Comment définir et classer les maladies inflammatoires ? How to

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Revue du Rhumatisme 74 (2007) 714–725
http://france.elsevier.com/direct/REVRHU/
Comment définir et classer les maladies inflammatoires ?
How to define and to classify inflammatory systemic diseases?
Jean Sibilia
Service de rhumatologie, centre national de référence des maladies auto-immunes systémiques rares, hôpital de Hautepierre, CHU de Strasbourg,
1, avenue Molière, 67098 Strasbourg cedex, France
Reçu le 21 juin 2007 ; accepté le 3 juillet 2007
Disponible sur internet le 25 juillet 2007
Mots clés : Maladies auto-inflammatoires ; Maladies auto-immunes ; Lupus ; Syndrome de Gougerot-Sjögren ; Critères ; Signature génique ; Cytokines
Keywords: IMID; Auto-immune disease; Systemic lupus; Sjögren’s syndrome; Criteria; Signature; Cytokines
1. Introduction
De nombreuses maladies inflammatoires sont liées à des
mécanismes considérés comme dysimmunitaires. Ces affections récemment regroupées sous le terme d’IMID (immune
mediated inflammatory diseases) comprennent trois grandes
entités nosologiques [1] :
● les maladies auto-immunes systémiques (non spécifiques
d’organe) et localisées (spécifiques d’organe) ;
● les maladies auto-inflammatoires ;
● les affections inflammatoires de mécanisme indéterminé
comprenant, notamment, des affections iatrogènes ou paranéoplasiques dont le mécanisme n’est pas auto-immun.
Ces maladies inflammatoires étaient définies jusqu’à présent
par des critères cliniques et biologiques validés par l’usage et
l’avis d’experts. Cependant, leur polymorphisme suggère
qu’une même entité puisse être liée à des mécanismes moléculaires différents. À titre d’exemple, la polyarthrite rhumatoïde
(PR) est une maladie articulaire parfois extrêmement agressive
ou inversement une forme bénigne non destructrice. S’agit-il
de la même affection ou d’affections différentes ? Jusqu’à présent, il était difficile d’envisager « d’affiner » la classification
de ces maladies, mais de nouveaux outils immunitaires et/ou
Adresse e-mail : [email protected] (J. Sibilia).
moléculaires permettent maintenant une nouvelle approche
nosologique. Au-delà du progrès conceptuel, cette nouvelle
classification permettra d’adapter les stratégies thérapeutiques
en utilisant des molécules ciblées pour chaque forme de maladie, l’objectif le plus ambitieux étant de pouvoir disposer du
« bon traitement pour le bon patient » [2,3].
2. Pourquoi envisager de nouveaux critères
dans les maladies immunitaires ?
Avant d’envisager de nouveaux critères des maladies immunitaires, il faut s’interroger sur leurs objectifs. Les critères
nosologiques vont-ils remplacer les critères pragmatiques ?
2.1. De nouveaux critères pragmatiques diagnostiques,
pronostiques et évolutifs
Le polymorphisme de ces affections immunitaires chroniques rend l’utilisation des critères diagnostiques « classiques »
très difficile. En pratique, ils sont souvent remplacés par des
arbres décisionnels, qui sont également difficiles à constituer
compte tenu de la diversité des maladies. Néanmoins, des critères diagnostiques peuvent être utiles quand il existe un marqueur biologique spécifique. L’un des exemples est le syndrome des antiphospholipides (SAPL) dont la classification a
été revue récemment avec l’intégration des anticorps anti-β2glycoprotéine-1 comme critères diagnostiques biologiques [4]
(Tableau 1).
1169-8330/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.rhum.2007.07.003
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Tableau 1
Les critères révisés du syndrome des antiphospholipides (Miyaris et al. 2006).
Le diagnostic est évoqué s’il existe l’association d’un signe clinique et d’un
signe biologique à condition que les critères biologiques aient été vérifiés (à
12 semaines d’intervalle) et qu’il n’y ait pas plus de cinq ans entre les signes
cliniques et biologiques
Critères cliniques
Thromboses veineuses et/ou artérielles
Complications obstétricales :
une ou plusieurs pertes fœtales (après la dixième semaine de gestation) sans
qu'il existe d'anomalie morphologique du fœtus
un ou plusieurs prématurés (avant la 34e semaine) liés à
une éclampsie ou prééclampsie
une insuffisance placentaire
trois ou plus de fausses couches précoces (avant la dixième semaine de
gestation) sans anomalie anatomique, hormonale ou chromosomique connue
Critères biologiques
Anticoagulant lupique détecté à deux reprises à au moins 12 semaines
d'intervalle selon les recommandations de l'International Society of Thrombose
and Haemostasis
Anticorps anticardiolipine d'isotype IgG et/ou IgM détectés à deux reprises à
au moins 12 semaines d'intervalle à titre élevé (> 40 UGPL ou UMPL ou > au
99e percentile) mesurés par un Elisa standardisé.
Anticorps anti-β2glycoprotéine 1 d'isotype IgG et/ou IgM détectés à deux
reprises à au moins 12 semaines d'intervalle à titre élevé (> 99e percentile) par
un Elisa standardisé
Dans un avenir proche, des critères moléculaires (protéomiques ou transcriptomiques) pourront être associés aux critères
clinicobiologiques classiques pour renforcer leur spécificité.
