perspectives - Banque de Luxembourg

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PERSPECTIVES
150
1er TRIMESTRE 2017
A N A LY S E D E S M A R C H É S F I N A N C I E R S
U N E P U B L I C AT I O N D E B L I - B A N Q U E D E LU X E M B O U R G I N V E S T M E N T S
SOMMAIRE
q
ENVIRONNEMENT MACRO-ÉCONOMIQUE
3
3La remontée des prix pétroliers et le problème structurel
du surendettement risquent d’étouffer les récents signes
d’amélioration conjoncturelle au cours de 2017.
3Les taux d’inflation vont considérablement augmenter au
cours de la première moitié de cette année.
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3Malgré la hausse de l’inflation les politiques monétaires
resteront accommodantes.
q
MARCHÉS FINANCIERS
8
3Les anticipations d’une accélération rapide de la croissance
économique ayant entraîné la hausse des marchés
boursiers sur les derniers mois semblent pour le moins
prématurées.
3Une hausse cyclique plus forte que prévue de l’inflation
pourrait inquiéter les marchés financiers au premier
semestre.
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3En l’absence de changements au sein du régime fiscal
américain, la hausse du dollar par rapport à l’euro touche
à sa fin.
q
PERFORMANCES DES FONDS BL
14
ENVIRONNEMENT MACRO-ÉCONOMIQUE
150 — 1er TRIMESTRE 2017
ENVIRONNEMENT MACRO-ÉCONOMIQUE
INDICE GLOBAL DES DIRECTEURS D’ACHATS
65
60
50
45
40
35
1998
2000
Services
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
2018
Secteur manufacturier
Source : Minack Advisors (JP Morgan, NBER)
Index
55
CONFIANCE DES PME AUX ÉTATS-UNIS
110
105
100
95
85
80
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
Source : Evercore ISI
90
L’économie mondiale a terminé l’année 2016 sur
une note positive. À la fin du quatrième trimestre,
les indices des directeurs d’achats ont augmenté
tant dans le secteur manufacturier que dans les
services dans pratiquement toutes les régions
du monde. L’accélération de la croissance
conjoncturelle semble être la conséquence de
la baisse des prix pétroliers et des politiques
monétaires expansives des banques centrales,
dont les effets favorables ne se sont fait
ressentir que fin 2016. Cette année, les facteurs
ayant déclenché la légère amélioration récente
des statistiques conjoncturelles devraient se
retourner. La remontée des prix pétroliers va
peser sur le pouvoir d’achat des consommateurs
et la hausse de l’inflation mettra les banques
centrales sous pression de réduire – ne fût-ce
qu’à la marge – le caractère ultra-accommodant
de leur politique monétaire. Il est dès lors
peu probable que l’amélioration récente des
statistiques conjoncturelles soit le début d’une
accélération robuste et durable de la croissance
économique mondiale.
Aux États-Unis, les indicateurs économiques
qui affichent les améliorations les plus
notables sont principalement les baromètres
de confiance tant des entreprises que des
consommateurs. L’amélioration de la confiance
résulte avant tout des promesses du nouveau
président Donald Trump de relancer l’activité
conjoncturelle par une moindre régulation,
des réductions d’impôts et des dépenses
d’infrastructures publiques. Même si Donald
Trump réussit à se mettre d’accord avec
le Congrès sur les détails des mesures à
implémenter, les chances d’un effet favorable
sur la croissance conjoncturelle dès 2017
restent minces. Entre-temps, la remontée
des prix pétroliers risque de peser sur le
pouvoir d’achat des ménages, la hausse des
taux d’intérêt à long terme sur l’activité du
secteur immobilier et la force du dollar sur
les exportations. Dès lors, une progression du
PIB en 2017 inférieure à celle de 2016 (estimée
à +1,6 %) est un scénario qui ne peut pas être
écarté.
3
4
PERSPECTIVES — ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS
SITUATION ÉCONOMIQUE AUX ÉTATS-UNIS : 1982 VERSUS 2017
25
20
15
%
10
5
-5
-10
1980
1982
1984
1986
1988
Taux de chômage
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
Taux des fonds fédéraux
Balance courante (en % du PIB)
Source : Bloomberg
0
INVESTISSEMENTS DOMESTIQUES (NETS) EN % DU PIB AUX ÉTATS-UNIS
16
14
12
%
10
Source : Federal Reserve Bank of St. Louis
8
6
4
2
0
1947
1952
1957
1962
1967
1972
1977
1982
1987
1992
1997
2002
2007
2012
DÉFICIT BUDGÉTAIRE
2
0
en % du PIB
-2
-4
-6
-10
-12
2001
2002
Etats-Unis
2003
2004
2005
Allemagne
2006
2007
Japon
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Source : Bloomberg
-8
Peu importe les détails du programme économique
qui sera finalement retenu par le nouveau
gouvernement, la comparaison souvent avancée
avec l’administration de Reagan en 1982 pour
évaluer l’impact des mesures potentielles ne
semble pas être appropriée. À l’époque, un niveau
d’endettement public contenu ainsi qu’une balance
courante équilibrée ont permis le financement
de mesures stimulantes par une augmentation
du déficit budgétaire et un recours à des
capitaux étrangers. Aujourd’hui, ces sources de
financement ne sont pas disponibles, à défaut
d’augmenter encore davantage la dette publique
ou le déficit de la balance courante. De plus, le taux
de chômage se situait à un niveau élevé en 1982,
alors que le potentiel de croissance économique
provenant d’une augmentation de l’emploi est
quasiment inexistant aujourd’hui. Enfin, les taux
d’intérêt de la Réserve Fédérale étaient très élevés
à l’époque, disposant d’un potentiel de baisse
considérable. Relancer l’activité économique en
2017 est définitivement un défi d’une toute autre
envergure que ce ne le fut en 1982.
Une amélioration du taux de croissance structurel
de l’économie ne peut passer que par une expansion
des investissements. Le stock de capital productif
accumulé définit au final le niveau de prospérité
d’un pays. Il comprend les investissements privés
(comme l’immobilier résidentiel et les usines et biens
d’équipement des entreprises), les investissements
publics (comme les infrastructures), le capital
intellectuel (comme l’éducation et les inventions) et
les ressources naturelles (comme les terrains, l’eau
et l’énergie). Au cours des dernières années, le stock
de capital productif a considérablement diminué aux
États-Unis. Les incertitudes économiques liées au
surendettement et à la politique de taux zéro incitent
les entreprises à privilégier les rachats d’actions
aux investissements productifs malgré des marges
bénéficiaires élevées. L’augmentation des prix des
maisons et appartements limite les investissements
immobiliers des ménages et les finances publiques
tendues réduisent les capacités d’investissement
de l’État. Dès lors il n’est pas surprenant que les
gains de productivité soient tombés à des niveaux
inférieurs à 1 %. Un redressement de la productivité
ne peut se faire du jour au lendemain.
