POINT
DE VUE
macron
« Un a priori plutôt favorable »
Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, pense grand bien d'Emmanuel Macron, le
démissionnaire ministre de l'Économie. Sans pour autant en faire le candidat des patrons.
Un symbole pour vous que
cette démission de Macron, le
jour d'ouverture de l'univer-
sité du Medef ?
J'en faisais un symbole. En tout
cas, ce n'est pas passé inaperçu.
Mais comme il n'est pas venu à
cette université... Il a peut-être eu
peur de ce symbole ou c'était un
peu délicat en ce sens qu'il y était
invité comme ministre.
Toute l'ascension de Macron
s'est faite à travers le patron et sur
le thème d'une reforme pour la
croissance qui concerne le
patron. Toute sa notoriété, toute
son entrée en politique est faite
sur le socle des patrons.
Et donc, que pensez-vous de
sa politique économique ?
On lui doit l'inflexion de la
politique du Président de la Répu-
blique. Elle est devenue moins
insupportable. Pour autant, on ne
peut pas parler d'une politique
économique de Macron. Parce
qu'il a essayé de faire énormé-
ment de choses et on lui a cassé
toutes ses lois... Après ça, c'est
trop facile de décrier son bilan.
Je note un a priori favorable
pour Macron...
J'ai un a priori plutôt favorable
pour Macron.
Macron candidat demain,
voteriez-vous pour lui ?
D'abord, je suis présidente d'un
mouvement patronal. Donc je ne
dirai jamais pour qui je vote.
Ensuite,
si je
sais
un peu ce
qu'il
pense économiquement, j'ignore
ses positions dans le domaine de
la sécurité, de l'international... Je
ne sais pas quels hommes vont
l'entourer?Je ne sais rien d'autre
de Macron.
Vous pensez quoi de son
successeur, Michel sapin ?
Je ne pense pas du bien de son
successeur ! M. Sapin est un
homme à convictions fluctuan-
tes. Étant avant tout, un politi-
cien qui doit faire carrière. Et c'est
lui qui a empêché que Macron
fasse du bon travail au ministère
de l'Économie. Michel Sapin nous
a déçus à chaque fois qu'il a fait
quelque chose au gouvernement.
Ne pas être politicien serait
donc un atout pour Macron ?
Macron, on l'a appelé parce
qu'il était bon ! François Hollande
l'a trouvé tellement formidable
comme conseiller qu'il l'a nommé
ministre. Aujourd'hui, on lui
reproche, à tort, d'avoir profité de
la situation. Il n'a pas pu faire ce
qu'il voulait faire. Il est parti.
Maintenant, si cela lui a donné le
goût de l'intérêt général et si cela
lui donnait le goût d'essayer de
changer les choses... De toute
façon, tous les hommes qui ont
fait de la politique, y compris les
grands hommes, ont été obligés,
à un moment ou à un autre, de
faire une rupture avec ceux avec
qui ils travaillaient. Quand on a
un destin qu'on estime national,
on ne peut pas rester l'éternel
second. L'éternel ministre.
Propos recueillis
parMalickDIA.
Sophie de Menthon, patronne
et
présidente d'Ethic.
Photo
DR