empirique Comparaison entre le taux de croissance annuel moyen du PIB/habitant entre deux périodes T et T0 Dlog(PIB/hab)T-T0 et le PIB/hab en début de période, log(PIB/hab)T0 Convergence des PIB/habitant: évaluation empirique Si les pays à PIB/hab initial bas ont un taux de croissance plus élevé que les pays à PIB/hab initial élevé, c’est-à-dire si la relation entre Dlog(PIB/hab)T-T0 et log(PIB/hab)T0 est négative → convergence des pays à faible PIB/hab vers ceux à PIB/hab élevé La croissance économique en chiffres Convergence des PIB par habitant dans l’OCDE La croissance économique en chiffres La convergence ne vaut pas pour tous les pays La croissance économique en chiffres Comparaison entre les continents •Les pays asiatiques convergent •Les pays de l’OCDE convergent •Les pays africains ne convergent pas Le modèle de Solow – growth accounting La fonction de production agrégée Y = A.F (K,N) Y = la production agrégée K = le capital en début de période N = le travail, croit au taux gN A = l’état de la technologie Les sources de la croissance DY DA DK DN aK aN Y A K N croissance de la population, DN/N=gN accumulation de capital, DK/K progrès technologique, DA/A Le modèle de Solow – growth accounting Exemple avec une fonction de production Cobb-Douglas Y A.K .N DY DA.K .N DK .A.K 1.N DN.A.K .N 1 DY DA.K .N A.K 1.N A.K .N 1 DK DN Y A.K .N A.K .N A.K .N DY DA DK DN Y A K N Le modèle de Solow sans technologie Fonction de production Y = F (K,N) Rendements d’échelle constants: F(xK, xN) = xY croissants: F(xK, xN) > xY décroissants: F(xK, xN) < xY → On supposera les rendements constants → Rendements décroissants des facteurs (K et L): des augmentations de K et N entraînent des augmentations de moins en moins importantes de la production Le modèle de Solow sans technologie Exemple avec une fonction de production Cobb-Douglas Y F (K , N ) K .N F ( x.K , x.N ) ( xK ) .( xN ) F ( x.K , x.N ) x .K .x N F ( x.K , x.N ) x (K .N ) x .F (K , N ) Si > 1, F(xK,xN) > x.F(K,N) → rendements croissants Si < 1, F(xK,xN) < x.F(K,N) → rendements décroissants Si = 1, F(xK,xN) = x.F(K,N) → rendements constants Le modèle de Solow sans technologie Fonction de production par travailleur avec rendements d’échelle constants, on a xY F ( xK , xN ) x 1 N Y K K F ( ,1) f ( ) N N N → le PIB/travailleur dépend du rapport capital par travailleur Le modèle de Solow sans technologie Exemple avec une fonction de production Cobb-Douglas avec rendements d’échelle constants, +=1; =1- Y K N K N 1 Y K N 1 K N 1 1 N N Y K K N N N Le modèle de Solow sans technologie avec rendements d’échelle constants, le PIB/travailleur dépend du capital par travailleur les rendements des facteurs sont décroissants Exemple avec une fonction de production Cobb-Douglas Productivité marginale du capital par tête >0 Y K N N 1 (Y / N ) K . (K / N ) N 0 Rendements du capital par tête décroissants Y K N N ²( Y / N) K .( 1) (K / N)² N 2 0 Le modèle de Solow sans technologie Productivité marginale du capital par tête croissante: une hausse de K/N augmente Y/N mais de moins en moins : |A’B’| est plus petite que |C’D’|, alors que |AB| est plus grand que |CD| Y/N = A (K/N, F(K/N, 1) 1) Production Travailleur,Y/N par travailleur, Production par Y/N D´ C´ B´ A´ A B C Capital par travailleur, K/N D Production par travailleur, Y/N Le modèle de Solow – rôle de la technologie Une amélioration des technologies déplace la fonction de production vers le haut F(K/N, A2) B´ F(K/N, A1) A´ A Capital par travailleur, K/N Le modèle de Solow – l’état stationnaire Définition: sentier de croissance équilibrée L'état stationnaire est un équilibre stable A l’état stationnaire, le PIB, la consommation et le stock de capital croissent à un taux constant (gN en l’absence de progrès technologique) Sans progrès technologique, le PIB, la consommation et le capital par tête sont constants et l'économie converge vers l'état stationnaire Le modèle de Solow – l’état stationnaire Le rôle de l’épargne Le taux d’épargne détermine le PIB/habitant à l’état stationnaire mais pas le taux de croissance du PIB/habitant Une variation du taux d’épargne influence la croissance à court terme (transition vers le nouvel état stationnaire) Le rôle de la technologie Le progrès technologique détermine le taux de croissance du PIB/hab Contre-exemple: cas sans technologie : A=1 Le modèle de Solow – l’état stationnaire Relations de long-terme entre production et capital La quantité de capital détermine la quantité de production Yt/Nt = F (Kt/Nt) = la production par tête