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Bulletin économique Chine
N°43 – janvier - février 2012
SOMMAIRE
QUELLES PERSPECTIVES POUR L’ECONOMIE CHINOISE EN 2012 ? .............................................................. 2
LES ECHANGES COMMERCIAUX ENTRE LA FRANCE ET LA CHINE EN 2011 .................................................... 7
LE CREUSEMENT DES INEGALITES DE REVENUS EN REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE .............................. 11
PIB : LA CROISSANCE CHINOISE EST DE 9,2 % EN 2011 ........................................................................ 17
DEMANDE INTERNE : STABILISATION DE L’INFLATION, MAIS REBOND EN JANVIER ................................. 18
COMMERCE EXTERIEUR : BAISSE DE 30 MDS USD DE L’EXCEDENT COMMERCIAL ANNUEL ....................... 19
RRR : HAUSSE DES RATIOS DE RESERVES OBLIGATOIRES DE 50 POINTS DE BASE ................................... 20
RESERVES DE CHANGES : SORTIES DE DEVISES EN DECEMBRE POUR LE 2
EME
MOIS CONSECUTIF ............. 21
FINANCES PUBLIQUES : DEFICIT DE 1,1% DU PIB EN 2011 .................................................................. 21
MARCHES D’ACTIFS : LE RALENTISSEMENT DU MARCHE IMMOBILIER SE POURSUIT ................................ 22
ENERGIE : FORTE CROISSANCE DE LA DEMANDE DE GAZ ATTENDUE EN 2012 .......................................... 23
INDICATEURS ECONOMIQUES MENSUELS......................................................................................... 24
INDICATEURS ECONOMIQUES ANNUELS........................................................................................... 25
PREVISIONS DE CROISSANCE DU PIB CHINOIS ............................................................................... 26
Table des
AMBASSADE DE FRANCE EN CHINE
SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL DE PEKIN
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Quelles perspectives pour l’économie chinoise en 2012 ?
L’année 2012 devrait être marquée par une continuité des politiques mises en œuvre dans le contexte d’une croissance en léger
ralentissement. Au cours de cette année qui verra la constitution de la nouvelle équipe dirigeante autour de l’actuel vice-président Xi Jinping, les
autorités chercheront sans doute en premier lieu à assurer la stabilité de l’environnement économique pour faciliter cette transition, rendant la
période peu propice au lancement de réformes d’envergure. Certains enjeux devraient cependant concentrer leur attention cette année,
notamment l’ouverture du compte de capital, l’évolution des marchés immobiliers, la situation des finances locales ou encore la place de
l’investissement public. En termes de conjoncture, selon les prévisions de la DG Trésor, la croissance devrait s’établir en 2012 à 8½%, après
9,2% en 2011, puis devrait rebondir légèrement en 2013 à 8¾%. La tendance au rééquilibrage de l’économie chinoise devrait progressivement
se confirmer, la consommation prenant en 2013 le relai de l’investissement comme moteur principal de la croissance.
1 L’année 2011 a été marquée par un ralentissement
de la croissance en raison des mesures de
stabilisation de l’activité et de l’affaiblissement de la
demande extérieure
L’année 2011 a été marquée par un léger
ralentissement de la croissance qui s’est élevée à 9,2%
contre 10,4% en 2010. Ce ralentissement s’est affirmé tout
au long de l’année comme l’ont révélé les chiffres
trimestriels : la croissance en glissement annuel a é
successivement de 9,7%, 9,5%, 9,1% et 8,9% au cours
des quatre trimestres. Ainsi l’économie chinoise a
enregistré une croissance inférieure à 9% au 4
e
trimestre
2011 pour la première fois depuis 2009.
Ce ralentissement est lié en premier lieu au contexte
macroéconomique international. En effet, au plan
intérieur, la demande domestique est restée très
dynamique. La croissance est en effet restée tirée par
l’investissement qui a crû de +23,8% en valeur par rapport
à 2010. La croissance de la consommation s’est également
maintenue, les ventes au détail ayant progressé de +17,6%
sur l’ensemble de l’année 2011. En revanche, en 2011, les
excédents commerciaux chinois sont en baisse de 26,4
Mds USD et s’élèvent à 155,1 Mds USD. Les exportations
ont en effet progressé moins vite en valeur sur l’ensemble
de l’année que les importations (+20,3% contre +24,9%).
