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Rédaction © Ghislain Abraham intervenant pédagogique Orchestre National de Lille
Crédits Photos Yann Robin © Jean Radel / Un Mandarin, peinture sur tissu d'origine chinoise, 19ème siècle D.R. /
Photo du jeune Bartók (9 septembre 1899) D.R.
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Orchestre National de Lille Place Mendès France, Lille (licence n°2-1083849)
Association subventionnée par le Conseil régional des Hauts-de-France, le Ministère de la Culture et de la Communication,
la Métropole Européenne de Lille et la Ville de Lille
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ZOOM
RÉVOLUTIONS
JEU 13 OCT. 20h / Lille, Auditorium du Nouveau Siècle
& à Hazebrouck le 14 OCT. 20h30 et à Valenciennes le 15 OCT. 20h
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BEETHOVEN Leonore III
ROBIN Concerto pour violoncelle et orchestre (création / commande de l'O.N.L)
WAGNER Siegfried Idyll, version orchestre
BARTÓK Le Mandarin merveilleux, suite d'orchestre
Direction Peter Rundel
Violoncelle Éric-Maria Couturier
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AUTOUR DU CONCERT
LEÇON DE MUSIQUE “Concerto : jouer ensemble, jouer contre, une petite histoire du concerto”
Avec Yann Robin, compositeur en résidence
Jeu 13 Oct. 19h (Entrée libre muni d’un billet)
CONCERT FLASH 12H30 avec l’Orchestre National de Lille - Direction David Reiland
Le Mandarin merveilleux" / Wagner • Bartók
Mar 18 Oct. 12h30 (De 5 à 10 €)
RETROUVEZ LES COMPOSITEURS TOUT AU LONG DE LA SAISON
BEETHOVEN
CYCLE BEETHOVEN Jeu. 12 Janv. 20h concert 1 et Ven. 13 Janv. 20h concert 2
POÈME DE L’EXTASE (avec au programme le Triple Concerto) Jeu. 19 Janv. et Ven. 20 Janv. 20h
ROBIN
FLASH 12H30 ‘D’UN COMPOSITEUR À L’AUTRE’ Vend. 3 Mars
ENFER ET PARADIS Sam. 1er Juil. 18h30
Concert soutenu par Musique Nouvelle en Liberté
onlille.com
+33 (0)3 20 12 82 40
La musique de Yann Robin
Éloge de la saturation
Yann Robin, compositeur français en 1974, se
définit comme appartenant au courant dit
'saturationniste' dont font également partie Raphaël
Cendo et Franck Bedrossian. Ces compositeurs, dans
le sillage tracé par Pierre Boulez et Karl-Heinz
Stockhausen, s'intéressent au phénomène sonore, à
la fois instrumental et électronique, dans toutes ses
composantes. Au-delà de tout concept mélodique et
harmonique, c'est le son dans son ensemble qui est
pris comme un matériau brut à travailler. Il devient alors transmetteur d'émotions mais aussi
de sensations physiques. Une conception radicale, aux antipodes donc du « beau son »
romantique, contenu dans un carcan de règles d'interprétation que l'on enseigne dans les
Conservatoires. Pour Yann Robin, les possibilités sonores de l'instrument sont infinies, tous
les sons possibles avec l'instrument même les sonorités 'impures' (bruits parasites de
l'anche*, bruit du clétage de la clarinette, souffles, sons multiphoniques*, claquements
percussifs de l'archet sur le chevalet*, bruits de frottements divers sur les cordes...)
deviennent des pistes potentiellement intéressantes à intégrer dans une composition. Yann
Robin explore les limites de ces techniques instrumentales contemporaines en les poussant
à l'extrême. « En repoussant les limites instrumentales, on repousse les barrières de
l'imaginaire. » ajoute-t-il. Chaque performance devenant ainsi une épreuve physique pour
l'instrumentiste.
Depuis plusieurs années déjà, ce compositeur comme d'autres de sa génération se
concentre sur la saturation du son. La saturation est un phénomène sonore développé dans
la musique rock des années 1960 (Jimi Hendrix, Led Zeppelin) qui est apparu avec
l'émergence des musiques amplifiées. Ces nouvelles possibilités sonores ont intéressé de
nombreux groupes plus expérimentaux : Pink Floyd, Nirvana, Sigur Rós... Il consiste à
utiliser un spectre* sonore saturé c'est à dire dont toutes les fréquences sonnent en même
temps. Ceci crée un son riche et complexe, brut, parfois agressif, au cœur duquel notre
oreille effectue un tri entre tous les sons et tente de déceler une mélodie ou une harmonie.