Néanmoins, pour l’instant, même dans des affections héréditaires comme la fièvre méditerranéenne familiale, le diagnostic
reste clinique en raison de l’hétérogénéité des mutations du
gène MEFV (pyrine).
Les critères pronostiques, très utilisés en hématologie et en
cancérologie, commencent à être évalués dans les maladies
immunitaires. Deux exemples peuvent être cités :
● les critères de Leiden permettent de définir un rhumatisme
inflammatoire d’évolution chronique et/ou érosive. Un score
élevé suggère un risque évolutif qui peut justifier une prise
en charge plus agressive [5] ;
● les critères FFS (five factors severity) permettent de préciser
la stratégie thérapeutique, comme cela a été démontré dans
les vascularites. Ainsi, un score FFS supérieur ou égal à 1
dans les vascularites à anticorps anticytoplasmes des polynucléaires (ANCA), justifie un traitement immunosuppresseur en complément de la corticothérapie [6,7].
Des critères d’activité ont été définis pour différentes maladies immunitaires comme la PR (DAS), les spondylarthropathies (BASDAI), le lupus (BILAG, SLEDAI…). Il serait justifié d’en déterminer dans d’autres maladies systémiques comme
le syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS) et les sclérodermies,
mais le polymorphisme de ces affections complique leur identification et leur validation. Ces critères ont un réel intérêt pratique pour le suivi et le traitement de ces patients, mais n’ont
pas d’intérêt pour le diagnostic ou la classification de ces maladies.
Si la recherche de critères pragmatiques est un objectif très
utile, l’identification de critères de classification adaptés aux
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progrès nosologiques est aussi d’une importance capitale.
Mieux classer, c’est souvent mieux comprendre car un regroupement nosologique original fait souvent émerger un concept
nouveau, comme le suggère l’histoire des spondylarthropathies
(SpA), du syndrome SAPHO ou, plus récemment, des maladies
auto-inflammatoires.
2.2. De nouveaux critères de classification nosologique
L’intérêt des critères de classification « classiques » n’est
pas diagnostique, car ils sont souvent pris en défaut dans les
formes débutantes incomplètes, mais ils permettent de définir
des groupes homogènes de patients, ce qui est extrêmement
utile en recherche clinique et dans l’évaluation des traitements.
Des critères de classification nosologiques permettraient de
regrouper des pathologies considérées jusqu’alors comme très
différentes ou, au contraire, de démembrer une entité trop polymorphe. L’exemple le plus spectaculaire est celui des maladies
auto-inflammatoires. Une « dissection » physiopathologique
(moléculaire) de ces maladies a permis d’identifier un groupe
d’affections assez homogène, connues depuis longtemps sous
des appellations très différentes (Tableau 2). La recherche de
critères de classification nosologiques peut s’appliquer à la plupart des IMID (immune mediated inflammatory diseases).
3. Critères de classification des maladies auto-immunes
Jusqu’à présent, les critères de classification des maladies
auto-immunes étaient fondés sur des arguments cliniques, biologiques et, éventuellement, d’autres anomalies morphologiques ou fonctionnelles. Une description de plus en plus précise
de ces affections et une meilleure connaissance de leurs mécanismes permettent d’envisager des critères différents.
3.1. Critères morphologiques
Pour certaines affections, une classification nosologique
reposant sur des critères « morphologiques » semble performante. Trois exemples peuvent être cités :
● la classification nosologique des rhumatismes inflammatoires débutants peut s’appuyer sur une analyse immunohistochimique de la membrane synoviale, ce qui est assez
logique, car il s’agit de l’organe « lésé ». Plusieurs travaux
récents ont démontré l’intérêt d’une analyse de la synoviale
permettant de distinguer précocement une PR d’une SpA :
○ dans la PR, des macrophages synoviaux (CD68+) sont
présents précocement (dès la phase préclinique) et corrélés à l’activité et à la sévérité de l’atteinte articulaire [8].
Il s’agit de macrophages « infiltrants » issus de monocytes marqués par les myeloïd related protéines (MRP) 8 et
4 et non pas de macrophages « résidents » de la synoviale (CD163+), comme dans les SpA. Dans la synovite
rhumatoïde, les autres éléments différents des SpA sont
la présence de cellules dendritiques (CD83+), la présence de peptides citrullinés intracellulaires et de com-
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Tableau 2
Les différentes formes de syndromes auto-inflammatoires héréditaires
plexes de glycoprotéines cartilagineuses humaines
(gp39) associés à des molécules HLA [9,10]. Cependant,
dans un travail récent, il a été montré que la présence de
fibrine déiminée intracellulaire dans la synoviale n’est
pas spécifique, observée aussi dans d’autres formes de
synovites (SpA, arthrose), mais seuls les patients atteints
de PR produisent des autoanticorps antipeptides citrullinés [11] ;
○ dans les SpA, l’élément le plus caractéristique est la présence de polynucléaires neutrophiles et surtout de
macrophages synoviaux « résidents » (CD163+) corrélés
à l’activité de la maladie, quelle que soit la forme clinique [12]. Il est intéressant d’observer que ces anomalies sont signalées dans toutes les formes cliniques de
rhumatisme psoriasique, même polyarticulaires, mais
pas de façon significative dans les SpA juvéniles [13].
D’autres paramètres, comme l’hypervascularisation,
caractérisent aussi les SpA, mais sont moins discriminants [14].
