2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease
pour obtenir ses médicaments, la LVX et la KM ne lui
ont pas été servies. Elle a donc commencé à prendre
l’EMB, la PZA et l’ETH dans la collectivité en béné -
ciant du seul soutien de sa mère, sans guide du traite-
ment et sans traitement directement observé (TDO).
Elle vivait à domicile avec ses jeunes enfants qui, après
le dépistage initial pour la TB, avaient été considérés
comme bien portants.
Comme l’état général de la patiente continuait à se
détériorer sur le plan clinique, le personnel soignant
traitant (GJ) a tenté de la faire admettre dans un hô-
pital local sous la supervision d’un médecin expéri-
menté dans le traitement de la TB-MR en dehors du
programme national. Après 14 jours, elle a été admise
à l’hôpital. En raison des dif cultés d’approvisionne-
ment en médicament antituberculeux, la patiente n’a
été traitée pour sa TB-MR dans cet hôpital que par
l’INH, la RMP, la PZA, l’EMB, la KM et l’o oxacine.
Elle reste hospitalisée dans un état critique et sa psy-
chose continue par s’aggraver.
Les politiques administratives qui exigent la dé-
monstration d’une résistance à la fois à l’INH et à la
RMP avant la mise en route d’un traitement appro-
prié de TB-MR chez le patient, dans les conditions ac-
tuelles du programme, ont conduit à l’utilisation d’une
stratégie suboptimale de traitement. Ceci a entrainé
un risque de santé pour la patiente et la collectivité et
a violé les principes importants de santé publique.
Le cas développé ici est un exemple tragique de ce
qui peut se produire lorsque le diagnostic de la TB est
amélioré sans que ne suive l’amélioration du pro-
gramme de prise en charge de la TB-MR. Bien que ce
cas soit un des premiers de ce type à être signalé dans
la littérature, l’expérience de cette patiente est loin
d’être un cas unique. Cette patiente a eu accès à des
tests améliorés pour le diagnostic de la TB et de la
TB-MR, mais elle s’est vue refuser l’accès aux soins
appropriés au moment où le diagnostic a été posé. Le
programme de TB-MR a refusé de la soigner tant
qu’on n’avait pas démontré chez elle une résistance
également à l’INH, mais l’hôpital général a refusé de
la soigner car elle avait une résistance prouvée à la
RMP, ce qui a laissé la patiente éventuellement dans
un ou thérapeutique avec un régime suboptimal pro-
posé par le personnel soignant et un accompagnement
inadéquat du traitement en dehors des conditions du
programme.
Ce cas devrait constituer un signal d’alarme sur ce
qui risque de se produire lorsque l’amélioration du
diagnostic de la TB-MR n’est pas accompagnée par
des améliorations de la prise en charge des patients.
Le problème mérite d’être étudié systématiquement,
mais cet exemple montre bien la possibilité d’une
évolution bouleversante du problème. Si le diagnostic
moléculaire est introduit dans les contextes où un
traitement adéquat n’est pas disponible, le diagnostic
des patients sera connu mais ils n’auront aucune pos-
sibilité de recevoir le traitement optimal pour leur
maladie. Les implications cliniques sont nombreuses.
Des implications de santé publique et d’éthique sur-
viennent lorsque le diagnostic de la TB-MR n’est pas
accompagné d’une offre de traitement de la maladie,
notamment le risque de développement de souches
ultra-résistantes aux médicaments.
En se basant sur ce cas, quelques actions sont indi-
quées. Premièrement, les directeurs des programmes
de prise en charge de la TB-MR doivent être sensibili-
sés sur la signi cation d’un test positif de résistance à
la RMP par GeneXpert® MTB/RIF et dans les direc-
tives nationales et internationales il faut des positions
claires sur la signi cation d’un test positif. Deuxième-
ment et peut-être de manière plus importante, des
programmes de traitement de la TB-MR doivent être
étendus rapidement a n d’éviter les retards de mise
en route d’un traitement approprié. Finalement, il
faut veiller à fournir des régimes de traitement adé-
quat et un TDO au sein du programme à tous les pa-
tients traités pour TB-MR a n de garantir des résul-
tats couronnés de succès.
Cet exemple n’est pas un appel pour retarder les
tests moléculaires pour le diagnostic de la TB-MR.
Les méthodes de diagnostic moléculaire disponibles
actuellement pour diagnostiquer la TB et la TB-MR
constituent un complément important pour la lutte
moderne contre la TB. L’exemple de cette patiente est
présenté plutôt comme un appel urgent pour l’attri-
bution de ressources complémentaires pour les pro-
grammes de prise en charge des patients atteints de
TB-MR ainsi qu’à la mise à jour de directives natio-
nales qui permettent de garantir sa mise en œuvre.
Si ceci n’est pas réalisé, des milliers d’individus
connaîtront probablement une issue semblable à celle
du cas présenté.
G J*
J F†
*Luthando Neuropsychiatric HIV Clinic
Chris Hani Baragwanath Academic Hospital
Soweto, South Africa
†
TB Research Unit
Case Western Reserve University
Cleveland, Ohio, USA
Références
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