Sommaire
4
Septembre
2010
Le Rachis - N° 4 - Septembre 2010 1
ORGANE OFFICIEL DU GIEDA INTER-RACHIS, DU GES (GROUPE D’ÉTUDE DES SCOLIOSES)
ET DE LA SOFTER (SOCIÉTÉ FRANÇAISE DES TECHNIQUES ENDOSCOPIQUES RACHIDIENNES)
LE SYSTÈME INTER-ÉPINEUX WALLIS. HISTOIRE ET AVENIR 10
LES TECHNIQUES DE CHIRURGIE MINI-INVASIVE DANS LE TRAITEMENT
DES DISCOPATHIES LOMBAIRES DÉGÉNÉRATIVES : ÉTAT DES LIEUX ET
PERSPECTIVES 10
TRAITEMENT PERCUTANÉ DES TUMEURS DU RACHIS 11
SYSTÈME DE NAVIGATION PAR SCANNER EN CHIRURGIE DU RACHIS.
POSSIBILITÉS ET LIMITES DU SYSTÈME O-ARM 12
IMPORTANCE DE L’ÉQUILIBRE RACHIDIEN DANS LA MISE EN PLACE DE
PROTHÈSE TOTALE DE DISQUE LOMBAIRE 13
FIXATION PAR VISSAGE PERCUTANÉ : UNE TECHNIQUE VIABLE POUR LE
TRAITEMENT DES FRACTURES THORACOLOMBAIRES ? DOIT-ELLE ÊTRE
RÉALISÉE PAR UN CHIRURGIEN OU PAR UN RADIOLOGUE ? 13
PROTHÈSE TOTALE DE DISQUE CHARITÉ. RÉSULTATS CLINIQUES ET
RADIOGRAPHIQUES AVEC UN RECUL MOYEN DE 17 ANS 15
PROTHÈSE TOTALE DE DISQUE : QU’AVONS-NOUS APPRIS ? 15
JUSTIFICATIONS ET INDICATIONS DES
PROTHÈSES DISCALES CERVICALES 16
COMPARAISON DE 4 TYPES DE PROTHÈSES DISCALES CERVICALES 17
CHIRURGIE DE STABILISATION MINI-INVASIVE PAR VOIE POSTÉRIEURE
POUR TUMEUR DU RACHIS 17
POURQUOI UTILISER ET RECOMMANDER LA NAVIGATION 18
LA NAVIGATION : FARDEAU ET FAUX PROGRÈS EN CHIRURGIE
DU RACHIS ? 18
PASSÉ, PRÉSENT ET AVENIR DU REMPLACEMENT DE NUCLEUS 20
CONTROVERSE : ARTHRODÈSE VERSUS ARTHROPLASTIE DANS LE
TRAITEMENT DES DISCOPATHIES CERVICALES DÉGÉNÉRATIVES,
INCLUANT LA STÉNOSE CERVICALE 21
ARGOS 2010 (3éme partie)
CONFÉRENCES D’ENSEIGNEMENT
KYSTE HYDATIQUE DU RACHIS DORSAL EXTRADURAL ISOLÉ :
À PROPOS D’UN CAS.
A. MOUHSINE, H. BELFQUIH, MY R. EL HASSANI, N. CHAKIR,
M. JIDDANE 3
SYNDROME DE LA QUEUE DE CHEVAL RÉVÉLANT UNE MÉTASTASE
DU CÔNE MÉDULLAIRE
H. BELFQUIH, M. ABDELILAH, A. AKHADDAR, M. CHERKAOUI,
M. GAZZAZ, B. EL MOSTARCHID, M. BOUCETTA 7
ARTICLES ORIGINAUX
L’AFS LANCE UNE SÉRIE D’INITIATIVES POUR FAVORISER LA CONNAISSANCE
ET LE DIAGNOSTIC DES SPONDYLARTHRITES
De nombreux Professeurs et médecins soutiennent l’association
pour agir contre cette maladie.
