Je préférerais d’ailleurs parler d’école première plutôt
que d’école primaire, comme on parle d’apprentissages
premiers. De même, je regrette que l’école élémentaire,
qu’autrefois on appelait aussi la grande école, n’ait pas
gardé ce nom courant, qui marquait sa dignité.
Les programmes de l’école apportent du neuf sur le
fond comme sur la forme.
Avant tout, l’attention portée à la maîtrise de la
langue française. Je le répéterai toujours : la langue
nationale nous construit et nous réunit. Chaque enfant
doit pouvoir entrer dans cette maison commune, s’y
sentir à l’aise, chez lui. Un enfant qui ne peut y accéder,
ou qui y accède imparfaitement, est un enfant évincé,
blessé, humilié, et par conséquent exclu. Ce sentiment
d’exclusion porte en germe les réactions agressives ou
violentes de certains jeunes.
Ces programmes accordent une place beaucoup plus
grande à l’apprentissage de la langue. À l’école mater-
nelle d’enseigner d’abord l’expression orale, puis, en
grande section, de préparer à la lecture et à l’écriture. Il
faut dès le départ donner le goût des belles pages et
éveiller le sens du style. C’est ce que font les maîtres
quand ils lisent à haute voix de grands textes, des contes
par exemple, dont leurs élèves sont si friands : contes de
Perrault ou d’Andersen, bien entendu, mais d’autres
contes encore, venus de tous les horizons. La lecture à
voix haute incite à la lecture tout court. Les enfants doi-
vent aussi apprendre par cœur un grand nombre de
textes de poésie ou de prose, et les réciter. Dans la même
logique, le chant comme le jeu théâtral sont au service de
la compréhension, par l’intérieur, des textes littéraires.
L’inégalité sociale, nous le savons, est d’abord une
inégalité culturelle : c’est à l’école qu’il appartient de
8Qu’apprend-on à l’école maternelle?