En Europe, l’activité conjoncturelle
demeure étonnamment robuste malgré
les nombreuses incertitudes économiques
et politiques. Le Brexit et les difficultés du
secteur bancaire en Italie n’ont pas fortement
pesé sur la croissance. La zone euro profite
particulièrement de la conjoncture solide en
Allemagne qui a affiché une progression du
PIB de 1,9 % sur l’ensemble de l’année 2016.
L’Allemagne est un des rares pays ayant
réussi à consolider ses finances publiques
après la crise financière en 2008. Aidée
par une devise sous-évaluée par rapport à
son niveau de compétitivité, elle a affiché
un budget excédentaire en 2016 pour la
troisième année consécutive. Cela lui a
permis de ramener son taux d’endettement
public à 68 %, alors que les autres principales
économies mondiales réussissent à peine à
le stabiliser. Après une décennie plus difficile
dans les années 90 suite à la réunification
allemande, l’Allemagne est redevenue la
locomotive de l’économie européenne.
ENVIRONNEMENT MACRO-ÉCONOMIQUE
150 — 1er TRIMESTRE 2017
PIB PAR PERSONNE EN ÂGE DE TRAVAILLER
120
Prospérité
allemande
115
110
105
95
90
Dépression
85
80
75
2005
2006
2007
Allemagne
2008
Royaume-Uni
2009
2010
2011
2012
2013
Italie
France
Espagne
2015
2014
2016
2017
Grèce
Source : OECD, Datastream, Kepler Cheuvreux
Stagnation
française
100
ENDETTEMENT DES ENTREPRISES JAPONAISES
450
400
350
Source : Minack Advisors (Datastream, Worldscope)
%
300
250
200
150
100
50
1980
1985
Monde hors Japon
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Japon
RENTABILITÉ DÉCROISSANTE DES INVESTISSEMENTS EN CHINE
7
6
5
4
3
2
1991
1993
1995
1997
1999
2001
Unités d'investissement nécessaires à la génération d'une unité de production
2003
2005
2007
Moyenne 1991 - 2007
2009
2011
2013
2015
Source : Banque mondiale, FMI, Macquarie Asia Strategy Research
8
Le principal défi de la zone euro restent les
différences de compétitivité entre les pays de
la monnaie unique. La divergence croissante de
niveau de vie entre les pays du nord et du sud
ne peut se poursuivre indéfiniment. À terme,
la zone euro a le choix entre 2 options : soit
introduire à nouveau des monnaies nationales
dont les fluctuations permettraient de compenser
les différences de compétitivité, soit créer une
union fiscale synonyme de transfert permanent
de ressources financières du nord vers le sud.
Le fait de ne pas avoir réintroduit la drachme
grecque après le référendum en 2015 suggère
que les autorités politiques européennes refusent
la première option. Elles semblent attendre le
passage des élections nationales en 2017 aux PaysBas, en France et en Allemagne (en espérant que
les partis traditionnels restent au pouvoir) avant
d’entamer le processus de l’unification fiscale en
2018. Comme les peuples des divers pays de la
zone euro ne semblent pas être prêts pour une
telle étape, les incertitudes politiques resteront
nombreuses, même au-delà de l’échéance des
élections néerlandaises, françaises et allemandes.
Au Japon, l’environnement économique a
peu évolué au cours des deux dernières
années. Malgré tous les efforts de soutien
des autorités publiques depuis le lancement
des « Abenomics », la croissance du PIB
atteint à peine 1 %. L’objectif de relancer la
consommation des ménages à travers des
augmentations salariales ne produit pas
les effets escomptés. Le taux d’inflation se
situe également à des niveaux largement
inférieurs à la cible de 2 %. Bien que les
objectifs visés ne soient pas atteints, le Japon
continue à sacrifier toute discipline budgétaire
pour générer un minimum de croissance
économique. Parallèlement la banque centrale
rachète des obligations d’État pour que le
gouvernement puisse continuer à s’endetter.
Le principal facteur positif est la bonne
situation financière des entreprises dont les
taux d’endettement se sont considérablement
améliorés, ayant baissé à des niveaux
inférieurs à ceux du reste du monde.
En Chine, la transition d’une économie
portée par les investissements vers une
économie basée sur la consommation privée
et les services demeure difficile. Lorsque les
objectifs de croissance du PIB risquent de
ne pas être atteints, les autorités publiques
ont tendance à soutenir l’activité par de
nouveaux investissements. Comme chaque
unité supplémentaire de capital investi est de
moins en moins rentable, le montant requis
des investissements (et donc des crédits
qui les financent) pour produire une unité
supplémentaire de PIB, augmente. En raison
du caractère non durable de ce modèle de
croissance, la confiance des investisseurs
dans le renminbi chinois est en train de
baisser. Néanmoins, tant que les autorités
chinoises disposent d’un vaste réservoir de
réserves de change et que la balance courante
demeure excédentaire, le risque d’une crise
financière demeure contenu.
5
6
PERSPECTIVES — ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS
PRIX PÉTROLIERS
100
80
60
40
%
20
-20
-40
-60
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2014
2013
2015
2016
2017
Variation annuelle
Source : Cornerstone Macro
0
VÉLOCITÉ DE LA MONNAIE AUX ÉTATS-UNIS
2,3
2,2
2,1
2,0
1,8
1,7
1,6
1,5
1,4
1960
1963
1966
1969
1972
1975
1981
1984
1987
1990
1993
1996
1999
2002
2005
2008
2011
2014
2017
Source : Federal Reserve Bank of St. Louis
1,9
10
6,0
9
5,5
8
5,0
7
4,5
6
4,0
5
3,5
4
3,0
3
2,5
2
2,0
1
1,5
0
%
%
6,5
1,0
-1
1986
1989
1992
1995
1998
Salaire horaire moyen (variation annuelle, échelle de gauche)
2001
2004
2007
Taux des fonds fédéraux (échelle de droite)
2010
2013
2016
Source : Minack Advisors (BLS, Réserve fédérale, NBER)
POLITIQUE MONÉTAIRE AUX ÉTATS-UNIS
Au cours du premier semestre de cette année,
l’inflation va considérablement augmenter. A
partir du mois de mars, elle devrait dépasser
3 % à la fois aux États-Unis, dans la zone
euro et au Royaume-Uni. L’augmentation
de l’inflation provient principalement de la
remontée des prix pétroliers qui sont en
hausse de plus de 50 % par rapport aux
niveaux déprimés d’il y a un an. Au RoyaumeUni, la baisse de la livre sterling est le
deuxième facteur qui pousse les prix à la
hausse ; l’inflation y dépassera même 4 %.