Ainsi, si l’atteinte articulaire le permet, il serait possible
d’envisager une analyse synoviale d’un rhumatisme inflammatoire débutant. Reste à savoir si cette identification peut
avoir, dans l’état actuel des connaissances, une utilité autre
que nosologique ;
● les vascularites primitives sont des affections polymorphes,
mais la nouvelle classification de Chapel-Hill est une
démarche particulièrement rationnelle qui permet de définir
avec beaucoup de clarté les principales vascularites primitives. Cette classification est fondée sur la taille des vaisseaux
lésés et sur les caractéristiques histologiques et/ou immunologiques des lésions. Cette classification intègre les ANCA
qui ont une valeur diagnostique et pronostique importante.
Ces anticorps sont associés à une expression phénotypique
particulière des vascularites. Ainsi, le syndrome de Churg et
Strauss et la granulomatose de Wegener se caractérisent par
une atteinte vasculaire inflammatoire plus sévère (souvent
rénale) pour les formes avec ANCA comparées à celles
sans autoanticorps [15] (Fig. 1) ;
● le lupus cutané est une affection particulièrement polymorphe classée habituellement en affections aiguës, subaiguës et chroniques. En fait, l’observation de formes histologiques sans atteinte de l’interface dermoépidermique
suggère l’utilisation d’une classification plus morphologique séparant les lupus cutanés en formes « classiques »
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Fig. 1. Comment classer les vascularites ?
dermoépidermiques, dermiques et hypodermiques [16].
C’est le démembrement de pathologies du derme, comme
la maladie de Jessner-Kanoff, la mucinose papulonodulaire
et la mucinose réticulaire érythémateuse qui a justifié cette
nouvelle classification (Tableau 3).
3.2. Critères physiopathologiques
En pratique, définir une maladie auto-immune systémique
n’est pas aisé. Classiquement, ces maladies auto-immunes
sont caractérisées par une réaction inflammatoire dirigée contre
Tableau 3
Classification topographique des lupus cutanés
Lupus dermo-épidermique (dermatite d'interface)
Lupus aigu
Lupus subaigu
Lupus discoïde
Lupus vésiculobulleux
Lupus dermique
Lupus tumidus
Lupus dermique de type Jessner-Kanof
Mucinose papulonodulaire
Mucinose réticuloérythémateuse
Lupus hypodermique
Panniculite lupique
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des constituants cellulaires ou tissulaires, liée à une réponse
immunitaire anormale définie comme « autoagressive ». Cette
réaction est la conséquence d’une rupture de tolérance qui se
traduit par un dialogue « aberrant » entre les cellules présentatrices de l’antigène (cellules dendritiques) et les lymphocytes T
et B. Elle s’associe, dans la plupart des cas, à la production
d’autoanticorps qui peuvent être des marqueurs diagnostiques
ou, parfois aussi, des acteurs pathogènes détectés plusieurs
mois ou années avant l’apparition des signes cliniques [17].
Cette définition n’est pas d’un grand apport pour la pratique
quotidienne, en dehors des autoanticorps qui sont souvent utilisés comme critères de classification. Les progrès physiopathologiques permettent maintenant d’envisager une classification plus nosologique qui pourrait s’appuyer sur quelques
avances conceptuelles.
3.2.1. Identification de maladies auto-immunes monogéniques
La grande majorité des affections auto-immunes est polygénique, mais il existe quelques exemples d’affections monogéniques [18]. À ce jour, les trois principales sont des affections
très rares caractérisées par un défaut de régulation des lymphocytes T.
● Le syndrome IPEX (immune dysregulation polyendocrinopathy, entheropathy, X-linked) se caractérise dès l’enfance
par une atteinte digestive souvent sévère, un diabète de
type I, une thyroïdite et des cytopénies auto-immunes (anémie hémolytique et thrombopénie). Ce syndrome est lié à
des mutations du gène FOX P3 qui code pour l’ADNbinding protein scurfin nécessaire à l’activité des lymphocytes T régulateurs CD4+, CD25+ [19,20] ;
● le syndrome ALPS (autoimmune lymphoproliferative syndrome) se caractérise par des mutations du système FAS/
FAS Ligand régulant l’apoptose lymphocytaire. Ce syndrome, dont il existe plusieurs formes, se caractérise globalement par des manifestations auto-immunes cliniques et
biologiques (cytopénies) et l’apparition d’une lymphoprolifération CD4–/CD8– [21] ;
● le syndrome APECED (autoimmune polyendocrinopathy–
candidiasis–ectodermal dystrophy syndrome) appelé aussi
APS-1 (autoimmune polyendocrine syndrome-1) est caractérisé par les mutations du gène AIRE (auto-immune regulator
proteine) qui intervient dans l’éducation thymique des lymphocytes T régulateurs. Ce syndrome se caractérise par des
manifestations auto-immunes essentiellement endocriniennes parfois associées à une candidose chronique [22].
Ces différentes affections sont extrêmement rares, mais
l’étude de leur mécanisme a permis de mieux comprendre le
fonctionnement du système immunitaire dans les maladies
auto-immunes.
3.2.2. Identification d’une « signature » cytokinique
des maladies auto-immunes
Les maladies auto-immunes sont caractérisées par une réaction immunitaire avec un certain « profil » cytokinique. La
mise en évidence d’une « signature cytokinique » a été un progrès conceptuel intéressant dans le lupus [23–25]. Dans cette
affection, plusieurs travaux ont démontré le rôle de l’interféron
de type I (α) qui est une cytokine produite par les cellules dendritiques plasmacytoïdes capables de moduler la réponse
immunitaire en activant les lymphocytes T et B autoréactifs.