Cette évolution est principalement liée au ralentissement
des exportations vers l’Union européenne (+14,4%) et les
États-Unis (+14,5%) par rapport à celles à destination
notamment des pays asiatiques (Asean : +23,1%).
Le gouvernement a réussi à contenir l’inflation. La
maîtrise de la hausse des prix était l’objectif prioritaire que
le gouvernement chinois s’était fixé pour 2011 lors de
l’Assemblée nationale populaire de l’an passé. Alors qu’il
avait fixé une cible de +4%, l’inflation moyenne a
finalement atteint +5,4% en 2011. Au cours de l’année,
l’inflation a augmenté jusqu’à +6,5% en glissement annuel
en août, tirée par la composante alimentaire et notamment
par le prix du porc. D’une part, la hausse des prix
alimentaires mondiaux s’est répercutée fortement en
Chine, et, d’autre part, des facteurs structurels
(augmentation des salaires des agriculteurs, organisation
inefficace du marché) ont exacerbé cette hausse. Les
réponses de politique monétaire la banque centrale a
procédé à 12 hausses du taux de réserves obligatoires en
2010 et 2011 –, la reconstitution du cheptel porcin et la fin
de l’effet des aléas climatiques, ainsi que les mesures
prises pour assurer un meilleur fonctionnement des
marchés agricoles meilleur approvisionnement
notamment ont finalement conduit à une nette
décélération de l’inflation en fin d’année, qui n’était plus
que de +4,1% en glissement annuel en décembre.
Inflation et composantes
Dans ce contexte les autorités ont manifesté leur
volonté de réagir face au ralentissement de la
croissance. Le Premier ministre Wen Jiabao a appelé le
25 octobre à un « réglage fin » de la politique économique.
Le gouvernement a alors tiré parti de la diminution de
l’inflation pour prendre des mesures ciblées de soutien aux
secteurs les plus vulnérables, sans pour autant réorienter
fondamentalement sa politique. Des mesures de soutien de
politique monétaire et fiscale ont ainsi été prises en
novembre pour aider les PME après la crise de Wenzhou.
La banque centrale a par ailleurs décidé deux baisses de
50 pdb des ratios de réserve obligatoire en novembre 2011
et en février 2012, afin d’assouplir la politique monétaire et
de soutenir l’activité.
2 L’année 2012 devrait voir ce ralentissement se
poursuivre et la croissance atteindre 8½ %
Après la phase de ralentissement en 2011 qui se
prolonge début 2012, les exportations chinoises
devraient rebondir à partir de la mi-2012, tirées par une
demande mondiale plus forte. Dans le scénario de
référence de la DG Trésor, l’effet macroéconomique des
tensions financières en zone euro devrait s’estomper à
partir du second semestre 2012 et la demande mondiale,
notamment en provenance des pays d’Asie, devrait
rebondir également à compter du second semestre.
Parallèlement, l’appréciation du yuan devrait être plus
limitée en 2012, les autorités pouvant invoquer la réduction
en 2011 des excédents courants. Les importations
devraient demeurer dynamiques, en lien avec la hausse de
la demande intérieure et la baisse des droits de douanes
-3
0
3
6
9
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
alimentaire logement hors alimentaire et logement IPC total
glissement annuel, %
derniers points : janvier 2012
Source : NBS, calculs DG Trésor
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annoncée par le gouvernement le 7 mars à l’occasion de
l’Assemblée populaire annuelle.