Aux États-Unis, des pressions inflationnistes
pourraient résulter des augmentations de
salaires qui ont accéléré d’un rythme de
2 % entre 2010 et 2015 à 3 % aujourd’hui.
Jusqu’à présent, ces augmentations de
salaires ont conduit à une réduction des
marges bénéficiaires des entreprises, laissant
supposer un effet très restreint sur l’inflation.
La remontée de l’inflation devrait s’avérer temporaire.
En effet, la plupart des facteurs déflationnistes ayant
dominé l’environnement économique au cours des
dernières années, tels que le surendettement de
l’économie mondiale, le vieillissement de la population
et la digitalisation, continueront à mettre les prix
sous pression. L’objectif de la nouvelle administration
américaine d’augmenter la vélocité de la monnaie en
dérégulant le secteur financier aurait un caractère
inflationniste si la population était à nouveau prête
à s’endetter davantage, ce qui semble peu probable.
L’ultime facteur déflationniste des dernières années
était la globalisation. Ici toutefois, la situation pourrait
s’inverser. Si la nouvelle administration américaine
s’oriente vers une politique plus protectionniste,
celle-ci pourrait provoquer des ripostes de la part
des partenaires commerciaux et engendrer ainsi
une renaissance du recours aux tarifs douaniers et
autres barrières commerciales. Une augmentation de
l’inflation engendrée par le retour du protectionnisme
alors que la croissance structurelle de l’économie
mondiale demeure faible serait dès lors synonyme de
stagflation.
Conformément aux attentes, la Réserve
fédérale américaine a augmenté le taux des
fonds fédéraux de 25 points de base lors
de sa réunion de décembre. Son principal
taux directeur se situe désormais dans une
fourchette de 0,5 % à 0,75 %. Il s’agit de la
deuxième hausse des taux en 10 ans après
celle de décembre 2015. Le Comité monétaire a
justifié sa décision par l’amélioration du marché
de l’emploi et la faiblesse du taux de chômage.
Parallèlement, les membres du Comité ont
augmenté de 2 à 3 le nombre de hausses
de taux d’intérêt auquel ils s’attendent pour
l’année en cours. Dans le passé, les prévisions
des responsables monétaires en matière de
resserrement se sont généralement avérées
trop optimistes. Il ne serait pas surprenant
que ce soit à nouveau le cas cette fois-ci.
Étant donné la croissance modeste du PIB en
2016, l’impact négatif de la remontée des prix
pétroliers sur le pouvoir d’achat des ménages
et l’endettement élevé, une normalisation des
taux d’intérêt demeure peu probable.
ENVIRONNEMENT MACRO-ÉCONOMIQUE
150 — 1er TRIMESTRE 2017
POLITIQUE MONÉTAIRE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE
5
4
%
3
2
0
-1
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Taux de refinancement de la Banque centrale européenne
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Inflation dans la zone euro
Source : Bloomberg
1
INÉGALITÉS SOCIALES
55
85
50%
80
40
35
77,2%
75
70
65
30
60
1917 1927 1937 1947 1957
Avec gains en capital
1967 1977 1987 1997 2007 2017
Sans gains en capital
1917 1927 1937 1947 1957
1967 1977 1987 1997 2007 2017
Source : Cornerstone Macro
48%
45
% de la richesse du 1er décile aux Etats-Unis
% des revenus du 1er décile aux Etats-Unis
50
En décembre, la Banque centrale européenne
a prolongé son programme d’assouplissement
monétaire quantitatif de mars à décembre 2017,
en réduisant légèrement le montant de la dette
privée et publique rachetée mensuellement
de 80 milliards d’euros à 60 milliards d’euros.
Les taux d’intérêt demeurent extrêmement
bas, puisque le taux de refinancement reste
fixé à zéro et le taux de la facilité de dépôt
à -0,4 %. La Banque centrale continue de
pratiquer une politique monétaire extrêmement
accommodante malgré le niveau relativement
robuste de l’activité économique et la remontée
de l’inflation. Étant donné l’issue incertaine
des élections nationales aux Pays-Bas, en
France ainsi qu’en Allemagne et les difficultés
du secteur bancaire en Italie, elle semble être
déterminée à poursuivre une politique qui
place les intérêts des États surendettés avant
la protection de l’épargnant dont l’érosion du
pouvoir d’achat risque de s’accélérer.
Le refus des autorités publiques à aborder le problème
du surendettement de l’économie mondiale demeure
le principal obstacle au retour à un environnement
économique favorisant prospérité et paix sociale. La
politique de taux zéro des banques centrales n’a fait
qu’aggraver la situation en augmentant les disparités
sociales (résultant de la hausse artificielle des prix
des actifs financiers et immobiliers), et en perturbant
profondément le processus d’allocation du capital
permettant aux investissements peu productifs de
persister. Les mesures proposées par le nouveau
président américain Donald Trump ne sont pas non plus
de nature à attaquer le fond du problème. Même si la
dérégulation, les dépenses d’infrastructures publiques et
la réduction des impôts sont des mesures favorisant la
croissance, elles ne sont pas toutes adaptées à la situation
actuelle. Cela vaut notamment pour la dérégulation du
secteur financier ou la baisse d’impôts des classes aisées.
Attendre d’un président qui se proclame « le roi de la
dette » d’abandonner le recours à l’endettement public
et d’une administration composée de milliardaires de
placer la réduction des inégalités sociales au centre de
leurs préoccupations semble être utopique. Le fond du
problème risque de ne pas être abordé une fois de plus.
7
8
PERSPECTIVES — ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS
MARCHÉS FINANCIERS
ÉVOLUTION DE L’INDICE MONDIAL DES ACTIONS EN EURO
420
400
380
360
320
300
01/2016
03/2016
05/2016
07/2016
08/2016
11/2016
Source : Bloomberg
340
RENDEMENT DE L’EMPRUNT D’ÉTAT ALLEMAND À 10 ANS
0,7
0,6
0,5
0,4
%
0,3
0,2
0,1
-0,1
-0,2
-0,3
01/2016
03/2016
05/2016
07/2016
08/2016
11/2016
Source : Bloomberg
0,0
Les marchés boursiers ont connu une année
mouvementée en 2016. Les craintes sur les économies
américaine et chinoise et la chute du cours du pétrole
ont tout d’abord entraîné un net recul des cours
boursiers, l’indice mondial reculant de quelque 15 %
sur les 6 premières semaines de l’année. La remontée
des cours du brut et l’amélioration des statistiques
économiques ont par la suite permis aux marchés
de se redresser. Le vote du Royaume-Uni de sortir de
l’Union européenne a par la suite provoqué une nouvelle
secousse, secousse qui s’est toutefois avérée de courte
durée. Le deuxième semestre a ensuite été marqué par
l’élection présidentielle aux États-Unis. Les marchés ont
très bien accueilli la victoire surprise de Donald Trump.
