Les régimes d`assurance collective sont-ils en péril

10 DÉCEMBRE 2009 AVANTAGES www.revueavantages.ca
Lavenir ne s’annonce pas très rose pour Les promoteurs
de gimes. Des cisions pour le moins cruciales devront être prises
quant à lavenir de leur gime dassurance collective. Ils devront
rapidement trouver des solutions novatrices afin de mieux contrôler les
coûts et ainsi continuer à offrir de telles garanties à leurs employés.
Dans la grande majori des cas, la capacité de payer des organisations
a pratiquement atteint un point de non-retour. Devant une telle
situation, que faudra-t-il faire pour assurer la pérennité des régimes ?
Les 20 dernières années ont été plutôt calmes en matière
d’innovations et de changements dans le design des régimes, mais
selon la vingtaine dexperts consuls pour cet article, il faut sattendre
à une vision en profondeur des régimes sous peu. Et ce nest pas les
pistes de solution qui manquent.
Contrôler ses coûts
Le contrôle des coûts continuera dêtre le nerf de la guerre pour les
promoteurs de régimes. « Pour certaines entreprises, les assurances
collectives représentent 8 % de leur masse salariale, ce qui est
énorme », affirme d’entrée de jeu Michèle Boisvert, chef de la
pratique assurance collective et gestion des soins de santé, Est du
Canada, pour Watson Wyatt. « Les régimes devront revenir à
lessentiel, cest-à-dire aux risques d’assurance pure, comme
lassurance-vie, lassurance-invalidité de longue durée et l’assurance-
maladie, incluant les médicaments. »
Les autres éléments, comme les soins paramédicaux notamment,
devraient être placés dans une enveloppe liée à la rémunération.
« Avec des hausses pouvant aller jusquà 15 % par année, certaines
entreprises remettront en question leur offre en assurance collective »,
lance Claude Fréchette, vice-président chez Avalon Actuaires.
C’est pourquoi plusieurs experts suggèrent doffrir certains
éléments au sein dungime flexible ou à lintérieur dun compte
de gestion san, afin de personnaliser les couvertures en fonction
des besoins spécifiques de chaque employé.
« On pourrait y retrouver des crédits en épargne-retraite ou en
gestion de la santé », explique Marie-Josée Le Blanc, conseillère
en sanet avantages sociaux et membre du partenariat national
chez Mercer. « Lemployeur deviendrait un ‘facilitateur’pour ses
employés en gociant pour eux les tarifs et en identifiant les
fournisseurs potentiels. Les employés nauraient qu’à effectuer leurs
choix en fonction de leurs valeurs et leurs besoins. »
« La formule One size fits all ne fonctionne pas », mentionne
Jacques Parent, vice-président principal, Assurance collective, à
lIndustrielle Alliance. « Pour certains aspects, il faudra offrir des
couvertures facultatives, comme cest le cas aux États-Unis, pour
lassurance contre les maladies graves, par exemple. »
Joe Dixon, vice-présidente régionale, Développement des
affaires, Est du Canada, garanties collectives pour la Financière
Sun Life, ajoute : « Puisque les employés risquent de changer
régulièrement d’employeur au cours de leur carrière, les crédits
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contenus dans les comptes de gestion santé devront inévitablement
suivre les participants, peu importe leur employeur. Ils pourront
ainsi utiliser leurs crédits lorsquils en auront réellement besoin. »
« Il sagit essentiellement dun gime CD santé où les participants
pourraient payer davantage pour certaines couvertures auxquelles
ils tiennent », résume-t-elle.
Jean Guay, premier vice-président, Assurances collectives, à la
Standard Life, continue dans le me ordre didées : « Présentement
au Québec, les crédits qui se retrouvent dans les comptes de gestion
santé doivent être pris avant une période de deux ans, sinon ils
sont perdus. Le gouvernement devra donc afficher une certaine
ouverture à cet égard. »
Christiane Bourassa, conseillère principale chez Towers Perrin,
soutient que tant que les employeurs verront les hausses en assurance
comme un facteur de coût, on navancera pas. « Il faut plutôt voir la
valeur que procurent les assurances collectives pour les employés,
dit-elle. Leur mieuxtre doit faire partie de la culture dentreprise
puisque des employés en santé auront des répercussions positives
sur la productivité et la rentabilité dune entreprise. »
« Le veloppement durable en assurance collective prendra de
limportance avec les années », indique Pierre Marion, directeur
principal, Ventes et Relations avec la clienle Croix Bleue Medavie.