en période t la quantité de production détermine l’épargne, donc l’investissement et la quantité de capital Hypothèse 1 : l’épargne est proportionelle au revenu St = sYt s = taux d’épargne (0 < s < 1) Hypothèse 2: économie fermée sans Etat St = It It = investissement brut en période t Hypothèse 3: pas de croissance de la population, Nt=N Evolution du stock de capital Kt+1 = (1-)Kt+It = taux de dépréciation du capital Le modèle de Solow – l’état stationnaire Relation entre production et accumulation du capital Kt+1 = (1-)Kt+It St = sYt et St = It donc It = sYt Kt+1 = (1-)Kt+sYt En exprimant les grandeurs par travailleur, K t 1 Kt Yt (1 ) s N N N K t +1 K t Yt Kt =s -d N N N N D K/N = épargne par travailleur - dépréciation Le modèle de Solow – dynamique du capital Dynamique du capital K t 1 K t Y K s t t N N N N K t 1 K t I K t t N N N N K/N augmente si I/N > K/N K/N diminue si I/N < K/N K/N constant si I/N = K/N l’investissement compense la dépréciation du K Le modèle de Solow – l’état stationnaire Détermination de l’état stationnaire K t 1 K t Y K s t t N N N N K t 1 K t Kt Kt sf ( ) N N N N Yt Kt car f( ) N N A l’état stationnaire, K/N est constant, DK/N=0 Kt Kt 0 sf ( ) N N K* K* sf ( ) N N Le modèle de Solow – l’état stationnaire A l’état stationnaire, K*/N, C*/N, Y*/N sont constants S* K * I * s.f N N N K t 1 K t I* K* 0 N N N N Y * K * f N N C* Y * S* K* K * f N N N N N Le modèle de Solow – l’état stationnaire Dépréciation par travailleur Kt/N Production par travailleur, Y/N Y*/N A B Production par travailleur f(Kt/N) Investissement par travailleur sf(Kt/N) A = Production/travailleur B = Investissement/travailleur = épargne/travailleur = .K/N Capital par travailleur, K/N K*/N Le modèle de Solow – convergence vers l’état stationnaire Dépréciation par travailleurä Kt/N Production par travailleur f(Kt/N) Production par travailleur, Y/N Y*/N B E C Investissement par travailleur sf(Kt/N) AB = Production/travailleur AC = Investissement/travailleur D AD = Dépréciation AC > AD A (Ko/N) K*/N Capital par travailleur, K/N Le modèle de Solow – convergence vers l’état stationnaire Partons de K0/N<K*/N Y0 S0 K0 K0 K 0 I0 f s.f N N N N N N I0 K K I K K 0 1 0 0 0 0 N N N N N N etc jusqu'en K*/N car rendements décroissants du capital → l'état stationnaire, K*/N est un équilibre stable de K/N>K*/N l'économie converge vers K*/N de K/N<K*/N l'économie converge vers K*/N en K/N=K*/N l'économie reste en K*/N Le modèle de Solow – rôle de l’épargne Impact du taux d’épargne sur la production par tête Pas d’effet de long terme sur le taux de croissance Mais détermine son niveau de long terme. Affecte temporairement le taux de croissance, mais pas indéfiniment Même effet temporaire sur la croissance avec une hausse de la croissance de la population, un choc technologique temporaire Conclusion: seul le progrès technologique soutenu permet une croissance soutenue Le modèle de Solow – rôle de l’épargne taux d’épargne s0 → K0/N, Y0/N taux d’épargne s1 → K1/N, Y1/N Dépréciation par travailleur Kt/N Production par travailleur f(Kt/N) Production par travailleur, Y/N D Y1/ N Y0/ N B E C Investissement s1f(Kt/N) ä I> A (K0/N) K1/N Capital par travailleur, K/N Investissement s0f(Kt/N) Le modèle de Solow – rôle de l’épargne Si le taux d’épargne augmente, la convergence vers le nouvel état stationnaire implique une croissance temporaire du PIB par tête Pas d’effet sur la croissance à long terme : Y*1/N est constant. Production par travailleur, Y/N (Pas de progrès technique) Taux d’épargne s1 > s0 Y1/ N Y0/ N Taux d’épargne s0 t Temps Le modèle de Solow – rôle de l’épargne Une augmentation de l’épargne augmente-elle la consommation de long-terme ? Si le taux d’épargne est nul, s=0, I=0, K=0, Y=0, C=0 Si le taux d’épargne est maximal, s=1, c=1-s=, C=0 Deux effets contraires d'une hausse de K/N augmente la production par tête augmente la dépréciation, K/N, donc augmente le niveau d'épargne nécessaire à maintenir K/N constant C Y S N N N ↑ ↓ Le modèle de Solow – la règle d’or Consommation par travailleur, C/N Le niveau de capital de la règle d’or est déterminé par la valeur de l’épargne qui donne le plus haut niveau de consommation stationnaire (optimal) Consommation maximale par travailleur en état stationnaire sG 0 Taux d'épargne, s 1 Le modèle de Solow – avec croissance de la population Détermination de l’état stationnaire Pour K/N constant, il faut compenser la dépréciation .K et la croissance de la population, gN Kt K t 1 K t Kt s. f Nt Nt Nt Nt K t 1 N t 1 K t K t 1 Kt (1 g N ) N t 1 N t Nt N t 1 Nt Kt K t 1 K t Kt ( g N ) s. f N t 1 N t Nt Nt Le modèle de Solow – avec croissance de la population Une hausse de la population N détermine Y/N de long terme mais n’a pas d’effet de long terme sur le taux de croissance Production par travailleur, Y/N Investissement requis (+gN2).Kt/N Y*1/N Y*/N D B C A K*1/N K*/N Capital par travailleur, K/N Production par travailleur f(Kt/N) Investissement requis (+gN1).Kt/N Investissement sf(Kt/N) Le modèle de Solow – avec croissance de la population Une augmentation de la croissance de la population réduit le capital par tête et l'output par tête à l'état stationnaire car il faut plus d'épargne pour maintenir le niveau de capital par tête constant NB: même effet avec une hausse du taux de dépréciation Une augmentation de la croissance de la population n’a pas d’effet sur le taux de croissance à l’état stationnaire n’a qu’un effet temporaire pendant la transition vers le nouvel état stationnaire Le modèle de Solow – rôle du progrès technologique Production par travailleur, Y/N Une amélioration des technologies déplace la fonction de production vers le haut et augmente Y/N à l’état stationnaire F(K/N, A2) Investissement requis B´ F(K/N, A1) A´ Investissement sf(Kt/N,A2) Investissement sf(Kt/N,A1) A B Capital par travailleur, K/N Le modèle de Solow – rôle du progrès technologique Rôle du progrès technologique Une innovation technologique augmente le PIB par tête et la croissance de façon temporaire Seul le progrès technique continu, la croissance technologique peut expliquer une croissance soutenue Avec progrès technologique soutenu Par exemple si le progrès technologique croît au taux gA La croissance de K/N, Y/N, C/N à l’état stationnaire est gA La croissance de la population N est gN La croissance de K, Y et C à l’état stationnaire est gN+gA Progrès technologique et croissance Croissance Y/N 1950-73 (1) Taux de progrès technique 1973-87 Variat. (2) (3) 1950-73 1973-87 (4) (5) Variat. (6) France 4.0 1.8 -2.2 4.9 2.3 -2.6 Allemagne 4.9 2.1 -2.8 5.6 1.9 -3.7 Japon 8.0 3.1 -4.9 6.4 1.7 -4.7 Royaume-Uni 2.5 1.8 -0.7 2.3 1.7 -0.6 Etats-Unis 2.2 1.6 -0.6 2.6 0.6 -2.0 Moyenne 4.3 2.1 -2.2 4.4 1.6 -2.8 Les modèles de croissance endogène Comment définir la technologie? Définition indirecte : quantité de biens peuvent être produits à partir de capital et de travail Progrès technique quantitatif vs qualitatif - quantitatif: efficacité : production accrue à quantité donnée de capital et de travail - qualitatif: meilleurs produits, nouveaux produits, plus grand choix de produits Sources de progrès technologique le capital humain la recherche Les modèles de croissance endogène Modèles de croissance endogène Hypothèse centrale d’accumulation de progrès technique: le progrès technique actuel s'appuie sur le progrès technique passé le capital humain: les connaissances futures sont d'autant plus élevées que les connaissances actuelles sont importantes la recherche : les innovations permettent d'atteindre un niveau d'autant plus élevé que la technologie actuelle est développée Croissance endogène – capital humain Définition le capital humain est l’ensemble des connaissances incorporées dans les individus Accumulation du capital humain le capital humain est le résultat d’un investissement passé (éducation, formation, expérience professionnelle) → Politique économique la productivité est d'autant plus élevée que la population est mieux éduquée: - une plus grande partie de la population est éduquée - et le niveau de connaissances est plus élevé Croissance endogène – la recherche Deux types de recherche, complémentaires: la recherche fondamentale: les inventions, - effet sur le stock de connaissance, - financement essentiellement public (pas toujours d’application commercialisable immédiatement) recherche appliquée: les innovations, - effet sur la production, - rôle des brevets pour protéger l’innovateur et assurer une rente temporaire (incitant à innover) - un petit nombre d’entreprises sont actives en R&D: les plus grandes et les plus productives, ou les entreprises qui débutent → Politique économique Financement de la recherche fondamentale Politique de brevets, spin offs, financement des startups Croissance endogène – en chiffres Dépenses de R&D en pourcentage du PIB 1963 1975 1989 France 1.6 1.8 2.3 Allemagne 1.4 2.2 2.9 Japon 1.5 2.0 3.0 Royaume-Uni 2.3 2.0 2.3 Etats-Unis 2.7 2.3 2.8 A titre de comparaison, aux Etats-Unis: Dépenses d’éducation en % du PIB : 6.5 Dépenses d’investissement en % du PIB: 16.0