En fait, cette signature interféron n’est probablement pas spécifique du lupus, mais traduit l’initiation de certaines maladies
auto-immunes, comme le SGS et les thyroïdites, par l’activation des cellules dendritiques [26].
À l’inverse, d’autres affections auto-immunes, comme la
PR, dépendraient du TNF-α dont l’un des effets pourrait être
d’inhiber la synthèse d’IFNα/β. Cette hypothèse permettrait
d’expliquer l’apparition de maladies auto-immunes (lupus)
dépendantes de l’IFN-α/β sous anti-TNF [27]. Ainsi, il y aurait
une régulation inhibitrice réciproque entre la production de
TNF-α et d’IFN-α/β, justifiant une classification en maladies
auto-immunes dépendantes de l’IFN et en maladies autoimmunes dépendantes du TNF-α (Fig. 2).
En réalité, la situation est plus complexe car le TNF-α et les
interférons de type 1 ont des effets immunologiques qui peuvent varier en fonction de leur origine cellulaire, de leur
concentration et du moment auquel ils sont produits au cours
de la maladie [28]. Un des exemples les plus simples pour
illustrer cette complexité est l’existence d’affections associant
des signes de PR ou de lupus (appelées rhupus [rheumatoid
arthritis and lupus]).
3.2.3. Identification de maladies dysimmunitaires associant
des phénomènes d’allo- et d’auto-immunisation maternofœtale
Dans certaines affections considérées comme des alloimmunisations maternofœtales, il a été décrit des phénomènes
d’auto-immunisation dont le rôle pathogène est discuté. Trois
exemples peuvent être décrits :
● les néphropathies extramembraneuses néonatales sont liées
à des IgG anti-NEP (neutral endopeptidase). Ces autoanticorps sont la conséquence d’une allo-immunisation maternelle contre la NEP syncitiotrophoblastique qui est absente
chez la mère, mais présente dans les podocytes du rein de
l’enfant. Ces anticorps d’isotype IgG vont passer la barrière
fœtoplacentaire et se déposer en entraînant une néphropathie
extramembraneuse fœtale ;
● dans l’arthrogrypose congénitale, la mère qui est saine a des
autoanticorps antirécepteurs de l’acéthylcholine fœtale. Pendant la grossesse, ces autoanticorps passent chez le fœtus
induisant une myasthénie et des contractures à l’origine de
l’arthrogrypose [29,30] ;
● l’hémochromatose néonatale est une affection rare qui pourrait être une affection liée à une allo-immunisation maternofœtale contre un antigène inconnu. Néanmoins, dans certaines formes, il a été observé la présence d’autoanticorps, en
particulier anti-Ro/SS-A [31]. Dans une série récente de 15
patientes ayant donné naissance à des enfants avec une
hémochromatose néonatale, deux d’entre elles avaient un
lupus et une troisième des signes biologiques d’auto-
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Fig. 2. Le concept « séparateur » de la classification nosologique des IMID (immune mediated inflammatory diseases). Les affections auto-inflammatoires peuvent se
caractériser par une « signature » cytokinique soit de type IL-1, soit de type TNF, ce qui correspond aux mécanismes moléculaires de ces maladies. Les affections
auto-immunes pourraient aussi se caractériser par une « signature » cytokinique reposant essentiellement sur une balance TNF/IFN de type 1. Cette hypothèse
séduisante est trop caricaturale, ne reprenant pas de façon suffisamment pertinente les mécanismes cytokiniques plus complexes des maladies auto-immunes.
immunité [32]. Dans cette étude ouverte, il est intéressant
d’observer l’efficacité des immunoglobulines intraveineuses
qui est un argument complémentaire en faveur de l’origine
dysimmunitaire de cette complication rare.
Dans certaines affections auto-immunes, il a été décrit des
phénomènes d’allo-immunistion potentiellement pathologiques. Dans la dermatomyosite et la sclérodermie systémique
et même le lupus systémique et le SGS, des cellules d’origine
fœtale sont encore détectables, plus de 20 ans après l’accouchement, dans la circulation et les tissus maternels [33–35].
Ce microchimérisme a été considéré initialement comme un
facteur initiateur ou amplificateur de ces maladies autoimmunes par analogie avec la réaction du greffon contre
l’hôte qui est un modèle d’allo-immunisation. Ce phénomène,
appelé microchimérisme, qui peut être observé chez des femmes sans affection auto-immune, n’est peut-être pas pathogène
et pourrait être une réponse « réparatrice » [36].
L’hypothèse d’un regroupement des affections autoimmunes comportant une allo-immunisation est une piste intéressante qui pourrait justifier une classification nosologique
spécifique.
4.1. Extension du concept de maladies auto-inflammatoires
monogéniques à des affections polygéniques
Le concept « originel » des maladies auto-inflammatoires a
été défini par l’existence d’anomalies génétiques à transmission
mendelienne interférant avec une voie cytokinique générique
(en particulier celles de l’IL-1 et du TNF-α) ou avec des récepteurs intervenant dans la détection de micro-organismes ou de
débris microbiens (pathogen associated molecular patterns ou
PAMPS) [38–40]. Cette définition a permis d’identifier une
dizaine de formes monogéniques qui étaient, pour la plupart,
des fièvres périodiques héréditaires comme la fièvre méditerranéenne familiale ou la fièvre familiale hibernienne appelée
aujourd’hui syndrome TRAPS (TNF necrosis factor receptor–
associated periodic fever syndrome) (Tableau 2). Ce progrès
conceptuel a été une avancée majeure permettant l’utilisation
de traitements immunomodulateurs adaptés [2,3,41,42].