PARIS, 3 juin 2010. Dans le cadre d’une grande campagne de sensibilisation sur la Spondylarthrite, maladie rhuma-
tismale inflammatoire chronique, L’AFS (Association France Spondylarthrites) lance plusieurs initiatives pour aider
les patients et leur famille, ainsi que les professions médiacales à mieux comprendre cette maladie, à améliorer la
prise en charge et rendre le diagnostic plus précoce. Dans l’immédiat, trois grandes opérations sont lancées : une
enquête de terrain, l’édition d’un livre blanc et l’organisation d’une journée de conférences en septembre prochain
au cours de laquelle sera remis le “Prix Spondylarthrite”.
Lancement d’une grande enquête intitulée “Mal au dos”
D’après les dernières études concernant le diagnostic de la spondylarthrite, lesquelles ont confir la grande
enquête lancée par l’AFS dès 2005, il s’avère que le dépistage de cette pathologie intervient 7 à 10 ans après les pre-
mières douleurs. A travers une campagne de sensibilisation du grand public et des médecins à l’aide du web, l’AFS
a mis au point une enquête qui doit permettre d’une part, d’amener le malade à mieux repérer les signes de sa mala-
die et d’autre part, de donner au corps médical les moyens de pouvoir établir un diagnostic plus précoce. Cette
enquête permettra également d’obtenir des réponses sur l’impact de la maladie dès le début des symptômes, en pre-
nant en compte tant l’état physique que psychologique et l’environnement du patient.
Un questionnaire sera proposé sur internet via un site dédié à des malades potentiels qui souffrent d’un mal de dos
chronique mais qui ne sont pas diagnostiqués “malades atteints de spondylarthrite”. En fonction de leurs réponses
à une série de questions élaborées par trois professeurs éminents en rhumatologie, le malade sera invité, le cas
échéant, à contacter son médecin traitant avec les documents fournis par le site. Les réponses à ce questionnaire
apporteront un premier niveau d’information pour faciliter le diagnostic de cette maladie. Pour accéder à ce ques-
tionnaire, le site internet annoncera sur sa première page : “Mal au dos ?” afin d’élargir l’enquête à des personnes
n’ayant aucune connaissance de cette maladie. Il sera alors proposé au visiteur de répondre à des questions, réponses
qu’il pourra, s’il le souhaite, imprimer ou récupérer sur un support informatique. Ce questionnaire ne devra être rem-
pli que par des personnes cochant la case : “je n’ai pas reçu de diagnostic pour ma douleur” afin de limiter l’étude
aux seules personnes non encore diagnostiquées. Le questionnaire utilisé s’appuiera méthodologiquement sur celui
utilisé pour l’enquête EPIRHUM (ainsi que sur les critères de Berlin et de Calin). Outre l’aide au diagnostic, l’inté-
rêt est de savoir combien de nouveaux patients atteints de Spondylarthrites peuvent ainsi être confirmés malades.
Dans une seconde phase, après confirmation du diagnostic, le malade sera invité à participer à la poursuite de l’en-
quête, en remplissant deux autres questionnaires : “douleur (sphère affectivo-émotionnelle cf. questionnaire
ANAES) et retentissement environnemental de la pathologie (implication/repli et niveau d’insertion sociale/profes-
sionnelle)”. Ces questionnaires permettront de mieux connaître le profil des malades détectés sur cette base large
(enquête web relayée par site et blog) et de vérifier sa pertinence statistique en prenant appui sur le questionnaire
EPIRHUM dans sa formulation patient et le questionnaire DESIR pour le choix des items. A travers ce second
niveau d’information, l’AFS souhaite favoriser une meilleure prise en charge globale des symptômes, notamment
ceux liés à la douleur et la dépression dont la chronicité parallèle à ceux des Spondylarthrites pourrait être ou non
avérée.
Cette enquête initiée par l’Association France Spondylarthrites, est pilotée et encadrée par un Comité Scientifique
constitué des professeurs Philippe BERTIN, Pascal CLAUDEPIERRE et Bruno FAUTREL. Elle bénéfice du sou-
tien actif de la Société Française de Rhumatologie.