Sur les deux derniers mois de l’année, les anticipations
des impacts reflationnistes des mesures de la nouvelle
administration américaine ont ainsi provoqué une
forte hausse des indices boursiers. Cette hausse
reflétait néanmoins également la nette amélioration
des statistiques économiques observée depuis la
mi-octobre. En même temps, la croissance des bénéfices
des entreprises américaines est redevenue positive (sur
base annuelle) au troisième trimestre, après quatre
trimestres consécutifs de baisse.
Les marchés obligataires ont enregistré deux
semestres diamétralement opposés en 2016.
Les craintes économiques et financières
ont tout d’abord provoqué un recul des
taux obligataires vers de nouveaux plus-bas
historiques. Ce mouvement de baisse des taux
a atteint son apogée après le vote britannique
sur une sortie de l’Union européenne, vote qui
a provoqué un dernier mouvement vers les
emprunts d’État en tant que valeurs refuges.
En Allemagne, le taux à 10 ans s’est ainsi
établi à – 0,19 % début août et en Suisse, les
taux obligataires ont été négatifs jusqu’aux
échéances à 40 ans. Par la suite, l’amélioration
des statistiques économiques, la progression
des cours boursiers et l’élection de Donald
Trump ont provoqué une forte remontée des
taux. Cette élection a été considérée comme un
changement de régime d’un stimulus monétaire
vers un stimulus fiscal, avec augmentation du
déficit budgétaire et de l’inflation.
MARCHÉS FINANCIERS
150 — 1er TRIMESTRE 2017
DIFFÉRENTIEL DE TAUX À 10 ANS USD.EUR (DEM AVANT 1999)
3,0
2,5
2,0
1,5
%
1,0
0,5
0,0
-1,0
-1,5
2016
2015
2014
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
-2,0
Source : Bloomberg
-0,5
ÉTATS-UNIS : ENDETTEMENT (HORS SECTEUR FINANCIER) EN % DU P.I.B. ET TAUX MOYEN PAYÉ
240
12
220
10
200
8
180
6
160
4
140
2
120
0
Source : Minack Advisors
14
%
260
% du PIB
16
100
60
65
70
75
Taux moyen payé
80
85
90
95
00
05
10
15
20
Dette/PIB (échelle de droite)
ÉVOLUTION DU TAUX D’INFLATION DANS LA ZONE EURO SUR BASE D’UN MODÈLE PRÉVISIONNEL
UTILISANT NOTAMMENT LA VARIATION ANNUELLE DES PRIX PÉTROLIERS
5
4
2
1
0
-1
07
08
Taux d'inflation
09
10
Prévision modèle
11
12
13
14
15
16
17
18
Source : Cornerstone Macro
%
3
La remontée des taux obligataires a dès lors été
particulièrement marquée aux États-Unis, le taux
à 10 ans passant de 1,35 % à 2,45 % entre août et
décembre, avant de rebaisser quelque peu. Dans la
mesure où la Réserve fédérale a sans cesse hésité
à remonter son taux directeur, les taux courts ont
nettement moins remonté et la courbe des taux
est devenue nettement plus raide. Deux éléments
devraient limiter une poursuite de ce mouvement de
pentification de la courbe des taux. Le premier est lié au
surendettement important des différents secteurs de
l’économie américaine. L’ampleur des dettes publiques
et privées fait que toute hausse durable des taux exerce
des effets négatifs sur la croissance. Le deuxième est
lié aux marchés obligataires en Europe et au Japon.
Sur ces marchés, la remontée des taux a été nettement
plus faible étant donné que les taux obligataires y sont
en grande partie contrôlés par les banques centrales.
Au Japon, les autorités monétaires ont adopté une
politique visant à maintenir le taux à 10 ans à zéro.
Dans la zone euro, les achats de la Banque centrale
européenne continuent de peser sur les taux souverains.
Le différentiel de taux à 10 ans entre le dollar et l’euro a
ainsi atteint un niveau historiquement élevé.
Au fur et à mesure que les effets négatifs du
resserrement récent des conditions financières
aux États-Unis (remontée des taux longs, hausse
du dollar, resserrement de la politique monétaire)
apparaîtront plus clairement, les taux obligataires
devraient au contraire à nouveau reculer. Les
taux obligataires ont ainsi tendance à atteindre
de nouveaux plus-bas lors d’un ralentissement
économique marqué. Il existe par ailleurs une
corrélation marquée entre la croissance nominale
et le niveau du taux à 30 ans aux États-Unis. Les
deux oscillent actuellement autour des 3 %. Pour
les deux, une augmentation éventuelle viendrait
essentiellement de la composante inflation. Hors
inflation, le potentiel de croissance de l’économie
américaine est en effet déterminé en large
mesure par l’évolution de la population active et
de la productivité, éléments qui ne peuvent pas
changer rapidement. Si l’élection de Donald Trump
semble avoir augmenté le risque d’une résurgence
de l’inflation, il est utile de se rappeler que les
tendances structurelles telles que la démographie
et la digitalisation sont profondément
désinflationnistes.
Si les tendances structurelles en matière d’inflation
restent donc désinflationnistes, les tendances
cycliques pointent clairement vers une accélération
de l’inflation. À l’heure actuelle, les investisseurs ont
tendance à considérer toute remontée de l’inflation
comme un signe d’amélioration de l’économie
mondiale et donc comme un signal positif. Des
modèles basés sur la variation annuelle des prix du
pétrole et l’évolution du prix des intrants dans les
indices des directeurs d’achat montrent néanmoins
que l’inflation pourrait rapidement dépasser les 3 %
en Europe et aux États-Unis. Une telle hausse serait
supérieure à ce que prévoit aujourd’hui le consensus
des analystes et risquerait de provoquer un
changement dans les anticipations des marchés sur
la politique monétaire des banques centrales, voire
même dans l’attitude de celles-ci. En même temps,
elle réduirait le pouvoir d’achat des ménages et
pèserait donc sur la demande. Les marchés financiers
seraient affectés par ces évolutions. L’histoire montre
par ailleurs que la prime de risque sur les actions a
tendance à augmenter dans les périodes de hausse
de l’inflation.