« Les employeurs voudront continuer à offrir des régimes
d’assurance collective de qualité à leurs employés, mais pour cela il
faudra assurer une pérennité de ces gimes. Par conséquent, il
faudra possiblement revoir le design et le financement de certains
gimes ainsi que questionner certaines couvertures offertes. »
Le contrôle de coûts pourrait se faire naturellement au fil des ans
puisque la grande majori des baby-boomers seront à la retraite
dans une vingtaine d’années, selon Jacques bert, vice-président
chez Aon Conseil. « Le retrait des baby-boomers du marché du
travail devrait aider à réduire les coûts globaux, dautant plus que de
moins en moins dentreprises risquent d’offrir des avantages post-
retraite à leurs retraités à ce moment », évalue-t-il.
Plusieurs pensent que devant le poids des retrais à linrieur
de leur régime, certains promoteurs pourraient cesser doffrir
des néfices à ce groupe de participants. « Plusieurs promoteurs
pourraient être tens de remplacer les avantages accors à leurs
retraités par des produits individuels », évoque Jean Guay de la
Standard Life. Cela gagerait les promoteurs de gimes d’un
certain niveau de risque. »
Mieux gérer les médicaments
Les médicaments représentent les trois quarts des dépenses en
assurances collectives. Jean-Pierre Beaudet, directeur néral
gional, Garanties collectives, à la Great-West, mentionne quil ne
faut pas regarder les cts associés aux médicaments en silo, mais
bien d’évaluer les bénéfices de fon globale. « Les employeurs
offrant des séances depistage peuvent identifier les employés à
risque pour lhypertension ou le cholestérol. Ces employés
consommeront probablement davantage de médicaments, mais cela
pourrait réduire les coûts en invalidité, par exemple », précise-t-il.
Pour Christiane Bourassa de Towers Perrin, les promoteurs de
gimes et les assureurs devront être plus rigoureux dans la gestion
par Alexandre Daudelin
des médicaments, comme c’est jà le cas pour le gime
public. « Il faudra une meilleure analyse de la liste de
dicaments pour terminer lesquels devraient être couverts
ou non, en fonction du ratio coût-bénéfice », explique-t-elle.
Comme solution, Michèle Boisvert de Watson Wyatt,
suggère que les régimes privés en assurances collectives se
regroupent pour se doter dun meilleur pouvoir dachat pour les
médicaments. « Présentement, les employeurs agissent chacun
pour soi, ce qui ne les avantage pas », souligne-t-elle.
Johanne Brosseau, conseillère principale, chez Aon
Conseil, soutient que le formulaire du Québec est le plus
géreux au pays. Cela peut sexpliquer par le fait quil est plus
facile dadopter une politique dencouragement à lindustrie
pharmaceutique lorsque 50 % des coûts des médicaments sont
payés par les régimes privés, selon elle.
« Un traitement récurrent de Remodulin coûtant 350 000$
par année est réclamé par un conjoint et quon ne peut espérer
une réduction des coûts dinvalidi. t ou tard, lintroduction
de médicaments très cteux et laugmentation de la prime de
mutualisation forcera les employeurs à se pencher sur la
mission et les objectifs de leur régime ainsi que sur les règles
de cision qui devront tenir compte de leur capacifinancière
mais, également de questions morales et éthiques.»
« Il faut espérer que le ministre choisira de faire financer
ces dicaments par les établissements et non par le régime
général. Le gouvernement doit prendre en charge ces cas rares,
mais très lourds, dautant que certains médicaments lui font
économiser des coûts ailleurs dans le système », continue Mme
Brosseau.
