P.1 « Publicité sur Mobile » Marché de la publicité : Après l’essor du web, au tour du mobile ? Enjeux et perspectives du marché de la publicité sur mobile ©2009, Ineum Consulting Édito e taux de pénétration du mobile en Europe atteint 119%1 alors que moins de 1%2 des dépenses de communication des annonceurs sont consacrées à la publicitié sur mobile. Comment les annonceurs peuvent-ils encore négliger un support de communication plus répandu que la télévision? Accompagnant l’utilisateur partout, ciblé et très polyvalent, le mobile offre de très belles perspectives publicitaires aux annonceurs. Mais jusqu’à aujourd’hui, le marché de la publicité sur mobile est resté balbutiant, comptant pour moins d’1% du marché global de la publicité. Il apparaît cependant que certaines des conditions du développement de ce marché sont désormais réunies et permettent d’espérer un rapide décollage : les offres de surf illimitées sont au rendez vous, les débits sont plus rapides, les terminaux sont mieux adaptés à l’usage de l’Internet mobile. Néanmoins de nombreuses questions encore restent à étudier… Le marché va-t-il tenir ses promesses et répondre aux attentes des différents acteurs (opérateurs, éditeurs, régies, agences, …) ? Quels nouveaux formats publicitaires tirant partie des attributs spécifiques du mobile peuvent émerger ? Quels sont les modèles économiques qui vont fonctionner ? Quelles vont être les stratégies gagnantes et comment les acteurs essayent-ils de se positionner pour tirer leur épingle du jeu ? Quelle croissance en attendre dans les prochaines années ? Au travers de ce dossier, Ineum Consulting vous propose des éléments de réponse et donne sa vision de l’évolution de ce marché sur les cinq prochaines années. Philippe PESTANES Associé Responsable du pôle Communications, Médias et Technologies [email protected] 1 2 Source : European Comission, 14th Report on the Implementation of Telecommunications regulatory packages - Octobre 2008 Source : ZenithOptimedia - Mars 2008 Remarque Le présent dossier a été finalisé à la fin du mois de mars 2009. L’analyse ne reflète donc pas les éventuels éléments nouveaux survenus depuis cette date. Néanmoins, si vous le souhaitez, l’équipe Ineum consulting se tient à votre disposition pour évoquer les dernières actualités dans le cadre d’un échange plus personnalisé. ©2009, Ineum Consulting Remerciements Nous tenons à remercier les experts qui ont accepté de répondre à nos questions et donner leur éclairage sur le marché de la publicité sur mobile : • Jean Philippe Briguet, Marketing Manager d’Apocope, Agence de marketing mobile, • Alexandre de Chavagnac, Directeur Général de Tedemis, agence de marketing mobile spécialisée sur le push, • Stanislas Coignard, Directeur Général de SBW Paris, agence de conseil mobile et fournisseur de solution, • Didier Kuhn, CEO de Screentonic (Microsoft), régie et plateforme de campagnes publicitaires sur mobile, • Olivier Le Garlantezec, Vice President Marketing de Phonevalley (Publicis Groupe), agence de marketing mobile, • Antoine Levêque, Directeur Général de Marvellous France (Aegis), agence de marketing mobile, • Xavier Perret, Vice President Digital Advertising Solutions chez Orange, • Julien Veillon, Directeur de la publicité sur mobile chez Dare Digital London, agence digitale, •Les équipes Blyk, MVNO UK, Netherlands, Belgium, pour leur éclairage sur le positionnement stratégique de Blyk. Merci aux corédacteurs de ce dossier, Jérôme Besse, Aurélie Benoit-Gonin, Alix de L’Hermite, Anne Laure Janssen, Julien Miniconi, Philippe Pestanes et Julien Py. ©2009, Ineum Consulting Sommaire Des atouts de communication incontestables Les attributs de communication du mobile offrent un large champ de créativité, mais sont encore à ce jour peu exploités. P.7 Un marché encore embryonnaire Même si le marché de la publicité sur mobile s’annonce prometteur, il reste aujourd’hui epsilonesque au regard du marché global, se heurtant à des modèles de revenus encore instables. P.15 En cours de décollage Le marché rencontre des freins contrariant sa croissance. Toutefois les conditions de développement émergent et de nouveaux formats capitalisant sur les attributs spécifiques du média apparaissent enfin. P.23 Des acteurs qui s’organisent La chaîne de valeur se structure et les acteurs se positionnent, afin de s’assurer un contrôle stratégique pérenne. Conclusion et prévisions d’évolution à horizon 2014 P.33 P.43 ©2009, Ineum Consulting P.7 Des atouts de communication incontestables Des atouts de communication incontestables Le mobile propose un mode de communication hybride, entre média de masse et de proximité. Inédit, il présente des attributs jusqu’ici jamais rassemblés dans un même support de communication. Ce potentiel intéresse particulièrement les annonceurs, qui rêvent de se trouver dans la poche de tous leurs clients… La publicité sur mobile fait naître un outil de communication hybride à la croisée des chemins entre publicité et marketing direct Le mobile est aujourd’hui un des objets personnels les plus possédés au monde (4,6 milliards d’abonnements en 20074) et dans de nombreux pays le nombre d’utilisateurs est supérieur à celui des médias de masse comme la télévision ou Internet. En France, en décembre 2008, le taux de pénétration du mobile est de 91,3% de la population3 Véritable produit de masse, le mobile pourrait-il devenir un média de masse et ainsi un vecteur de publicité idéal ? La publicité sur mobile bouleverse les fondamentaux de la communication traditionnelle puisque ce nouveau média se situe à la frontière entre la publicité (communication diffusée par les grands médias de masse) et le marketing direct (messages personnalisés envoyés par les marques directement aux consommateurs). A la fois support publicitaire donnant accès à des contenus média (vidéo, Internet) et outil personnel, le mobile rend 3 4 Source : ARCEP, « Suivi des Indicateurs Mobile » - Février 2009 Source : International Telecommunications Union - 2007 ©2009, Ineum Consulting P.8 Des atouts de communication incontestables perméable la frontière entre les notions de média et de hors-média. Le mobile autorise ainsi plusieurs formes de publicité, qui peuvent être classées selon la typologie suivante : • Publicité push : la publicité est poussée jusqu’au consommateur, qui a un comportement passif • Publicité pull : la publicité attire le consommateur vers le produit, qui est proactif dans sa démarche d’accès à l’information sur le produit • Publicité interactive : version évoluée du pull, dans ce modèle le consommateur est proactif et l’action qu’il réalise déclenche une action également du côté de l’annonceur, grâce à différents types d’enablers d’interactivité Les campagnes sur mobile permettent d’adresser un public très large tout en donnant au message une dimension personnelle, puisque reçu sur un objet personnel. Ces éléments permettent de garantir l’efficacité des campagnes sur mobile : on constate en effet que les taux de clics et d’ouverture de message des campagnes sur mobile sont très satisfaisants. Le mobile présente des attributs de puissance et de pertinence, rarement présents dans un même support de publicité Taux de clic des campagnes pull Une campagne de publicité sur mobile génère des taux de clics plus élevés que sur Internet : le taux de clic serait de 2 à 3% pour des campagnes de rotation de bannières et de 6 à 8% pour des dispositifs spécifiques (formats de type habillage) tandis que le taux de clic moyen d’une campagne Internet varie entre 0,5 et 1,5%5. Mode Support Mode Marketing Géolocalisé Portail wap Ring backtone ©2009, Ineum Consulting PULL PUSH SMS/MMS Support Mode Enabler SMS/MMS INTERACTIF Illustration 1 - Formats de publicité sur mobile Code barre 2D search Portails embarqués Sponsoring video 5 Reconnaissance d’image NFC Bluetooth Source : Internet Advertising Bureau, «A mobile advertising overview» - Juillet 2008 P.9 Des atouts de communication incontestables SBW : Les atouts du mobile qui séduisent les annonceurs par Stanislas Coignard, Directeur Général SBW Paris, agence de conseil mobile et fournisseur de solutions. « Les annonceurs plébiscitent de plus en plus le mobile en tant que média de communication en raison des caractéristiques suivantes qui sont illustrées à travers les 5 P du mobile : •Puissant : en France le taux de pénétration du mobile dépasse les 90% •Personnel : le mobile est l’outil de communication one to one idéal •Pertinent : le mobile permet un ciblage très précis des destinataires de campagnes marketing selon le lieu où ils se trouvent, l’heure, leur style de vie… •Polyvalent : le mobile est une sorte de couteau suisse, il contient de plus en en plus de fonctions, chaque utilisateur a sa propre utilisation de l’outil. Il agit facilement en rebond de campagnes plurimedias. •Profitable : Le mobile permet de déployer des campagnes marketing peu coûteuses qui répondent à plusieurs objectifs ; l’acquisition, le développement et la fidélisation d’une base de consommateurs.» Taux d’ouverture des messages push Les personnes qui reçoivent des SMS/MMS ont donné leur accord et sont donc réceptives aux publicités reçues. Par ailleurs, le réflexe naturel est de lire le SMS lorsque l’on en reçoit un. Le taux de lecture d’une publicité SMS/ MMS tourne donc autour de 95%6 (par comparaison le taux d’ouverture d’un e-mail publicitaire était de 14%7 au second semestre 2007). En comparaison avec Internet, le mobile affiche donc des résultats nettement plus performants : Internet présente un taux de clic moyen de 1% alors que le mobile caracole à 10%8. 6 7 8 Source : Journal du net - 2007 Source : Mailermailer 2ème semestre 2007 Source : Interactive Advertising Bureau - Juillet 2008 10% c’est le taux de clic moyen des campagnes publicitaires sur le mobile contre 1% sur Internet ©2009, Ineum Consulting P.10 Des atouts de communication incontestables Toutefois, si les résultats sont aussi satisfaisants, c’est également parce que le mobile permet à travers les campagnes en push : • De cibler les populations pertinentes : comme pour toute campagne de marketing direct, il est possible de cibler les populations pertinentes à partir des bases de données. • D’améliorer les taux de rendement d’une campagne à l’autre : le tracking des consommateurs renseigne sur le taux d’ouverture des messages et permet donc d’en déduire l’efficacité de la campagne et les éventuelles corrections à apporter dans la sélection des fichiers pour la campagne suivante. • De communiquer en temps réel avec la cible : le mobile étant la plupart du temps porté sur soi, le délai entre le moment choisi par l’annonceur pour communiquer et celui où le consommateur en prend connaissance est réduit. • De délivrer des messages selon la localisation de la cible : grâce aux fonctionnalités de géolocalisation, les messages adressés aux clients sont adaptés au contexte géographique dans lequel se trouve le client au moment où l’annonceur délivre son message. Cela peut fortement l’inciter à réaliser un acte d’achat. Une campagne sur mobile permet donc d’atteindre le consommateur au bon endroit. La mesure de l’efficacité des campagnes en pull est plus complexe. Si le search marketing permet de cibler les Internautes à partir de l’utilisation de mots-clés, il est difficile de mesurer l’audience des campagnes sous