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«Qu'elle soit physique, psychologique, économique, sociale, environnementale, la violence est une
composante essentielle de l'humain et de ses réalisations, elle a donc sa place dans les médias.
Encore faut-il qu'elle quitte le domaine du spectacle ou de l'anecdote. (...) C'est du décalage entre la
nature violente du sujet montré et son absence de motivation, sa non pertinence, que naît la
critique».
Les médias, en effet, soulignent souvent ce qui ne va pas et insistent sur cette violence néfaste: on
entend parler sans cesse de violences qui se déroulent partout dans le monde, en même temps. Ce
n'était pas le cas par le passé.
D'où un sentiment d'insécurité qui se développe dans la population alors que, selon les sociologues,
il y a bien moins de violence aujourd'hui dans nos pays qu'il n'y en avait par le passé.
Ce sentiment d'insécurité provoque le désir de rechercher des responsables, des coupables – parfois
à tort et à travers avec une multiplication des boucs émissaires...
Développement aussi du statut de la victime: c'est une étape nécessaire pour la résilience (il faut une
reconnaissance publique de ce que l'on a subi une violence physique ou morale); mais ce statut doit
être temporaire (un tremplin pour rebondir) et il est malsain de s'attarder dans la victimisation.
Là aussi, les médias jouent un rôle, tantôt positif et tantôt non..
3. Les médias et le religieux
Les faits et non la foi
Aujourd'hui, dans notre société occidentale, le traitement médiatique du fait religieux relève des
mêmes règles, des mêmes codes, de la même déontologie que le traitement des autres dossiers.
La presse aborde le religieux sous l'angle des faits et non pas (ou très rarement et, dans ce cas, sous
l'angle du reportage) sous l'angle de la foi.
Le traitement du religieux dans les médias est donc essentiellement institutionnel (les nominations,
discours et autres encycliques des responsables des Eglises) et quelquefois rituel (les grandes fêtes
des religions dominantes).
Dans la presse «généraliste», le fait religieux est considéré dans ses relations avec l'ensemble de la
société et avec les autres religions. Si une problématique éthique est envisagée, la presse va
répertorier les prises de position des grandes religions et les juxtaposer. Exemple: l'homosexualité,
qu'en pensent l'Eglise catholique, les Eglises protestantes, la religion juive, la religion musulmane...
Il n'a jamais été facile de garder l'église au milieu du village; ce l'est moins encore quand ce milieu
doit être partagé équitablement entre l'église, la mosquée, la synagogue et la maison de la laïcité...
De plus, il y a de nombreuses demeures dans la maison du Seigneur et de nombreux courants, de
nombreuses interprétations dans chaque tradition religieuse. La presse doit essayer de donner la
parole à chacun quand elle traite un sujet polémique: l'usage du préservatif chez les catholiques
suite aux déclarations du pape, le voile chez les jeunes filles et femmes musulmanes suite à
l'interdiction de le porter dans les écoles de la Communauté flamande...
En matière d'information religieuse, les journalistes ont le même devoir d'objectivité que dans les
autres dossiers. Mais dans ces dossiers comme dans d'autres, le média pourra privilégier un courant
d'idées, une position, se concentrer sur le fond ou donner dans le sensationnalisme.
Religions révélées et discours médiatique
Le traitement médiatique du religieux est toujours difficile.
D'une part parce que le religieux touche à l'intime et suscite des réactions émotionnelles et fortes;
d'autre part parce que les trois religions monothéistes sont des religions «révélées» qui imposent