La femme aux Etats-Unis
Cela n'est pas nouveau : le modèle américain est contesté à travers le
monde. Le pays de la liberté, cette fédération de 52 états, révèle des
lacunes importantes au niveau du respect et de l'évolution des droits de la
femme…
Et c'est sur deux formes de violence que la discrimination contre la femme
aux Etats-Unis est concentrée : les abus domestiques et les conditions des
détenues. Dans le premier cas, la subordination des femmes commence par
la plus petite réflexion venant de leur propre conjoint sur leur façon de s'habiller. Elle se
poursuit par l'obligation de justifier l'utilisation de l'argent qu'elles auront demandé, pour finir,
parfois, par des abus sexuels et des meurtres. Ainsi, c'est par des hommes qui leur sont
proches (mari, père, conjoint) que les femmes américaines sont violentées. Les meurtres par
balle sont alors un moyen courant d'assassinat. Une bonne partie de l'opinion publique
masculine considère cela comme un problème mineur.
En détention, les cas d'agression et d'abus sexuels sont courants. Les conditions dans
lesquelles les femmes vivent leur incarcération sont problématiques sur un point crucial : elles
sont séparées totalement de leurs enfants. Ainsi, dans au moins 40 états, les nouveau-nés
sont séparés de leur mère presque immédiatement après la naissance sans qu'elles aient
l'assurance de les revoir. Même si le congrès américain a adopté en 1994 une loi qui permet de
préserver les liens entre les parents incarcérés et leurs enfants, il n'a affecté, à l'heure
actuelle, aucun crédit à l'application de ce texte. Ces femmes, déjà diminuées, soumises à des
violences sexuelles, sont contraintes au silence, sont victimes de négligences médicales et
placées en isolement.
Que dire alors de ces états qui ont encore recours à la peine de mort ?
Religions, traditions, cultures...
Alors que l'assemblée générale de New York, réunie pour examiner l'évolution des droits des
femmes depuis la Conférence de Pékin, vient de se terminer, il semble que le document final
devrait conserver les progrès enregistrés en 1995. Toutefois, on retiendra que plusieurs pays
religieux auront tenté de remettre en cause les droits des femmes en matière de santé
reproductive et de vie sexuelle : lors d'une conférence de presse, des organisations
conservatrices distribuaient même dans l'enceinte de l'ONU des tracts dénonçant " la
décadence culturelle occidentale ".
Il est frappant de constater que, systématiquement, des nations utilisent les prétextes de la
tradition et de la religion pour s'opposer à la revalorisation de la condition féminine. Ce faisant,
elles veulent donner l'impression que l'Occident ne respecte pas leur spécificité culturelle et se
drapent dans leur dignité, affirmant que les hautes valeurs prônées par leur société depuis des
siècles leur interdisent de légaliser l'avortement ou de reconnaître l'homosexualité comme une
pratique acceptable. Ainsi, pour protéger la vie d'un être à venir, certains groupes humains
n'hésiteront pas à mettre en danger l'existence de centaines de femmes ; de même, pour que
la morale soit sauve, ils préféreront étouffer les désirs et les besoins de leurs semblables. Pire
encore, leur acharnement à se conformer à leur idéologie, aussi inhumaine soit-elle, les
conduira sans hésiter à laisser leur prochain s'exposer à la mort en refusant de lui donner les
moyens de se protéger : l'attitude de l'Eglise catholique relativement au SIDA est
particulièrement instructive à ce sujet…
En d'autres termes, les religions et les traditions, censées assurer la pérennité d'une société,
voire, le bonheur de ses membres, en viennent parfois à se compromettre avec la mort au
point de renier leur objectif originel : le bonheur cède la place à l'oppression, la pérennité se
change en une instabilité qui débouche immanquablement sur l'autodestruction. Dans tous les
cas de figure, la cause de cette dysharmonie est à rechercher dans le pouvoir démesuré que
procure la détention de l'autorité en matière de religion et de coutumes : la domination des