forme de bannières ou d’insertions vidéos. Les chiffres d’audience sont donnés par les opérateurs ou par les prestataires marketing en charge des campagnes, mais il n’y a pas encore d’acteur indépendant fournissant des statistiques. Il n’existe d’ailleurs pas d’indicateurs définis comme pour le web (visiteurs uniques…). Le choix d’une communication plutôt orientée push ou pull dépend des objectifs poursuivis par les annonceurs. On observe que le push est plus efficace dans une démarche commerciale, pour générer du trafic en points de vente. Le pull s’inscrit plus dans une logique de communication globale, d’information. De plus, certaines spécificités nationales influencent les choix retenus par les annonceurs. Aux Etats-Unis par exemple, la réception d’un SMS / MMS était jusqu’à très récemment facturée au destinataire. Difficile alors d’adopter un mode de communication push, c’est pourquoi 90% des investissements publicitaires sur mobile aux Etats-Unis se font sur du pull. On observe des taux similaires en Italie et en Grande Bretagne. La France, au contraire, favorise la communication orientée push, puisque selon Olivier Le Garletanzec de Phonevalley, 70%9 des budgets de la publicité sur mobile y sont consacrés. ©2009, Ineum Consulting 9 Source : Interview Olivier Le Garlantezec - 2009 P.11 Des atouts de communication incontestables TEDEMIS : Les clefs d’une communication mobile efficace par Alexandre de Chavagnac, Directeur Général de Tedemis, agence de marketing mobile spécialisée push. « A l’inverse du coût d’un envoi de mails, le coût d’un envoi de SMS est élevé. De plus, le push SMS est perçu de manière intrusive par le public et présente des risques de rejet. Impossible donc d’adopter sur mobile une stratégie de communication massive comme sur Internet avec le Spaming. Il faut donc procéder à une segmentation très précise afin de réaliser des campagnes ciblées et donc rentables. Nos campagnes visent une cible de mobinautes optinnés sur Internet que nous requalifions par la suite. Nettoyage de base, vérification des numéros, segmentation par type d’opérateurs et de mobiles, géolocalisation… autant de techniques de segmentation auxquelles nous avons recours pour assurer la pertinence de nos campagnes. Nous jouons également sur la croissance des taux de rendement. Nous avons observé que plus un mobinaute est exposé à des campagnes de SMS plus le rendement des campagnes est élevé. Ce phénomène s’explique par l’effet d’habitude et de confiance du mobinaute. Au bout du 5ème SMS publicitaire, le destinataire est beaucoup plus réceptif et passe plus favorablement à l’action. Ces atouts nous permettent d’afficher aujourd’hui des taux de clic qui oscillent entre 2% et 12%, ces résultats dépassent très nettement ceux observés sur Internet. » Les formats de publicité sur mobile restent encore principalement concentrés autour du SMS, de la bannière et du search Aujourd’hui, les formats publicitaires les plus développés sont, pour le push, les SMS /MMS, et pour le pull, les bannières visibles sur les portails des opérateurs ou les sites Internet mobile ainsi que le search marketing. Le SMS/MMS L’envoi de SMS/MMS, compatible avec presque tous les terminaux, est le support très largement dominant dans la publicité sur mobile : en 2007, les SMS/MMS représentent 92%10 de la publicité sur mobile. La publicité multimédia (mode pull) ne représente que 8% de la publicité sur mobile. • L’envoi de SMS permet aux annonceurs de cibler les personnes auxquelles ils souhaitent envoyer des messages en sélectionnant les profils pertinents (selon l’âge, le sexe, le lieu de résidence, la profession…) à partir des bases clients fournies par les opérateurs ou par des acteurs marketing (1000mercis, Maximiles…). Les contraintes liées à ce canal publicitaire sont fortes puisque le message ne doit pas excéder 160 caractères. •Le MMS offre une marge de manœuvre plus grande en permettant d’ajouter des images, des vidéos ou encore du son aux messages texte envoyés. La capacité d’expression des messages publicitaires sur le téléphone se trouve ainsi augmentée. 10 Source : Advertising Age - 2008 92% c’est la part que les SMS/MMS représentent de la publicité sur mobile ©2009, Ineum Consulting P.12 Des atouts de communication incontestables Cependant le parc adressable et le coût unitaire limitent la croissance de ce média. En effet le MMS est commercialisé entre 3 et 4 fois plus cher qu’un SMS aux annonceurs, et la mise à jour nécessaire de la configuration du téléphone limite par ailleurs le parc adressable. Les bannières publicitaires Le développement de l’Internet mobile offre de nouvelles perspectives à la publicité sur mobile, sur les mêmes espaces que sur l’Internet fixe. Certaines bannières cliquables permettent aux annonceurs de diriger le mobinaute vers leurs sites web. Les bannières sur mobile, fixes ou animées, sont adaptées à la taille de l’écran mobile : pas plus d’une bannière par page, texte de quelques mots-clés… Le search Walled Garden : Sur Internet, le Walled Garden est un environnement dans lequel l’accès de l’utilisateur aux contenus et services est contrôlé. En effet, le Walled Garden dirige la navigation de l’utilisateur vers des sites déterminés, de manière à autoriser ou restreindre l’accès à une sélection de contenus. ©2009, Ineum Consulting L’Internet mobile rend également possible le search marketing sur mobile : les liens sponsorisés apparaissant soit sur les moteurs de recherche classiques type Google ou Yahoo !, soit sur les portails des opérateurs ou les initiatives conjointes type Gallery. En France, jusqu’à récemment avec l’arrivée de nouveaux terminaux facilitant la navigation sur l’Internet mobile, l’existence d’un moteur de recherche commun à tous les opérateurs limitait de facto l’accès à l’Internet mobile aux sites des annonceurs qui étaient référencés. Il s’agit d’un modèle dit « Walled-Garden ». P.13 Des atouts de communication incontestables Focus sur Gallery11 et le modèle Walled Garden Gallery est un kiosque de services multimédia mobiles commun à tous les opérateurs français, contenant un moteur de recherche de l’Internet mobile. Celui-ci permet aux «mobinautes» de trouver en un clin d’oeil les marques et services sur leur téléphone portable quel que soit l’opérateur, en tapant son nom ou en saisissant un mot clef. Ce moteur de recherche est entièrement contrôlé par les opérateurs qui prennent en charge la réservation des noms et mots clefs, référencent les sites des annonceurs et raccordent les sites à leurs réseaux. Deux types de formats publicitaires sont disponibles à la vente aux annonceurs sur le portail Gallery : •Les bannières •Les liens texte et visuel Investissements publicitaires Illustration 2 – Modèle économique Gallery12 Réservation et référencement des noms et mots clefs Référencement à partir de 2000€/an Réservation : 50 €HT/mot clef + 100€HT/an pour l’abonnement Hébergement et développement du service A partir de 5000 € Revenus Annonceur Prestataire Opérateur Commisionnement selon le CA généré de l’utilisation du client final Utilisateur Facturation à l’acte, au forfait d’acte par 24H, par mois... Les espaces publicitaires sont positionnés sur le moteur de recherche Gallery : •Soit sur les pages de résultats de requête suite à la saisie d’un mot clef •Soit via des liens sponsorisés sur le moteur de recherche Gallery 11 Source : www.pro.gallery.fr - 2008 Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 12 ©2009, ©2009, Ineum Ineum Consulting Consulting P.15 Un marché encore embryonnaire Un marché encore embryonnaire Le marché de la publicité sur mobile présente toutes les caractéristiques d’un marché en émergence, dont le poids est encore très limité dans le marché publicitaire global. Certains freins doivent encore être levés pour séduire les annonceurs et le cadre réglementaire peut restreindre certaines initiatives. La publicité sur mobile : un marché encore balbutiant ! Aujourd’hui, le marché de la publicité sur mobile est encore très faible : en 2008, la publicité sur mobile représentait à peine 0,6% du marché publicitaire total13 évalué à 490 milliards USD14 . La publicité sur mobile est d’autant plus marginale que les investissements sont concentrés dans certains pays : le Japon représente à lui seul plus de la moitié du marché (53%) et les Etats-Unis près d’un tiers (27%)15. 0,6% c’est la part de la publicité mobile dans le marché de la publicité totale 53% des investissements publicitaires sur le mobile sont réalisés au Japon Illustration 3 - Répartition géographique du marché de la publicité sur mobile en 200816 US 0,78 Mds$ Europe 0,58 Mds$ Source : Optimedia - Février 2008 Source : Zenith Optimedia - Mars 2008 Source : Advertising Age and Mobile Marketing Solution Association - 2006 16 Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 Japon 1,55 Mds$ 13 14 15 ©2009, Ineum Consulting P.16 Un marché encore embryonnaire 80% des annonceurs sur le mobile sont eux-mêmes éditeurs de contenus mobile. En outre, le nombre d’annonceurs sur le marché est encore limité. Ce sont essentiellement les opérateurs Telecom et les fournisseurs de contenus qui intègrent le mobile dans leurs plans publicitaires : en 2007, 80% des annonceurs étaient encore des éditeurs de contenus pour mobile17. Autant dire que le marché est encore très « consanguin » comme cela a été observé sur Internet dans un premier temps. C’est uniquement à titre expérimental que les annonceurs traditionnels incluent le mobile dans leurs campagnes publicitaires. Illustration 4 - Formats publicitaires mobiles et mode de facturation Affichage/Sponsoring Search Marketing « Petites annonces » Bannières, SMS/MMS, interstitiel Liens sponsorisés, clic to call... Achat, inscription, jeu concours... Coûts pour mille (CPM) Coûts par Clic (CPC) Coût par Action (CPA) L’annonceur paie en fonction du nombre de fois où la publicité est affichée ou envoyée à la cible L’annonceur paie en fonction du nombre de fois où le lien publicitaire est cliqué par la cible L’annonceur paie en fonction du nombre de fois où la cible réalise un achat, s’inscrit à la newsletter, participe à un jeu concours... Les annonceurs construisent une stratégie publicitaire mobile adaptée aux cibles visées et aux objectifs commerciaux à atteindre. Pour soutenir cette stratégie, les régies leur proposent des formats spécifiques, présentant des logiques de commercialisation et de facturation différentes. La publicité sur mobile est un mode de communication relativement onéreux car la performance publicitaire est très élevée. Les CPM Nets moyens constatés sont largement supérieurs à ceux pratiqués sur Internet. Des modèles de revenus publicitaires sur mobile pas encore figés, qui varient selon les supports utilisés La fourchette de CPM Brut sur Internet est beaucoup plus élevée que la fourchette de CPM Brut sur mobile. Les campagnes publicitaires Internet sont-elles pour autant plus chères que les campagnes sur mobile ? ©2009, Ineum Consulting 17 Source : Journal du Net - 2007 P.17 Un marché encore embryonnaire Illustration 5 - Tableau comparatif des CPM moyens Internet et Mobile18 Internet Mobile Min Max Moy Min Max Moy CPM Brut 25 € 80 € - 15 € 35 € - CPM net - - 5€ - - 15€ On s’aperçoit que les CPM Net, effectivement facturés aux annonceurs, sont plus compétitifs sur Internet que sur mobile. En