Edition d’un livre blanc sur les Spondylarthrites
Destiné avant tout aux patients et à leur entourage, ce livre intitulé : “DES MOTS SUR DES MAUX” a été lancé à la
suite des rencontres organisées par les délégués régionaux de l’AFS avec les malades. La douleur est l’une des prin-
cipales difficultés des personnes atteintes de cette maladie, liée à leurs nombreux questionnements sur leur patholo-
gie, et elle est particulièrement prégnante chez chacun d’entre eux. Leur difficulté à pouvoir formuler l’étendue de
leur douleur et la non reconnaissance de celle-ci par l’entourage et bien souvent par le corps médical, par manque
d’information, a conduit l’AFS à donner la parole à ces patients et à les aider à s’exprimer. Pour cela, les délégués
régionaux, les écoutants de l’écoute nationale AFS et un sondage par internet a permis de recenser de nombreuses
questions qui restent en suspens et qui témoignent du malaise de ces patients à mettre des mots sur leur souffrance.
L’incertitude et la méconnaissance sont des problèmes supplémentaires qui alimentent cette difficulté quotidienne des
malades, d’où la nécessité pour l’association d’essayer d’apporter une solution à tous ces questionnements.
Un questionnaire a donc été établi et présenté aux Professeurs BERTIN et WENDLING qui vont tenter d’apporter
“les réponses médicales” avec des mots simples et accessibles à tous, dans le cadre d’une approche scientifique rigou-
reuse et humaine, source d’informations fiables sur les Spondylarthrites. Trop d’informations hasardeuses et non fon-
dées alimentent en effet aujourd’hui des sites ou blogs et forums qui déstabilisent les patients déjà désorientés.
Organisation d’une journée de conférences le 25 septembre 2010 à Poitiers
L’AFS organise au plan national environ 4 conférences par an. En 2008, la première journée de la spondylarthrite a
CONGRÈS, COURS
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INFORMATIONS DES LABORATOIRES
Le Rachis - N° 4 - Septembre 2010 2
été créée, pour notamment mettre en place le “Prix Spondylarthrite AFS/SFR” à la suite d’une demande très précise
des donateurs : affecter leurs dons à un programme de recherche consacré exclusivement aux spondylarthrites. Pour
s’assurer d’une affectation de ces fonds en toute sécurité, le Conseil d’administration a donc décidé de confier cette
responsabilité au conseil scientifique de la SFR, lequel sélectionne les projets susceptibles de répondre à cet objectif.
En 2010, lors de la 3ème édition nationale de la “Journée Spondylarthrites” à Poitiers, le “Prix Spondylarthrite
AFS/SFR” sera une nouvelle fois remis à un programme de recherche afin d’attribuer les fonds des donateurs à cette
cause. Cette rencontre se déroule sur une journée entière sous forme de conférences médicales, abordant plusieurs
thèmes d’information, et favorisant également un échange libre entre médecins et malades. Cette journée de confé-
rences aura lieu à Poitiers le 25 septembre 2010, Tour Jean Bernard au CHU. Elle débutera à 10h et s’achèvera vers
17h. Le choix de déplacer cette journée tous les ans dans différentes régions s’explique par le besoin de s’approcher
de tous les malades et permet ainsi de diffuser une information au plan national (2008 à Paris, 2009 à Toulouse).
Principaux thèmes et intervenants :
- Docteur Evelyne Pitrou-Duterne, Rhumatologue, Centre hospitalier Angoulème : Spondylarthropathies en 2010
- Professeur Pascal Claudepierre, Rhumatologue, Hôpital Henri Mondor Créteil : Biothérapie - les Anti-TNF
- Professeur Elisabeth Solau-Gervais, Rhumatologue, CHU Poitiers : Spondylarthrites – Vouloir être parents
- Docteur Chantal Job-Deslandre, Rhumatologue-pédiatre, APHP Cochin Paris : Spondylarthropathie à l’âge pédia-
trique – particularités cliniques et évolution à l’âge adulte.
- Docteur Michèle Boissonaud, Ophtalmologue, CHU Poitiers: Atteinte ophtalmique dans la SA : l’uvéite.
- Laurence Carton,Vice Présidente de l’AFS : Education thérapeutique des patients.
- Marie-Laure Bigourie, Présidente de l’AFS : Parcours du malade au quotidien - repères administratifs.
