Les microangiopathies thrombotiques en dix questions
Proposé par Marc Buffet
le 20 Décembre 2009 à 17:28 - Mis à jour le 16 Novembre 2012 à 17:20
Quand ils sont efficaces, les échanges plasmatiques sont poursuivis jusqu’à une normalisation durable du taux de plaquettes (au moins 48
heures) puis ils sont progressivement espacés en fonction des équipes, voire parfois stoppés d’emblé. Parfois, si la maladie reste active, le taux
de plaquette baisse de nouveau et il est nécessaire de recommencer les échanges. Dans ces situations où la réponse au traitement standard
n'est pas optimale, des traitements complémentaires sont ajoutés. Le traitement le plus communément utilisé dans ce contexte (rituximab) vise
à lutter contre la production d’anticorps par le patient en détruisant transitoirement les lymphocytes B. Son utilisation se fait le plus souvent
dans le cadre de protocoles thérapeutiques et en concertation avec le centre de référence.
Chez les patients atteints de SHU, le traitement comporte maintenant des médicaments capables de bloquer les protéines du complément à
l'origine de la maladie. Récemment ont été développés des anticorps anti-C5 (eculizumab) que l’on peut proposer dans le cadre d’un protocole.
Chez les patients ayant un PTT héréditaire (et ayant donc un déficit congénital en protéine ADAMTS13), les espoirs de recherche se portent sur
la possibilité de pouvoir synthétiser la protéine absente afin de l'administrer régulièrement aux patients, ce qui pourrait remplacer très
avantageusement les perfusions de plasma.
Comment évolue la maladie?
Certains patients risquent de mourir, surtout en l’absence de reconnaissance du diagnostic ou par une prise en charge initiale inadaptée. A
l'inverse, les patients chez lesquels les échanges plasmatiques ont pu être commencés rapidement ont presque toujours survécu. Comme le
pronostic d'une MAT est difficile à établir au diagnostic, le traitement initial est toujours agressif avec les mesures de réanimation adaptées.
Les patients qui répondent au traitement guérissent habituellement complètement, mais des séquelles, comme une insuffisance rénale, peuvent
être permanente (surtout en cas de SHU). Chez certains patients, une dialyse permanente voire une greffe de rein peut être nécessaire. Les
nouveaux traitements comme en particulier ceux capables de bloquer le complément devraient limiter la survenue de ces complications.
Doit-on être surveillé longtemps?
Un suivi régulier est très important. En effet, certains patients peuvent avoir un nouvel épisode de MAT après avoir obtenu une rémission. La
plupart des rechutes surviennent la première année après l’épisode initial, mais elles peuvent également survenir plus à distance, surtout depuis
l'utilisation du rituximab.
Ces rechutes surviennent surtout chez les patients qui ont un PTT autoimmun (par production d’autoanticorps anti-ADAMTS13) ou un SHU avec
des anomalies génétiques du complément. Dans le PTT héréditaire, les rechutes sont fréquentes, surtout en l’absence de traitement par
perfusions de plasma régulières.
La surveillance des patients ayant un PTT acquis a plusieurs objectifs :
- Contrôler régulièrement l’activité de la protéine ADAMTS13 au cours du suivi, dont la baisse s'associe à un risque de rechute plus important;
- surveiller l’apparition de signes évocateurs de l’apparition d’une autre maladie autoimmune;
- pouvoir apprécier des éventuelles séquelles, en particuliers des problèmes de réinsertion professionnelle, qui est très mal connu actuellement.
Le risque de récidive d'un PTT au cours d'une grossesse est une question importante. Pour évaluer ce risque, on s'aide de l'étude d'ADAMTS13.
Le suivi de ces grossesses, encore incomplètement codifié, doit se faire en milieu spécialisé, en concertation avec le médecin référent et
l'équipe d'obstétrique, et en relation avec le centre de référence.
La surveillance des SHU atypiques les caractéristiques suivantes:
Dans le SHU atypique, la surveillance est majeure car le risque de rechute est important, avec à chaque fois une souffrance rénale menant en
général vers l’insuffisance rénale terminale. L'utilisation de bloqueurs du complément devrait limiter à l'avenir cette évolution défavorable. De
manière importante, les malades traités par bloqueurs du complément doivent aussi bénéficier d'un suivi au long cours. En effet, les effets
secondaires possibles au long cours en rapport avec ce type de médicament sont encore mal connus.
Pour les jeunes enfants qui ont eu un épisode de SHU après une diarrhée, le risque de récidive est quasi nul.
Quelles recherches sont faites en collaboration avec le centre de référence?
Nos thématiques de recherche sont les suivantes:
1. Nous cherchons à étudier l'histoire naturelle des MAT, en réalisant un suivi au long cours de tous les malades. Nous avons ainsi établi un
protocole de suivi qui est proposé à chaque patient afin de pouvoir mieux connaître ces maladies rares, en particuliers à moyen et long terme.
Ceci permettra de mieux caractériser les différents syndromes, d’apprécier s’il y a des séquelles (physiques ou psychologiques) afin de pouvoir
mettre en place des aides adaptées, de mieux connaître l’épidémiologie, avec en particuliers l’évaluation du pourcentage de patients ayant une
rechute ou chez qui apparaît une autre maladie au cours du temps. Pour ceci, avec l’accord du patient, nous restons en contact avec le médecin
référent le prenant en charge. Nous demandons à tous les patients de signer un formulaire de consentement qui nous permet de saisir les
informations les concernant et de rester en contact avec leur médecin. Nous prévoyons également de faire une étude de la « qualité de vie », à
renouveler dans le temps afin d’apprécier comment les patients vont dans la vie quotidienne.
2. Nous mettons en place un protocole ayant pour but de définir des marqueurs cliniques et biologiques qui pourraient permettre de prédire le
risque de certains patients d’évoluer défavorablement. De tels marqueurs nous inciteraient à mettre d’emblé un traitement plus intensif afin de
réduire encore plus le risque de décès au début de la prise en charge. Dans ce protocole, les patients signeront également un consentement
après informations pour nous autoriser à conserver et analyser les données les concernant et également conserver des échantillons sanguins
prélevés avant le premier échange plasmatique afin de rechercher dans le futur d’éventuels autres marqueurs biologiques qui pourraient être
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