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des dieux et des cultes qui fondaient pourtant le tissu des sociétés indigènes avant la
colonisation3.
L'originalité du monothéisme ne réside donc ni dans l'unicité divine, ni dans la transcendance,
ni dans des valeurs éthiques. Ce qu'il a inventé en revanche, c'est une nouvelle catégorie de
vérité, la vérité révélée, une vérité exclusive et éternelle. Cet exclusivisme conditionne notre
mental occidental ou proche-oriental, que nous soyons croyant ou incroyant. Il en résulte deux
conséquences : d'une part la construction d'un individu "à l'image de Dieu", doté d'un ego et
sans doute d'une subjectivité différentes de celle des Orientaux, d'autre part la violence
monothéiste.
Faute de temps et a fortiori de compétence, je laisserai de côté la question de l'ego et de la
subjectivité occidentale, et me limiterai à :
1. La notion de vérité révélée, en tant que singularité constitutive du monothéisme au
sein des religions,
2. La violence qui en découle, en tentant de montrer qu'il s'agit d'une violence
spécifique, qu'on ne retrouve pas dans les autres religions,
3. La question de la tolérance dans le monothéisme,
4. Le discours du christianisme sur Foi et Raison,
5. Pour conclure sur la question : la mythification des textes pourrait-elle offrir une voie
de sortie de cette intolérance et de cette violence.
Article 14: "Nous voulons confirmer une fois de plus que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Eglise ,
tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes. Evangéliser est, en effet, la grâce et
la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal
du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et
de sa résurrection glorieuse."
Article 19 : "Pour l’Eglise il ne s’agit pas seulement de prêcher l’Evangile dans des tranches géographiques toujours plus vastes ou à des
populations toujours plus massives, mais aussi d’atteindre et comme de bouleverser par la force de l’Evangile les critères de jugement, les
valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité, qui sont en
contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du salut" et article 26 : "Cette attestation de Dieu rejoindra peut-être pour beaucoup le Dieu
inconnu qu’ils adorent sans lui donner un nom, ou qu’ils cherchent par un appel secret du cœur lorsqu’ils font l’expérience de la vacuité de
toutes les idoles."
Article 79 :" Le premier [signe d'amour du missionnaire] est le respect de la situation religieuse et spirituelle des personnes qu’on évangélise.
Respect de leur rythme qu’on n’a pas le droit de forcer outre mesure. Respect de leur conscience et de leurs convictions, à ne pas brusquer."
Encyclique Evangélisation et Conversion du Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise Ad Gentes, 1965, en conclusion de Vatican II,
article 13: "Partout où Dieu ouvre un champ libre à la prédication pour proclamer le mystère du Christ (cf. Col 4, 3), on doit annoncer (cf. 1
Co 9, 16 ; Rm 10, 14) à tous les hommes (cf. Mc 16, 15) avec assurance et persévérance (cf. Ac 4, 13.29.31 ; Ac 9, 27-28 ; Ac 13, 46 ; Ac
14, 3 ; Ac 19, 8 ; Ac 26, 26 ; Ac 28, 31 ; 1 Th 2, 2 ; 2 Co 3, 12 ; 2 Co 7, 4 ; Phm 1, 20 ; Ep 3, 12 ; Ep 6, 19-20) le Dieu vivant, et celui qu’il a
envoyé pour le salut de tous, Jésus Christ (cf. 1 Th 1, 9-10 ; 1 Co 1, 18-21 ; Ga 3, 13-14 ; Ac 14, 15-17 ; Ac 17, 22-31), pour que les non-
chrétiens, le Saint-Esprit ouvrant leur cœur (cf. Ac 16, 14), croient, se convertissent librement au Seigneur et s’attachent loyalement à lui qui,
étant « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), […] L’Église interdit sévèrement de forcer qui que ce soit à embrasser la foi […] Selon la très
antique coutume de l’Église, on doit examiner avec soin les motifs de la conversion et, s’il est nécessaire, les purifier". Atahualpa peut être
rassuré (cf. p. 52) ! (Le signal par lequel débuta l'élimination des Incas fut le refus par leur chef Atahualpa de s'incliner devant la Bible).
3 Le théologien Roger Mehl reconnaissait que "l'action missionnaire chrétienne a pour visée de faire reculer les diverses formes de
paganisme, de les détruire en tant qu'elles lui apparaissent comme des formes d'idolâtrie. Nous avons vu que cette action avait souvent une
conséquence inattendue : la destruction des cadres sociaux et éthiques trop liés à ce paganisme pour pouvoir subsister sans lui". Traité de
sociologie du protestantisme, Roger Mehl, Labor et Fides, 1965.
L'évêque Stephan Neill témoignera que "Les missionnaires ont rarement réussi à implanter le christianisme sans détruire les civilisations
existantes au profit d'une imitation de la civilisation européenne". Stephan Neill, Une école des Beaux-Arts en Ouganda, Le monde non
chrétien n°18, avril-juin 1951,