SERVICE ECONOMIQUE d’OULAN-BATOR
Situation économique de la Mongolie
début 2016
Résumé
La Mongolie a connu un décollage économique rapide au tournant des années 2010 grâce à la mise en valeur
de ses ressources naturelles. Toutefois, le pays est depuis lors fortement affecté par la chute du cours des
matières premières et le ralentissement de la croissance en Chine. Ainsi, le taux de croissance du PIB est passé
de 17,5% en 2011 à 2,3% en 2015, et devrait s’élever à 0,7% en 2016, selon la Banque mondiale, et 0,4%
selon le FMI. Le pays fait face à un déficit croissant de sa balance des paiements et à un risque élevé de
liquidité à court terme. Pour le FMI, la solvabilité du pays ne serait pas un sujet d’inquiétude à long terme :
les ressources du sous-sol, estimées à 1 000 - 3 000 Mds USD, sont un atout de taille ; néanmoins, la
dégradation de la situation économique mongole (endettement, déficit de la balance des paiements) conduit à
une impasse financière, qui pourrait éventuellement nécessiter un programme FMI dans les années à venir.
1. Une dynamique de croissance instable qui reflète la faible diversification économique
La Mongolie a enregistré un taux de croissance record de 17,5% en 2011 durant le boom minier. Toutefois, le
pays est depuis lors fortement affecté par la chute du cours des matières premières, le principal moteur de la
croissance, ainsi que par le ralentissement de l’activité en Chine, de loin son principal marché d’exportation.
Le taux de croissance est retombé à 2,3% en 2015. En 2016, il atteindrait 0,7% selon la Banque mondiale et
0,4% selon le FMI. Pour le FMI, un rebond de croissance de l’ordre de 6,2% à 6,5% est à prévoir à l’horizon
2020, c’est-à-dire au moment de la mise en production de la phase II du gisement d’Oyu-Tolgoï (cuivre et or,
5 Mds USD d’investissement sur la période 2016-2020, soit l’équivalent de 40% du PIB actuel). Le
développement de la phase II du projet minier d’Oyu-Tolgoï devrait soutenir l’économie nationale et, à terme,
les finances publiques, avec une contribution fiscale annuelle estimée à 30% des besoins budgétaires mongols.
2. Le laxisme budgétaire a conduit à une hausse non maitrisée de l’endettement public et un risque
élevé de liquidité à court terme
Le déficit public consolidé atteint 5,1% du PIB en 2015, selon la Banque mondiale, contre 11% en 2014. En
2012, les autorités mongoles ont procédé à leur première émission d’euro-obligations pour un montant total de
1,5 Md USD (Chinggis bond) sur dix ans (1 Md USD) et 5 ans (500 M USD) aux taux de 5,125% et 4,125%.
En parallèle, en mars 2012, la DBM émettait avec la garantie de l’Etat 580 millions USD à 5,75% sur 5 ans et
en JPY (Samurai bond de 30 Mds JPY, en décembre 2013 à 1,52% sur 10 ans, garanti par la JBIC). Selon les
calculs du FMI, le ratio dette publique extérieure/PIB atteignait 77% en 2014 et devrait dépasser les 90% en
2017 avant de décroitre après 2018.
Le risque de surendettement est considéré par le FMI comme élevé depuis avril 2015, la plupart des ratios
d’endettement étant au-dessus des plafonds fixés dans l’analyse de viabilité de la dette. Les différents scénarii
de viabilité de la dette mettent en avant des dépassements significatifs des plafonds liés au service de la dette
lorsque les obligations en devises arriveront à échéance (2017, 2023, 2025). Compte tenu du potentiel minier
du pays, estimé entre 1 000-3 000 Mds USD par le FMI, il ne s’agit pas d’un risque de solvabilité, mais plutôt
d’un risque de liquidité qui se matérialisera en 2017 lorsque les obligations en devises arriveront à échéance.