Au-delà des formes monogéniques, il existe des formes
polygéniques multifactorielles ayant de nombreuses similitudes. Pour illustrer ce point, deux exemples originaux peuvent
être décrits.
4.2. Exemple de la goutte
4. Maladies auto-inflammatoires
Ces affections se définissent par une agression tissulaire liée
à l’activation excessive de l’immunité innée, indépendamment
de l’immunité adaptative (lymphocytaire) (Tableau 2). Ce
concept original repose sur le fait qu’une réaction immunitaire
est mise en jeu par un signal « danger » qui doit être détecté et
si possible, éliminé le plus précocement possible par notre
immunité non spécifique (innée) [37]. Ce n’est que dans un
deuxième temps, si cela est nécessaire, que l’immunité adaptative est mise en jeu, permettant ainsi une mémorisation de
l’agresseur.
La goutte est une affection inflammatoire caricaturale dont
le mécanisme vient d’être décodé. Les cristaux d’urate de
sodium sont détectés par les cellules de l’immunité innée
comme un signal de « danger » [43]. Ces cristaux se fixent
directement sur un récepteur de l’immunité innée de la famille
des NLR. Ce récepteur NALP3 (cryopyrine) est celui dont les
mutations sont responsables des cryopyrinopathies monogéniques (CINCA, syndrome de Muckles-Wells, urticaire familiale
au froid) [44]. Dans la goutte, il n’y a pas d’anomalie génétique de ce récepteur, mais une activation « inconsidérée »
aboutissant à la production excessive d’interleukine-1. Même
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s’il s’agit d’un progrès conceptuel majeur, il reste encore à
comprendre le rôle de phénomènes associés (comme les infections microbiennes ou d’autres stimulations) capables d’induire
les crises.
4.3. Exemple des syndromes neutrophiliques
Le concept de syndrome neutrophilique pourrait permettre
de
regrouper
un
certain
nombre
d’affections
« auto-inflammatoires » dont le trait d’union pourrait être le
polynucléaire neutrophile (PNN). Cette « nébuleuse » des syndromes auto-inflammatoires neutrophiliques pourrait inclure
les dermatoses neutrophiliques (en particulier le syndrome de
Sweet et le pyoderma gangrenosum), mais aussi certaines formes de maladie de Crohn, de SpA, de psoriasis, de polychondrite et de maladie de Behçet (Fig. 3). Les arguments suggérant
la pertinence de ce regroupement nosologique sont épidémiologiques, cliniques et génétiques :
● ces affections peuvent être associées chez un même individu
ou dans une même famille avec une fréquence qui n’est pas
liée au hasard de la rencontre d’affections assez fréquentes.
De nombreuses associations pourraient être citées, en particulier celles des dermatoses neutrophiliques avec la maladie
de Crohn et de la maladie de Crohn avec le psoriasis et les
spondylarthropathies ;
● il existe des manifestations communes systémiques (fièvre),
cutanées (dermatose neutrophilique) et articulaires caractérisées par la présence de polynucléaires neutrophiles. Ces éléments suggèrent une réaction inflammatoire à une agression
microbienne originale ;
● différents arguments génétiques plaident aussi pour ce
regroupement nosologique avec, en particulier, deux syndromes auto-inflammatoires « neutrophiliques » monogéniques. Le PAPA (pyogenic sterile arthritis, pyoderma gangrenosum and acne-syndrome) est une affection autoinflammatoire liée à la mutation du gène CD2BPI/PSTPIT1
(CD2-binding protein/proline-serine-treonine-phosphataseinteracting protein) qui intervient dans la régulation des
neutrophiles et des monocytes [45–48]. Le syndrome de
MAJEED est une affection auto-inflammatoire caractérisée
par une ostéite récurrente multifocale, une dysérythropoïèse
et une dermatose neutrophilique de type Sweet. Cette maladie est liée à une mutation homozygote du gène LPIN2 [47],
mais d’autres anomalies génomiques existent peut-être
[49] ;
● un des meilleurs exemples pour illustrer le rôle des facteurs
génétiques est la maladie de Crohn [50]. Près d’un tiers des
formes est lié à des mutations du gène NOD2/CARD15, ce
qui se traduit par une réponse inflammatoire aberrante des
cellules dendritiques, des macrophages et des cellules de
Paneth intestinales en réponse au muranyl–dipeptide bactérien [51–53]. Cette dérégulation de la réponse aux agents
bactériens implique très vraisemblablement une anomalie
de la voie NF–KB [54–56]. Il a été démontré récemment
qu’une inhibition de cette voie (par un blocage de NEMO)
induit l’apoptose des cellules épithéliales intestinales et un
défaut d’expression des peptides antibactériens. En conséquence, il y a une rupture de la barrière épithéliale et une
prolifération bactérienne anormale qui peut avoir différentes
conséquences pathologiques [55,56]. Certaines bactéries
comme des colibacilles vont pouvoir adhérer aux cellules
Fig. 3. La « nébuleuse » des affections auto-inflammatoires neutrophiliques. Ces affections multifactorielles ont en commun différents facteurs : a) facteurs
épidémiologiques : ces affections peuvent s’associer avec une fréquence inhabituelle ; b) caractérisation phénotypique : ces affections ont des manifestations
communes surtout articulaires et cutanées et parfois des signes systémiques (fièvre…) ; c) facteurs immunologiques : le trait d’union est l’existence de lésions liées à
des polynucléaires neutrophiles observées dans les lésions cutanées, osseuses ou viscérales ; d) facteurs génétiques : il existe deux maladies auto-inflammatoires
neutrophiliques monogéniques appelées PAPA (pyogenic arthritis, pyoderma gangrenosum, severe cystic acne) et syndrome de MAJEED (ostéites aseptiques
récurrentes, dysérythropoïèse et dermatoses neutrophiliques) liés à des anomalies génomiques connues qui ont des similitudes avec les affections de cette nébuleuse.