9
10
PERSPECTIVES — ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS
CONTRIBUTION DES BÉNÉFICES ET DE L’ÉVOLUTION DES MULTIPLES À LA PERFORMANCE
DU S&P 500
100
80
%
60
20
0
86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16
Multiples
Bénéfices
Source : Cornerstone Macro
40
PERFORMANCE DES BANQUES ET DE LA CONSOMMATION DE BASE SUR LE DEUXIÈME
SEMESTRE
50
40
30
%
20
10
0
Source : Bloomberg
-10
-20
07/2016
08/2016
Banques
09/2016
10/2016
11/2016
12/2016
Consommation de base
ÉVOLUTION DES MARGES BÉNÉFICIAIRES
12
11
10
8
7
6
5
4
2004
2006
Etats-Unis
2008
Europe
2010
Pays émergents
2012
2014
2016
2018
Source : Minack Advisors
% des ventes
9
Les marchés boursiers ont jusqu’à présent bien résisté à la hausse
des taux obligataires. Par le passé, une telle hausse a souvent
exercé un effet négatif sur les actions à travers une baisse des
multiples de valorisation. Or l’évolution de ces multiples joue un
rôle de plus en plus important dans la performance des marchés.
Au cours des années précédant la crise de 2008, la performance
du marché américain s’expliquait pour moitié par l’évolution des
bénéfices et pour moitié par l’évolution des multiples. Depuis
2008, l’évolution des multiples compte pour deux tiers dans cette
performance. Dans l’environnement actuel caractérisé par une
croissance économique faible, il existe une corrélation positive
entre les multiples de valorisation et les indicateurs économiques,
une amélioration de ces indicateurs entraînant une hausse des
multiples, une détérioration des indicateurs une baisse des
multiples. Dans la mesure où la remontée des taux obligataires est
censée refléter de meilleures perspectives économiques, elle n’a
donc pas affecté les marchés. Il importe toutefois de rappeler que
l’élément déterminant derrière la hausse des marchés boursiers
sur les dernières années a été le niveau bas des taux d’intérêt. À
l’heure actuelle, leur prime de risque par rapport aux obligations
reste encore attrayante, du moins en-dehors des États-Unis. Il
serait toutefois illusoire de penser que les actions puissent bien se
comporter en cas de forte hausse supplémentaire des taux.
Sur les marchés boursiers, le deuxième semestre a été marqué
par une rotation sectorielle particulièrement importante.
L’amélioration des statistiques économiques et l’anticipation d’un
regain d’inflation favorisé en grande partie par un changement
dans les politiques budgétaires a amené les investisseurs à
délaisser les valeurs défensives et de croissance au profit des
valeurs décotées et plus spécifiquement des valeurs cycliques et
bancaires. À titre d’exemple, les banques européennes ont ainsi
enregistré une performance de près de 30 % supérieure à celle
des biens de consommation de base sur le deuxième semestre.
Ceci a amené certains analystes à évoquer un scénario de «
grande rotation » qui défavoriserait les gagnants de la déflation
au profit des gagnants de l’inflation. Il est vrai que certains
des grands gagnants de la déflation, comme par exemple les
emprunts d’État de la zone euro, offrent aujourd’hui un couple
risque/rendement très peu attrayant. À l’intérieur des marchés
boursiers, Il serait toutefois dangereux d’extrapoler les tendances
du deuxième semestre de l’année écoulée sur le moyen et long
terme. Les entreprises qui font partie des secteurs typiquement
regroupés sous le terme « value » ne disposent tout simplement
en règle générale pas des caractéristiques qui en feraient
de bons investissements à long terme. Leur surperformance
ne va dès lors pas perdurer et des secteurs tels que la
santé, la consommation de base ou la technologie devraient
progressivement retrouver la faveur des investisseurs.
Le marché américain a à nouveau enregistré une évolution
supérieure à celle de la plupart des autres places
boursières. La bonne tenue de l’indice Standard&Poor’s peut
surprendre dans un contexte d’appréciation du dollar, étant
donné que quelque 50 % du chiffre d’affaires des sociétés
dans cet indice sont réalisés en-dehors des États-Unis.
De plus, de par sa composition, l’indice Standard&Poor’s
est plus défensif que les indices européen ou japonais.
Dans une année où l’aversion au risque des investisseurs
a progressivement diminué, il aurait donc logiquement dû
sous-performer. Il reste que les éléments à l’origine de la
surperformance du marché américain sur les dernières
années sont en train de disparaître. Cette surperformance
reposait en premier lieu sur une évolution nettement plus
favorable des bénéfices, elle-même le fruit de la capacité
des entreprises américaines à maintenir, voire à améliorer
leurs marges bénéficiaires, contrairement à ce qui se
passait pour leurs homologues européennes. L’appréciation
du dollar et l’augmentation des coûts salariaux pourraient à
l’avenir peser sur les marges bénéficiaires des entreprises
américaines. De plus, la valorisation du marché américain
est plus élevée que celle des autres marchés. Une éventuelle
baisse du taux d’imposition des sociétés aux États-Unis
pourrait néanmoins donner du support au marché.
MARCHÉS FINANCIERS
150 — 1er TRIMESTRE 2017
ÉVOLUTION DE L’INDICE TOPIX EN 2016
1600
1550
1500
% of sales
1450
1400
1350
1300
Source : Bloomberg
1250
1200
1150
01/2016
03/2016
05/2016
07/2016
09/2016
11/2016
AMÉLIORATION DES MARGES BÉNÉFICIAIRES AU JAPON
9
8
7
6
%
5
4
3
1
0
-1
1980
1985
Monde hors Japon
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Japon
Source : Minack Advisors
2
PÉRIODES PRÉCÉDENTES DE SOUS-PERFORMANCE MARQUÉE DE LA GESTION ACTIVE
(MARCHÉ AMÉRICAIN)
100
90
80
70
50
40
30
20
10
0
1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Pourcentage des fonds sur-performants sur 5 ans
Source : Nomura Research
%
60
Après un début d’année difficile, le marché japonais
a enregistré une remontée spectaculaire au second
semestre, aidé notamment par la forte dépréciation
du yen par rapport au dollar. L’évolution de la
monnaie nipponne reste omniprésente dans tout
discours sur les perspectives du marché japonais.
Ce dernier dispose néanmoins d’autres atouts
importants. Tout d’abord, les flux de liquidités
devraient rester favorables étant donné que la
Banque du Japon a annoncé fin juillet qu’elle allait
doubler ses achats d’actions et que les fonds de
pension sont en train d’augmenter leur allocation en
actions. La décision de la banque centrale japonaise
de fixer le taux à 10 ans à zéro fait d’autre part
que les emprunts d’État n’offrent ni rendement
ni potentiel de plus-value. Ceci encourage les
investisseurs privés et institutionnels locaux à
sortir du marché obligataire au profit des marchés
bousier et immobilier, voire des marchés obligataires
internationaux ce qui a pour conséquence d’affaiblir
le yen. Enfin, le niveau bas des taux d’intérêt
encourage les entreprises à racheter leurs actions.
Le nombre de sociétés procédant à de tels rachats a
ainsi augmenté de 30 % en 2016.
