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en Pathologie Digest ive
COMMENTAIRES
Question 1
Quel bilan biologique de première intention demander, devant la découverte d’une augmentation des
transaminases (en l’absence de contexte pathologique clinique évident)?
Ce bilan devra comport e r:
1) la re c h e rche d'une association aux autres syndromes de l'hépatologie:
a) la cholestase: phosphatases alcalines, gamma-GT, bilirubinémie conjuguée,
b) l ' i n s u f fisance hépato-cellulaire: temps de Quick avec dosage du facteur V, albuminémie, bilirubinémie conjuguée ;
2) la re c h e r che d'un syndrome inflammatoire: électrophorèse des protéïnes, NGFS, VS ;
3) un bilan virologique simple: AgHBs, anti VHC, IgM anti VHA ;
4) un bilan général: glycémie, triglycéridémie, cholestérol, ferr i t i n é m i e ;
5) La re c h e r che d’auto-anticorps anti-organites intracellulaire ne sera faite qu’après les examens précédents et en
cas de suspicion d’une hépatite auto-immune.
Question 2
Un excès alcoolique aigu sur un foie sain peut-il induire des modifications biologiques hépatiques?
une hépatopathie aiguë?
Oui, sur un plan purement métabolique, non sur le plan pratique des transaminases, de la gamma GT et de la macro-
cytose. Quatre vingt dix pour cent de l'alcool ingéré est métabolisé au niveau du foie par oxydation en acétaldéhyde.
Cette oxydation se réalise essentiellement grâce à l'enzyme alcoolodéhydrogénase qui nécessite comme cofacteur la
nicotinamide-adénine-dénucléotide (NAD). Lors de la réaction, ce cofacteur est réduit en NADH, ce qui accroît l'u-
tilisation d'oxygène.
Les conséquences d'un apport aigu alcoolique s e ront celles de cette accumulation de NADH et du manque
d ' o x y g è n e: néoglycogénèse diminuée, avec baisse du glucose, augmentation de production d'acide lactique, diminu-
tion de l'oxydation des acides gras dans le cycle de Krebs avec accroissement des acides gras dans la cellule hépa-
tique. Tous ces changements sont réversibles chez l'individu sain ne prenant pas de médicaments. C'est l'exposition
répétée à l'alcool qui risque d'entraîner des modifications plus graves: accumulation des graisses (stéatose), hépatite
alcoolique et cirrh o s e .
Un excès alcoolique aigu unique ne peut induire une hépatopathie aiguë (sauf dans les cas particuliers d’une situa-
tion de jeûne prolongé ou de prise concomitante de certains médicaments comme le paracétamol).
Le taux de gamma-GT s’élève en 2 à 3 semaines de consommation régulière d’alcool, la macrocytose (sans anémie)
s u rvient après 2 à 3 mois d’alcoolisation régulière et excessive. Quant aux transaminases, elles sont le reflet de lésions
histologiques ( hépatite alcoolique, stéatose ou cirrhose) qui ne surviennent qu’après des mois, voire des années de
consommation excessive, cette vulnérabilité hépatique, vis à vis de l’alcool, étant très variable selon les individus.
Question 3
Quels sont les arguments biologiques qui indiquent une consommation alcoolique excessive
c h r o n i q u e? Peut-on affirmer par la biologie un alcoolisme (aigu ou chronique) ?
1) le rapport ASAT / A L AT, supérieur à 1, est en faveur de l’origine alcoolique de lésions hépatiques ou de l’existence
d’une cirrh o s e ;
2) l'augmentation de la gamma-GT alors que les phosphatases alcalines sont normales, a une sensibilité de 50 % pour
la consommation excessive d’alcool (atteignant 80 % s’il existe une atteinte hépatique);
3) la macrocytose à plus de 98µ3a une valeur prédictive pour une consommation d'alcool élevée avec une sensibilité
de 60 % et une spécificité limitée par les autres causes de macro c y t o s e;
4) l'augmentation des IgA a été corrélée à la consommation quotidienne d'alcool et au taux des gamma-GT;
5) la CDT (carbohydrate deficient transferrin), ou transferrine désialylée est un indicateur récemment proposé, dont
la sensibilité n’est pas supérieure à celle de la gamma-GT, mais dont la spécificité est meilleure .
Il est évident qu'aucun de ces signes biologiques n'est spécifique de l'intoxication alcoolique et qu'ils doivent être
interprétés en fonction de l'ensemble du contexte.