“Particulièrement, touchés par cette maladie, les membres de l’AFS souhaitent au plus tôt tourner de dos à la dou-
leur, aussi bien physique que morale”. déclare Marie-Laure Bigourie, Présidente de l’association. “Tous nos efforts
de sensibilisation portent notamment sur une reconnaissance plus large de cette maladie auprès des familles, des
employeurs et de la collectivité qui ont souvent beaucoup de difficultés, faute d’information, à prendre en compte
la réalité de la souffrance provoquée par les Spondylarthrites”.
À propos de la Spondylarthrite
La spondylarthrite est un rhumatisme chronique inflammatoire douloureux qui se caractérise par sa localisation pré-
férentielle à la colonne vertébrale et aux articulations sacro-iliaques du bassin, avec un risque au cours de l'évolu-
tion de survenue d'un enraidissement progressif. Cette pathologie peut également atteindre les articulations périphé-
riques et d'autres organes comme la peau, l'œil ou l'appareil digestif le plus souvent. Le nombre de personnes en
France touchées par cette maladie est estimé à 300.000, soit au moins autant que pour la polyarthrite rhumatoïde,
pourtant mieux connue du grand public. Cette maladie atteint de préférence une population jeune (moyenne d’âge :
28 ans) et n'épargne pas l'enfant. La maladie évolue par poussées et s’accompagne d’une fatigue chronique. Dans
les cas les plus sévères, la maladie peut provoquer une déformation de la colonne vertébrale en cyphose. Lors d'une
poussée, une asthénie physique s'installe pouvant, dans des cas extrêmes, provoquer une véritable dépression réac-
tionnelle.
Les formes invalidantes et graves concernent 25 à 30% des patients atteints de spondylarthrites.
À propos de l’AFS
Créée en 2000, l’AFS (ex Association Française des Spondylarthritiques) est une association de malades, adminis-
trée par des malades, pour les malades et leurs proches, quelle que soit leur localisation géographique, grâce à ses
17 délégations régionales. Une trentaine de représentants régionaux bénévoles et 1 salariée se relaient pour faire
vivre l’association. Elle regroupe à ce jour plus de 2000 adhérents. Son rôle consiste à accompagner les malades et
leurs familles en leur fournissant une meilleure connaissance de la pathologie et de ses conséquences au niveau de
l’entourage, afin de lutter contre l’isolement et de leur offrir une aide quotidienne, notamment grâce à la mise en
place de permanences téléphoniques nationales qui fonctionnent du lundi au samedi. Elle a également pour princi-
pales missions de médiatiser l'existence de la maladie, de permettre sa reconnaissance et de promouvoir l'informa-
tion pour réduire les délais diagnostiques, et de lutter pour réduire l'inégalité de prise en charge des soins en mettant
tout en œuvre pour faciliter l’accès aux biothérapies (anti-TNF alpha) de tous les malades dont l’état le nécessite.
Pour en savoir plus : www.spondylarthrite.org
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AUX AUTEURS
La revue LE RACHIS est consace à la publication de travaux se
rapportant essentiellement à la pathologie vertébromédullaire :
articles scifiques originaux, notes techniques, faits cliniques,
perspectives technologiques, actuali. Tous les textes rus à la
daction sont soumis, de façon anonyme, à l’approbation de
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sent être respeces les normes de publication. Les opinions
exprimées dans les articles n’engagent que leurs auteurs. Les
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ARTICLE ORIGINAL
Le Rachis - N° 4 - Septembre 2010 3
KYSTE HYDATIQUE DU RACHIS DORSAL EXTRADURAL ISOLÉ :
À PROPOS D’UN CAS
A. MOUHSINE, H. BELFQUIH, MY R. EL HASSANI, N. CHAKIR, M. JIDDANE
SERVICE DE NEURORADIOLOGIE– HÔPITAL DES SPÉCIALITÉS – RABAT – MAROC
* SERVICE DE NEUROCHIRURGIE– HÔPITAL DES SPÉCIALITÉS – RABAT - MAROC
Lhydatidose vertébro-médul-
laire est une affection rare,
caracrie par la diversité
de sa symptomatologie clinique et
par les difficuls diagnostiques et
thérapeutiques qu’elle souve.
