L’ambiance dans la salle est populaire et détendue.
Puis arrive K.
K. est noir, interprété par Alphonse Atacolodjou.
Il arrive vêtu d’un manteau et détonne
parmi tous ces spectateurs uniformisés.
Il a le livre
Le Château
de Kafka à la
main. Et aussi, une valise.
Peu à peu, les tables vont devenir décor
de cette cité imaginaire que K. raconte
lui-même.
K. va lui-même bâtir une ville verticale
faite de tables.
Cette tour de tables est peu à peu habitée
par les personnages emblématiques du
roman :
L’instituteur. Le maire. L’amante. L’ami
Barnabé. Le bureaucrate Burgel. Les
villageois.
C’est la dimension comique et dérisoire
de notre monde dont il est question pour
chacun de ces tableaux. Comme autant
de vignettes pour raconter notre société
contemporaine.
J’ai proposé à Paul Emond d’adapter
le roman non pour en restituer l’intégralité mais pour tenter d’en restituer l’incroyable
clairvoyance. Je lui ai expliqué que la mise en scène se ferait à vue.
C’est-à-dire que K. se met en scène lui-même, il adapte sa propre n, sa propre
impuissance, il est acteur d’un monde qui le rejette et dont il est incapable de s’extraire.
La scénographie faite des tables du repas a pour moi une forte fonction symbolique.
K tente de comprendre qui de nous l’a invité à un repas-spectacle dont il est exclu avant
même d’y gouter.
Seules les femmes l’aident, l’aiment, l’accompagnent. Je voulais parler encore et toujours
de cette formidable force que représente le désir érotique de l’altérité.»
Bruno Thircuir
crédit photo : Jessica Calvo
note d’ intention de bruno thircuir [suite]
mise en scène de
Nous sommes tous des K.