effet, le niveau d’inventaire disponible sur Internet est beaucoup plus important, ce qui pousse les régies à pratiquer des remises conséquentes pour attirer les annonceurs. Ces remises peuvent avoisiner les 70% du CPM Brut. En revanche, sur le mobile, en raison de disponibilité d’espace beaucoup plus réduite, les régies affichent un taux de remplissage atteignant presque toujours 100%. Les remises sont alors moins importantes et avoisinent plutôt les 30% du CPM Brut. La croissance de l’inventaire mobile pourrait laisser présager un phénomène de remise aussi important que sur Internet. A court terme, ce phénomène est probable. En revanche, à long terme, avec l’amélioration des techniques de communication mobile et du ciblage comportemental, l’espace et le clic seront revalorisés. La qualité du contact obtenue sur mobile justifiera toujours une pratique de remises modérées entre le CPM brut et le CPM net. Au final, l’achat d’espace sur le mobile s’avère plus coûteux que sur Internet, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il est moins rentable. PHONE VALLEY : Le prix de la communication mobile par Olivier Le Garlantezec, VP Marketing de Phonevalley (Publicis Groupe) « La communication sur mobile a fait les preuves de son efficacité et permet d’obtenir des coûts au contact comparables et souvent plus économiques que sur Internet, grâce à des taux de clics 2 à 10 fois supérieurs au web. Le CPM est donc logiquement un peu plus élevé que sur Internet mais il convient de nuancer ce prix facial par la performance de ce média. Les raisons de ces très bonnes performances du média mobile s’expliquent par 2 principaux motifs : - il s’agit tout d’abord du média le plus personnel qui soit (91% des abonnés gardent leur téléphone à moins d’un mètre, 24 heures sur 24, 365 jours par an) - un seul bandeau publicitaire est affiché par page ce qui permet de concentrer bien mieux l’attention de l’internaute mobile sur le message publicitaire. » 18 Source : Interactive Advertising Bureau France - Juillet 2008 ©2009, Ineum Consulting P.18 Un marché encore embryonnaire 34% des utilisateurs sont réceptifs à la publicité sur mobile en échange de contenu gratuit Ad-funded : Le Ad-funded est un modèle économique consistant à fournir un service gratuitement ou à prix réduit en contre partie de l’exposition du consommateur à un message publicitaire A l’extrême, la publicité sur mobile permet même à certains opérateurs de diminuer voire de financer le prix des communications et services de leurs clients, palliant ainsi le caractère intrusif du média Selon une étude réalisée sur les Etats-Unis et 5 pays d’Europe de l’Ouest19, les utilisateurs sont de plus en plus réceptifs à la publicité sur mobile, notamment lorsqu’ils obtiennent du contenu ou un service gratuit en échange : • 34% des répondants (37% en Europe) regardent la publicité en échange de contenu gratuit • 32% des répondants (34% en Europe) aiment la publicité sur mobile quand quelque chose de gratuit est offert avec la publicité. L’étude montre également que la publicité sur mobile est susceptible de générer des visites sur les sites Internet (23% des répondants) et les boutiques de l’annonceur (11%) , et génère une demande d’informations produit complémentaires (13%). Certains opérateurs ont poussé cette logique à l’extrême, en proposant des modèles économiques complètement axés sur la publicité sur mobile. Ce modèle, dit modèle Ad-funded, consiste à fournir un service gratuitement ou à prix réduit, en contrepartie de l’insertion de publicité. Les publicités pouvant être de différentes natures (SMS, bannière WAP, …) et donner lieu à une contrepartie elle aussi variée : crédit de communication voix, crédit de SMS, accès data, services multimédia mobiles, jeux vidéos mobiles, clip vidéo,… 19 ©2009, Ineum Consulting Source : Online Publishers association et TNS , « Going Mobile: An International Study of Content Use and Advertising on the Mobile Web” - 2007 P.19 Un marché encore embryonnaire Une des possibilités offertes par ce modèle consiste à fournir un premier contenu gratuitement, faisant alors office de produit d’appel (par exemple les premiers niveaux d’un jeu vidéo), en le finançant par de la publicité grâce à l’insertion d’interstitiels. Ce produit d’appel sert très souvent d’hameçon « try and buy » auprès des clients avec la promotion de la version payante dont le modèle économique repose lui sur la facturation au client. Le modèle Ad-funded présente un fort potentiel chez les jeunes, qui, selon les dernières études d’usage, sont davantage appétants à des services gratuits en contrepartie de la réception de message publicitaire. Cette cible est stratégique pour un certain nombre d’annonceurs. En dépit de leur pouvoir d’achat direct souvent limité, ils sont très sensibles aux marques. Par ailleurs, ils sont aujourd’hui prescripteurs d’achat auprès de leurs parents et représentent les clients de demain sur lesquels certains annonceurs souhaitent investir. ©2009, Ineum Consulting P.20 Un marché encore embryonnaire Blyk : quand la publicité fait disparaître la facture de téléphone Un exemple de modèle économique Ad-funded extrême Depuis mi-2007, l’opérateur mobile anglais Blyk vise en priorité une cible jeune avec son offre de téléphonie gratuite en contrepartie de messages publicitaires en provenance d’annonceurs particulièrement intéressés par cette cible. En juin 2008, Blyk comptait déjà 100 000 membres et réalisait 2 000 campagnes publicitaires ; l’opérateur compte aujourd’hui plus de 200 000 membres au Royaume Uni. Blyk propose aux annonceurs une palette de supports (campagnes SMS, sondage, bannière WAP) et des outils de tracking et monitoring avancés. Selon Blyk, les taux de réponses moyen atteignent 20%, ce qui est très élevé et donc augmente l’attractivité pour les annonceurs comme le confirme Antti Öhrling, CEO de Blyk : “At Blyk UK, we have over 200,000 members, all profiled, all opted-in and fully engaged. So you’ve got the opportunity to research brands or products or services with a very influential and impactful audience.” Illustration 6 - La dynamique de l’offre Blyk20 Offre consommateur Une offre mobile alléchante pour les jeunes Reward Consommateur - Un crédit de 15£ de voix, data et SMS - Accès gratuit au portail wap Blyk - Réponse gratuite aux publicités 21 3 solutions Publicités reçues - Un maximum contractuel de 621 pubs par jour et des statistiques d’1 pub par jour en moyenne - Des supports : SMS, MMS et portail WAP Recrutement Cible - Street marketing - Web - Bouche à oreille : « member - get member » - Pas de distribution physique - Une base de 200 00021 adolescents entre 16-24 ans finement qualifiée (administratif pointu, loisirs, passions…) - Un club de membres actif ©2009, ©2009, Ineum Ineum Consulting Consulting Offre annonceur Une proposition de valeur annonceurs en avance sur le marché permettant aux annonceurs de nourrir une relation privilégiée avec les consos - Concept de campagne - Création publicitaire - Suivi de campagne en temps réel (Interface web) Insight and research Awareness and Interaction Solliciter la base client pour tester l'impact des concepts sur une cible "early adopters" Travailler la notoriété de la marque via des campagnes de promotion, d'informations, de Buzz 20 Drive Action Générer du trafic in store, sur le Web ou des appels téléphoniques Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 21 Source : www.blyk.co.uk - 2008 P.21 Un marché encore embryonnaire BLYK, acteur des télécoms ou des médias ? Interview menée auprès de Blyk en Février 2009 Loin du spam, du SMS ou de la bannière, Blyk invente une nouvelle manière de communiquer. « La force de la proposition de valeur Blyk réside dans le caractère innovant de ses offres de publicité mobile. Quand la majorité des acteurs du marché propose de la bannière ou du SMS, Blyk propose aux annonceurs de construire une relation privilégiée avec leurs consommateurs via des outils de proximité et d’interactivité. Par exemple, Blyk développe de plus en plus de campagnes sous forme interrogatives. Les réponses étant gratuites, certaines campagnes génèrent jusqu’à 51% de réponses, permettant aux marques de pousser le bon produit, ou bien d’obtenir des renseignements « d’early adopters »… Ainsi L’Oréal peut par exemple demander « à quelle star ressemblez-vous le plus ? », et pousser une promotion sur la bonne référence de rouge à lèvres. L’intelligence du modèle repose sur un juste équilibre win-win servant autant les marques que les consommateurs. Les modèles de facturation au CPE, Coût Par Envoi, ou CPR, Coût par Réponse, pratiqués par Blyk montrent bien que l’offre Blyk est totalement innovante comparée à des pratiques de marchés souvent trop proches du web. Un modèle économique glissant des télécoms vers les medias. « Lors du dernier GSMA Mobile World Congress en Février 2009, notre Directeur Stratégie et Business Développement, Timo Ahopelto, a annoncé que Blyk faisait évoluer son modèle d’opérateur télécom virtuel et cherchait à s’associer à des opérateurs télécoms. Progressivement Blyk va passer d’un modèle MVNO à un modèle partenarial, pour s’écarter de l’univers télécoms coûteux et recentrer ses activités sur la publicité. En deux ans, Blyk a réussi à construire une marque de référence du mobile advertising, ancrée sur des formats publicitaires inédits et inégalés. Cette avance va permettre à Blyk d’anticiper les déploiements média internes des opérateurs en leur proposant des solutions d’Ad-funded pointues prêtes à déployer. Blyk mène d’ores et déjà des ateliers de travail avec un certain nombre d’opérateurs européens et internationaux, afin de trouver le meilleur mode opératoire. Pour les opérateurs, s’allier avec Blyk permet d’augmenter l’ARPU (reversement d’une partie des revenus publicitaires et communication au-delà du crédit octroyé), de se différencier, d’attirer de nouveaux clients et de valoriser des compétences média. Les prochains déploiements sont prévus aux Pays Bas, en Belgique, en Espagne et en Allemagne. » Le recentrage actuellement opéré par Blyk, laisse entrevoir que les modèles économiques entièrement Ad-funded semblent difficiles à pérenniser. L’histoire donne raison aux opérateurs mobiles méfiants quant à la viabilité des business model entièrement Ad-funded : les coûts d’un opérateur virtuel ont visiblement du mal à être entièrement compensés par la publicité et le modèle partenarial saura sûrement mieux porter ses fruits. Toutefois, il est indéniable que Blyk a bel et bien inventé un nouveau mode de communication mobile, ancré dans la proximité et l’interactivité. ©2009, ©2009, Ineum Ineum Consulting Consulting P.22 « Publicité sur Mobile » ©2009, Ineum Consulting P.23 En cours de décollage En cours de décollage Le mobile est aujourd’hui un nouveau support publicitaire sur lequel ne peuvent pas nécessairement être transposés en l’état les publicités destinées aux autres supports. A plusieurs niveaux, il est nécessaire de respecter les caractéristiques du mobile et donc de développer une publicité spécifique. Ergonomie contraignante. L’ergonomie du mobile n’étant pas la même que celle d’un d’ordinateur ou d’un téléviseur, la publicité sur mobile doit prendre en compte • La taille de l’écran : s’assurer de la lisibilité des bannières, du niveau de complexité des vidéos • La navigation : s’assurer que le téléchargement de la publicité ne ralentisse pas la navigation, optimiser le parcours client vers les sites Caractère intrusif. Si le fait que le mobile soit perçu comme un outil personnel peut augmenter l’efficacité d’une publicité bien ciblée, il peut également avoir l’effet inverse : une publicité sur mobile peut facilement être considérée comme une intrusion dans l’espace personnel. Il faut donc que la publicité soit pertinente pour qu’elle ne soit pas considérée comme intrusive et puisse ainsi ne pas provoquer de rejet. Les annonceurs conscients de ces points d’attentions expriment encore quelques doutes. Illustration 7 - Limites de la publicité mobile vues par les annonceurs22 50% 45% 40% 35% 28% 30% 20% 10% 0% Nombre de signe et d’information insuffisant 22 Capacité du message envoyé insuffisante Source : NIKKEI Advertising Research Institute - Mars 2007 Audience limitée ©2009, Ineum Consulting P.24 En cours de décollage Manque de standardisation. D’un point de vue technologique la publicité sur mobile est contrainte par la multiplicité des systèmes d’exploitation développés par les constructeurs de terminaux mobiles. Chaque constructeur développe un système d’exploitation mobile qui lui est propre générant des contraintes spécifiques sur les formats publicitaires, limitant les possibilités de campagne mobile de masse (taille de bannières à adapter, widgets à développer plusieurs fois)… Seul le SMS est à ce jour standardisé, ce qui lui permet de rencontrer le succès qu’on lui connaît. Illustration 8 - Principaux OS (Operating Systems) associés aux constructeurs et spécificités vues par les annonceurs23 Opt-in : Une inscription en opt-in est le fait de cocher, lors d’une inscription, une case permettant à l’annonceur de vous envoyer des mailings, des annonces de divers partenaires ou des messages publicitaires ©2009, Ineum Consulting Constructeurs OS Spécificités Nokia Motorola Symbian OS Système d’exploitation né d’un consortium entre différents constructeurs (Psion, Nokia, Motorola...), permettant une grande liberté de développement Samsung Sony Ericsson Java FX mobile Apple - Iphone Apple mobile OS Blackberry Blackberry OS Système d’exploitation propre au constructeur garantissant la stabilité et la sécurité reconnues aux terminaux Blackberry Google Android Système d’exploitation open source évolutif et modulable, entièrement basé sur Lynux Microsoft Microsoft Windows Mobile Nom générique donné à différentes versions de Microsoft Windows adaptées aux appareils mobiles tels que les Smartphones ou Pocket PC Système d’exploitation open source, rétro compatible avec J2ME, OS des téléphones entrée de gamme et JavaFX OS pour PC Version Mobile et tactile du Macintosh Operating system, reconnue particulièrement pour la qualité de ses capteurs tactiles Audience limitée. Bien que les offres des opérateurs favorisent aujourd’hui l’accès à l’Internet mobile et que les chiffres de connexion soient à la hausse, on constate que les mobinautes n’ont pas encore systématisé leur navigation. Le nombre d’usagers se connectant au moins une fois par mois est en forte progression mais la fréquence des navigations peine à décoller. Qualité des bases « Opt in ». La communication mobile n’est efficace que si elle s’adresse à une cible précisément identifiée et correctement qualifiée. Les acteurs peinent encore à se procurer des bases clients propres et exploitables et font donc du travail de requalification une véritable priorité. Afin d’optimiser ce travail les acteurs multiplient les initiatives de récupération des bases issues de l’Internet classique. 23 Source : Analyses Ineum Consulting - 2009 P.25 En cours de décollage DARE DIGITAL : L’essor de la publicité sur mobile est étroitement lié à l’innovation technologique des constructeurs de mobiles, par Julien Veillon, Directeur de la publicité sur mobile chez Dare Digital London, élue meilleure agence digitale 2007 en Angleterre « Contrairement au web où les internautes ont tous la même « user expérience » via des ordinateurs relativement similaires, pour le mobile les expériences sont encore très différentes selon les fonctionnalités des mobiles. Par exemple, avec l’iPhone, les utilisateurs vont 50 fois plus sur Internet qu’avec les autres mobiles. Le marché a fait naître un besoin fondamental de standardisation des systèmes d’exploitation. Beaucoup de constructeurs et d’opérateurs différents, ayant chacun des applications différentes, génèrent des modèles de bannières très hétérogènes. Une uniformisation du marché est indispensable pour arriver à des performances proches du web. Tant qu’il n’y aura pas une norme permettant de standardiser la taille des bannières, il sera vraiment difficile de parler du mobile comme d’un media push à part entière. » Absence de cadre réglementaire spécifique et favorable . Le cadre réglementaire de la publicité sur mobile restreint beaucoup les annonceurs et freine la constitution d’une masse critique en termes d’audience. La publicité sur mobile est encadrée par plusieurs points de législation traitant de la publicité en général. La loi pour la confiance dans l’économie numérique du 21 juin 2004 a consacré l’adresse opt-in pour tous les courriers électroniques à caractère publicitaire, c’est-à-dire qu’il faut que la personne qui reçoit le courrier ait donné expressément son accord (la plupart du temps sous forme d’une case qu’il a cochée). Le courrier électronique étant défini comme « tout message sous forme de texte, de voix, de son ou d’image envoyé par un réseau ouvert au public qui peut être stocké dans le réseau ou dans l’équipement terminal du destinataire jusqu’à ce que ce dernier le récupère », les SMS et MMS sont visés par cette loi. Toutefois, l’adresse n’a pas besoin d’être opt-in dans le cadre de la relation client. Une entreprise peut envoyer des messages à ses clients, sur des produits ou des services analogues à ceux acquis. En revanche, il est nécessaire que les adresses aient été collectées dans le respect de la loi « Informatique et Libertés », à l’occasion d’une vente ou d’une prestation de services : • La constitution d’un fichier contenant des données à caractère personnel a été déclarée à la CNIL • Un certain nombre d’informations ont été communiquées au client lors de la collecte des données (précision sur le caractère obligatoire ou facultatif des réponses…) • Les clients ont un droit d’accès, de modification, de rectification ou de suppression Les freins réglementaires en quelques pointsclés • Envoyer des sollicitations uniquement sur des personnes ayant accepté (opt-in) • Offrir au prospect le droit d’accès, de modification, de rectification ou de suppression de ses informations • S’assurer que la publicité ne porte pas atteinte à l’intégrité de l’œuvre • Garantir la transparence des conditions tarifaires ©2009, Ineum Consulting P.26 En cours de décollage Ces dispositions limitent le nombre d’adresses auxquelles peuvent être envoyés des SMS et MMS publicitaires : seule la partie optinée de la base clients peut en recevoir. Les opérateurs peuvent profiter de l’ensemble de leur base pour faire de l’auto-promotion. SFR compte ainsi 2 millions d’adresses opt-in pour une base de près de 18 millions d’adresses24. La loi encadre également la manière dont la publicité est insérée sur certains programmes. Les insertions publicitaires dans les programmes audiovisuels et cinématographiques doivent respecter l’intégrité de l’œuvre qui ne doit pas être dénaturée, modifiée, altérée, mutilée ou sortie de son contexte lors de sa diffusion. A titre d’exemple, l’ajout d’un logo ou l’insertion d’une publicité sur un programme audiovisuel reconnu comme œuvre doit faire l’objet d’une autorisation par l’ayant-droit. La législation s’applique à la diffusion de contenus sur mobile. Ceci limite le champ des possibles pour les propositions de publicités sur mobile et favorise des formats publicitaires (insertion d’écrans publicitaires avant la diffusion du programme) au détriment d’autres (insertion de logos). Les relations entre annonceurs et prestataires sont, quant à elles, encadrées par la loi Sapin du 29 janvier 1993 qui instaure un principe de transparence des prix des espaces publicitaires pour lesquelles les conditions tarifaires doivent être publiques et la facture d’achat doit être envoyée à l’annonceur, même si le règlement se fait par l’agence. Par ailleurs, l’achat d’espace par un intermédiaire ne peut se faire qu’à travers l’existence d’un contrat de mandat entre l’annonceur et son agence média. … même si par ailleurs certaines conditions de développement émergent La multiplication des offres d’accès illimité à l’Internet mobile. Par ailleurs, l’Internet sur mobile est encore cher et les opérateurs commencent seulement à lancer des offres Internet illimité à des tarifs attractifs. La généralisation de ces forfaits est un élément clé pour permettre de changer les usages. Parallèlement, l’Internet sur mobile devient plus convivial, de plus en plus de sites concevant des versions spécifiques pour mobile. De nouvelles générations de terminaux plus adaptés à l’Internet mobile. La généralisation des terminaux 3G facilitant l’accès à l’Internet mobile est déjà bien engagée. Des terminaux adaptés à la navigation sur l’Internet mobile, dont l’iPhone d’Apple est l’icône, se multiplient et permettent de faire exploser les usages. ©2009, Ineum Consulting 24 Source : servicesmobiles.fr - 2009 P.27 En cours de décollage APPLE : L’iPhone change la donne de la publicité sur mobile… Avec plus de 20,5 millions d’iPhone vendus dans le monde25, Apple révolutionne le marché du mobile en ouvrant de plus en plus d’opportunités de publicité. L’iPhone fait décoller le marché de l’Internet mobile. L’ergonomie du nouveau terminal Apple et plus récemment sa compatibilité avec la connexion 3G ont permis d’opérer un réel décollage du trafic Internet mobile. Une étude Médiamétrie, menée en juillet dernier, a montré que la fréquentation des sites Internet en provenance de l’iPhone d’Apple a progressé de 33%, générant des pics de fréquentation de sites en provenance de l’iPhone jusqu’à 40 000 visites26. Ces chiffres confirment une tendance lourde, celle de l’utilisation de l’Internet à partir des téléphones mobiles (le parc client multimédia actif représentait 17,4 millions d’utilisateurs au 3ème trimestre 200827 en France). Cette tendance de fond ne devrait d’ailleurs pas s’arrêter avec l’arrivée des « iPhone killers » : Samsung Omnia, HTC Diamond Touch, Black Berry 9500 tactil, et autres... En somme, l’Internet mobile devient une réalité. Les marques vont devoir s’en soucier, tout comme elles ont commencé à le faire pour le téléphone d’Apple en créant des sites et des applications dédiés iPhone. L’iPhone fait naître de nouveaux supports de communication. Apple a lancé le 11 juillet dernier, l’App-store proposant un catalogue de 500 applications qui s’est déjà multiplié par 30, comptant plus de 15 000 applications et prés d’un milliard de téléchargements par les « Mobile Internet users »28. Les jeux (23%) et les logiciels de divertissement (11%) connaissent le plus grand succès. 