Parmi les affections de cette nébuleuse, la maladie de Crohn se caractérise (dans 20 à 30 % des cas) par des mutations du gène NOD2/CARD15 qui régule la réponse
inflammatoire intestinale aux agents bactériens. D’autres facteurs génétiques (HLA B27, TNF-R1) ne sont pas responsables du déclenchement de ces affections, mais
pourraient déterminer leur expression phénotypique.
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épithéliales intestinales car elles expriment spécifiquement
une molécule d’adhésion appelée (CEACAM6) [carcinoembryonic antigen-related cell adhesion molecule 6] dont
l’expression est induite par le TNF et l’IFN-γ [57]. D’autres
facteurs génétiques de susceptibilité interviennent ; en particulier, ATG16L1 qui code pour une protéine impliquée
dans l’autophagie de bactéries intracellulaires comme les
salmonelles [58–60]. L’importance de l’autophagie est
confirmée par la découverte d’un nouveau gène de susceptibilité intervenant dans la régulation de ce phénomène physiologique [60] ;
● ainsi, dans les maladies auto-inflammatoires, le poids de la
génétique est important, modulant plus particulièrement la
réponse immunitaire innée aux agents microbiens, mais
d’autres anomalies peuvent être à l’origine de particularités
phénotypiques caractérisant certaines entités de cette nébuleuse. À titre d’exemple, HLA B27 n’est probablement pas
un gène majeur de la régulation de la réponse immunitaire,
mais un gène qui peut expliquer l’expression enthésiopathique de ces affections [61,62]. De même, des anomalies
des gènes impliqués dans les maladies auto-inflammatoires
monogéniques (gènes MEFV, TNF RS1) ont été observées
dans des maladies auto-immunes comme la PR et le lupus,
ce qui pourrait conférer à ces affections un profil phénotypique particulier [63].
5. Lien entre les maladies auto-immunes et les maladies
auto-inflammatoires
A priori, il existe une séparation nosologique entre ces deux
entités, les unes liées à l’immunité innée et les autres à l’immunité adaptative (lymphocytaire). En réalité, ces affections
inflammatoires se répartissent sur un spectre allant des maladies auto-inflammatoires monogéniques (sans signes d’auto-
721
immunité) aux affections auto-immunes monogéniques (sans
intervention de l’immunité innée) [64] (Fig. 4). La plupart de
ces affections sont multifactorielles et multigéniques, déclenchées par des facteurs d’environnement. Ainsi, une maladie
auto-immune peut comporter une ou des « facettes » autoinflammatoires expliquant son initiation, mais aussi certaines
lésions tissulaires (Fig. 5).
5.1. Chronologie de l’histoire naturelle des maladies autoimmunes
● Le déclenchement d’une maladie auto-immune pourrait être
lié à des facteurs d’environnement qui stimulent l’immunité
innée locale [65]. Ce sont ces facteurs (probablement hétérogènes pour chaque maladie) qui expliquent en partie le
tropisme d’organes de certaines maladies auto-immunes.
Cette activation locale met en jeu les cellules de l’immunité
innée (macrophages, cellules dendritiques, polynucléaires),
mais aussi les cellules résidentes, comme les synoviocytes
dans la PR et les cellules épithéliales glandulaires dans le
SGS ;
● la pérennisation de ces maladies met en jeu des phénomènes
auto-immuns qui peuvent être entretenus par des facteurs
d’environnement (en particulier microbiens) expliquant
l’évolution parfois récurrente de ces maladies. Les lésions
tissulaires sont liées à la conjonction de phénomènes autoimmuns spécifiques (autoanticorps, cytotoxicité lymphocytaire) et de phénomènes auto-inflammatoires non spécifiques (agressions enzymatiques et cytokiniques) ;
● une des grandes difficultés est l’étude de la chronologie de
ces phénomènes, et cela, pour deux raisons :
○ les modèles animaux sont « artificiels », car ils ne permettent qu’une approche très spécifique et donc partielle
de la maladie humaine. En fait, la plupart des modèles
Fig. 4. Le concept « unificateur » de la classification nosologique des IMID (immune mediated inflammatory diseases). Ce spectre inclut des affections
monogéniques auto-inflammatoires et auto-immunes et des affections polygéniques de mécanisme intriqué associant, dans des proportions variables, des
phénomènes auto-inflammatoires (liés à l’immunité innée) et des phénomènes auto-immuns (liés à l’immunité lymphocytaire adaptative).
