« C’est le Rabbi qui nous a donné la force de reconstruire »
| 25.06.2014
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Le Rabbi de Loubavitch - 20 ans déjà...
Lorsque l’on demande au grand rabbin de Russie, le rav Berl Lazar, comment il a réussi a restaurer le judaïsme russe après 70 ans
de communisme, et comment il a érigé à Moscou et ailleurs un impressionnant empire de Torah et de Hessed (écoles juives, collelim,
hôpital, services sociaux), il répond modestement que c’est grâce à l’aide de D.ieu et à la force du Rabbi. À l’occasion des vingt ans
de la « Histalkout » du Rabbi et des 25 ans du renouveau du judaïsme russe, Hamodia s’est entretenu avec le rav Berl Lazar.
- Hamodia : Rav Berl Lazar, vous
êtes en fonction à la tête du judaïs-
me russe depuis maintenant près
de 25 ans. Parmi vos réalisations
entreprises au cours de ce quart
de siècle, quelle est celle dont vous
êtes le plus fier ?
- Rav Berl Lazar : D’abord, je ne
suis pas fier ! Je pense toujours que
nous pourrions mieux faire et que
nous devons mieux faire. Ce que
nous pouvons faire ici en Russie en
matière de judaïsme est infini. Il y
a ici des milliers de juifs qui veu-
lent se ressourcer et retrouver leurs
racines juives. Mais il devrait y en
avoir des dizaines ou des centaines
de milliers. Ce qui s’est produit, et
je n’en suis pas responsable, mais
c’est plutôt Hachem qui a réalisé
ce miracle et le Rabbi qui nous a
guidés. Pendant 70 ans, les Sovié-
tiques ont lutté contre les Juifs et
les Juifs avaient honte de leur reli-
gion. Aujourd’hui, ces mêmes Juifs
ou leurs descendants revendiquent
clairement leur identité juive et en
sont fiers. Ce sont des Juifs qui ne
craignent plus de mettre les téfilin
au travail, de se promener dans la
rue avec une kippa. C’est une ré-
volution !
- Comment expliquer concrètement
ce changement ?
- Je l’ai dit, le miracle c’est la main
d’Hachem. Mais si l’o
n veut une
explication moins métaphysique,
il y a aussi l’a
ide que nous rece-
vons des autorités russes et l’aide
économique dont nous bénéfi-
cions de la part de Juifs russes qui
ont réussi sur le plan profession-
nel. Et il y a l’action exception-
nelle des chlou’him de ‘Habad qui
sont arrivés ici à l’appel du Rabbi,
lorsque personne ne pensait que
la communauté juive allait se
maintenir. Et ce que vous pouvez
voir à Moscou n’est rien comparé
à l’action et au dévouement de ces
chlou’him à travers toute la Rus-
sie. Il y a des chlou’him qui sont
arrivés dans des villes où il n’y
avait apparemment plus aucun
juif et qui ont construit des com-
munautés, des écoles juives. Grâ-
ce à eux, des milliers de Juifs ont
retrouvé leur identité. Au début,
ces chlou’him n’avaient même pas
de quoi manger. Dans les années
90, les responsables de l’Agence
Juive nous prenaient pour des
fous : « Pourquoi vous fatiguez-
vous ? Nous allons faire monter
tous les Juifs en Israël », nous ont-
ils dit. Nous leur avons répondu
qu’il y a ici des milliers de Juifs
qui veulent redécouvrir leur ju-
daïsme. Et finalement, grâce à la
force que nous a donnée le Rabbi,
nous avons réussi à reconstruire
des structures pour ces Juifs. Si
nous n’étions pas là, ils auraient
été perdus pour le Judaïsme. Et
aujourd’hui ils sont « chomré
mitsvot ». C’est cela le véritable
miracle !
- Et ce que vous appelez un miracle
n’est pas tout simplement l’e
sprit
du Rabbi ?
- Il n’y a aucun doute là dessus.
Aucun de nos chlou’him n’aurait
réussi ici sans le soutien du Rabbi.
Le Rabbi a pris soin de chacun.
Depuis le début, le Rabbi a mesuré
le potentiel qui existait dans la
communauté juive de Russie. Il a
prié pour notre réussite. Le Rabbi
n’a jamais cessé de parler du ju-
daïsme russe. Lorsque Menahem
Begin est venu lui rendre visite à
New York, le Rabbi lui a demandé
de venir en aide au judaïsme russe.
Le Rabbi avait un lien particulier
avec la Russie.
- Quel est le souvenir que vous
conservez du Rabbi ?
- J’étais auprès du Rabbi pendant
dix ans à la yéchiva, à Crown Hei-
ghts. Je le voyais au quotidien et
je me souviens avoir vu le Rabbi
pleurer lorsqu’il parlait du ju-
daïsme russe. L’un des souvenirs
qui reste gravé dans ma mémoire,
est la célébration de Lag Baomer
en 1980. Ce jour-là, durant la pa-
rade des enfants, j’ai vu le Rabbi
s’exprimer en russe. Personne ne
comprenait rien, mais lui a voulu
faire passer un message d’espoir
aux Juifs qui vivaient alors sous
le joug de l’Union Soviétique. Le
Rabbi n’a pas craint d’aller contre
le régime soviétique. Cela a eu un
effet très fort.
- Que ressentez-vous, 20 ans après
sa disparition ?
- Le Rabbi nous manque beaucoup.
Nous voudrions pouvoir le voir, le
consulter, recevoir de son énergie.
Mais nous voyons au quotidien,
dans nos actions, ses brakhot se
concrétiser. J’ai eu le privilège de
connaître le Rabbi
, mais je puis
vous dire qu’ici à Marina Rocha,
il n’y a pas 5 personnes qui ont
connu le Rabbi. Pourtant, tous se
réclament de lui. Tous se considè-
rent comme ses ‘Hassidim. C’est la
force du Rabbi !
PROPOS RECUEILLIS PAR DANIEL HAÏK
Entretien avec le rav Berl Lazar grand rabbin de Russie
Rav Berl Lazar