24% de ces applications seraient gratuites, alors que 35% d’entre elles sont vendues 0,99 dollar. L’iPhone crée une nouvelle proximité entre les marques et le consommateur. En développant leurs applications, les marques s’introduisent dans l’intimité des mobinautes grâce à une icône brandée, présente dans le menu du téléphone. Ainsi un grand nombre d’annonceurs choisit ce média, que le service soit payant ou gratuit. Le quotidien Le Monde se félicitait récemment du nombre élevé de téléchargements enregistrés par son application iPhone (300 000 téléchargements). Par exemple, la RATP a récemment développé une application proposant des services mobiles pour mieux se déplacer à Paris (plans, horaires des lignes, repérage des stations via Google Maps, calcul des meilleurs itinéraires, localisation de la station la plus proche au moyen du GPS intégré à l’iPhone 3G...). Source : Le Figaro - Avril 2009 Source : Médiamétrie, « Etude iPhone Apple » - Juillet 2008 Source : ARCEP, « Suivi des Indicateurs Mobile » - Février 2009 (le parc actif multimédia est défini par l’ensemble des clients qui ont utilisé au moins une fois sur le dernier mois un service multimédia de type Wap ; i-Mode ; MMS ; e-mail, et ce, quelle que soit la technologie support.) 28 Source : www.lesechos.fr - avril 2009 25 26 27 ©2009, ©2009, Ineum Ineum Consulting Consulting P.28 En cours de décollage Des nouvelles générations de réseaux mobiles offrant encore plus de capacités d’échanges montantes et descendantes L’intéractivité en mobilité est rendue possible par les technologies HSDPA et HSUPA. L’arrivée annoncée du HSPA Evolved et du Long Term Evolution promet des vitesses et capacités d’échanges des données allant jusqu’à 1GBps. Mais quid de la vitesse de déploiement de ces nouvelles technologies par les opérateurs qui ont déjà fortement investi dans l’UMTS ? Ces évolutions, conjuguées à la puissance des attributs intrinsèques du portable, qui permettent de cibler et personnaliser la communication vers les consommateurs, devraient permettre d’attirer un plus grand nombre d’annonceurs et assurer une part croissante de la publicité sur mobile par rapport aux autres supports. TEDEMIS : Les conditions du décollage de la publicité sur mobile Par Alexandre de Chavagnac, Directeur Général de Tedemis, agence de marketing mobile spécialisée push. « Le marché de la publicité sur mobile a connu une croissance régulière mais pas encore une explosion. Le point d’inflexion tant attendu n’est pas encore atteint. Pour autant les conditions nécessaires au décollage du marché se manifestent : - les terminaux proposent des expériences d’Internet mobile de plus en plus satisfaisantes ce qui se traduit par une augmentation extraordinaire des usages. L’arrivée de l’iPhone est une véritable révolution, ce device représente 2% du marché mais draine à lui seul 50% du trafic sur l’Internet mobile. - les forfaits illimités pour l’Internet mobile se multiplient et les prix sont de plus en plus séduisants - les offres de contenus et de services sur Internet mobile s’enrichissent et s’étoffent poussant les mobinautes à multiplier leurs navigations sur mobile - le contrôle des opérateurs sur ce marché tend à s’affaiblir ce qui rend le marché plus attractif et libère de l’espace à de nouveaux acteurs ; développement des appstore et applications (500 millions d’applications téléchargées en 6 mois sur l’iPhone !!!) et du off-portail, commercialisation indépendante d’espaces publicitaires sur Gallery. Cette ouverture du marché permet de démultiplier l’inventaire et de bénéficier d’une gamme plus large de tarifs, attirant ainsi de nouveaux annonceurs et alimentant la croissance du marché La croissance du marché sera tirée par l’usage des utilisateurs, c’est finalement le mobinaute le driver le plus important. » ©2009, Ineum Consulting P.29 En cours de décollage …et de nouveaux formats capitalisant sur les attributs spécifiques de ce média apparaissent enfin. Les applications interactives ne cessent de Multiplication des supports publicitaires se développer sur le portable en prenant diverses formes. Elles sont autant d’opportuinteractifs. nités d’insertion de messages publicitaires et d’interactions publicitaires entre les annonceurs et leurs cibles. A titre d’exemple : Les services multimédia mobiles : exemple de la messagerie instantanée Les services multimédia mobiles à valeur ajoutée telle que la messagerie instantanée mobile présentent également des opportunités en termes d’espaces publicitaires. Les espaces commercialisés sont du même type que les bannières et offrent donc des opportunités graphiques importantes. Encore à l’état de test, ces insertions de publicité présentent des incertitudes quant à l’acceptation par le propriétaire d’un téléphone mobile de l’arrivée de la publicité dans l’interface de navigation de son téléphone. Ils pourraient se développer en contrepartie de la gratuité du service (voir modèle Ad-funded). Les portails embarqués En partenariat avec les constructeurs et en fonction des spécificités de chaque OS présent sur les terminaux, les opérateurs mobiles développent des portails ou des applications embarquées. Ces interfaces, proposant un niveau de contenus et de services adaptés, ont pour vocation d’augmenter les usages et de proposer une expérience utilisateur toujours plus satisfaisante. Les opérateurs, en tant que propriétaires de ces interfaces, ont l’opportunité d’optimiser leurs revenus, en commercialisant certains espaces publicitaires auprès des annonceurs. Les widgets Proposés le plus souvent gratuitement, les widgets mobiles sont des applications à télécharger sur le téléphone. Dans des domaines aussi larges que la cartographie, l’email, la photo, l’actualité, la météo, les enchères ou encore les communautés, ils augmentent les fonctionnalités du téléphone. Pour l’instant principalement exploités par les grands acteurs de l’Internet des medias (Flickr, eBay ou encore MySpace), les widgets présentent un potentiel plus large d’interactivité entre une marque et les mobinautes à condition que les annonceurs trouvent une application attractive. ©2009, Ineum Consulting P.30 En cours de décollage MARVELLOUS : Le passage de l’Internet mobile 1.0 au 2.0 Par Antoine Levêque, Directeur général Marvellous France, agence de marketing mobile (groupe Aegis) « Aujourd’hui le marché de l’Internet mobile se trouve dans une phase plutôt basique, que je qualifierais de 1.0. De nombreux sites et de services existent, mais restent difficilement accessibles, présentent peu de valeur ajoutée pour le client et offrent une ergonomie limitée. L’expérience client demeure modérément satisfaisante puisque le 1.0 n’est finalement qu’une déclinaison stérile du Web. Le nombre réduit d’annonceurs permet à ceux qui choisissent ce mode de communication de bénéficier d’une forte exposition moyennant des investissements proches de ceux du Web. Pour autant, le passage vers l’Internet mobile 2.0 est en marche et la révolution des terminaux (iPhone) ainsi que les offres illimitées proposées par les opérateurs favorisent ce passage. L’accessibilité aux sites avec une url unique et en quelques clics depuis n’importe quel terminal se généralise, les ergonomies s’affinent et deviennent plus séduisantes, et surtout le mobile s’inscrit dans une complémentarité avec le Web. Cette convergence va créer un véritable écosystème média dans lequel la publicité mobile prendra tout son sens et pourra attester d’une véritable efficacité.» Définition et performances de la géolocalisation réseau / triangulation /GPS • Géolocalisation réseau : basée sur le cell-id (position par rapport à l’antenne la plus proche) ou la triangulation (position par rapport à plusieurs antennes), elle permet de localiser un mobile à quelques centaines de mêtres près en ville, jusqu’à quelques kilomètres en zones rurales, très rapidement. • Géolocalisation GPS (Global Positionning System) : basée sur la technologie GPS, elle nécessite que l’utilisateur possède un terminal intégrant une puce GPS mais garantit une précision beaucoup plus forte que la géolocalisation réseau, pour un temps de réponse un peu plus lent pour l’utilisateur. ©2009, Ineum Consulting Apparition d’applications publicitaires géolocalisées en temps réel L’une des grandes opportunités qu’offre la publicité sur mobile réside dans le caractère très personnel du mobile et sa capacité à accompagner partout l’utilisateur en mobilité. Il est alors possible d’envoyer des messages publicitaires en fonction de la position géographique et de proposer des services contextualisés de manière très précise au client potentiel. Avec le mobile, la position de l’utilisateur (ayant accepté ce ciblage géographique) peut être localisée à tout instant à quelques centaines de mètres près. L’annonceur peut alors lui proposer des produits ou services proches du lieu où il se trouve. Ultra segmenté, ce type de campagne très opérationnelle est particulièrement utilisé dans une approche « call to action » pour générer du trafic en point de vente par exemple (ventes flash, informations sur site, coupons de réduction, …). L’annonceur peut par exemple envoyer un SMS pour proposer à tous les clients qui passent à côté de ses magasins une offre spéciale d’essai de son service ou un coupon de réduction, assurant alors des taux de transformation très élevés. Cette localisation de l’utilisateur peut être basée sur une géolocalisation réseau par l’opérateur (géolocalisation basée sur le cell-ID ou la triangulation) ou sur une localisation GPS (fournie par l’utilisateur), il est là aussi possible de proposer des services très pertinents aux utilisateurs. Nokia par exemple s’est d’ores et déjà positionné sur ce créneau, en proposant depuis octobre 2008 une offre de ciblage géographique dans 10 des principales villes des Etats Unis - (en partenariat avec Sprint). Les annonceurs peuvent alors concevoir des messages spécifiques pour les habitants de San Francisco, Chicago ou encore New York. P.31 En cours de décollage Opportunités de prolongement de l’interactivité avec les médias traditionnels L’un des grands leviers possibles est l’utilisation du mobile en complément ou en prolongement des médias traditionnels. Grâce aux dispositifs d’accès sans contact il est désormais possible de donner facilement du contenu mobile personnalisé, en lien avec un message sur un média traditionnel. La frontière entre la communication média et le marketing direct est en train de s’estomper. La plupart des grands médias ont lancé des expérimentations et offres commerciales basées sur ces nouvelles technologies pour développer l’interactivité de leur support et permettre à l’annonceur de prolonger sa communication de masse auprès de chaque prospect de façon personnalisée. L’affichage a beaucoup travaillé sur le développement de ces supports : SMS, bornes Bluetooth permettant le téléchargement de contenus riches ou de coupons, smart poster NFC, intégration de Flashcode. La presse a aussi développé un certain nombre d’expérimentations à base de codes 2D notamment (presse people à l’été 2007 et à l’été 2008, Economie matin) et même la Télévision (voir émission Crispy News de MTV). Toutes ces initiatives permettent à l’annonceur d’instaurer une relation plus directe et plus forte avec le client et de répondre aux grands objectifs de campagne : notoriété, présentation de produit, génération de contacts, génération de trafic en point de vente… Ces initiatives prennent toute leur part de valeur dans une campagne 360° mêlant