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Fig. 5. Schéma synthétique de la pathogénie des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires. Dans ces deux types de maladies, l’initiation est liée à une agression
(signal « danger ») qui active l’immunité innée expliquant en partie le tropisme d’organe de la plupart de ces affections. Dans les maladies auto-inflammatoires, en
raison d’anomalies monogéniques ou polygéniques, la réaction inflammatoire s’amplifie, créant des lésions caractéristiques de la maladie. Ces lésions sont
susceptibles d’induire l’apparition de néo-autoantigènes éventuellement responsables d’une réaction immunitaire lymphocytaire secondaire habituellement sans
production d’autoanticorps. Dans les maladies auto-immunes, la réaction immunitaire innée initiale va stimuler préférentiellement les cellules dendritiques et les
cellules résidentes tissulaires. Cette réaction va s’associer rapidement à une réaction auto-immune lymphocytaire qui va être amplifiée par le relargage de néoantigènes tissulaires à l’origine de la production d’autoanticorps. Dans ces affections, différents facteurs génomiques peuvent conditionner l’apparition de
manifestations clinicobiologiques ou l’apparition de complications. Ces facteurs génétiques ne sont pas inducteurs, mais ils peuvent modifier l’expression
phénotypique de ces maladies et l’apparition de certaines anomalies biologiques (autoanticorps).
murins, caractérisés par la délétion ou la surexpression
d’un gène, miment une maladie inflammatoire humaine
monogénique, et cela, sans tenir compte de toutes les
spécificités transcriptionnelles et traductionnelles qui
existent dans les tissus humains ;
○ les affections auto-immunes humaines ne s’expriment
cliniquement qu’à une phase tardive de l’histoire de la
réponse immunitaire. De nombreux exemples témoignent de la présence d’autoanticorps spécifiques dans
le lupus ou la PR, plusieurs années avant l’apparition
des premiers signes cliniques [17]. En conséquence, la
pathogénie de ces maladies est décrite en fonction de
ce qui est observable, c’est-à-dire en faisant abstraction,
sauf cas particulier, de toute la phase infraclinique ou
paucisymptômatique initiale. La prise en compte de ces
difficultés a permis une analyse plus pertinente des
maladies auto-immunes, avec la confirmation, un peu
surprenante, du rôle important de l’immunité innée. Le
« poids » de l’immunité innée peut être illustré par deux
maladies auto-immunes emblématiques.
5.1.1. Exemple du lupus
5.1.1.1. Rôle de l’immunité innée : hypothèse TLR et… hypothèse NALP. Le lupus est considéré classiquement comme une
maladie auto-immune liée à une autoréactivité lymphocytaire T
et B. En fait, il existe de nombreux arguments en faveur d’une
dérégulation, probablement initiatrice de l’immunité innée.
L’une des observations les plus curieuses est une prévalence
inattendue de lupus dans les granulomatoses septiques congénitales (mutation des gènes NADP-oxydases) qui sont des déficits primitifs de l’immunité innée [66,67]. Un des points les
plus difficiles est de comprendre l’enchaînement des phénomènes initiant la réaction auto-immune, mais de nombreux éléments récents permettent de proposer un schéma séduisant.
Des agressions (virus, ultraviolets…) induisent, surtout dans
la peau, des lésions et l’activation des cellules « résidentes »
(kératinocytes) [68]. Les cellules dendritiques plasmacytoïdes
de « proximité » vont capter les débris cellulaires et des acides
nucléiques indépendamment de l’activation des récepteurs
TLR. Ces cellules dendritiques vont alors produire de l’IFN
de type I.
Cette première étape est amplifiée par la coactivation des
cellules dendritiques par des ligands endogènes (surtout des
acides nucléiques) et exogènes qui activent les TLR endosomaux (TLR3, 7, 9), ainsi que par des immuns complexes qui
se fixent sur les récepteurs Fcγ-R [69–72]. Cette amplification
aboutit aussi à la synthèse d’IFN de type I.
Ces phénomènes d’activation sont amplifiés par l’accumulation de débris cellulaires observés au cours du lupus. Ce
défaut d’élimination des débris (endogènes et exogènes)
s’explique par des anomalies de l’immunité innée (déficit en
complément, anomalie des Dnases, polymorphisme des Fcγ-R
macrophagiques, anomalie de production des protéines de la
phase aiguë de l’inflammation [CRP]) [73–77].
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Cette libération de débris microbiens peut activer directement des LB autoréactifs [78] et même les LT [79].
Les agressions tissulaires entraînent également la libération
d’autres cytokines de l’immunité innée, notamment du TNF-α
et de l’IL-6, et cela, malgré l’importance de la production
d’IFN de type I [80–82]. Ces cytokines et d’autres phénomènes
inflammatoires non spécifiques (protéases, radicaux libres)
amplifient les lésions liées aux « agressions » lymphocytaires.
La phase initiale du lupus repose donc sur une activation de
l’immunité innée initialement TLR-indépendante, puis TLRdépendante, aboutissant globalement à la production d’IFN de
type I capable d’activer les lymphocytes T et B autoréactifs
[73,83,84]. Le lupus est donc un exemple emblématique illustrant la pertinence de la « TLR hypothèse » des maladies autoimmunes, mais une « NALP hypothèse » mettant en jeu d’autres
éléments de l’immunité innée est aussi possible. Dans un travail
récent effectué chez des sujets souffrant d’affections autoimmunes multiples (dont souvent un vitiligo), il a été suggéré
le rôle du gène NALP1 qui est une protéine fondamentale de
l’inflammasome, permettant la production d’IL-1 et d’IL-18
[85]. Reste à déterminer précisément quelle est l’anomalie génétique en cause et quelle est sa conséquence fonctionnelle.