Balance courante
Au plan interne, on peut s’attendre à une continuité de
la politique macroéconomique dans un contexte
marqué par la transition politique et l’arrivée prochaine
au pouvoir de la nouvelle équipe conduite par l’actuel
vice-président Xi Jinping. La notion de « stabilité » était
au cœur de la conférence annuelle de travail centrale sur
l’économie du Parti communiste chinois, en décembre
2011. Comme l’an passé, le principe du maintien d’une
politique budgétaire « proactive », ainsi que d’une politique
monétaire « prudente » a été approuvé par l’Assemblée
populaire nationale, le 5 mars 2012. Il est ainsi probable
que la banque centrale continue sa politique
d’assouplissement sélectif et procède à une ou deux
baisses supplémentaires des ratios de réserve obligatoire.
En effet le gouvernement a fixé un objectif de hausse de
+14% de l’agrégat monétaire M2, ce qui laisse de la marge
de manœuvre au vu de la tendance de 2011 (+13,6%) et
de ce début d’année (+12,8% en janvier 2012). Le
gouvernement s’est également donné une marge de
manœuvre en matière de politique budgétaire, avec un
objectif de déficit fixé à 800 Mds CNY, alors qu’il n’a été
que de 519 Mds CNY (82 Mds USD) en 2011. Comme à
l’accoutumée, et sans doute aussi pour des raisons
d’affichage, les prévisions du gouvernement s’appuient sur
des hypothèses très prudentes d’évolution des recettes
budgétaires, avec un objectif de +9,5% qui semble bas au
vu des objectifs et des perspectives de croissance
nominale (l’an passé cet objectif avait été fixé à +8% alors
que la hausse des recettes a finalement atteint +24,8%).
Pour autant, les objectifs de politique monétaire et
budgétaire du gouvernement indiquent que si un
ajustement à la marge est possible, des mesures de
relance semblent exclues.
Au final, l’activité ralentirait au 1
er
semestre 2012. La
croissance serait, selon les prévisions de la DG Trésor,
de 8½ % en 2012 (après 9,2 % en 2011), et s’établirait à
8¾ % en 2013, toujours au-dessus de la cible du
gouvernement. Celui-ci a en effet fi un objectif de
croissance 7,5% à l’occasion de l’Assemblée nationale
populaire, en baisse par rapport à l’objectif de 8% fixé pour
2011. Il faut souligner toutefois que l’objectif du
gouvernement ne doit pas être compris comme une
prévision : il est systématiquement dépassé. En revanche
la baisse de cet objectif par rapport à l’année passée est
significative. Il s’agit d’une prise en compte de la
dégradation de l’environnement extérieur. Mais c’est
également le signe manifeste, notamment à l’adresse des
collectivités locales, du souhait d’une croissance plus
équilibrée et plus durable.
PIB et composantes (annuel)
Le principal aléa baissier de cette prévision concerne
la situation de l’économie mondiale, et notamment
européenne, et l’impact de son évolution sur les soldes
courants chinois. Sous l’hypothèse de normalisation des
marchés financiers, la croissance mondiale devrait
redémarrer progressivement en 2012, portée par les efforts
de reconstruction au Japon, le dynamisme de l’activité des
pays émergents et le redressement graduel des moteurs
privés dans les économies avancées. L’investissement
privé devrait accélérer dans la plupart des économies
avancées, les indicateurs fin 2011 montrant que les taux
d’utilisation des capacités de production sont quasiment
revenus à leur moyenne de long terme, et les marges des
entreprises poursuivant leur rétablissement. La
normalisation de l’environnement économique et financier
serait alors propice à un rétablissement de la confiance et
de la consommation des ménages, mais la baisse des taux
de chômage demeurerait limitée. Le Fonds Monétaire
International (FMI) a quantifié l’effet pour la Chine d’un
scénario très pessimiste, s’effondrerait la croissance de
l'Union Européenne, qui absorbe 20 % des exportations
chinoises : en l’absence de réaction budgétaire chinoise
ceci aurait un impact de - 4 points de PIB sur la croissance
chinoise. Le FMI estime cependant que la Chine dispose
des marges de manœuvre budgétaire pour réagir et
pourrait alors ramener cet impact à seulement -1 point de
PIB grâce à des mesures de relance.
