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comiques sont amplifiés alors qu’à l’écrit ils sont presque imperceptibles. Dans Badine, le comique de
geste, de répétition et de langage n’est mis en relief que sur scène. Par exemple dans la scène 4 de
l’acte II, on a un comique de langage. Maître Blazius se répète sans cesse et lors de la représentation
sur scène, le comique est mis en évidence tandis que lors de la lecture, ce langage parait lourd et
incompréhensible.
Certains points implicites à l’écrit sont clairement mis en évidence lors de la mise en scène. Le rôle que
les acteurs jouent prend alors vie et la présence de ceux-ci rend l’œuvre plus compréhensible.
La mise en scène d’une pièce est très complexe. L’auteur donne des indications mais tout lecteur
peut interpréter la pièce d’une manière différente. Dans chaque représentation, le metteur en scène
peut choisir de mettre en valeur sa propre vision de la pièce.
Dans toutes les œuvres de théâtre, ce sont les didascalies qui précisent la façon dont l’auteur veut que
soit jouée l’action lors de la mise en scène. Dans Badine, on peut relever plusieurs didascalies telles
que « Ils sortent chacun de leur coté » (p.18), « Elle se cache derrière un arbre », « Il lui pose sa chaine
sur le cou » (p.52). Ces didascalies informent sur le décor, le ton employé par les personnages, les
mouvements, les gestes. Elles facilitent la mise en scène et le metteur en scène est obligé d’en tenir
compte. Mais cependant, un même texte de théâtre n’est jamais joué de la même façon du fait de la
mise en valeur d’un point de vue de la pièce par le metteur en scène. Pour la mise en scène des Justes
d’Albert Camus, par exemple, le metteur en scène peut choisir de mettre en avant l’aspect politique,
l’époque, le contexte, Dans la mise en scène de Stanislas Nordey, l’œuvre a été modernisé en y
montrant l’aspect actuel. Pour Badine, Gérard Gelas a mis l’accent sur un aspect moins marqué dans le
texte : l’aspect social. On peut dire que la mise en scène dénature quelque peu le texte puisque chaque
metteur en scène peut choisir de mettre en avant son point de vue sur la pièce. Une même scène peut
être interprétée différemment selon les acteurs et le metteur en scène et c’est cette vision, qui vient à
mener des conflits entre auteurs et metteurs en scène. Souvent, la vision de la pièce rendue par le
metteur en scène peut ne pas plaire à l’auteur, le passage sur scène nécessite des metteurs en scène
respectueux du texte. Dans le cas ou l’auteur est décédé, le metteur en scène possède donc un large
choix de mise en scène. Mais le metteur en scène peut aussi modifier un aspect de la pièce afin
d’échapper à la censure. En effet, lorsque la pièce vise l’opposition libérale, les offenses à l’ordre moral
ou au culte catholique celle-ci peut être censurée. Dans le cas de Marion de Lorme de Victor Hugo, qui
illustre un portrait de Louis XIII offensant, celle-ci se retrouve censurée pendant deux années. Badine
se retrouve alors mutilée puisqu’elle critique la religion.
La mise en scène est très différente de la simple lecture. Elle permet au metteur en scène de laisser
libre court à leur imagination sans toutefois contredire le sens de la pièce. Son point de vue est donc
transmis au spectateur alors que le point de vue du lecteur peut être très différent. Cette confrontation
peut emmener à des discussions très intéressantes.
Le texte n’est pas indispensable à la représentation. Le langage théâtral ne se cantonne pas a un
langage verbal : on y ajoute les gestes, les intonations, les costumes, les décors, les acteurs... Le texte
de théâtre est extrêmement réducteur.
Le texte n’est pas indispensable à la mise en scène, et pour preuve, on peut prendre l’exemple de la
Commedia dell’arte. La Commedia dell’arte est un théâtre sans texte fondé sur l’improvisation, les
mouvements et le corps. Ce genre de théâtre a connu un franc succès au XVI
ème
siècle et il prouve que
le théâtre est avant tout un spectacle. La lecture quant à elle ne rend pas l’œuvre de théâtre à sa juste