Dossier du participant texte de réflexion : la limite Nord-Sud Page 1 sur 4
Solidarités internationales : ça bouge ! Et nous ?MCC université d’été 2010
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Source : http://mappemonde.mgm.fr/actualites/lim_ns.html
Le trait serpente sur nos cartes scolaires, traverse continents et océans, s’insinue entre les États, les sépare
incidemment en deux ensembles opposés et finit son tour du monde en ayant divisé celui-ci en deux moitiés
qui n’ont que peu à voir avec les hémisphères malgré le nom donné à cette vision dichotomique du globe :
Nord/Sud. L’arabesque flirte peu avec l’équateur et se joue des points cardinaux englobant allégrement
dans le Nord l’Australie, terre du Sud s’il en est. Mais cette critique est connue et notre propos est ailleurs.
La question initiale qui a impulsé notre recherche est en fait très simple : de quand date ce trait sur nos
cartes ? De 1980.
C’est en effet cette année-là que Willy Brandt, l’ancien chancelier allemand, remet le rapport de la
Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Nord-Sud: un programme de
survie. Le rapport est publié simultanément dans le monde entier (1). Quelques années auparavant, en
1968, Robert S. MacNamara, nouvellement nommé à la tête de la Banque mondiale, a désigné Lester
Pearson à la tête d’un groupe d’experts internationaux pour faire le bilan de l'aide au développement et
proposer des solutions au problème du fossé séparant pays riches et pays pauvres. Le rapport est publié en
octobre 1969 sous le titre Vers une action commune pour le développement du tiers-monde. Moins de dix
ans plus tard, en 1977, lors d’une allocution à Boston, le même MacNamara suggère de créer une
commission semblable et d’en confier la présidence à Willy Brandt. Dès la fin de l’année, il revient sur cette
proposition, mais Willy Brandt n'abandonne pas l'idée et annonce qu’il est prêt à mettre sur pied et à présider
une «Commission indépendante sur les problèmes de développement international». Le secrétaire général
des Nations Unies, Kurt Waldheim, se montre très intéressé et accepte de recevoir l’exemplaire original du
rapport de la Commission. Cette dernière est financée par plusieurs gouvernements (Arabie saoudite,
Danemark, Finlande, Inde, Japon, Norvège, république de Corée, Royaume-Uni, Suède et surtout les Pays-
Bas, qui assument à eux seuls près de la moitié des dépenses), par la Commission des Communautés
européennes, le Fonds spécial de l’OPEP, ainsi que diverses fondations et centres de recherche. Cette
diversité apparaît comme la garantie de l’indépendance de la Commission. Plusieurs réunions ont lieu au
cours des années 1978 et 1979, en Suisse, au Mali, aux États-Unis, en Malaisie, en France, en Autriche, en
Belgique, complétées par des entretiens et des contacts avec divers gouvernements de la planète. C’est le
résultat de ces rencontres et de ces discussions qui est publié en 1980. Sur la couverture du rapport, on
peut voir une carte et, sur celle-ci, une ligne qui sépare le Nord et le Sud (fig. 1).
On peut faire deux remarques à propos de cette carte. La première concerne le choix d’une projection de
Peters. Cette projection n’est pas anodine et elle est justifiée en première page: «Elle montre exactement la
proportion de la surface des terres immergées (2). […] Cette projection
marque un progrès important par rapport à la conception qui attribuait
un rôle mondial prépondérant à l’Europe sur le plan géographique
comme sur le plan culturel.» La carte de Peters date de 1973 et paraît
alors à certains révolutionnaire. Elle s’inscrit dans une optique tiers-
mondiste qui convient parfaitement à l’esprit du rapport Brandt. Depuis,
elle a été très critiquée et n’est que très rarement utilisée.
La deuxième remarque touche au tracé même de cette fameuse ligne
Nord/Sud, qui fait l’objet d’une brève discussion au début du premier
chapitre du rapport:
Il y a des objections évidentes à une image simplifiée montrant le
monde divisé en deux camps. Le «Nord» comprend deux pays riches
et industrialisés, au sud de l’équateur, l’Australie et la Nouvelle-
Zélande. Dans le «Sud», la gamme va d’une nation à demi
industrialisée, en pleine expansion, comme le Brésil, à des pays
pauvres enserrés par les terres, comme le Tchad, ou insulaires,
comme les Maldives. Quelques pays du Sud, généralement
exportateurs de pétrole, disposent d’un revenu plus élevé par habitant
que certains pays du Nord. Mais d’une manière générale et bien qu’il
n’y ait pas de classification uniforme ou permanente, «Nord» et «Sud»
sont synonymes grosso modo de «riche» et de «pauvre», de pays
«développés» et de pays «en voie de développement»
1. Couverture du rapport BRANDT