Transmission nosocomiale du VHB chez des transplantés cardiaques Revue critique de l'actualité scientifique internationale sur le VIH et les virus des hépatites n°73 - avril 1999 VHB - EPIDEMIOLOGIE Transmission nosocomiale du VHB chez des transplantés cardiaques Elisabeth Bouvet Unité de médecine infectieuse, Groupe hospitalier Bichat-Claude-Bernard (Paris) Transmission nosocomiale du virus de l’hépatite B associée au cathétérisme veineux chez des transplantés cardiaques Rosenheim M., Astagneau P., Dorent R., Lunel F., Stuyver L., Golliot, Delcourt A., Cadranel J.-F., Brucker G., Gandbakhch I., Huraux J.M. BEH, 1997, 45, 201/203 L'étude des causes expliquant le taux de prévalence élevé de l'antigène HBs chez les transplantés cardiaques d'un hôpital parisien entre 1984 et 1994 a entraîné la mise en place de mesures qui ont permis de mettre fin à cette épidémie. http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/73_1063.htm (1 sur 3) [23/06/2003 14:42:51] Transmission nosocomiale du VHB chez des transplantés cardiaques La transmission par voie sanguine du VHB est bien connue. Cependant, en général, cette transmission s’effectue lors d’une exposition au sang par l’intermédiaire d’un matériel souillé ou directement après contact avec le sang d’une personne virémique pour le VHB. Ce mode d’exposition explique la plupart des contaminations du personnel soignant, ainsi que les transmissions soignantssoignés. Le risque de transmission d’un patient à un autre est théoriquement possible par le partage de matériel invasif mal ou non stérilisé. La génération de l’usage unique a largement contribué à réduire le risque de transmission du VHB de patient à patient. Cependant, dans les structures de soins en France, la fréquence de ce risque, considéré comme très faible, n’a pas été évaluée ni documentée. La découverte d’un taux de prévalence élevé de l’antigène HBs chez les transplantés cardiaques de l’hôpital de la PitiéSalpétrière a conduit à la réalisation d’une très importante et prolongée enquête épidémiologique et virologique qui a démontré la transmission du virus VHB à plusieurs patients à partir d’autres patients. Pendant la période juillet 1984-mai 1994, 770 transplantations cardiaques ont été effectuées et 86 transplantés sont devenus porteurs de l’antigène HBs après la transplantation, soit une densité d’incidence globale de 3,45 infections à VHB pour 100 transplantations cardiaques/année. 90% des acquisitions de l’antigène HbS se sont produites après le 217e jour suivant la transplantation. L’étude virologique des souches a identifié 8 groupes différents de virus. Parmi ceux-ci, il a été possible de reconstituer la transmission de 2 groupes distincts à partir d’un porteur prétransplantation. L’hypothèse d’une transmission à partir d’un membre du personnel a été écartée ainsi qu’une transmission transfusionnelle ou à partir du greffon. L’analyse cas-témoin a montré que le risque d’acquérir le VHB augmentait avec le nombre de sujets porteurs ayant partagé la même séance de biopsie endomyocardique par voie endovasculaire (BEV) et avec le nombre de BEV après un porteur de l’antigène HbS. Il est donc apparu que les séances de BEV pouvaient être responsables de la transmission du VHB d’un patient à l’autre. Le matériel utilisé lors des http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/73_1063.htm (2 sur 3) [23/06/2003 14:42:51] Transmission nosocomiale du VHB chez des transplantés cardiaques biopsies était réutilisable avant 1991 et a été remplacé par du matériel à usage unique à cette date sans supprimer les cas d’acquisition. L’audit des pratiques a montré qu’il n’y avait aucun partage de matériel entre les patients subissant une BEV le même jour (gants des opérateurs, champs stériles, matériel invasif, solutions d’anesthésiques ou héparine). Cependant, les seringues remplies du sang du patient en examen étaient purgées dans la pièce où avaient été préalablement ouverts les emballages de matériel à BEV du malade suivant. Il est donc possible que des aérosols de sang éventuellement porteurs du VHB aient pu contaminer le matériel invasif destiné au malade suivant. La mise en place de mesures destinées à réduire le risque d’aérosolisation et surtout l’ouverture plus tardive des emballages du matériel pour BEV a coïncidé avec la fin de l’épidémie, confirmant l’hypothèse déjà émise. La possibilité de la transmission du VHB par l’intermédiaire de gouttelettes de sang a été déjà évoquée par Dreschler et caractérise la forte transmissibilité du VHB (1). Celle-ci suppose une densité virale dans le sang très élevée, ce qui est le cas de la plupart des infections chroniques à VHB particulièrement chez les immunodéprimés, comme les transplantés cardiaques. De plus, chez les sujets exposés, l’immunodépression peut aussi faciliter la transmission en empêchant l’immunisation post-vaccinale et en augmentant la réceptivité. Cette épidémie qui s’est déroulée sur plusieurs années dans un contexte très particulier où s’associaient des gestes invasifs, un mécanisme d’aérosolisation et l’immunodépression illustre bien certains modes de transmission interhumaine des virus et pourrait conduire à réexaminer les conditions de réalisation des gestes invasifs vasculaires et cardiaques. - Elisabeth Bouvet 1 - Drescher JF, Wagner D, Haverich A et al. " Nosocomial hepatitis B virus infections in cardiac recipients transmitted during transvenous endomyocardial biopsy " J Hosp Infect, 1994, 26, 81-92 http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/73_1063.htm (3 sur 3) [23/06/2003 14:42:51]