Cette dernière décennie a vu de jeunes compositeurs s'intéresser de plus en plus à la
saturation avec à l'esprit cette simple question : jusqu'où un instrument acoustique peut-il
aller dans la saturation ? Ces techniques sont désormais entrées dans les mœurs des
compositeurs et contribuent au développement de leur imaginaire sonore.
Yann Robin a vu nombre de ses pièces créées par L'Ensemble Inter Contemporain (EIC) et
a su tisser des liens forts avec les musiciens d'élite de cet orchestre. C'est donc assez
naturellement qu'il confie la création de son Concerto pour violoncelle et orchestre à
Eric-Maria Couturier, soliste de l'EIC aux talents musicaux exceptionnels.
EN BREF
Titre : Concerto pour violoncelle et orchestre
Compositeur : Yann Robin, né en 1974, français
Date de création : 13 octobre 2016, Lille
Genre : concerto avec orchestre
Durée : 20’
Le Mandarin Merveilleux
Une musique d’enfer !
Dans un courrier à Marta Ziegler (sa
première épouse), Béla Bartók écrit : « je
réfléchis déjà au Mandarin ; ce sera une
musique d’enfer, si j’y arrive ». Tout
comme son premier ballet Le Prince de
bois terminé en 1917 et qui fut le premier
succès populaire de Bartók, Le Mandarin
merveilleux, compo entre 1918 et 1919
nécessita de nombreuses répétitions
d’orchestre pour préparer au mieux cette
création. Il est vrai que la complexité des
traits individuels y est assez redoutable, la
mise en place également. L'orchestration*
fut gèrement modifiée en 1924. Dès la Première, le 27 novembre 1926 à Cologne (en
présence du maire, Conrad Adenauer, qui fut particulièrement consterné), le scandale éclata
en raison de l’immoralité de l’argument du dramaturge hongrois Menyhert Lengyel.
L’histoire se passe dans une maison étrange et lugubre dans laquelle sont cachés trois
bandits de grand chemin. Ils obligent une prostituée à faire entrer des clients qui sont
sauvagement assassinés pour être dévalisés. L’un des clients, un riche chinois, va donner
du fil à retordre aux trois voyous car il est galvanisé par son désir pour la jeune femme. Ils
finiront par le blesser mortellement avant de s’enfuir. La prostituée qui dans un premier
temps s'y refusait est prise de pitié pour le Mandarin et finit par se donner à lui. Il meurt dans
ses bras après l’étreinte…
Le ballet sulfureux fut peu joué. L’excellente musique de Bartók en revanche est au
répertoire de tous les grands orchestres. La suite de concert reprend la musique du ballet
mais dans une version abrégée. On retrouve dans cette musique une âpreté et une
‘sauvagerie’ rythmique et de timbres* communes à d’autres pièces de cette époque :
Petrouchka (1911), le Sacre du Printemps (1913) et l’Histoire du Soldat (1917) de
Stravinsky, la Suite Scythe de Prokofiev (1916) voir aussi les Choéphores de Milhaud
(1915).
La musique se veut descriptive. Sans aucune préparation, l’auditeur est plongé dans le
« vacarme terrifiant » d’une ville moderne où tout va vite : gammes très rapides et répétitives
des cordes, accents rythmiques des vents* et du xylophone. Bartók nous amène
progressivement vers les faubourgs mal famés de la ville où va se situer l’action du drame. Il
annonce ensuite le thème de la fille, solo langoureux et sinueux de clarinette qui reviendra
de manière récurrente entre les interventions des divers personnages. L’ambiance reste
tendue malgré les glissandi* sarcastiques de trombones. Le premier client est un « vieux
beau » évoqué par une danse comique, bancale, donnée par le cor anglais* et le hautbois.
C’est au tour du deuxième client, un jeune homme timide : thème hésitant au hautbois, cor
anglais et basson dans l’aigu. L’arrivée du Mandarin (personnage fantastique ?) est
annoncée par des scintillements (triangle, célesta*) et des sonorités fantomatiques
(arabesques de piano, glissandi de harpe).
L'instrumentation* est très imposante : on peut parler ici 'd'hyperorchestre' avec pas moins
de 60 musiciens de la famille des cordes, 25 instruments à vent et 4 percussionnistes
auxquels s'ajoutent le célesta*, la harpe et le piano soit 95 musiciens.