Éric Montminy, associé chez Normandin Beaudry, croit
qu’à limage de ce que l’on peut anticiper avec le Régime
général d’assurance médicaments du Québec, on pourrait
voir un pourcentage de remboursement pouvant aller jusquà
60 % ou 50 % pour les premiers 1 000 $ par exemple, après
quoi le régime rembourserait 100 %. « Plutôt que de hausser le
niveau des franchises, ce qui serait logique, on pourrait penser
à une indexation graduelle de la coassurance. Les participants
devront éventuellement accepter une participation financière
plus grande et partiellement colée sur leur niveau d’utilisation
des régimes tout en progeant ceux dont la santé nécessite une
pense de médicaments plus élevée. Il en va de larennité
des régimes », expose-t-il.
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De son côté, Martin Papillon, associé chez Morneau Sobeco, est
persua que les coûts des médicaments se stabiliseront. « Plusieurs
brevets arriveront à échéance sous peu et aucune nouveauté nest
prévue prochainement. Il reste à voir lampleur de la consommation,
qui devrait augmenter avec le vieillissement de la population. »
Selon lui, la gestion à paliers des dicaments, qui consiste à
privilégier le traitement dusage généralement reconnu pour voir si
les conditions du patient saméliorent, pourrait savérer la solution.
Si ce nest pas le cas, le patient est dirigé vers un autre traitement.
« Pour que cela fonctionne, il faut accompagner cette solution dune
stratégie de communication efficace afin de mieux informer les
employés des médicaments disponibles. Cela ne signifie pas
nécessairement lutilisation des génériques », déclare M. Papillon.
On a remarqué peu de changements dans les gimes au
cours des 20 dernières années. Les franchises sont demeurées
sensiblement au même niveau quà la fin des années 1980. C’est
pourquoi certains proposent des changements sur le plan fiscal
pour faire bouger les choses.
Carl Laflamme, vice-président, Ventes et marketing, de SSQ
Groupe financier, est lun de ceux-là. Il est davis que le contrôle des
coûts sera influencé par léconomie et la communauté dicale,
notamment en ce qui a trait aux médicaments prescrits.
« Contrairement au reste du pays, on ne voit pas les honoraires
professionnels des pharmaciens sur notre état de compte des
médicaments au Québec. Les gens ne posent pas de questions par
ailleurs sur les médicaments prescrits par leur decin afin de voir
sil sagit du médicament approprou du plus abordable », dit-il.
Lutilisation accrue des médicaments biologiques pourrait élever
la facture des médicaments. «Il faut esrer que le mouvement de
société en faveur d’une population en santé saccentue afin de
duire les sommes présentement investies pour traiter des maladies
reliées aux habitudes de vie, comme le diabète, lhypertension et le
cholestérol, afin de financer les dicaments biologiques », dit
Johanne Brosseau dAon Conseil.
Pour sa part, Jacques Parent dIndustrielle Alliance, sinterroge :
«Jusqules promoteurs seront prêts à aller pour inclure les
médicaments biologiques dans leur régime? Leur impact sera
énorme sur le coût des régimes. La question se pose », lance-t-il.
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parer les soins
paramédicaux
Une plus saine gestion simpose aussi
du côté des soins paramédicaux pense
Pierre Marion, de Croi x Bleue Medav ie.
Il se questionne entre autres sur le besoin
pour les employeurs de débourser
pour les soins paramédicaux des
personnes à charge. « Cela est peuttre
important pour lemployeur si les soins
paramédicaux emchent lemployé de
sabsenter du travail, mais est-ce que le
même raisonnement sapplique pour les
personnes à charge ? »
Marc Filion, chef de lexploitation et directeur néral, Telus
Solutions en santé, pense pour sa part que le privé prendra
possiblement plus de place et que cela se répercutera dans les
régimes d’assurance collective. « On risque de voir une
implication accrue du privé, non pas dans la prestation des soins
cela est un enjeu de société –, mais bien dans le financement et
la mise en place de programmes visant à mieux gérer la sandes
gens de façon globale. »
Éric Montminy, de Normandin Beaudry, va un peu plus loin :
« Certains employeurs pourraient éventuellement duire certaines
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