
B u l l e t i n E c o n o m i q u e C h i n e – j a n v i e r - f é v r i e r 2 0 1 2 © DG Trésor
5
System. Le Centre de prévision de la Chinese Academy of
Social Sciences (CASS) estime que les prix immobiliers
moyens en Chine baisseront de 5,3% en glissement annuel
en 2012 du fait de l’évolution de la demande sur le marché
et des politiques de contrôles, et en dépit de la croissance
des revenus des ménages, de celle des prix du foncier et
de l’urbanisation rapide. Cette stabilisation est voulue par
le gouvernement central. Il est peu probable que le
gouvernement revienne de manière générale sur les
restrictions mises en place depuis 2010 sur le marché
immobilier. En revanche, comme l’a suggéré Wen Jiabao à
l’Assemblée populaire nationale, il semble possible qu’un
réglage fin de ces politiques introduise plus de flexibilité
dans les plus grandes villes.
L’impact de cette baisse sur l’investissement et le
secteur de la construction devrait être partiellement
compensé par la montée en puissance du programme
de logements sociaux qui prévoit la construction de 36
millions de logement d’ici 2015. Alors que l’objectif était
la mise en chantier de 10 millions de logements sociaux en
2011, selon les chiffres du Ministère du logement, la
construction de 10,43 millions de logements avait été
lancée, et que 4,32 millions avaient été construits. Pour
autant, le Ministère du logement en décembre 2011 a
également reconnu que la plupart des mises en chantier
avaient été recensées selon une approche maximaliste ; il
a suggéré que le nombre de mises en chantier réelles
étaient plutôt de l’ordre de 7 millions. Si cette déclaration
suggère un risque que les objectifs de construction soient
revus à la baisse dans les années à venir, le nombre de
logement en cours de construction, qui est le paramètre le
mieux corrélé avec l’investissement, devrait néanmoins
connaitre une progression soutenue en 2012. A l’occasion
de l’Assemblée populaire nationale, les objectifs de
construction de 5 millions de logements sociaux et de mise
en chantier de 7 millions ont été adoptés, faisant ainsi
passer le nombre de logements sociaux en cours de
construction de 7 millions à environ 12 millions entre la fin
2011 et la fin 2012. Les autorités devront cependant
également résoudre la question du financement de ce
programme, alors que les moyens de certaines collectivités
locales sont limités. Une contribution plus importante qu’en
2011 du gouvernement central a été annoncée, le budget
consacré au logement progressant de 23% en 2012 pour
atteindre 212 Mds CNY. Par ailleurs le Ministère des
finances et la NDRC imposent que les émissions
obligataires des collectivités locales soient destinées
prioritairement au financement du logement social.
Les incertitudes persistent quant à la situation des
finances des collectivités locales, et le gouvernement
pourrait entamer une réflexion sur une réforme
budgétaire et fiscale de grande ampleur. Le seul chiffre
official actuellement disponible sur la situation des
collectivités locales demeure celui d’un endettement de
10 700 Mds CNY (27% du PIB) fin 2010. Si le Premier
ministre Wen Jiabao a affirmé lors de la conférence de
travail annuelle du PCC que la dette des collectivités
locales était dans l’ensemble « sûre et maîtrisable », la
China Banking Regulatory Commission a indiqué qu’en
2012 elle s’efforcerait de « nettoyer » les finances locales.
Jusqu’ici, les autorités ont surtout mis en place les
conditions d’un refinancement de cette dette, les banques
étant encouragées à étendre la maturité des prêts octroyés
et des émissions d’obligations de collectivités locales ayant
été autorisées. Pour autant une réforme de plus grande
ampleur du cadre budgétaire des finances locales semble
souhaitable. Le Premier ministre Wen Jiabao a déjà
indiqué que les financements extrabudgétaires, notamment
les Local government financing vehicles, devraient être
intégrés désormais dans les budgets des collectivités
locales. Par ailleurs, un mécanisme d’alerte sera mis en
place concernant leur endettement. Ces mesures
pourraient préfigurer une réforme plus importante du cadre
des finances locales et de la relation entre le
gouvernement central et les collectivités locales. A cet
égard, l’extension à tout le pays de la taxe foncière
expérimentée à Chongqing et à Shanghai pourrait
constituer le début d’une réforme dans le sens d’une plus
grande autonomie budgétaire des collectivités locales.
L’année 2012 pourrait enfin voir monter le débat sur la
place des entreprises publiques dans l’économie
chinoise. Dans son rapport China 2030 rédigé avec le
Development Research Center – centre affilié au Conseil
des affaires d’État – la Banque mondiale souligne la
nécessité, pour le rééquilibrage de l’économie chinoise, de
réduire l’épargne, l’investissement et la taille du secteur
public, et notamment du poids des entreprises publiques
dans l’économie. Le rapport recommande ainsi que ces
dernières se recentrent sur la production de biens publics
et que leur gestion s’appuie désormais sur des standards
de transparence et de gouvernance internationaux. Selon
ce rapport, cette réforme des entreprises publiques devrait
également passer par une réforme du secteur financier
pour que les grandes entreprises soient financées selon
des mécanismes davantage orientés par le marché,
l’augmentation de la pression concurrentielle sur les
entreprises publiques, ou encore le versement par ces
entreprises de dividendes plus conséquents au budget de
l’Etat, permettant un renforcement des politiques
éducatives et sociales au profit des ménages. Ces
recommandations, qui pourraient susciter en 2012 de
fortes résistances, semblent néanmoins être soutenues,
dans une certaine mesure, par les autorités. Ainsi, le
Premier ministre Wen Jiabao a indiqué, après la publication
de ce rapport, que la promotion des investissements privés
et la réforme des industries monopolistiques seraient les
principales tâches inscrites à l'agenda économique de
2012. En cette année de transition politique, la tournure du
débat, pour autant qu’il puisse être observable de
l’extérieur, sera essentiel pour le positionnement de la
nouvelle équipe dirigeante vis-à-vis de cet axe de réforme
essentiel pour l’évolution du modèle de croissance chinois
dans les années à venir.
Florent Mangin
Service économique régional de Pékin
Michaël Sicsic
Direction Générale du Trésor – Bureau diagnostic et
prévision international