EN BREF
Titre : Le Mandarin Merveilleux, op.19
Compositeur : Béla Bartók (1881-1945), hongrois
Date de création : 1928, Budapest
Genre : suite d’orchestre d’après un ballet
Durée : 18’
Béla Bartók
Une vie de recherches musicales
en Hongrie en 1881, Béla Bartók est avant tout un excellent
pianiste. Il enseigne à partir de 1907 à l'Académie royale de
Budapest. Il y rencontre un autre grand compositeur hongrois,
Zoltan Kodaly et tous deux collaborent dans des recherches
ethno-musicologiques* sur les musiques populaires d’Europe de
l’Est. Ses premières compositions orchestrales sont teintées de
l’influence de Debussy et de Richard Strauss (avec notamment
son très impressionnant Also spracht Zarathustra en 1902 à
l’écoute duquel Bartók eut une véritable révélation).
Son style « expressionniste » s’affirmera par la suite dans des
chefs-d’œuvre comme le Prince de Bois (1917), le Mandarin
merveilleux (1918) et surtout dans sa Musique pour cordes,
percussions et célesta (1936), sommet de son génie orchestral.
Béla Bartók est un bon professeur et un grand pédagogue. Pour enseigner le piano à son fils
Peter, il écrit des petits exercices progressifs pour développer l’indépendance des doigts qu’il
compilera ensuite sous la forme de cahiers d’étude qui deviendront des incontournables de
la pédagogie pianistique : les Mikrokosmos.
Avec sa deuxième épouse, Ditta Pazstory, pianiste, il fait des tournées en Europe, avec des
concerts pour deux pianos. Obligé de fuir la Hongrie nazie, le couple Bartók émigre aux
Etats-Unis en 1940. Ils ne connaîtront ni le succès ni la fortune espérés malgré le triomphe
de son Concerto pour orchestre en 1944. Bartók composera pour son épouse son troisième
et dernier Concerto pour piano et orchestre. Béla Bartók meurt à New York dans une grande
pauvreté en 1945. Son influence sur les musiciens récents des pays de l'Est (Witold
Lutoslawski, Peter Eötvös) est énorme.
Au cinéma, les compositeurs Jerry Goldsmith (Freud), Georges Delerue (L'important c'est
d'aimer, certains passages de L'été meurtrier) ou même Jean Prodromidès (le premier volet
des Histoires extraordinaires) lui doivent beaucoup.
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PETIT DICTIONNAIRE MUSICAL
(retrouvez ici tous les mots signalés*)
Anche : petite lame de roseau taillé très fin qui vibre sous le souffle du musicien. On
distingue l'anche 'simple', posée sur un bec (clarinette, saxophone) et l'anche 'double' qui
elle, est constituée de 2 lamelles posées l'une contre l'autre (hautbois, basson).
Célesta : petit instrument à clavier dont les marteaux frappent des lames de métal.
Chevalet : sur un instrument à cordes frottées, pièce en bois en forme de pont qui soutient
les cordes et transmet leur vibration à la table d'harmonie de l'instrument.
Cor anglais : instrument de la famille des bois, à anche double. « Grand frère » du hautbois,
il sonne légèrement plus grave et avec une sonorité plus voilée que celui-ci.
Ethnomusicologie : spécialité de la musicologie consistant à étudier et à répertorier les
musiques traditionnelles jouées par des ethnies ou des villageois.
Glissandi : technique instrumentale dans laquelle on joue des gammes « en glissant » c'est-
à-dire en passant très vite d'une note à l'autre sans s'attarder sur chaque hauteur précise.
Instrumentation : étape dans la composition musicale consistant à choisir les différents
instruments qui vont constituer l'orchestre et à répartir le matériel musical entre ces
instruments.
Multiphoniques : technique instrumentale contemporaine permettant, avec un instrument à
vent (qui en théorie n'est pas polyphonique et ne peut jouer qu'un seul son à la fois), de jouer
des superpositions de notes donnant des accords complexes aux sonorités étranges.
Orchestration : étape dans la composition d’une œuvre musicale qui consiste à confier aux
différents instruments de l’orchestre les mélodies, harmonies et rythmes. Chaque
compositeur aborde l’orchestration de manière personnelle, obtenant ainsi des couleurs
orchestrales uniques.
Sourdine : accessoire que l’on pose sur l’instrument dans le but d’assourdir le son, de le
rendre moins puissant.
Spectre sonore : ensemble des fréquences sonores (graves, médiums, aiguës) entendues
à un instant donné d'une musique par l'oreille humaine.
Timbre : il s’agit du son de l’instrument, avec les caractéristiques sonores qui lui sont
propres.
Vents (ou instruments à vent) : catégorie d’instruments de musique caractérisée par le fait
que le son est produit par le passage de l’air (le vent) dans l’instrument.
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