médias traditionnels, médias interactifs et marketing direct. Les usages potentiels sont multiples : téléchargement d’offres spéciales et coupons de réductions, formulaire de contact, informations produits détaillées, démonstration multimédia… Aujourd’hui les usages sont encore limités car les premières expérimentations (basées sur du SMS ou du Bluetooth) ont tardé à rencontrer une audience vraiment massive. Mais avec l’arrivée de technologies améliorant l’expérience utilisateur (les codes 2D et le bientôt le NFC), il est probable que ces applications se développent fortement. Au Japon, les codes 2D sont partout et sont utilisés de façon massive par les annonceurs. Le NFC est également en train de se développer fortement. En France, les conditions sont réunies (adoption du standard Flashcode par l’ensemble des opérateurs, développement du parc de terminaux compatibles, …) pour que les usages décollent rapidement. Illustration 9 - Description des supports d’interactivité pour la publicité sur mobile29 INTERACTIF Mode 29 Enabler Description Code Barre 2D L’utilisateur scanne un code barre 2D ce qui déclenche une action Reconnaissance d’image L’utilisateur prend une photo d’une image qui déclenche une action NFC L’intégration d’une puce sans contact sur le mobile permet de l’utiliser pour échanger de l’information avec un lecteur Bluetooth L’utilisateur passe devant une borne bluetooth et déclenche un envoi d’information Source : Analyses Ineum Consulting - 2009 Maturité Potentiel ©2009, Ineum Consulting P.32 « Publicité sur Mobile » ©2009, Ineum Consulting P.33 Des acteurs qui s’organisent Des acteurs qui s’organisent L’usage de l’Internet fixe et mobile a modifié la chaîne de valeur de la publicité, faisant apparaître de nouveaux acteurs, essayant tous de se positionner sur ce marché afin de s’assurer un contrôle stratégique sur la durée. Sur le mobile, les opérateurs ont pris de l’avance grâce à leur maîtrise du réseau, mais les mouvements en cours attestent déjà du déverrouillage de la chaîne de valeur… Les usages et les attributs du mobile en font un nouveau support publicitaire à forte puissance que les acteurs traditionnels de la publicité ne peuvent plus contourner. Afin de répondre aux besoins des annonceurs de toucher une audience plus large, les agences publicitaires, les agences média et les régies publicitaires étendent leurs offres en incluant le mobile dans leurs propositions cross-média. Majoritairement, la publicité sur mobile vient en rebond à une publicité réalisée sur un support traditionnel : la télévision, l’affichage, la presse. L’utilisation des canaux Internet et mobile a fortement modifié la chaîne de valeur de la publicité et favorisé l’apparition de nouveaux acteurs La caractéristique principale observée sur la chaîne de valeur de la publicité traditionnelle réside dans l’apparition de nouveaux acteurs spécialisés dans l’Internet ou dans le mobile, et la disparition des agences médias sur la chaîne de valeur du mobile. Le marché de la publicité sur mobile en étant à ses débuts, les éditeurs commercialisent eux-mêmes leurs espaces via leurs régies. Les espaces sur mobiles dans les médiaplanning des agences média seront amenés à apparaître dès lors que les volumes de ventes/achats d’espaces seront suffisamment conséquents pour nécessiter une centralisation. ©2009, Ineum Consulting P.34 Des acteurs qui s’organisent Illustration 10 - Les évolutions de la chaîne de valeur de la publicité traditionnelle à la publicité sur mobile30 Publicité traditionnelle Annonceurs Agences de publicité Agences Média Publicité sur Internet Annonceurs Agences de publicité Agences Média Publicité sur Mobile Annonceurs Agences de publicité Régies publicitaires Régies publicitaires Régies publicitaires Fournisseurs de solutions Adservers Éditeurs Fournisseurs de solutions Adservers Éditeurs Éditeurs FAI Opérateurs Les nouveaux acteurs de la publicité sur mobile ont pour rôle de permettre la diffusion et la consommation du service de publicité sur mobile : Adserver : Un Adserver est une plateforme technologique ou encore un serveur web permettant la mise en ligne des campagnes, leur programmation et exécution, l’analyse et le suivi de la performance des campagnes sur les cibles ©2009, Ineum Consulting • Promouvoir une marque ou des produits via le mobile, certes. Mais comment adapter le format des messages, adresser les cibles, suivre l’avancement des campagnes, évaluer leur impact ou leur efficacité ? Ce sont autant de questions auxquelles répondent les plateformes technologiques (ou Adservers) dédiées au mobile en permettant l’adaptation des formats, la programmation et l’exécution des campagnes, l’analyse et le suivi des interactions des cibles avec les messages. • Dans la chaîne de valeur de la publicité mobile, les éditeurs de contenus mobiles conçoivent les supports dans lesquels pourront être insérés les messages publicitaires : articles, jeux, musiques, vidéos,… • Les opérateurs assurent plusieurs rôles dans la diffusion de publicités sur mobile : ➔ Proposer l’accès à Internet sur les mobiles aux consommateurs ➔ Constituer les bases d’optinées que les annonceurs pourront utiliser dans leurs campagnes ➔ Assurer la promotion du support pour encourager les mobinautes à utiliser l’Internet mobile, et convaincre les annonceurs d’utiliser ce support ➔ Participer à l’innovation des supports publicitaires afin de proposer aux annonceurs des points de contacts et des modes de facturation diversifiés 30 Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 P.35 Des acteurs qui s’organisent Depuis 2007, les acteurs traditionnels étendent leur présence sur la chaîne de valeur en diversifiant leurs activités à travers des partenariats ou des rachats. Leur objectif : se positionner aux endroits stratégiques de manière à percevoir la plus grande partie des revenus et de la valeur dépensés par les annonceurs. Afin de se positionner sur cette chaîne de valeur, les acteurs élargissent leurs compétences et multiplient les partenariats et les acquisitions … On pourra citer à titre d’exemple : • Le rachat de Phonevalley et de Watisit par Publicis qui permet à ce dernier de se positionner comme régie publicitaire spécialisée • La création de Via SFR chez SFR et Orange Advertising Network chez Orange qui permet aux opérateurs de se positionner en tant que régie publicitaire, • L’association de SFR avec Amobee qui permet à l’opérateur de percevoir des revenus en tant que fournisseur de solution technologique • Le rachat de Screentonic par Microsoft et le rachat de Actionality par Yahoo ! qui permet aux éditeurs de contenus de se positionner également en tant que régie publicitaire spécialisée sur le mobile • Le rachat de Enpocket par Nokia ou encore le développement de plateformes Adserver chez Ericsson, qui permet aux constructeurs de terminaux d’entrer sur la chaîne de valeur en se positionnant en tant que fournisseur de solutions technologiques. APOCOPE : La tendance des offres packagées Par Jean-Philippe Briguet, Marketing Manager Apocope, Agence de marketing mobile « La forte expertise nécessaire à la réalisation de dispositifs mobiles efficaces incite les annonceurs à demander une solution packagée à leur agence marketing mobile, englobant les aspects stratégie, conseil, production et médiatisation. » ©2009, Ineum Consulting P.36 Des acteurs qui s’organisent Illustration 11 - Mouvements des acteurs sur la chaîne de valeur de la publicité mobile31 Agences de publicité • Isobar • Havas • Aegis • Publicis • Euro RSCG Agences de marketing Mobile Agences de Publicité Annonceurs Régies publicitaires Opérateurs Éditeurs Opérateurs • Isobar • Havas • Aegis • Publicis • Euro RSCG • Phone Valley • Aerodeon • Dare Digital • SBW Paris • Apocope • Tedemis • Via SFR • Orange Publicité • TF1 vision Editeurs Web Fournisseurs de solutions (Adservers) • Dare Digital • SBW Paris • Apocope • Tedemis • Screentonic • Adinfuse • Amobee • Vodafone • Yahoo • Microsoft advertising • Google •NTTDocomo •KDDI •Sky •Vodafone •Orange •Bouygues Telecom • Yahoo • Microsoft advertising • Google Constructeur • Nokia Ad service • Nokia advertising Gateway • Ericsson • Enpocket • Nokia • Ericsson Dans cette stratégie d’extension de présence sur la chaîne de valeur, ce sont les opérateurs mobiles qui ont aujourd’hui le positionnement le plus marqué : ➔ D’une part les annonceurs ne sollicitent pas nécessairement les services d’une agence de publicité et peuvent s’adresser directement à la régie des opérateurs ➔ D’autre part les opérateurs sont un acteur à ce jour incontournable car ils octroient et contrôlent l’accès à la publicité mobile au client final ; de plus l’accès à l’Internet mobile se fait, pour 85% des cas, par la connexion aux sites des opérateurs (I-mode, Vodafone Live !, Orange) ou sur des sites référencés dans le moteur de recherche Gallery (les annonceurs paient un droit de référencement). Les opérateurs profitent ainsi du modèle Walled Garden de la publicité sur mobile. Parmi les mouvements observés sur la chaîne de valeur, on peut remarquer plus particulièrement le cas de Nokia, équipementier de terminaux mobiles. Cette typologie d’acteur ne fait pas partie, à l’origine, des maillons de la chaîne de valeur de la publicité mobile mais afin de percevoir les gains annoncés sur ce marché, ils diversifient leurs activités et créent leurs propres réseaux leur permettant de se positionner. L’intensité des mouvements que l’on observe sur le marché, et les investissements réalisés par les acteurs pour diversifier leurs activités montrent que le marché, bien qu’encore faible, est en cours de construction et amené à décoller. ©2009, Ineum Consulting 31 Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 P.37 Des acteurs qui s’organisent NOKIA : L’exemple d’un réseau mobile publicitaire Afin de faire face à la maturité du marché des terminaux, le finlandais Nokia, numéro 1 mondial, s’efforce de trouver de nouveaux relais de croissance à travers des stratégies de diversification. C’est ainsi que le constructeur a créé autour de ses combinés un véritable écosystème : musicstore, plateforme de jeux N-Gage, partage de vidéos avec MoSh, contenus Widgets, cartographie Nokia Maps et surtout un nouveau portail mobile OVI. Une large gamme permettant à Nokia de proposer à ses 100 millions d’utilisateurs, une offre complète englobant contenus, services et terminal. En plus de monétiser ces services, Nokia souhaite valoriser l’audience générée. C’est cette ambition que poursuit la régie mobile Nokia Interactive Advertising. Illustration 12 - Proposition de valeur de la régie Nokia32 Régie Publicitaire Nokia Interactive Advertising Réseau Publicitaire Mobile Nokia Média Network Services et contenus Nokia : OVI, nokia, Maps, MoSh, N-cage Opérateurs partenaires : Orange, telefonica, Vodafone... Éditeurs : Herald tribune, 20 Minutes, AFP, RTL mobile Offre publicitaire Nokia Interactive solution Création de campagnes mobiles publicitaires SOLUTION 1 Nokia Ad Service Gestion de cycle de campagne SOLUTION 2 Nokia Ad Gateway Ajout de bannières dans applications Outils d’affichage Gestion des types de bannières via Enpocket : SMS, Lien, WAP, MMS... Outils de ciblage Géolocalisation, horaires, terminal... Diffusion de contenus et alimentation d’audience Exploitation de contenus et monetisation d’audience Afin de séduire les annonceurs, la régie s’appuie essentiellement sur deux atouts majeurs : Un réseau publicitaire solide, le Nokia Media Network, constitué des services Nokia, d’opérateurs partenaires et d’éditeurs. Ce réseau est un formidable générateur de trafic et ne cesse de s’étoffer comptant aujourd’hui plus de 150 éditeurs. ➔ Une offre technologique performante de publicités mobiles, la Nokia Interactive Solution permettant aux annonceurs de créer des campagnes mobiles de bout en bout et s’appuyant sur deux solutions technologiques spécifiques. • Le Nokia Ad Service offre aux annonceurs la possibilité de planifier, de déployer, d’optimiser et de mesurer la performance. • Le Nokia Advertising Gateway permet d’ajouter des publicités dans les applications mobiles : TV mobile, ebook, carte. Ces solutions font appel à des outils d’affichage ou de ciblage rendant les campagnes plus efficaces. Ces outils, présents sur le marché, font souvent l’objet de rachat par Nokia. C’est le cas de Enpocket, spécialiste du marketing mobile, racheté en septembre 2007. La régie Nokia, en proposant une audience qualifiée et des solutions publicitaires performantes, a réussi à convaincre certains annonceurs d’adopter une communication « mobile ». SNCF, Dolce&Gabbana, BNP Paribas, Ford ou encore MTV se sont félicités de leurs tentatives respectives sur ce nouveau support. Ces performances permettent à la régie Nokia de se positionner comme le leader du marché de la publicité mobile avec 40 % de PDM en septembre 2008. 