En outre, la valorisation des actions nipponnes
reste attrayante. Le marché japonais est ainsi
l’un des rares à ne pas avoir enregistré un
re-rating (hausse des multiples de valorisation)
important au cours des dernières années,
la hausse des cours boursiers s’expliquant
essentiellement par celle des bénéfices. La
tendance à l’augmentation du rendement sur
fonds propres des sociétés semble par ailleurs
durable. La décote importante à laquelle le
marché japonais se traite (par rapport aux
autres marchés) en termes de ratio cours/
fonds propres se justifie dès lors de moins
en moins. L’amélioration de la conjoncture
économique observée au cours des derniers
mois, la faiblesse du yen et les efforts des
entreprises pour améliorer leur rentabilité
devraient permettre aux sociétés de l’indice
Topix d’enregistrer une forte augmentation de
leur bénéfice par action en 2017.
L’année 2016 a de nouveau été une année difficile pour la gestion
active, même si la situation s’est un peu améliorée au deuxième
semestre. Il en résulte que les flux de capitaux délaissant la
gestion active au profit de la gestion passive se sont encore
renforcés. L’histoire montre cependant que de telles périodes
de sous-performance marquée des gestionnaires actifs ont été
observées par le passé. Une récente étude de Nomura montre
ainsi que la période actuelle constitue le quatrième épisode de
sous-performance sur les 50 dernières années. Dans chacun
des 3 épisodes précédents, la gestion active a nettement
surperformé par la suite. Il est impossible de savoir si nous
nous trouvons aujourd’hui à l’aube d’un tel retournement de
tendance. Il importe toutefois de souligner que la gestion d’un
portefeuille ne constitue pas une compétition. L’objectif d’une
gestion active ne devrait pas seulement être de battre un
quelconque indice lorsque celui-ci progresse, mais également
de protéger le portefeuille en absolu lorsque les choses vont
moins bien. Aucune stratégie d’investissement ne fonctionne
tout le temps. L’importance est de faire la différence entre une
mauvaise stratégie et une stratégie qui n’a temporairement
pas la faveur des investisseurs. La gestion passive se justifie
dans certains cas mais l’engouement actuellement observé vers
cette gestion renferme en lui-même les germes de résultats
futurs décevants.
11
12
PERSPECTIVES — ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS
INDICE "TRADE-WEIGHTED" DU DOLLAR AMÉRICAIN
130
125
120
115
110
100
95
2012
2013
2014
2015
2016
2017
Source : Bloomberg
105
SUR/SOUS-ÉVALUATION DU DOLLAR PAR RAPPORT À L’EURO
1,4
EUR surévalué
1,2
1,0
0,6
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
Source : Gavekal
USD surévalué
0,8
ÉVOLUTION DU COURS DE L’OR EN 2016
1400
1350
1300
1200
1150
1100
1050
1000
01/2016
03/2016
05/2016
07/2016
09/2016
11/2016
Source : Bloomberg
USD
1250
L’indice trade-weighted (indice pondéré en
fonction des échanges commerciaux) du
dollar américain s’est apprécié de plus de
30 % depuis septembre 2014. Une appréciation
supplémentaire du dollar risquerait d’avoir des
conséquences négatives sur certaines régions/
acteurs fortement endettés en USD. L’histoire
a montré que des appréciations importantes
du dollar ont souvent été source d’instabilité
au niveau mondial, surtout lorsqu’elles se sont
accompagnées d’une hausse des taux américains.
Ce risque d’instabilité est encore renforcé par
d’éventuels changements dans le régime fiscal
aux États-Unis et plus particulièrement en matière
d’imposition des importations et des exportations.
Ces changements, qui correspondent à une forme
de protectionnisme, prévoient de supprimer la
déductibilité fiscale des importations, alors que
les revenus provenant des exportations seraient
exonérés d’impôts aux États-Unis. Toutes autres
choses étant égales par ailleurs, ils entraîneraient
une réduction du déficit de la balance courante
des États-Unis et ce faisant, réduirait l’apport de
liquidités en dollars dans le reste du monde.
En l’absence de tels changements dans le régime
fiscal américain, la hausse du dollar touche à sa fin,
du moins contre l’euro. Le consensus sur le dollar
semble presque unanimement positif, la plupart des
observateurs estimant qu’il n’est qu’une question de
temps avant que la monnaie US n’atteigne la parité
avec la monnaie unique. Leur optimisme repose en
partie sur l’optimisme général entourant l’économie
américaine depuis l’élection de Donald Trump
et, de manière plus concrète, sur les politiques
monétaires divergentes et le différentiel d’intérêt
qui en résulte. Dans la mesure où ces éléments sont
bien connus, on peut estimer qu’ils sont aujourd’hui
intégrés dans les cours. Parmi les facteurs qui
pourraient amener les investisseurs à changer
d’avis figurent un éventuel ralentissement de la
conjoncture aux États-Unis, le risque de désillusion
avec la nouvelle administration américaine ou un
changement dans les anticipations des opérateurs
sur la politique monétaire de la Banque centrale
européenne, changement qui pourrait par exemple
venir de la remontée cyclique de l’inflation
mentionnée précédemment.
La rotation sectorielle qui a marqué le
deuxième semestre 2016 n’a pas non plus
épargné l’or. Entre le début juillet et la
mi-décembre, le cours du métal jaune a
ainsi perdu près de 20 %. Il est intéressant
de noter que, tout comme ce fut le cas en
2015, le cours de l’or remonte depuis que la
Réserve fédérale a annoncé la hausse de son
taux directeur. Plusieurs scénarios pourraient
s’avérer favorables à l’or en 2017 et font que
le métal jaune a plus que jamais sa place dans
un portefeuille diversifié. Parmi ces scénarios,
on peut citer un éventuel ralentissement de
la conjoncture qui remettrait en question
une poursuite du resserrement monétaire
de la Réserve fédérale ou une hausse plus
importante que prévu de l’inflation, sans
parler des incertitudes liées au caractère
imprévisible du nouveau Président américain.
MARCHÉS FINANCIERS
150 — 1er TRIMESTRE 2017
INDICE DES MINES D’OR
1800
1600
1400
1200
$
1000
800
600
200
0
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
Source : Bloomberg
400
L’effet de levier des entreprises aurifères par rapport au
prix de l’or a été bien illustré en 2016. L’indice des mines
d’or s’est ainsi apprécié de quelque 150 % entre janvier et
août pour reperdre plus de 30 % par la suite et terminer
l’année en hausse de 50 %. Fin 2015, cet indice était retombé
à son niveau de 2002 lorsque le cours de l’or n’était que
de 300 $/once. Aujourd’hui il s’établit au même niveau que
fin 2008, lorsque le prix du métal jaune tournait autour de
800 $ /once. Les producteurs aurifères n’ont certainement
pas toujours été un modèle de rentabilité et ont souvent fait
preuve d’un manque de discipline en termes d’allocation du
capital ou de maîtrise des coûts. Au cours des dernières
années, ils ont cependant démontré de nets progrès
en la matière en privilégiant la rentabilité plutôt que la
croissance à tout prix de leur production. Il faudra voir s’ils
arrivent à maintenir cette discipline surtout à un moment
où une des composantes importantes dans leur structure
de coûts, la facture énergétique, est en train de remonter.
