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!
identitaires s’intriquant dans
des
maladies mentales sévères. Les
endocrinologues doivent
aussi
éliminer
ce qui ne relève pas
du
transsexualisme (anomalies chromosomiques, hormonales, etc.),
et
apprécier l’absence
de
contre-indications
à
un traitement sub-
stitutif hormonal
à
vie.
Sans ce
bilan indispensable,
qui est
appliqué selon
les
recom-
mandations internationales,
les
équipes médicales feraient courir
un risque
très
important
aux
personnes
prises en
charge
si
elles
intervenaient
sur
un simple autodiagnostic.
L
’importance
d’un
travail
en
équipe multidisciplinaire spécialisée
est
donc particu-
lièrement fondamentale pour
le
chirurgien.
Le
chirurgien
est le
dernier intervenant dans
ce
processus par-
fois
long
qui
suscite une espérance
très
importante
et
parfois
irrationnelle
du
patient concernant
le
résultat esthétique
et
fonc-
tionnel
de la
transformation chirurgicale.
La
chirurgie
de
réassignation sexuelle
«
femme/homme
»
est
effectuée d’une part pour supprimer
les
attributs féminins (seins,
utérus, ovaires, organes génitaux externes)
et
d’autre part pour
créer des
organes génitaux masculins
(verge et
scrotum).
L
’objectif
de la
phallopoïèse
est de créer
une
verge
esthétique, sensible et
fonctionnelle permettant d’uriner debout
et
d’avoir
des
rapports
sexuels, tout
en
minimisant
les
complications.
L
’évolution
des
techniques chirurgicales
a
permis d’obtenir
des
résultats
de plus
en
plus
sophistiqués. Néanmoins, l’anatomie complexe
de la
verge,
l’absence
de tissu
érectile
de
substitution,
et les
complications fré-
quentes
de
l’urétroplastie (fistules
et
sténoses)
sont une limitation
à la
réalisation d’une phallopoïèse
«
idéale
»,
aucune
technique ne
permettant d’obtenir l’ensemble
des
critères
de
fac¸on réellement
satisfaisante.
!
!
•
Histoire
!
La
première phallopoïèse
a été
décrite
par Bogoras [1] en
1936,
qui l’a
réalisée
au
moyen
d’un
lambeau abdominal tubulé avec
greffe
cartilagineuse costale
sans
reconstruction urétrale.
La
tech-
nique
fut
améliorée
par Malz
[2]
, et Gillies
[3]
, qui
utilisèrent
un lambeau abdominal
avec
néo-urètre
(au
moyen
d’un
tube
interne). Cette technique nécessitant
de
multiples
inter
ventions,
le
lambeau était dépourvu
de
sensibilité tactile
et
érogène. Elle
resta la plus
populaire jusqu’à
la
description
du
lambeau radial.
Le
lambeau abdominal suprapubien
est
prélevé
à
partir
du
niveau
du
clitoris
et
s’étend jusqu’au-dessus
du
pubis.
Il
incorpore si
possible
les
vaisseaux pudendaux externes
superficiels
[4]
. Il
s’agit
d’une procédure simple
qui a été
améliorée
par la mise en
œuvre
de
l’expansion cutanée.
Il est
possible d’incorporer un néo-urètre
aux
dépens
des lèvres. Le
lambeau inguinal
[5, 6]
présente un risque
de
nécrose distale non négligeable
[7] et
l’urétroplastie
est
difficile
en
raison
de la
difficulté
de
plicature
d’un
tube interne.
Le
lam-
beau antérolatéral
de cuisse [8, 9] basé sur la
branche descendante de
l’artère fémorale circonflexe latérale peut
être
utilisé
en
lambeau
pédiculé,
mais la
réalisation
d’un
tube interne urétral
est
diffi-
cile. Il est
actuellement utilisé dans
les cas de
contre-indication
au
lambeau radial antébrachial
[10] ou
quand
le
patient souhaite
réduire
soit les
séquelles esthétiques
d’un
prélèvement
à
l’avant-
bras, soit le
risque
de
complication urologique
et se
limiter
à
la
pose
d’implants péniens.
L
’expansion
de la
microchirurgie amena une nouvelle
ère.
Le
lambeau radial
[11–14] est
une technique
fiable
permettant d’uriner
debout
et de
restituer
des
sensations érogènes.
Grâce à ses
facul-
tés de
modelage,
il est facile de
réaliser
des
tubes concentriques
et
d’obtenir un aspect esthétique ressemblant
à
une
verge. Le
bran-
chement artériel peut
se faire sur
l’artère fémorale
ou sur
l’artère
épigastrique.
La
possibilité
de
réinnerver
le
lambeau
est
un atout
également pour
la
protection
des
implants péniens.
Pour
pal-
lier au
problème
de la
brièveté
de
l’urètre natif, l’allongement
peut
se faire par
un lambeau vaginal
[15] ou
un lambeau de
petites
lèvres [16] . Le
branchement
d’un nerf
cutané
de
l’avant-
bras sur
un
nerf du
clitoris
et
l’enfouissement
de
celui-ci
à
la
base du
lambeau
[17] est
une amélioration susceptible
de
créer
des
sensations érogènes.