32 Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 ©2009, Ineum Consulting P.38 Des acteurs qui s’organisent Le développement du off-portail pourrait faire glisser la valeur des opérateurs mobiles vers les éditeurs. Illustration 13 – Partage actuel des revenus sur la chaîne de valeur33 Acteurs de la chaîne de valeur Annonceurs Investissement initial Agences de publicité Centrale d’achat 20% Régies / Fournisseurs de solutions Éditeurs / Agrégateurs Opérateurs 20% 30% 30% Cible Les annonceurs rémunèrent directement les agences de publicité et/ou les régies publicitaires (les deux ayant tendance à se confondre). Les régies se chargent ensuite de répartir l’investissement entre les éditeurs et les opérateurs. Off-portail Le off-portail est la possibilité d’accéder à l’Internet mobile directement sans passer par les sites des opérateurs mobile Caractéristique des marchés émergents, la redistribution des revenus se fait pour le moment plutôt équitablement entre les acteurs. Parmi ces acteurs se distinguent toutefois ceux qui vivent des revenus publicitaires (les régies) et ceux pour lesquels les revenus publicitaires représentent un complément au chiffre d’affaires (les opérateurs). Les enjeux ne sont donc pas identiques pour tous et des prises de position seront amenées à évoluer prochainement. La part des investissements alloués aux opérateurs pourrait tendre à se réduire. En effet, le marché publicitaire s’ouvre et s’organise ; alors qu’à l’origine en France les éditeurs ne pouvaient pas commercialiser leurs espaces sur Gallery, ils ont désormais la possibilité de les mettre directement en vente, moyennant une commission aux opérateurs. De plus, la part des investissements publicitaires dans le off-portail ne cesse de croître, privant ainsi les opérateurs d’une source de revenus appréciable. Le modèle Walled Garden contrôlé par les opérateurs est menacé par l’arrivé du off-portail, c’est-à-dire la possibilité d’accéder à l’Internet mobile directement, sans passer par les sites des opérateurs mobile. Cette tendance s’accélère par le fait que les grands éditeurs du web comme Yahoo! et Google développent des accords ou des partenariats avec des constructeurs de terminaux pour qu’ils permettent l’accès à Internet de manière ouverte ou pour qu’ils conçoivent des interfaces contenant des espaces publicitaires disponibles à la vente aux annonceurs. ©2009, Ineum Consulting 33 Source : Analyse Ineum Consulting - Mars 2009 P.39 Des acteurs qui s’organisent Illustration 14 – Partage pressenti des revenus sur la chaîne de valeur34 Acteurs de la chaîne de valeur Annonceurs Investissement initial Agences de publicité Centrale d’achat 20% Régies / Fournisseurs de solutions Éditeurs / Agrégateurs Opérateurs 20% 50% 10% Cible Au Japon, le marché de la publicité sur mobile devance le marché européen et le off-portail connaît un grand succès puisque 60% de la navigation se fait sur le off-portail35. On pourrait donc assez logiquement s’attendre à ce 60% de la navigation sur l’Internet mobile au Japon se fait via le off-portail SBW : Le nouveau rôle des opérateurs sur le marché Par Stanislas Coignard, Directeur Général SBW Paris, agence de conseil mobile et fournisseur de solution. « Alors que certains éditeurs ou m-commerçants s’agacent de leur dépendance aux opérateurs, je reste convaincu qu’ils ont un rôle éducatif prépondérant à jouer. En effet, ils sont véritablement capables de « communiquer » avec leurs abonnés. Et puis l’arrivée du off-Portail et la facilité pour les mobinautes d’accéder à des sites sans passer par les portails des opérateurs, Bouygues Tel, SFR et Orange sont forcés d’apporter plus de valeurs et de contenus qualitatifs à leurs abonnés Jusqu’à présent ils étaient plutôt sur une logique défensive, il est l’heure pour eux de passer à une logique aspirationnelle. Ce cercle vertueux sera finalement bénéfique au client : de meilleurs contenus qui encourageront encore plus les usages. Nos relations et nos activités sont interdépendantes. Nous devons travailler de concert pour structurer et normer le marché, en termes de formats, d’indicateurs de suivi, de discours. C’est d’ailleurs ce que nous faisons dans le cadre de l’IAB (Interactive Advertising Bureau) ou de la MMA (Mobile Marketing Association). » que le marché européen et donc français connaisse le même engouement dès que les consommateurs auront un accès facilité à l’Internet mobile en off-portail. Avec ce système les annonceurs n’auront plus besoin de passer par les opérateurs pour adresser leurs messages. Et de même que pour Internet où les FAI ne proposent que l’accès à la toile sans contrôler les messages publicitaires diffusés sur les sites, on peut s’attendre à l’avenir à ce que les opérateurs aient à fournir simplement l’accès à l’Internet mobile aux consommateurs. 34 Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 Source : Journal du net - 2007 - Mars 2009 35 ©2009, Ineum Consulting P.40 « Publicité sur Mobile » GOOGLE : L’exemple d’un initiateur du off-portail qui déverrouille le marché de la publicité sur mobile Le moteur de recherche développé par Google et qui a fait son succès est limité à un seul point d’entrée, le web, et Google a choisi de diversifier ses sources de revenus publicitaires en ouvrant son moteur de recherche à d’autres supports comme la vidéo et le mobile. Le modèle économique mis en place par Google dans le cadre du moteur de recherche repose sur la mise en relation des annonceurs et les sites Internet visités par les internautes. Cette mise en relation ne peut se faire qu’à la condition que les acteurs aient un libre accès au web et n’aient pas de barrière tarifaire à l’entrée venant perturber le cycle normal de l’offre et de la demande. Or, dans sa stratégie de développement sur le mobile, Google est confronté au fait que la chaîne de valeur de ce marché est actuellement structurée autour d’acteurs solidement positionnés sur le marché et exerçant un contrôle fort sur l’accès aux sites Internet des annonceurs (terminaux bloqués à un seul opérateur, portails des opérateurs favorisés au détriment des portails tiers), conséquence du modèle Walled-Garden des opérateurs. Google concentre donc son énergie sur la mise en place d’un écosystème d’acteurs ouvert, capable de reproduire les conditions du web dans lesquelles l’entreprise de la Silicon Valley a connu son succès. Google cherche à forcer ainsi l’existence des règles du web dans l’univers du mobile de manière à y trouver une place et déverrouiller les perspectives de la publicité sur mobile. Dans ce cadre là Google a développé Androïd : une interface de navigation pour les terminaux dont le but est de mettre à disposition des utilisateurs un accès libre et direct à Internet, et des applications développées par Google ou par des tiers. Ces applications contiendront des espaces publicitaires disponibles aux annonceurs pour la diffusion de messages publicitaires aux mobinautes. Afin d’encourager le projet, Google a constitué un réseau de professionnels du monde mobile (équipementiers, distributeurs, réseau) membres de la « Open Handset Alliance ». Parallèlement, l’éditeur exerce des actions de loobying auprès des autorités de régulation afin de développer l’Internet sur mobile en libre d’accès. Grâce à cette initiative, Google transfère ses produits et services sur un format mobile (Adsense et Adwords sur le moteur de recherche mobile), mais se positionne également sur de nouveaux marchés en acquérant les services de société spécialisées sur le mobile et leurs audiences : rachat de Jaiku, un service de micro blog sur mobile, ou encore de Zingku, un service de réseau social. Dans cette logique d’ouverture de l’Internet mobile aux mobinautes pour démocratiser la publicité sur mobile, Google et Apple ont signé un accord de partenariat en 2008 permettant l’installation par défaut du moteur de recherche sur les iPhones (20,5 millions d’iPhones vendus en Janvier 200936). Google est allé encore plus loin en s’associant à HTC pour sortir le G1, un Googlephone fonctionnant sous Androïd. Sorti aux Etats-Unis à la fin du mois d’octobre 2008 avec T-Mobile, le téléphone sortira en France dès le mois de mars 2009. Fort de ce nouveau téléphone et de son expertise sur la monétisation d’audience, Google prépare-t-il, en association avec certaines opérateurs, une offre de financement des consommations voix et/ou data des utilisateurs par de la publicité ? ©2009, Ineum Consulting 36 source : Le Figaro - Avril 2009 P.41 Des acteurs qui s’organisent Afin de contrer cette fuite de valeur, les opérateurs créent des régies digitales et accélèrent le développement de formats interactifs nécessitant la maîtrise du réseau Si les grands éditeurs du Web continuent à se développer sur l’Internet mobile les opérateurs vont finir par perdre leur audience au fur et à mesure que l’usage lui décolle et par voie de conséquence les revenus publicitaires qui en découlent. Afin de ralentir cette tendance, les opérateurs développent des compétences média, donnant naissance au concept de régie digitale. Effectivement, les grands opérateurs comme Orange ou Vodafone remontent sur la chaîne de valeur, créant leur propre régie publicitaire orientée web et mobile. Ils assurent même, pour certains d’entres eux, la régie mobile pour des éditeurs externes afin de maximiser l’audience qu’ils peuvent proposer aux annonceurs. La force de leur proposition de valeur réside avant tout dans la capacité à développer des offres 3 écrans. Dans la droite lignée de la convergence, les opérateurs proposent des offres publicitaires multiscreen : mobile, ordinateur, télévision … permettant aux marques de continuer à toucher les consommateurs lorsqu’ils sont en mobilité voire en situation de consommation. La dimension interactive constitue également un facteur