Mise en scène Bruno Thircuir
TEXTE PAUL EMOND
Nous sommes
En collaboration avec la Palme rouge/ Centre artisttik Africa (Bénin) / la Fabrique de theatre / les Chercheuses
d’or (Belgique). Coproduction La Fabrique de Théâtre de Frameries, Le Grand Angle scène Rhône Alpes de Voiron,
Le Théâtre Renoir de Cran-Gevrier, Le Théâtre Jean Vilar de Bourgoin-Jallieu, l’Heure Bleue de Saint Martin
d’Hères. Subventionné par le Ministère de la Culture, la CITF, la DRAC Rhône Alpes, la Région Rhône-Alpes
dans le cadre de l’Appel à Projets Spectacle Vivant, les départements de Haute-Savoie et de l’Isère, les villes de
Grenoble, Saint Martin d’Hères, Voiron, Cran-Gevrier, la SPEDIDAM.
des K
tous
creation de la Fabrique des petites utopies (France)
Nous sommes tous des K.
Bouffe-théâtre d’après
Le Château
de Kafka
En salle, sous chapiteau, ou en plein air
D’après le roman
Le Château
de Franz Kafka // Texte Paul Emond
Mise en scène Bruno Thircuir
Conseiller dramaturgique Michel Tanner
Assistante à la mise en scène Charlotte Meurisse
Scénographie François Gourgues
Avec Alphonse Atacolodjou, Anne-Claire Brelle, Suzanne Emond, Isabelle Gourgues, Jean-Luc Moisson
Création musicale Francis Mimoun
Masques et accessoires Catherine Réau, Solene Junique
le public attablé sous chapiteau au cours de la générale
photo Guy Delahaye
Note d’ iNteNtioN de Bruno Thircuir
mise en scène de
Nous sommes tous des K.
«J’ai pensé un spectacle-auberge.
Un spectacle qui se construit au milieu des spectateurs.
Nous avons construit des tables, huit, une vingtaine de convives par tablée.
Elles sont couvertes de pichets d’eau, de pichets de vins.
Avant de s’installer, chaque spectateur (200) a reçu un costume en fonction de sa classe.
Il est invité à se masquer. Durant ces brefs préparatifs, chacun reçoit un numéro qui correspond
à une classe. Première classe, les nantis; deuxième classe, la classe moyenne; troisième classe,
les prolos. Evidemment, les couples, amis, enfants, sont séparés.
Tous attentent le repas prévu dans ce repas-spectacle.
Assiettes, couverts, verres, tout est prévu en fonction de la classe des spectateurs.
Plusieurs serveuses passent et offrent un verre de vin, rouge. Pour la Première classe, bien sûr.
Les spectateurs mangent.
“Philip Roth rêve d’un lm tourné d’après
Le Château
: il voit Groucho Marx dans
le rôle de l’arpenteur K. Oui, il a tout à fait raison : le comique est inséparable de
l’essence même du kafkaïen. (Milan Kundera,
L’art du roman
, Gallimard)
Croquis de François Gourgues
L’ambiance dans la salle est populaire et détendue.
Puis arrive K. K. est noir, interprété par Alphonse Atacolodjou.
Il est arrivé vêtu d’un manteau et détonne parmi tous ces spectateurs uniformisés.
Il a le livre
Le Château
de Kafka à la main. Et aussi, une valise.
Peu à peu, les tables vont devenir décor de cette cité imaginaire que K. raconte lui-même. K.
va lui-même bâtir une ville verticale faite de tables.
Cette tour de tables est peu à peu habitée par les personnages emblématiques du roman :
L’instituteur. Le maire. L’amante. L’ami Barnabé. Le bureaucrate Burgel. Les villageois.
C’est la dimension comique et dérisoire de notre monde dont il est question pour chacun de ces
tableaux. Comme autant de vignettes pour raconter notre société contemporaine.
J’ai proposé à Paul Emond d’adapter le roman non pour en restituer l’intégralité mais pour tenter
d’en restituer l’incroyable clairvoyance. Je lui ai expliqué que la mise en scène se ferait à vue.
C’est-à-dire que K. se met en scène lui-même, il adapte sa propre n, sa propre impuissance,
il est acteur d’un monde qui le rejette et dont il est incapable de s’extraire.
La scénographie faite des tables du repas a pour moi une forte fonction symbolique. K tente de
comprendre qui de nous l’a invité à un repas-spectacle dont il est exclu avant même d’y gouter.
Seules les femmes l’aident, l’aiment, l’accompagnent. Je voulais parler encore et toujours de
cette formidable force que représente le désir érotique de l’altérité.» Bruno Thircuir
Alphonse Atacolodjou et Jean-Luc Moisson
Note d’ iNteNtioN de Bruno Thircuir [suite]
mise en scène de
Nous sommes tous des K.
«J’ai lire
Le Château
au moins une
dizaine de fois. J’adore son côté drôle
et cruel, son regard impitoyable sur ce
qu’est, au fond, notre société, celle du
temps de Kafka mais, plus encore et de
façon prémonitoire, celle d’aujourd’hui,
celle d’une Europe frileusement
agrippée à son château administratif
: que personne n’entre; ou, si on vous
laisse entrer, soyez sûr qu’on vous aura
à l’œil, permis de séjour à renouveler,
tracasseries permanentes, dehors si vous
ne justiez pas d’un boulot ou si vous ne
marchez pas comme on vous ordonne de
marcher.
Bref, l’histoire de K. se passe ici et
maintenant. Surtout quand Bruno
Thircuir décide de la montrer au théâtre
avec Alphonse Atacolodjou dans le rôle
du personnage.
Il me semble aussi que cette histoire est
écrite comme un grand rêve –
on n’arrête pas de dormir dans le roman:
K. rêve qu’il parvient dans une étrange
société, un village minutieusement
régi par les fonctionnaires du château
qui le domine (mais avec combien de
failles et de contradictions, à force
de multiplier les strates de cette
gigantesque administration !) ; comme
dans les rêves, tout ce qui s’y produit
est drôle, burlesque, invraisemblable;
pire, tout tourne vite au cauchemar : on
ne veut pas de K., la place qu’on lui a
promise n’existe pas, il ne rencontre que
des fonctionnaires sans pouvoir véritable
(pour le coup, le «kafkaïen» brille de
tous ses feux) toujours comme dans nos
ves les plus absurdes, lui-même s’ingénie
à tout faire pour que ses tentatives soient
vouées à l’échec ; il bénécie pourtant de la
bienveillance de quelques-uns, des femmes
surtout, mais nit par s’attirer les reproches
de chacune d’elles ; il tombe même sur un
fonctionnaire qui veut l’aider mais s’endort
au moment précis il devrait saisir la
balle au bond ; il se montre arrogant ; il est
à chaque fois au mauvais endroit...
L’adaptation du château par paul emond
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