3 La tendance au rééquilibrage de l’économie
chinoise devrait se confirmer
En raison de l’orientation, qui reste restrictive, de la
politique monétaire, ainsi que de la stabilisation voire
de la baisse des marchés immobiliers, il est probable
que la croissance de l’investissement ralentisse en
2012. La conjoncture interne est ainsi toujours relativement
-2
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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Balance commerciale Revenu transferts Balance courante
en pt de PIB
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Consommation totale FBCF Totale Solde extérieur Variations de stocks PIB
pt de PIB
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dégradée début 2012 : ralentissement de la croissance de
la masse monétaire, baisse des transactions et des prix
immobiliers, incertitudes sur la conjoncture (malgré un
léger rebond des indices PMI en janvier et février). En
intégrant aussi le maintien des mesures administratives
d’encadrement du marché immobilier et l’instauration
progressive d’une taxe foncière, on peut s’attendre à ce
que la croissance de l’investissement ralentisse en volume
passe à +11% en 2012, puis à +8% en 2013, après 12%
en 2011.
Parallèlement, la consommation devrait être soutenue
par la croissance des salaires et l’urbanisation du
pays, avec un effet accru en 2013. En 2010 et en 2011,
le salaire minimum a été revalorisé, dans de nombreuses
villes, de près de 20 % en moyenne, pour tenir compte de
la hausse des prix à la consommation, notamment
alimentaires. Dans plusieurs grandes entreprises, des
mouvements sociaux ont également entrainé des
augmentations de salaires. Ainsi, la croissance des
salaires nominaux auraient accéléré depuis 2009 (+15 %
en 2011 en première estimation, après 13,3% en 2010). En
prévision, la dynamique des salaires devrait se poursuivre
avec des croissances à deux chiffres (environ +15 % en
2012 et en 2013). D’abord, les hausses de salaires
minimum et les mouvements sociaux devraient persister.
Ensuite, l’épuisement progressif de « l’armée de serve »
en provenance des zones rurales devrait favoriser le
pouvoir de négociation des salariés. Des signes de pénurie
de main-d’œuvre sur les zones côtières apparaissent et la
population en âge de travailler commence à diminuer.
Parallèlement, après une forte augmentation durant la
décennie 2000-2010, le taux d’épargne des ménages
n’augmenterait plus que légèrement en 2012 et se
stabiliserait en 2013 à 42% du PIB. Les effets
démographiques de cycle de vie devraient exercer une
pression à la hausse sur le taux d’épargne. Toutefois, le
plan santé lancé en 2009 devrait limiter la tendance
haussière du taux d’épargne, notamment en 2013, en
raison de sa montée en charge.
Taux d’épargne de l’économie
Au total, la consommation devrait devenir le principal
moteur de la croissance à compter de 2013. En 2012, la
consommation contribuerait à la croissance à hauteur de 4
pts de PIB contre 5 pts pour l’investissement. En 2013, ces
chiffres s’inverseraient. La consommation deviendrait alors
le plus fort contributeur à la croissance, pour la première
fois depuis 2001. Le commerce extérieur aurait une
contribution négative en 2012 (-½ pt, comme en 2011), et
légèrement positive en 2013 (+¼ pt, contre plus d’un point
en moyenne sur la période 2000-2008). En 2012, le
rééquilibrage de la croissance conduirait ainsi à une baisse
de l’excédent commercial. Ce dernier se stabiliserait en
2013, tout comme l’excédent courant (à respectivement 2½
pts et 3 pts de PIB). Le rééquilibrage interne s’amorcerait
en 2013, avec la stabilisation de la part de la
consommation dans le PIB. L’épargne globale de la Chine
serait stable à 50 pts de PIB en 2012 et en 2013.
4 Plusieurs grands chantiers de politique
économique devraient concentrer l’attention en 2012,
bien que l’annonce de réformes majeures semble peu
probable avant 2013.