La localisation primitivement
extradurale est exceptionnelle
posant des problèmes de diag-
nostic différentiel même en pays
d’endémie hydatique.
OBSERVATION
L’enfant A. A., âgé de 12 ans,
habitant en zone rurale, sans
antécédent notable, ayant pré-
senté de façon progressive trois
mois avant son hospitalisation
des douleurs dorsolombaires sui-
vies quelques jours plus tard de
l’installation d’une lourdeur des
deux membres inférieurs et des
troubles sphinctériens.
Lexamen clinique a objectiun
syndrome de compressiondul-
laire dorsal.
Une IRM dorsolombaire réalisée
en séquence pondérée T1 et T2
sagittales (figure 1), T2 coronale
(figure 2) et T2 en écho de gra-
dient en coupes axiales (figure
3) a objecti un processus
extradural antérieur prédominant
à droite et refoulant la moelle
épinière laminée en arrière,
bilobé, bien limité, hypointense
en T1, hyperintense en T2, centré
sur T12, responsable d’une com-
pression du sac dural avec souf-
france médullaire péri-lésion-
nelle.
La tomodensitométrie du rachis
dorsolombaire faite à la recherche
d’une atteinte osseuse a révélé un
processus sionnel intracanalaire
centré sur T12, bilobé, mesurant
25 x 13 mm comblant l’espace
péridural, refoulant le fourreau
dural sans l’envahir prenant fine-
ment le produit de contraste en
riprie (figures 4, 5 et 6).
Le bilan radiologique standard
du rachis n’a pas montré de
lésion osseuse.
La radiographie pulmonaire était
sans particularité.
Le bilan biologique était normal
en dehors d’une discrète hyper-
éosinophilie.
L’échographie abdominale était
normale.
Les diagnostics évoqués étaient
un abcès rachidien extradural,
une lésion dysembryoplasique
ou une localisation hydatique.
Un abord chirurgical a été réa-
lisé en urgence.
Il a consisté en une décompres-
sion postérieure par laminecto-
mie centrée sur T12 ayant permis
la résection totale du kyste
refoulant et étirant la racine
droite en arrière et le fourreau
dural à gauche dont la nature
hydatique a été présomptive et
confirmée par l’examen histolo-
gique définitif.
Les suites immédiates étaient
simples.
Un traitement médical à base
d’albendazole a été prescrit selon
le protocole national standard, à
la dose de 400 mg par jour pen-
dant 28 jours répétée trois fois
entrecoupées de 10 jours sans
traitement, avec contrôle men-
suel de la fonction hépatique.
L’évolution était marquée par
une récupération complète du
déficit après un recul de 11
mois.
DISCUSSION
L’hydatidose vertébro-médullaire
reste la manifestation la plus fré-
Figure 1 : Coupes sagittales en séquence pondérée T2 : processus extradural antérieur, hyperintense, cen-
tré sur T12, responsable d’une compression du sac dural avec souffrance médullaire péri-lésionnelle.
Figure 2 : Coupe coronale en séquence pondérée T2 : processus extradural prédomi-
nant à droite, bilobé, bien limité, hyperintense, centré sur T12.
Figure 3 : Coupe axiale en écho de gradient : processus extradural antérieur prédominant à droite, refou-
lant la moelle épinière laminée en arrière, bilobé, bien limité, hyperintense.
ARTICLE ORIGINAL
Le Rachis - N° 4 - Septembre 2010 4
l’enfant et de l’adulte jeune(4, 5, 6, 8)
comme dans notre cas.
La localisation est généralement
dorsale, rarement lombaire et
exceptionnellement cervicale.
Sur le plan physiopathologique,
la voie d’inoculation est la voie
hématogène comme cela à été
prouvé pour les localisations de
l’étage dorsal (4, 5, 6).
L’existence d’un shunt porto-
vertébral peut également expli-
quer la pathogénie de ses
formes (9, 10, 11).
Cliniquement, l’affection se pré-
sente sous forme d’un syndrome
déficitaire d’évolution rapide ce
qui permet la distinction de l’hy-
datidose intrarachidienne primi-
tive de l’hydatidose vertébrale
commune (4, 9, 12).
