fonctions des diverses aires sont maintenant bien connus. La neuropsychologie scientifique a
montré à travers l’analyse de cas de dysfonctionnements manifestes comment fonctionne le
cerveau normal. Sur ce sujet, Villedieu recommande d’ailleurs la lecture de l’ouvrage du
neurologue Oliver Sacks, L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, où l’auteur décrit des
cas de pathologies importantes, curieuses, qui toutes trouvent leur explication dans un
dysfonctionnement de l’organe, de la machine qu’est le cerveau. Ce qu’on aurait pu voir comme
quelque chose de surnaturel il y a 100, 200 ou 300 ans, c’est le cas de l’épilepsie notamment,
lentement la science réussit à l’expliquer. Le cerveau n’est donc plus une espèce de « boîte
noire » mystérieuse. Évidemment, beaucoup reste à faire, plusieurs questions demeurent sans
réponses, mais chaque jour, notre compréhension du cerveau s’améliore.
Le cerveau comme produit de l’évolution
Le cerveau, au départ, est un organe comme le cœur, le foie, l’intestin, qui fonctionne avec des
lois biologiques que l’on commence à comprendre. C’est un organe qui se retrouve chez tous les
animaux, dont l’humain, et qui orchestre l’ensemble des activités de l’individu à partir de ses
perceptions. Le cerveau fonctionne aussi à partir du programme génétique qui a fait qu’il se
développe. On a tous le même cerveau qui, sauf exception, a deux hémisphères reliés par le
corps calleux. Cet organe, cette machine physique et biochimique fonctionne aussi à partir de nos
expériences, de nos des apprentissages et de nos souvenirs. Il est intéressant de noter que le
cerveau, de la plus humble bestiole à la bestiole pas toujours humble qu’est l’être humain, est
globalement la même machine. Le cerveau humain et celui de la souris par exemple partagent
beaucoup de similitudes, du moins sur le plan de l’organisation.
Comment le cerveau humain a-t-il pu devenir la merveille qu’il est aujourd’hui? Pour
Villedieu, les explications sont d’ordre purement et simplement naturel. Elles s’inscrivent dans
l’immense durée qu’est l’évolution. L’émergence de ce que l’on pourrait appeler
« l’humanitude », soit ce qui nous différencie des autres animaux, se fait très lentement à la suite
de milliers et de milliers de générations d’êtres qui petit à petit changent en découvrant et en
apprenant des choses, en développant de nouvelles capacités grâce à la faculté fabuleuse du
cerveau humain d’accumuler du savoir.
Il est toutefois difficile de dater l’apparition de cette « humanitude ». Par exemple, près de
nous, il y a environ 7 millions d’années, ce qui est infime à l’échelle des 4 milliards d’années
d’existence de la vie, il y a l’homme de Toumaï dont le crâne a été découvert au Tchad en 2001.
Est-ce que Toumaï a déjà un peu d’humanité en lui? Toumaï est très proche d’un singe; il n’a pas
le langage ni la capacité de faire des outils. Il demeure néanmoins plus ou moins directement
dans notre ligne. Plus près de nous, Lucy, découverte en Éthiopie en 1974, a 3,2 millions
d’années. On pense qu’elle est bipède ou semi-bipède et qu’elle vit surtout dans les arbres, tout
en étant parfois par terre. A-t-elle de l’humain en elle, ou est-ce simplement une espèce plus