5.1.1.2. Conséquences nosologiques de cette nouvelle analyse
physiopathologique du lupus. Le polymorphisme phénotypique
du lupus est certainement lié à l’intrication de ces anomalies
immunitaires pour lesquelles il existe différents scénarios
moléculaires. En effet, il existe des manifestations directement
liées à des autoanticorps (cytopénies, neurolupus…) et d’autres
manifestations, souvent cutanées (lupus bulleux, vascularites
urticariennes), qui sont des lésions neutrophiliques liées à une
anomalie de l’immunité innée. Dans d’autres formes, la situation est plus complexe. Le lupus cutané subaigu avec anti-Ro/
SS-A est certainement l’un des meilleurs exemples pour illustrer l’association d’anomalies de l’immunité innée et adaptative
[86]. Dans cette forme de lupus, il y a une agression des cellules résidentes (kératinocytes) et, probablement, des cellules
dendritiques plasmacytoïdes cutanés par les ultraviolets et,
éventuellement, d’autres facteurs (virus). L’activation de ces
cellules induit des lésions et la production de cytokines proinflammatoires (TNF-α) favorisant l’hyperexpression kératinocytaire d’autoantigènes cutanés (Ro/SS-A) qui vont être captés
par des cellules dendritiques [81,87]. Cette situation va induire
une réaction lymphocytaire auto-immune avec la production
locale d’autoanticorps (anti-Ro/SS-A) [84]. C’est vraisemblablement ce mécanisme assez stéréotypé qui est à l’origine de
l’aspect clinicobiologique très spécifique du lupus cutané subaigu avec anti-Ro/SS-A. Ainsi, une classification nosologique
moderne du lupus pourrait permettre d’identifier des formes
phénotypiques caractéristiques déterminées par un mécanisme
moléculaire original. Dans l’état actuel des connaissances, les
cytopénies lupiques, les néphropathies glomérulaires et certaines formes cutanées (lupus bulleux, lupus cutané subaigu…)
pourraient entrer dans ce cadre. Cette nouvelle classification
permettra d’identifier des groupes plus homogènes de patients,
ce qui facilitera l’étude des facteurs immunogénétiques et,
723
peut-être aussi, de définir des stratégies thérapeutiques adaptées à chacune de ces formes.
5.1.2. Exemple de la polyarthrite rhumatoïde
5.1.2.1. Rôle de l’immunité innée : exemple de la souris transgénique TNFα +/+. La PR est la conséquence d’une activation
des lymphocytes T et B autoréactifs dirigés contre différents
autoantigènes, en particulier les peptides citrullinés, mais elle
pourrait être initiée par une activation inappropriée de l’immunité innée synoviale. La principale difficulté est de comprendre
comment s’enchaînent ces différents phénomènes. Récemment,
dans un modèle d’arthrite murine liée à la transfection du
TNFα humain (h TNFα +/+), il a été démontré que pendant
la phase préclinique (avant les arthrites) s’installe une réaction
inflammatoire ténosynoviale faite essentiellement de PNN, de
macrophages et de quelques lymphocytes T. Ce n’est que dans
un deuxième temps qu’apparaissent une véritable prolifération
synoviale, puis des lésions ostéoarticulaires avec un infiltrat
lymphoïde de l’os sous-chondral fait de lymphocytes T et de
lymphocytes B. L’initiation de la maladie est donc induite par
une activation de l’immunité innée, ce qui se traduit par la production de TNFα et d’interleukine-6 par les polynucléaires, les
macrophages et les cellules ténosynoviales. Ce n’est qu’ultérieurement que se développe une réaction lymphocytaire dirigée contre des autoantigènes produits par la réaction inflammatoire intrasynoviale et/ou les lésions ostéoarticulaires [88].
Reste à savoir quelles sont les similitudes entre ce modèle
(qui est un modèle caricatural dépendant du TNF) et la PR
humaine, surtout, quels sont les facteurs initiateurs de l’activation de l’immunité innée ?
5.1.2.2. Conséquences nosologiques de cette nouvelle analyse
physiopathologique de la PR. Comme pour le lupus, il est donc
possible d’envisager une nouvelle classification de la PR distinguant des formes de sévérité et d’évolution (articulaire et
extra-articulaire). L’objectif est maintenant à une véritable dissection moléculaire des différentes formes de la maladie et cela
pour adapter nos stratégies thérapeutiques.
6. Conclusion
Le concept d’IMID est une révolution dans l’approche
conceptuelle des maladies inflammatoires. Au-delà du clivage
traditionnel entre maladies auto-immunes et maladies autoinflammatoires, il est nécessaire d’analyser, par une approche
plus physiopathologique, le rôle de l’immunité innée (liée à la
pression de l’environnement) et le rôle de l’immunité lymphocytaire adaptative (liée à des facteurs immunogénétiques).
Cette nouvelle approche doit permettre de faire évoluer la classification, et donc, la compréhension et le traitement de ces
affections. L’idéal serait donc d’avoir des critères de classification nosologique, utiles aux travaux de recherche fondamentale
et thérapeutique, et des critères pragmatiques, utiles pour le
suivi quotidien des patients.
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