La moelle dorsale est une zone
peu vascularisée où il n’existe
pas de suppléance vasculaire ;
elle est par conséquent très sen-
sible au phénomène d’ischémie.
Le développement du kyste et la
mise sous tension du liquide
céphalo-rachidien vont donner
lieu à des manifestations cli-
niques précoces d’instauration et
d’évolution rapides (13, 14).
Le diagnostic radiologique garde
ici tout son intérêt devant la non
spécificité des signes cliniques.
Les radiographies standard peu-
vent être normales comme dans
notre cas ou montrer des signes
indirects de masse intracana-
laire, parfois cloisonnée refou-
lant ou écrasant la moelle, non
modifiée par l’injection de pro-
duit de contraste, de siége extra-
dural, sans atteinte osseuse asso-
ciée (4, 9, 12).
L’IRM remplace de plus en plus
le couple myélographie-TDM par
son abord multiplan et son excel-
lente résolution en contraste au
niveau tissulaire, elle permet
actuellement une étude soigneuse
du contenu canalaire et permet
d’apprécier les rapports des vési-
cules hydatiques avec le fourreau
dural et le degré de souffrance
médullaire.
Le kyste hydatique extradural
solitaire apparaît comme une
masse kystique, le plus souvent
ovalaire, hypointense sur les
séquences pondérées T1, hyper-
intense sur les séquences
pondéréesT2 suivant l’intensité
du liquide cérébrospinal (9, 15, 16),
cet aspect est lié à la viabilité du
parasite alors que sa mort est
accompagnée d’une relative
diminution du signal (9, 16).
En séquence pondérée T1 après
injection de gadolinium, le kyste
ne prend pas de contraste, sauf
parfois en périphérie (4, 17, 18).
En cas de kyste multivésiculaire,
les cloisons apparaissent inter-
Figure 4 : Coupe axiale en fenêtre parenchymateuse après injection de produit de contraste : processus lésionnel intracanalaire cen-
tré sur T12, bilobé, refoulant le fourreau dural sans l’envahir, prenant finement le produit de contraste en périphérie.
Figure 6 : Reconstruction coronale : processus lésionnel intracanalaire latéralisé à droite.
Figure 5 : Reconstruction sagittale : processus lésionnel antérieur hypodense, intra-
canalaire, centré sur T12.
quente et la plus grave de l’hyda-
tidose osseuse(1, 2, 3).
Elle représente environ 40 à 50%
de ces dernières et 1% de l’en-
semble des localisations de la
maladie hydatique(4, 5, 6).
Les sions sont surtout somato-
épidurales, s’étendant secondaire-
ment dans le canal rachidien(4, 5, 6,7).
L’hydatidose intrarachidienne
primitive reste rare voire excep-
tionnelle et elle est l’apanage de
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Le Rachis - N° 4 - Septembre 2010 6
médiaires en T1 et hypointenses
en T2(4, 5).
La recherche d’autres localisa-
tions hydatiques doit être systé-
matique, basée sur les explora-
tions non invasives : échogra-
phie, TDM et IRM.
La biologie basée sur les tech-
niques immunologiques spéci-
fiques de l’hydatidose permet
d’affirmer le diagnostic(4, 18).
Le traitement est médicochirurgi-
cal, le geste chirurgical consiste
en l’ablation en masse du kyste
par un abord postérieur et lami-
nectomie décompressive de la
moelle ou du fourreau dural et
des racines.
La dissection doit être soigneuse
pour éviter la rupture ou la fissu-
ration du kyste.
Le pronostic des formes intrara-
chidiennes primitives est meil-
leur que pour les localisations
vertébro-médullaires à condition
qu’il soit précoce.
CONCLUSION
Le kyste hydatique épidural soli-
taire est une entité rare.
Ce diagnostic doit cependant
être évoqué devant toute lésion
kystique en zone d'endémie.
Les progrès de l'imagerie font de
l’IRM l'examen de choix dans le
diagnostic du kyste hydatique
extradural.
RÉFÉRENCES
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