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Avantages et inconvénients du focus group en recherche qualitative en
médecine générale
Les avantages
Les Médecins Généralistes (MG) ayant participé à l'expérimentation ont trouvé que le focus
group avait produit en peu de temps une grande quantité d'informations, et cela à plusieurs
niveaux. Ils ont apprécié le récit de la consultation du jeune consommateur notamment les
questions de précisions qui ont permis au groupe d’entrer dans le détail de son histoire
personnelle, familiale et médicale. Des interviewés ont été intéressés par la façon du MG
"racontant" d’aborder les problèmes que lui posait l’accompagnement de jeunes
consommateurs de cannabis.
Les MG ont été impressionnés par la quantité d’informations recueillies sur le patient et sur la
pratique du médecin. Pour eux, cela a invité les participants confrontés à des situations
analogues à exposer leurs préoccupations et à en discuter. Pour tous, le principal avantage du
focus group a été la production d’informations sur le vécu des situations, sur les opinions et
sentiments des participants. Ils l’ont ressenti porteur d’une certaine intensité émotionnelle.
Cette expérience leur a paru stimulante et proche de leurs pratiques de MG qui rencontre
l’intimité du vécu des patients et de leur famille. « C'était la première fois que je voyais en
réalité un focus group. J'avais déjà pas mal lu dessus, mais je n'en avais jamais vu en vrai. Et
j'avais trouvé que c'était impressionnant ce que ça pouvait apporter en information en peu de
temps ». « Peut-être que parfois on ne se rend pas compte qu’il y a des thèmes qui peuvent
réveiller des choses compliquées. Et c’est justement l’intérêt de notre travail ; c’est d’avoir
permis de voir qu’il y avait des difficultés soulevées auxquelles on ne pense pas forcément. Ce
sont des thèmes dans des choses sensibles, chargés émotionnellement. »
Les MG ont souligné que les entretiens de groupe leur avaient permis d’envisager la vie du
patient sous un angle plus large, dans toutes ses composantes, y compris les plus cachées. La
pratique du généraliste leur est apparue dans toute sa complexité. Ils ont exprimé leur
difficulté à adapter les recommandations scientifiques à la réalité humaine. "Mieux
comprendre la personne du patient et son environnement, comprendre ce qui se passe dans sa
tête et quelle est sa propre démarche. Conjuguer le scientifique et l'humain. Améliorer le côté
relation et discussion avec le patient".
Les inconvénients
Si les participants interrogés ont été unanimes pour reconnaître l'efficacité du focus group
comme méthode d’enquête, ils ont été en revanche plus réservés sur sa mise en œuvre. Les
principaux obstacles cités étaient la difficulté matérielle de réunir des personnes d’horizons
différents et la nécessité pour l’animateur d’être compétent en animation de groupe.
Il leur a paru impératif que l’animateur soit neutre par rapport aux participants, pour pouvoir
entendre plus facilement les différents points de vue et ne pas influencer leurs propos. Selon
eux, les thèmes abordés pouvaient réveiller certaines fragilités chez le chercheur,
particulièrement si c’était un interne. Il pouvait se laisser envahir par les représentations des
interviewés. L’interne devait être solidement encadré par son directeur de thèse qui devait
porter une responsabilité morale et scientifique dans cette intervention. Il a paru difficile aux
généralistes enseignants de faire animer des focus group par des internes. "Le focus group a
été un des temps forts de nos rencontres. En direct, les gens se sont rendu compte de la
méthode et de son apport incroyable. Mais après, savoir le faire soi-même, ce n'est pas aussi
simple que ça en a l'air. Le rôle de l'animateur est important; on ne peut pas larguer un
interne comme cela. C'est casse gueule de se retrouver avec 8 patients ou 8 généralistes... il y
a risque d'exploser en vol !"
Ils ont souligné le risque de soulever des problématiques complexes pouvant mettre en
difficulté les participants au focus group et l’animateur dans la gestion du groupe. Ils ont
analysé que derrière la demande de soin, c'était la vie du patient et la complexité de l'humain
qui se révélait. Traiter des thèmes lourds leur a paru difficile mais nécessaire car c’était
justement dans ces domaines que le médecin avait besoin de connaissances et de
compréhension. Le savoir-faire de l’animateur leur a paru impératif dans ces cas-là.«Ce sont
des thèmes qu’il faut aborder car justement ils pèsent sur nos consciences et nos sensibilités.»
Certains participants se sont déclarés gênés par le trop plein d'informations. Donner du sens
au matériel récolté demandait une bonne connaissance des méthodes d’analyse. Ils se sont
interrogés sur le côté presque « élitiste » d’une recherche qualitative qui ne se satisferait que
de curiosité ou de plaisir intellectuel. Pour eux l’utilité pratique de sa recherche devrait
presque être une motivation première pour le chercheur qualitatif en MG.
Extrait de Recherche qualitative en médecine générale : expérimenter le focus group
Qualitative research in general practice: focus group testing.Laurent Marty, Philippe Vorilhon, Hélène
Vaillant-Roussel , Pierre Bernard, Clémentine Raineau, Benoît Cambon. exercer la revue française de médecine
générale (Volume 22 N° 98)
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