différenciant pour l’offre publicitaire des opérateurs, qui parviennent à proposer des offres média en interactivité avec le mobile des consommateurs. Les technologies sans contact mentionnées ci-dessus permettent par exemple de développer des offres d’affichage interactif. La géolocalisation par le mobile ouvre également des perspectives très intéressantes … L’acquisition de cette compétence leur octroie une crédibilité grandissante dans le champ des médias et leur permet de développer des relais de croissance au-delà de simples revenus publicitaires du modèle Walled Garden. ©2009, Ineum Consulting P.42 Des acteurs qui s’organisent ORANGE : Les opérateurs, premiers acteurs à se positionner sur le marché de la publicité sur mobile Xavier Perret, Orange, Digital Advertising Solutions Vice Président, Créer une régie publicitaire : un enjeu double pour les opérateurs Les opérateurs bénéficient d’une légitimité naturelle sur le marché de la publicité sur mobile, les encourageant à développer des compétences de régie publicitaire digitale. Orange a lancé Orange Advertising Network pour deux raisons. D’une part pour développer des revenus publicitaires web et mobile en lançant des offres publicitaires innovantes (géolocalisation, interactivité…) sur lesquelles l’opérateur a toute légitimité grâce à sa maitrise technologique. D’autre part pour investir le monde des médias et renforcer son leadership web et communication. En créant sa propre régie, Orange se rapproche des pure players web tels que Google, Yahoo… gagnant ainsi une vraie crédibilité sur le marché. La création de valeur est double, générant des revenus directs issus des offres publicitaires et des revenus indirects provenant du gain de crédibilité acquis sur le marché. S’appuyer sur un adnetwork puissant pour proposer une offre innovante L’enjeu pour Orange est de créer un adnetwork puissant, s’appuyant sur une masse critique de supports publicitaires. En somme il s’agit de consolider le réseau des portails et sites exploités et de fournir des services et supports innovants aux annonceurs. Contrairement à d’autres régies d’opérateurs, la stratégie d’Orange découle du web (Portail Orange World) et s’applique au mobile et à l’IPTV. Faire évoluer les formats publicitaires pour s’adapter au marché Le marché de la publicité est extrêmement dépendant des terminaux. Même si de nouveaux téléphones puissants voient le jour, à moyen terme, il faudra continuer de composer avec les clients qui détiennent des terminaux « entrée de gamme ». Pour que le marché publicitaire décolle, il faudra faire coexister des formats publicitaires premium pour le haut de marché et promouvoir pour le reste du marché de nouveaux formats comme l’Iddle Screen, les jeux Ad-funded… Par exemple, on peut remarquer le succès du ring back tone publicitaire Promotonos en Espagne, où le temps dédié à la tonalité se monétise en publicité. Créer des modèles adfunded en complément des offres traditionnelles Il existe plusieurs manières de faire de l’Ad-funded. Le modèle Ad-funded total, finançant la voix et la data des consommateurs, comme le font certains MVNO, est très intéressant pour une cible de niche comme les jeunes. Toutefois, le modèle économique se basant exclusivement sur les revenus des annonceurs, l’équilibre semble difficile à pérenniser et en tout cas à généraliser à des cibles plus larges de clients. Il est effectivement plus fiable de considérer les clients comme des revenus et la publicité comme un enabler. C’est pour cela qu’Orange étudie les modèles de contenus et services Ad-funded ciblant des usages et des consommateurs précis, qui viennent compléter un portefeuille d’offres traditionnelles. » ©2009, Ineum Consulting P.43 Conclusion et prévisions d’évolution à horizon 2014 Conclusion et prévisions d’évolution à horizon 2014 Le mobile présente des attributs personnel et interactif extrêmement précieux aux yeux des annonceurs. A l’instar du succès de la Toile, les instituts d’étude prévoient un essor du marché de la publicité sur mobile depuis le début des années 2000. Toutefois, l’envol escompté n’a toujours pas eu lieu ; le marché, et notamment l’Europe, se heurte à des freins ergonomiques, techniques, réglementaires et à l’absence de standardisation, qui ne seront pas réglés à très court terme. De ce fait, nous nuançons quelque peu les estimations fournies par la plupart des instituts d’études qui prévoient un décollage imminent du marché, en considérant deux scénarios de croissance : • Un premier scénario, optimiste, consiste à dire que la publicité sur mobile présente une rentabilité nette élevée et que son impact est plus efficace que la publicité traditionnelle. De ce fait, ce média sera retenu par rapport aux médias traditionnels par les annonceurs et ce particulièrement dans un contexte de tension économique. Par ailleurs, les équipementiers et constructeurs de terminaux arrivent à converger sous la pression des opérateurs vers des systèmes d’exploitation compatibles assurant une homogénéité de l’expérience utilisateur quel que soit le terminal considéré, et ce à horizon 3 à 4 ans. Dans ce contexte, nous prévoyons une croissance annuelle moyenne de +45% par an jusqu’en 201437 permettant de frôler la barre des 30 milliards de dollars de marché au niveau mondial à horizon 2014. 37 Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 ©2009, Ineum Consulting P.44 Conclusion et prévisions d’évolution à horizon 2014 Entre 20 et 30 Mds$ c’est l’estimation Ineum Consulting du marché de la publicité sur mobile dans le monde en 2014 • Un second scénario, plus conservateur, consiste à dire que la croissance du marché de la publicité sur mobile pourrait pâtir d’une hétérogénéité des standards et des plateformes ou d’un manque d’indicateurs de mesure de la performance d’une campagne permettant de convaincre les annonceurs d’engager des investissements sur ce support. Par ailleurs, dans un contexte économique morose, le décollage du marché serait encore reporté car les annonceurs préféreraient la prudence et reviendraient aux supports médias traditionnels dans leurs plans médias. Dans ce scénario, considerons une croissance annuelle moyenne de 35%38, le marché atteindrait 20 milliards de dollars à l’horizon 201438. Illustration 13 – Evolution du marché de la publicité dans le monde 2008 - 201438 Mds $ 30 Taille du marché valeur en Mds$ 25 Poids du marché de la publicité sur mobile dans le marché global 20 Scénario optimiste 15 0 20,6 3,1 Mds$ 0,6% 2008 5,7 4,1 3,8 2009 4,7 2010 12,9 8,6 6,1 2011 19,3 Mds$ 19,3 1,8% 13,7 8,6 10 5 28,8 Mds$ 2,6% Scénario pessimiste 2012 2013 2014 Dans tous les cas, à horizon 5 ans, le marché mondial de la publicité sur mobile devrait atteindre une manne suffisamment importante pour cristalliser l’attention de l’ensemble des acteurs concernés tout en restant en dessous des 3% du marché total de la publicité. Il sera une source d’innovation importante en termes d’interactivité entre les annonceurs et les consommateurs à travers l’apparition de nouveaux formats alliant interactivité, localisation et contenu. ©2009, Ineum Consulting 38 Source : Analyses Ineum Consulting - Mars 2009 P.45 Conclusion et prévisions d’évolution à horizon 2014 Screentonic : Les effets de la crise sur la publicité mobile Par Didier Kuhn, CEO de Screentonic (Microsoft), régie et plateforme de campagnes publicitaires sur mobile « A date nous ne sentons pas véritablement d’effet de crise sur notre secteur d’activité en termes d’investissements. La publicité mobile bénéficie encore de son aspect innovant et attire l’œil. Nous constatons simplement une visibilité moins forte qu’auparavant en ce qui concerne les investissements publicitaires. Alors que les projets nous parvenaient avec une vision de 3 à 6 mois, nous sommes aujourd’hui sur des logiques réactives et court termiste. Pour autant, nous ne sommes pas contre-cycliques et nous devons nous préparer à d’éventuelles répercussions. » Illustration 14 – Cartographie des «drivers» du marché de la publicité Mobile Contrainte réglementaires Accélérateur Multiplicité des terminaux et des OS Freins Audience adressable Géneralisation des forfaits data limités Développement du m-commerce Effet de la crise Ergonomie des terminaux pensés pour l’Internet mobile Mise en place de méthode de mesure de la performance solide Généralisation des enablers d’intéractivité et standardisation des OS mobile 2009 2014 Le marché devrait vraisemblablement offrir de belles perspectives business grâce à l’effervescence générée par de nouveaux formats créateurs de valeur pour le consommateur. Toutefois, parce qu’il est très personnel, le mobile ne se substituera pas aux grands médias de masse comme la télévision, la presse ou encore le web. Ce nouveau média contextuel fera partie du paysage de la communication, si souvent appelée 360°, offrant un nouvel outil personnalisé et interactif puissant, intéressant à travailler dans le prolongement des médias traditionnels. ©2009, Ineum Consulting Avertissement Ce dossier réalisé par Ineum Consulting contient des renseignements généraux fournis « tels quels ». Dans la présente étude, Ineum Consulting fournit des renseignements, informations diverses, données et autres ressources (le « contenu ») à des fins d’information générale. Ineum Consulting peut modifier ou mettre à jour l’information et la référence à sa source à n’importe quel moment et notamment s’engage à rectifier toute erreur ou omission qui pourrait être décelée (directement ou par l’action d’un tiers). Ineum Consulting a mis en oeuvre tous les efforts possibles pour garantir que le contenu de cette étude et ses éventuelles révisions soient à jour et précis bien que fournis « tels quels ». 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Toute reproduction, à quelqu’autre fin que ce soit et par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, est interdite sans avoir obtenu par écrit la permission formelle d’Ineum Consulting. Ineum Consulting interdit de modifier l’information ou les documents reproduits ou copiés à partir de la présente étude. P.48 « Publicité sur Mobile » A propos d’Ineum Consulting Ineum Consulting est une société de conseil en stratégie, organisation et systèmes d’information. Ineum Consulting assiste ses clients dans la réalisation de leurs choix stratégiques, opérationnels et technologiques, en toute objectivité. La gamme de services qu’elle couvre, focalisée sur la connaissance profonde des métiers de ses clients et sur sa capacité à mettre en oeuvre des solutions spécifiques, représente une force de proposition unique. Ineum Consulting, 1 300 collaborateurs présents en Australie, Algérie, Belgique, France, Etats-Unis, Maroc, Pays-Bas, Luxembourg, Suisse et au Royaume-Uni, fait partie du groupe Management Consulting Group Plc, coté au London Stock Exchange. Ineum Consulting a développé, à travers sa practice CMT, ses compétences dans le secteur des communications, des médias, du divertissement et des nouvelles technologiques. Ses consultants accompagnent des acteurs aux ancrages différents dans l’adaptation de leurs modèles économiques et de leurs organisations. Pour plus d’informations, www.ineumconsulting.com Ineum Consulting 159, avenue Charles de Gaulle 92521 Neuilly-sur-Seine Cedex FRANCE Tél. standard : +33 (0) 1 55 24 30 00 ©2009, Ineum Consulting