Nous continuons à privilégier les entreprises de redevances
(’royalty companies’) qui constituent une manière moins
risquée de miser sur une reprise de la hausse de l’or dans
la mesure où elles sont davantage diversifiées et où elles ne
sont pas exposées à l’augmentation des coûts d’exploitation
des producteurs.
En résumé, l’environnement économique et financier est aujourd’hui caractérisé par énormément d’incertitudes. Le caractère imprévisible du
nouveau Président américain et les incertitudes entourant les mesures prises par son administration mais aussi par d’autres gouvernements
ainsi que par les banques centrales font que toute tentative de prévision des marchés devra le cas échéant être rapidement revue, voire modifiée.
Ceci vaut aussi bien pour les classes d’actifs dans leur ensemble que pour les gagnants/perdants potentiels au niveau régional ou sectoriel.
L’optimise dont font preuve les marchés boursiers (et particulièrement les valeurs cycliques) quant à une accélération rapide de la croissance
économique semble pour le moins prématuré. Le fait est que les freins qui pèsent sur la conjoncture mondiale sont en grande partie de nature
structurelle et que les mesures que prendra la nouvelle administration américaine ne pourront exercer leurs effets qu’à plus long terme, en
supposant que ces mesures soient conçues de manière assez intelligente pour avoir un effet multiplicateur positif sur la croissance. Mal conçues,
ces mesures pourraient à l’inverse renforcer le ralentissement du commerce mondial et l’instabilité géopolitique.
En attendant de voir plus clair à cet égard, le risque d’un nouveau ralentissement conjoncturel est clairement présent. Si les données
économiques ont indéniablement surpris de manière positive depuis quelque temps, certains développements récents pourraient mettre en
péril cette évolution. L’amélioration des indicateurs économiques actuellement enregistrée est en effet la conséquence directe des mesures de
stimulation importantes mises en place quelque 12 mois auparavant. Ces mesures se transforment aujourd’hui en freins. L’économie américaine
pourrait ainsi être progressivement impactée par la remontée des taux obligataires et par la force du dollar, surtout après 7 années d’expansion.
Sa sensibilité historique aux taux d’intérêt à long terme ne se trouve que renforcée par le surendettement important présent dans pratiquement
tous les secteurs.
Un ralentissement éventuel de la conjoncture américaine (et, partant, de la conjoncture mondiale) devrait en toute logique entraîner un nouveau
recul des taux obligataires aux États-Unis. Les emprunts d’État américains à long terme ont ainsi toujours leur place dans un portefeuille
diversifié, ne serait-ce qu’en tant que couverture contre un tel risque de ralentissement, qui prendrait les marchés financiers à contre-pied.
En cas de nouveau ralentissement économique et de recul des taux obligataires, la rotation sectorielle en faveur des valeurs décotées et au
détriment des valeurs de qualité toucherait à sa fin et se retournerait. Indépendamment de ceci, les incertitudes économiques et l’asymétrie des
risques sur les valeurs de moindre qualité (que sont souvent les valeurs décotées) continuent de plaider en faveur d’un investissement dans des
entreprises faiblement endettées, présentant une bonne visibilité sur leurs résultats et capables de maintenir un avantage compétitif dans leur
secteur, quitte à passer par des phases périodiques de sous-performance.
Au niveau régional, la longue phase de surperformance du marché américain pourrait toucher à sa fin. Cette surperformance s’expliquait en
premier lieu par une évolution nettement plus favorable des bénéfices des entreprises américaines, évolution qui résultait en grande partie de la
capacité de ces entreprises à améliorer leurs marges bénéficiaires. La force du dollar et l’augmentation des coûts salariaux risquent aujourd’hui
de peser sur celles-ci. De nombreux éléments continuent par contre de plaider en faveur du marché japonais.
La hausse du dollar touche à sa fin, du moins contre l’euro. Le principal élément qui pourrait conduire à une appréciation supplémentaire du billet
vert est lié à d’éventuels changements dans le régime fiscal aux États-Unis.
L’or continue à avoir sa place dans un portefeuille diversifié au vu des nombreuses incertitudes économiques et politiques et de la fragilité du
système financier.
13
14
PERSPECTIVES — ANALYSE DES MARCHÉS FINANCIERS
PERFORMANCES DES FONDS BL
Chiffres au 17/01/2017 dans la devise du fonds (1)
VNI(2)
Performance
En Depuis Horizon
VNI
VNI Valeur Depuis le
Devise capital. distrib. divid.(3) 01/01/17
2016 3 ans d’invest.
