Les inconvénients
Si les participants interrogés ont été unanimes pour reconnaître l'efficacité du focus group
comme méthode d’enquête, ils ont été en revanche plus réservés sur sa mise en œuvre. Les
principaux obstacles cités étaient la difficulté matérielle de réunir des personnes d’horizons
différents et la nécessité pour l’animateur d’être compétent en animation de groupe.
Il leur a paru impératif que l’animateur soit neutre par rapport aux participants, pour pouvoir
entendre plus facilement les différents points de vue et ne pas influencer leurs propos. Selon
eux, les thèmes abordés pouvaient réveiller certaines fragilités chez le chercheur,
particulièrement si c’était un interne. Il pouvait se laisser envahir par les représentations des
interviewés. L’interne devait être solidement encadré par son directeur de thèse qui devait
porter une responsabilité morale et scientifique dans cette intervention. Il a paru difficile aux
généralistes enseignants de faire animer des focus group par des internes. "Le focus group a
été un des temps forts de nos rencontres. En direct, les gens se sont rendu compte de la
méthode et de son apport incroyable. Mais après, savoir le faire soi-même, ce n'est pas aussi
simple que ça en a l'air. Le rôle de l'animateur est important; on ne peut pas larguer un
interne comme cela. C'est casse gueule de se retrouver avec 8 patients ou 8 généralistes... il y
a risque d'exploser en vol !"
Ils ont souligné le risque de soulever des problématiques complexes pouvant mettre en
difficulté les participants au focus group et l’animateur dans la gestion du groupe. Ils ont
analysé que derrière la demande de soin, c'était la vie du patient et la complexité de l'humain
qui se révélait. Traiter des thèmes lourds leur a paru difficile mais nécessaire car c’était
justement dans ces domaines que le médecin avait besoin de connaissances et de
compréhension. Le savoir-faire de l’animateur leur a paru impératif dans ces cas-là.«Ce sont
des thèmes qu’il faut aborder car justement ils pèsent sur nos consciences et nos sensibilités.»
Certains participants se sont déclarés gênés par le trop plein d'informations. Donner du sens
au matériel récolté demandait une bonne connaissance des méthodes d’analyse. Ils se sont
interrogés sur le côté presque « élitiste » d’une recherche qualitative qui ne se satisferait que
de curiosité ou de plaisir intellectuel. Pour eux l’utilité pratique de sa recherche devrait
presque être une motivation première pour le chercheur qualitatif en MG.
Extrait de Recherche qualitative en médecine générale : expérimenter le focus group
Qualitative research in general practice: focus group testing.Laurent Marty, Philippe Vorilhon, Hélène
Vaillant-Roussel , Pierre Bernard, Clémentine Raineau, Benoît Cambon. exercer la revue française de médecine
générale (Volume 22 N° 98)