Dans un contexte marqué par la réduction des
excédents courants, les pressions haussières sur le
taux de change pourraient s’atténuer. Alors que le taux
de change s’est apprécié de 5% face au dollar en 2011, la
stabilisation du solde courant que la DG Trésor prévoit à
2,5% en 2012 puis 3% en 2013 devrait conduire les
autorités à ralentir l’appréciation du yuan, tout en
continuant de flexibiliser son taux de change. Fin 2011, le
taux de change du yuan a connu temporairement des
pressions à la baisse, en lien avec des sorties de capitaux
en raison d’un regain d’aversion pour le risque sur les
marchés financiers internationaux. Les réserves de
changes de la Chine ont ainsi diminué à deux reprises en
novembre puis en décembre, pour s’établir à 3 181 Mds
USD en fin d’année contre 3 274 Mds USD en octobre,
d’après la State Administration of Foreign Exchange
(SAFE, chargée de gérer les réserves de change et dont le
directeur est l’un des Vice-Gouverneur de la PBoC). Il est
probable que les autorités limitent l’appréciation du yuan en
2012 : les marchés des non deliverable forward n’anticipent
ainsi une appréciation du yuan que de seulement 2% en
2012. En revanche, la banque centrale pourrait progresser
dans la flexibilisation du taux de change. Ainsi, la bande de
fluctuation quotidienne autour de se valeur pivot fixée par
la SAFE pourrait être élargie, comme l’a suggéré à
plusieurs reprises le Gouverneur de la banque centrale
Zhou Xiaochuan. Par ailleurs la politique d’ouverture
graduelle du compte de capital et d’internationalisation
devrait se poursuivre. Ainsi, le 22 février, un rapport de la
banque centrale présentant comment pourrait être relâché
le contrôle des capitaux a été rendu public. Parallèlement,
le planificateur central, la commission nationale pour le
développement et la réforme (NDRC - National
Development and Reform Commission) a dévoilé, le 30
décembre 2011, un plan sur cinq ans visant à faire de
Shanghai une place financière internationale en 2015, plan
dont l’effectivité reste toutefois à confirmer.
Les évolutions des marchés immobiliers devraient être
au cœur des préoccupations en 2012. Les prix des
logements ont continué de baisser début 2012 dans 72 des
100 villes couvertes par l’indice China Real Estate Index
0%
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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
part de l'investissement dans le PIB commerce extérieur dans le PIB
taux d'épargne de l'économie
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5
System. Le Centre de prévision de la Chinese Academy of
Social Sciences (CASS) estime que les prix immobiliers
moyens en Chine baisseront de 5,3% en glissement annuel
en 2012 du fait de l’évolution de la demande sur le marché
et des politiques de contrôles, et en dépit de la croissance
des revenus des ménages, de celle des prix du foncier et
de l’urbanisation rapide. Cette stabilisation est voulue par
le gouvernement central. Il est peu probable que le
gouvernement revienne de manière générale sur les
restrictions mises en place depuis 2010 sur le marché
immobilier. En revanche, comme l’a suggéré Wen Jiabao à
l’Assemblée populaire nationale, il semble possible qu’un
réglage fin de ces politiques introduise plus de flexibilité
dans les plus grandes villes.
L’impact de cette baisse sur l’investissement et le
secteur de la construction devrait être partiellement
compensé par la montée en puissance du programme
de logements sociaux qui prévoit la construction de 36
millions de logement d’ici 2015. Alors que l’objectif était
la mise en chantier de 10 millions de logements sociaux en
2011, selon les chiffres du Ministère du logement, la
construction de 10,43 millions de logements avait été
lancée, et que 4,32 millions avaient été construits. Pour
autant, le Ministère du logement en décembre 2011 a
également reconnu que la plupart des mises en chantier
avaient érecensées selon une approche maximaliste ; il
a suggéré que le nombre de mises en chantier réelles
étaient plutôt de l’ordre de 7 millions. Si cette déclaration
suggère un risque que les objectifs de construction soient
revus à la baisse dans les années à venir, le nombre de
logement en cours de construction, qui est le paramètre le
mieux corrélé avec l’investissement, devrait néanmoins
connaitre une progression soutenue en 2012. A l’occasion
de l’Assemblée populaire nationale, les objectifs de
construction de 5 millions de logements sociaux et de mise
en chantier de 7 millions ont été adoptés, faisant ainsi
passer le nombre de logements sociaux en cours de
construction de 7 millions à environ 12 millions entre la fin
2011 et la fin 2012. Les autorités devront cependant
également résoudre la question du financement de ce
programme, alors que les moyens de certaines collectivités
locales sont limités. Une contribution plus importante qu’en
2011 du gouvernement central a été annoncée, le budget
consacré au logement progressant de 23% en 2012 pour
atteindre 212 Mds CNY. Par ailleurs le Ministère des
finances et la NDRC imposent que les émissions
obligataires des collectivités locales soient destinées
prioritairement au financement du logement social.