Risque(4)
Faible Élevé
Fisc.(5)
RI DI
(6)
(7)
FONDS BL
Fonds obligataires à court terme
Obligations courte échéance en USD
BL SHORT TERM DOLLAR
Obligations courte échéance en EUR
BL SHORT TERM EURO
Fonds obligataires
Obligations étatiques en EUR
BL BOND DOLLAR
Obligations étatiques en USD
BL BOND EURO
Obligations étatiques émergentes en devises dures
BL BOND EMERGING MARKETS DOLLAR
Obligations étatiques émergentes en devises dures
BL BOND EMERGING MARKETS EURO
Obligations étatiques émergentes en devises dures
BL BOND EMERGING MARKETS EURO
Fonds actions
Actions Amérique du Nord - petites et moyennes capitalisations
BL AMERICAN SMALLER COMPANIES
Actions Amérique du Nord - grandes capitalisations
BL EQUITIES AMERICA
Actions Asie hors Japon - toutes capitalisations
BL EQUITIES ASIA
Actions Asie hors Japon - toutes capitalisations
BL EQUITIES ASIA USD
Actions Europe - petites et moyennes capitalisations
BL EUROPEAN SMALLER COMPANIES
Actions Europe - toutes capitalisations
BL EQUITIES EUROPE
Actions Japon - toutes capitalisations
BL EQUITIES JAPAN
Actions Japon - toutes capitalisations
BL EQUITIES JAPAN JPY
Fonds thématiques
Obligations étatiques en EUR
BL OPTINVEST (EURO)
Actions Internationales - dividende élevé
BL EQUITIES DIVIDEND EUR
Actions Internationales - dividende élevé
BL EQUITIES DIVIDEND USD
Actions Global Emergents - toutes capitalisations
BL EMERGING MARKETS
Actions Global Emergents - toutes capitalisations
BL EMERGING MARKETS EUR
Actions Internationales - SRI
BL EQUITIES HORIZON
Fonds profilés
Obligations étatiques en EUR
BL GLOBAL BOND
Profilé conservateur (moyenne 30% actions)
BL GLOBAL 30
Profilé équilibré (moyenne 50% actions)
BL GLOBAL 50
Profilé dynamique (moyenne 75% actions)
BL GLOBAL 75
Actions Internationales - toutes capitalisations
BL GLOBAL EQUITIES
Fonds non profilés
Flexible Multi-Asset
BL GLOBAL FLEXIBLE EUR
Flexible Multi-Asset
BL GLOBAL FLEXIBLE USD
USD
535,73
250,78
EUR
571,15
233,37
EUR
1 110,57
238,60
USD
1 243,39
296,92
USD
103,23
97,40
USD
87,56
—
EUR
113,52
108,96
USD
111,65
—
USD
5 881,17
165,49
EUR
119,47
—
USD
EUR
93,33
141,80
91,73
139,05
EUR
6 148,41
166,76
EUR
179,68
—
JPY
EUR
16 700,00 19 251,00
124,57
—
EUR
158,59
123,64
USD
135,83
—
USD
91,07
—
EUR
160,46
130,77
EUR
1 018,31
—
EUR
695,06
305,11
EUR
EUR
EUR
1 406,73
1 700,00
670,22
911,65
2 324,85 1 461,33
06/02/2012
0,0 %
0,4 %
0,4 %
< 2 ans
x
x
-0,1 %
-0,1 %
-0,0 %
< 2 ans
x
x
-0,4 %
0,7 %
3,0 %
> 2 ans
x
x
5,60
0,6 %
0,5 %
5,6 %
> 2 ans
x
x
—
0,8 %
2,7 %
—
> 3 ans
—
1,2 %
1,1 %
—
> 3 ans
3,11
0,5 %
4,1 %
—
> 3 ans
—
2,1 %
9,5 %
— > 10 ans
1,59
2,0 %
4,2 %
20,1 % > 10 ans
—
2,5 %
3,5 %
— > 10 ans
3,2 %
0,5 %
— > 10 ans
0,8 %
-1,1 %
20,3 % > 10 ans
2,59
1,1 %
-1,8 %
21,3 % > 10 ans
—
0,1 %
1,5 %
40,6 % > 10 ans
178,69
0,1 %
3,4 %
45,0 % > 10 ans
—
-0,3 %
-0,6 %
2,0 %
> 2 ans
x
x
3,27
0,9 %
3,9 %
22,7 %
> 6 ans
—
1,0 %
4,6 %
22,0 %
> 6 ans
—
1,1 %
3,2 %
-9,2 % > 10 ans
x
x
2,50
0,3 %
6,3 %
16,7 % > 10 ans
x
x
—
0,0 %
5,2 %
32,9 % > 10 ans
0,1 %
2,0 %
6,3 %
> 2 ans
x
x
0,2 %
0,1 %
11,0 %
> 3 ans
x
x
0,6 %
0,1 %
17,4 %
> 4 ans
x
x
0,8 %
0,9 %
25,7 %
> 6 ans
1,0 %
2,5 %
33,0 % > 10 ans
2,12
2,6 %
3,9 %
25,4 %
> 4 ans
0,80
01/02/2016
9,11
01/02/2016
14,05
01/02/2016
01/02/2016
01/02/2016
01/02/2016
0,96
01/02/2016
1,22
01/02/2016
01/02/2016
01/02/2016
01/02/2016
01/02/2016
6,01
01/02/2016
4,83
01/02/2016
7,84
01/02/2016
14,59
01/02/2016
1,88
EUR
778,59
159,67
EUR
155,06
116,43
USD
113,51
—
—
1,4 %
-0,4 %
7,1 %
> 4 ans
EUR
187,07
—
—
0,9 %
-0,1 % 23,97 %
> 8 ans
EUR
126,36
—
—
0,5 %
1,8 %
10,6 %
> 3 ans
EUR
174,75
—
—
1,1 %
-2,9 %
17,0 %
> 8 ans
01/02/2016
x
x
x
BL FUND SELECTION
Fonds de fonds actions
Actions Internationales - toutes capitalisations
BL FUND SELECTION EQUITIES
Fonds de fonds non profilés
Flexible Multi-Asset
BL FUND SELECTION 0-50
Flexible Multi-Asset
BL FUND SELECTION 50-100
x
Source Banque de Luxembourg; (2) Valeur Nette d’inventaire; (3) Date du dernier dividende ; (4) L’évaluation des risques relève de notre propre conviction sur le fonds et ne constitue pas un conseil en investissement; (5) Les renseignements fiscaux
se limitent à un aperçu du traitement fiscal applicable sur la distribution ou le bonus de rachat réalisé par une personne physique, dans le cadre de l’application de la Directive européenne relative à la fiscalité sur les revenus de l’épargne
(Ecofin); (6) Rachats imposables selon directive ECOFIN; (7) Dividendes imposables selon directive ECOFIN.
Droits d’entrée : maxi 2%. Frais de sortie : 0%. Frais d’arbitrage : 0% ; Les gains échéant à l’investisseur peuvent se voir augmentés ou réduits en fonction des fluctuations de taux de change.
(1)
Les informations contenues dans le présent document sont fournies à titre indicatif, ne valent que pour le moment où elles ont été données et ne constituent ni des conseils juridiques et fiscaux, ni une sollicitation ou recommandation à l’investissement. Aucune garantie n’est donnée
quant à leur exactitude et leur exhaustivité. Les résultats enregistrés par le passé ne constituent pas une garantie de rendement pour l’avenir et la Banque n’assume aucune responsabilité en ce qui concerne le rendement de ces valeurs dans l’avenir. La responsabilité de la Banque
ne saurait être engagée ni par ces informations ni par les décisions que toute personne pourrait prendre sur leur fondement. Il est de la responsabilité de tout intéressé potentiel de s’assurer de l’adéquation entre ses investissements et sa situation particulière et qu’il comprend
tous les risques liés à ses investissements. La souscription aux parts des fonds ne peut être effectuée que sur base de leur dernier prospectus et des derniers rapports semestriels et annuels.
PERSPECTIVES N°150
1er trimestre 2017
Clôture de rédaction
16/01/2017
Rédaction et éditeur responsable :
BLI – Banque de Luxembourg
Investments S.A.
7, boulevard Prince Henri
L-1724 Luxembourg
Tél. (+352) 26 26 99 33 18
Fax (+352) 26 26 99 33 33
www.bli.lu
Impression:
Imprimerie Centrale s.a.
Luxembourg
Les renseignements, puisés aux
meilleures sources, sont néanmoins
donnés sans garantie ni engagement.
Les prévisions de la présente
étude représentent l’avis personnel
de l­’auteur uniquement.
Reproduction autorisée moyennant
indication de la source (copie
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