Sentiment général n°10
, par Paul SCHWOERER
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Ce document non contractuel a été réalisé à titre d’information uniquement. Il ne constitue pas une offre de vente.
structures actuelles, ce qui constituera l’effet certainement le plus marquant de la nouvelle mandature, ainsi que nous l’évoquons au cœur de
notre stratégie depuis plusieurs trimestres.
Nous pouvons être surpris de voir sous nos yeux la réalité de ce que nous annoncions depuis les élections allemandes (septembre 2013), il
n’en reste pas moins que tout cela reste normal. Évacuons les 25 % du FN (front national) qui pointent des partis traditionnels transformés en
écuries à candidats sous le prétexte de primaires démocratiques, fantasmées à l’américaine et qui en ont oublié de présenter un projet de société.
Pointons en revanche que le message est clair, les incantations ne sont rien face à l’insuffisance des résultats, l’importance de l’efficacité de
l’action, de l’emploi et une vision. Ainsi, le renouveau viendra donc en France comme en Europe de la promotion et de la réalisation de projets.
Il reste une mandature européenne pour que le projet européen reste un projet français. L’Euro restant plébiscité par tous les voyageurs, il
doit aussi devenir notre monnaie de facturation internationale en substitut du dollar et en particulier de nos ressources énergétiques. Mais au-delà
l’Europe doit de nouveau croire en elle, c’est là le rôle des politiques et des médias.
Les marchés savent que les acteurs politiques sont dos au mur et qu'il faut réformer. Cela doit leur permettre de faire le pari de Pascal à
partir du constat partagé de la nécessité d’agir. Il vaut mieux encore croire que l'on peut retrouver de la compétitivité que de croire
immédiatement au chaos. Les hommes politiques voire les hommes des médias seront obligés de modifier leur posture et ils constituent la
variable d'ajustement plus encore que le marché qui devrait saluer toutes les inflexions positives en restant balloté par les happenings de
négociation qui ont désormais plus de chance de se finir à son avantage.
Quel est le constat Européen ?
• Une Europe fédérale n'est pas un projet qui convainc. La BCE est un système confédéral qui appelle d'autres convergences fiscales,
budgétaires… aux fins de plus d’emplois, d’une croissance optimisée et de plus d'harmonie.
• Des chaines de responsabilité qui ont besoin d'être clarifiées. Le traité transatlantique aura cristallisé les peurs et illustré de façon
caricaturale l'opacité qui n'est plus acceptée, participant à la montée de l’euroscepticisme partout en Europe.
• Une crise ukrainienne qui a fait ressortir la fracture anglo-américaine et prélude la sécession écossaise autant qu'elle force à considérer
la place de la relation avec la Russie et l'existence d'une politique européenne de l'énergie dont le spectre de conséquence est
considérable et salvateur pour autant qu'une volonté de cohérence soit posée.
La période qui s'ouvre sera chahutée et propice de ce fait aux substantielles transformations qui renforceront la confédération de
l’Eurogroupe et l’adosseront au « marché unique » de consommateurs qui était initialement recherché, sous la condition de la paix. Les
négociations ne font que commencer mais cela renforce la charpente de nos raisonnements et de nos décisions.
Revenons sur les cas de la BCE. Elle est exposée sur deux fronts.
1- Dans une problématique structurelle, la cohérence interne (entre les pays) qui voit une offre de crédit limitée par la situation des
banques qu’elle surveille, confrontées à de nouvelles exigences, et l’absence de politique de transferts transfrontaliers pour réaliser les
ajustements qui seraient nécessaires. Il lui faudrait disposer d’une capacité d’achat ciblée des créances, selon les zones d’activité, aux
fins d’accompagner les mutations et de contrer le dumping salarial qui s’est substitué aux ajustements de change (un tel mécanisme,
nous n’en doutons pas verra le jour si les politiques ne sont pas assez rapides à organiser les structures de la convergence économique).
2- Dans une problématique conjoncturelle, la valeur extérieure de l’Euro et en particulier sa force actuelle reste le principal handicap
admis de tous les grands pays, de l’économie de l’Eurogroupe. En effet, elle augmente la pression déflationniste et renforce l'idée que
la politique de la BCE n'est pas assez accommodante pour alimenter la croissance.
Le 5 juin 2014 verra la BCE poser une parole appuyée et une action, après le forum de Sintra. Si la mise en place d'ABS, pour provoquer la
dynamique des banques à octroyer des crédits, semble encore prématurée, il est raisonnable de penser que le message sera très clair pour
enrayer la dynamique de baisse de l’inflation (on est loin de l’objectif à 2%). Les enjeux sont identifiés sur les prévisions d'inflation
impactées à court terme par les prix d'énergie. Il convient donc de faire baisser l'euro pour induire une hausse des chiffres publiés par une
inflation importée sur les prix des matières premières et ainsi éloigner le spectre de la japonisation de la zone euro. Les taux directeurs
seront durablement plus bas en Europe. Le processus de spoliation du rentier sera réaffirmé dans une logique pérenne.
C’est ainsi qu’on voit que la BCE est devenue une institution pragmatique aux antipodes de ce qu’elle fut au début de la crise, même si à
cette époque elle avait fait preuve de réactivité et d’innovation, elle restait alors l’héritière de la BUBA, banque centrale allemande. Cette
institution doit exiger que chacun soit rigoureux, mais son dogmatisme deviendrait criminel et entrainerait une responsabilité lourde à porter
devant l’histoire qu’elle serait obligée de partager avec les responsables politiques majeurs. La BCE est obligée d’agir et dans une logique
de solidarité pour solidifier le projet euro, de participer à rétablir la compétitivité relative des pays. Il lui faut aujourd'hui favoriser tout ce
qui contribue aux ajustements et participe à la convergence sans être du domaine des politiques fiscales et budgétaires qui ne sont pas de
son ressort.
Retour sur image
Quand la réunification allemande induisait une offre de travail pas chère en Allemagne, la France s’est mobilisée sur une réforme de la sécurité
sociale qui n’aboutit pas complètement (hiver 1995) et la réorganisation de la dette française par son transfert à l’entité RFF réseau ferré de
France nantis par les infrastructures qu’elle avait financées (février 1997). Les élections législatives anticipées de 1997 autour de l’objectif
prioritaire de créations d’emploi vont induire la loi de partage du travail ou lois des 35h votée en 1998 et 2000 (en vigueur en Allemagne dans 5
branches professionnelles, dont la métallurgie depuis 1990.) C’est le 23 juin 1999 que le plan Schröder est voté en Allemagne. Il installe la
dévaluation salariale comme principe de fonctionnement, il disqualifie le projet français et induit sa désindustrialisation. Les politiques français
ont réussi jusqu’en 2012 à évacuer cette réalité du débat. A ce jour se pose la question de la compétitivité travail et du positionnement de la
France. Il convient de ne pas négliger l’intelligence du propos de la présidence française depuis 2 ans en ne regardant que la disqualification de
sa forme.