Les
complications
en
particulier urolo-
giques
(de 25 à 60 %) [18]
sont néanmoins une limitation
de
cette
procédure.
Dans
l’optique
de
minimiser
les
séquelles
du site
donneur, les
lambeaux fibulaires ont
été
décrits
[19, 20] .
L’urétroplastie
est
diffi-
cile et
l’incorporation
de la
fibula comme implant pénien amène
plus
d’inconvénients
que
d’avantages.
En
marge
des
techniques
de
phallopoïèse,
la
métoïdioplastie a
une
place à
part. Cette technique
est
possible pour
les
patients
chez qui
l’hormonothérapie
a
stimulé
la
croissance
du
clito-
ris
suffisamment pour
que
celui-ci ressemble
à
un petit pénis.
L
’inter
vention
qui
peut
être
réalisée
en
une
ou
deux étapes
[21,
22]
consiste
à
allonger
le
clitoris
en
libérant
ses
ligaments
ventraux, et
à
confectionner une urétroplastie
au
moyen
de
lambeaux
de
lèvre
et de
muqueuse vaginale,
ce qui
permet
au
patient
de
pouvoir
uriner debout.
!
!
•
Critères
d’éligibilité
!
La
chirurgie
de
réassignation génitale
est
effectuée dans le
cadre
d’un
protocole multidisciplinaire associant psychiatres,
psychologues, endocrinologues
et
chirurgiens.
Ce
protocole
comprend
en
particulier une période d’évaluation psychiatrique
de 2 ans en
situation
de vie réelle, puis
une hormonothérapie
pendant
1 an. À l’issue de
cette période,
la
chirurgie
de
trans-
formation
est
décidée
en
réunion
de
concertation multidiscipli-
naire.
Les
critères d’éligibilité pour
la
chirurgie
de
transformation
génitale sont, selon
la
World Professional Association
for
T
rans-
gender Health
(WPATH)
:
• une dysphorie
de
genre persistante
et
bien documentée ;
•
la
capacité pour
la
personne concernée,
après
information
complète,
de
prendre une décision
et de
consentir
au
traite-
ment ;
•
avoir l’âge de la
majorité
légale
;
• un bon contrôle
des
éventuels problèmes médicaux associés,
somatiques
ou
psychiques ;
•
en
l’absence
de
contre-indication,
d’être
depuis
12 mois
consé-
cutifs sous
hormonothérapie appropriée
au sexe
désiré, dans le
but
d’entraîner un blocage hormonal réversible
des
hormones
du sexe
d’origine.
La
première étape chirurgicale
est la
mastectomie,
qui
est
demandée
en
tout premier
lieu par les
patients.
L’idéal
est
d’y
associer dans
le
même temps opératoire l’hystérectomie
et
l’annexectomie,
qui
sont réalisées
sous
cœlioscopie
par le
chirur-
gien
urologue. Quant
à la
phallopoïèse,
elle n’est pas
demandée
systématiquement
par les
patients,
qui en
connaissent bien les
difficultés,
les
risques
et les
insuffisances.
!
!
•
T
echnique
chirurgicale
de la
phallopoïèse
!
Objectifs
!
L’objectif
est de créer
une
verge
esthétique
et
fonctionnelle,
minimisant
les
complications
et
permettant d’uriner debout
tout
en
camouflant
la
zone cicatricielle
[23] . Dans l’idéal, la
phallo-
poïèse devrait
avoir
une
taille
adéquate
et être
dépourvue de
pilosité pour
avoir
un aspect
le plus
proche d’une
verge
nor-
male,
et être
suffisamment
rigide
pour permettre
les
rapports
sexuels
par
l’insertion d’une prothèse pénienne.
Le site
donneur
devrait pouvoir
être
camouflé
et
présenter une
faible
morbidité.
La
fonction urinaire devrait
être
assurée
par
un néo-urètre per-
mettant d’uriner debout
et
doté
d’un
méat
situé à
l’extrémité
du
gland.
Le
nombre d’interventions devrait
être
réduit.
Malgré
les
raffinements
des
techniques chirurgicales,
il
n’existe
pas de
tech-
nique parfaite
:
chacune
a ses
avantages
et ses
inconvénients. La
technique
du
lambeau radial antébrachial
est la
technique
qui
per-
met
d’atteindre
le plus
grand nombre
de ces
objectifs
et
surtout
d’obtenir
à la fois
un aspect esthétique réaliste
ainsi que des
fonc-
tions urinaires
et
érectiles.
L
’obtention
d’une sensibilité érogène
permettant
des
orgasmes
est
aléatoire.
L
’enfouissement
du
clitoris
et la
conservation
d’un de ses nerfs
peuvent contribuer
à
atteindre
une sensibilité érogène.
Les
patients doivent
être
prévenus des