Les incertitudes persistent quant à la situation des
finances des collectivités locales, et le gouvernement
pourrait entamer une réflexion sur une réforme
budgétaire et fiscale de grande ampleur. Le seul chiffre
official actuellement disponible sur la situation des
collectivités locales demeure celui d’un endettement de
10 700 Mds CNY (27% du PIB) fin 2010. Si le Premier
ministre Wen Jiabao a affirmé lors de la conférence de
travail annuelle du PCC que la dette des collectivités
locales était dans l’ensemble « sûre et maîtrisable », la
China Banking Regulatory Commission a indiqué qu’en
2012 elle s’efforcerait de « nettoyer » les finances locales.
Jusqu’ici, les autorités ont surtout mis en place les
conditions d’un refinancement de cette dette, les banques
étant encouragées à étendre la maturité des prêts octroyés
et des émissions d’obligations de collectivités locales ayant
été autorisées. Pour autant une réforme de plus grande
ampleur du cadre budgétaire des finances locales semble
souhaitable. Le Premier ministre Wen Jiabao a
indiqué que les financements extrabudgétaires, notamment
les Local government financing vehicles, devraient être
intégrés désormais dans les budgets des collectivités
locales. Par ailleurs, un mécanisme d’alerte sera mis en
place concernant leur endettement. Ces mesures
pourraient préfigurer une réforme plus importante du cadre
des finances locales et de la relation entre le
gouvernement central et les collectivités locales. A cet
égard, l’extension à tout le pays de la taxe foncière
expérimentée à Chongqing et à Shanghai pourrait
constituer le début d’une forme dans le sens d’une plus
grande autonomie budgétaire des collectivités locales.
L’année 2012 pourrait enfin voir monter le débat sur la
place des entreprises publiques dans l’économie
chinoise. Dans son rapport China 2030 rédigé avec le
Development Research Center centre affilié au Conseil
des affaires d’État la Banque mondiale souligne la
nécessité, pour le rééquilibrage de l’économie chinoise, de
réduire l’épargne, l’investissement et la taille du secteur
public, et notamment du poids des entreprises publiques
dans l’économie. Le rapport recommande ainsi que ces
dernières se recentrent sur la production de biens publics
et que leur gestion s’appuie désormais sur des standards
de transparence et de gouvernance internationaux. Selon
ce rapport, cette réforme des entreprises publiques devrait
également passer par une réforme du secteur financier
pour que les grandes entreprises soient financées selon
des mécanismes davantage orientés par le marché,
l’augmentation de la pression concurrentielle sur les
entreprises publiques, ou encore le versement par ces
entreprises de dividendes plus conséquents au budget de
l’Etat, permettant un renforcement des politiques
éducatives et sociales au profit des ménages. Ces
recommandations, qui pourraient susciter en 2012 de
fortes résistances, semblent néanmoins être soutenues,
dans une certaine mesure, par les autorités. Ainsi, le
Premier ministre Wen Jiabao a indiqué, après la publication
de ce rapport, que la promotion des investissements privés
et la réforme des industries monopolistiques seraient les
principales tâches inscrites à l'agenda économique de
2012. En cette année de transition politique, la tournure du
débat, pour autant qu’il puisse être observable de
l’extérieur, sera essentiel pour le positionnement de la
nouvelle équipe dirigeante vis-à-vis de cet axe de réforme
essentiel pour l’évolution du modèle de croissance chinois
dans les années à venir.
Florent Mangin
Service économique régional de Pékin
Michaël Sicsic
Direction Générale du Trésor Bureau diagnostic et
prévision international
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