d’autres virus (le laboratoire a obliga-
tion légale de garder le sérum, il n’y a
donc pas besoin de faire un nouveau
prélèvement).
Une hépatite aiguë B peut être observée
dans trois situations :
après quarante-cinq jours de vie chez
un nourrisson contaminé par sa mère et
non vacciné à la naissance (situation
très rare dans l’absolu et qui, théorique-
ment, ne se produit « jamais en France »
étant donné le dépistage légal pendant
la grossesse et la vaccination néo-
natale ; attention cependant aux « ra-
tages » de plus en plus fréquents !) ;
chez un adolescent contaminé par
voie sexuelle ou sanguine (drogues in-
traveineuses, acupuncture, piercing, ta-
touages) ;
dans une famille où vit un porteur
chronique (généralement originaire
d’un pays d’endémie et non « dépisté »).
Le risque d’évolution fulminante est de
1 % des hépatites ictériques, et il est là
aussi indispensable de surveiller le TP.
Il est rarissime que le virus de l’hépatite
C entraîne un tableau d’hépatite aiguë
chez un enfant. Par contre, en cas d’hé-
patite C de contamination néonatale, il
est fréquent d’observer une fluctuation
des transaminases dans les premières
années de vie, sans signes cliniques. Il
n’y a pas d’évolution fulminante.
Pour les virus B et C, il est important de
surveiller l’évolution, qui se fait souvent
sur un mode chronique.
Les virus CMV et EBV, comme tous les
herpesviridae, ont un tropisme hépa-
tique, mais l’hépatite est le plus souvent
peu symptomatique, dans un contexte
de mononucléose infectieuse : angine,
poly-adénopathies, hépatosplénoméga-
lie modérée. Si le diagnostic est confir-
mé par les IgM spécifiques, il n’est pas
nécessaire de contrôler la normalisation
du bilan hépatique.
De nombreux autres virus ont un tropis-
me hépatique (adénovirus, entérovirus,
etc.) et sont probablement responsables
de la majorité des hépatites anicté-
riques de l’enfant : les transaminases
ont été dosées dans un contexte viral et
se normalisent en quelques semaines. Il
n’y a aucun signe clinique inquiétant et
pas d’autres explorations à faire. Com-
me nous l’avons dit plus haut, le dosage
des transaminases dans ce contexte n’a
que peu d’intérêt.
Pas de virus retrouvé
On recherche alors une maladie hépa-
tique, ou plus rarement extrahépatique,
chronique. On complète donc les exa-
mens par :
un dosage de la créatine-kinase
(CK) : ne s’agit-il pas d’une maladie
musculaire ?
le dosage de la bilirubine totale et
conjuguée, des phosphatases alcalines
(PA) et de la γ-glutamyl-transpeptidase
(GGT). La concentration sérique de ces
deux dernières enzymes est augmentée
en cas d’hépatite dans une proportion
moindre que celle des transaminases ;
c’est généralement le contraire en cas
de cholestase aiguë ou chronique ;
une étude de la coagulation : signes
d’insuffisance hépatocellulaire ;
une électrophorèse des protides, qui
donne trois renseignements :
– étant donné la longue demi-vie de l’al-
buminémie, si celle-ci est basse, il existe
une insuffisance hépatocellulaire an-
cienne,
– l’existence d’un pic d’α
1
-globulines,
qui est absent dans un déficit en α
1
-an-
titrypsine (mais attention, il arrive,
pour des raisons techniques, qu’un pic
soit visible dans d’authentiques défi-
cits),
– le taux des gammaglobulines : il est
augmenté dans les maladies auto-im-
munes (hépatite auto-immune, cholan-
gite sclérosante) et aussi, mais de façon
moins importante, dans beaucoup de
cirrhoses ;
une échographie abdominale : aspect
du foie, dilatation des voies biliaires,
signes d’hypertension portale ;
et, en fonction de l’orientation cli-
nique (cf. plus bas) :
– une recherche d’auto-anticorps,
– le dosage de la céruléoplasmine, de
l’haptoglobine et de la cuprurie des
vingt-quatre heures,
– l’ammoniémie,
– le dosage des lactates et un bilan lipi-
dique,
– une radiographie du rachis de face,
– une échographie cardiaque,
– un examen ophtalmologique.
En l’absence de prise de toxiques et d’at-
teinte virale, tous les diagnostics pos-
sibles sont rares, et il ne faut pas hésiter
à demander rapidement un avis spécia-
lisé.
DIAGNOSTICS RARES
Hépatite auto-immune
Elle se révèle soit par un tableau aigu
ressemblant à une hépatite virale plus
ou moins grave, soit de façon beaucoup
plus indolente. Elle touche préférentiel-
lement des jeunes enfants des deux
sexes ou des adolescentes, et peut s’as-
socier à d’autres signes d’auto-immuni-
té présents chez l’enfant ou dans sa fa-
mille. On retrouve une hypergamma-
globulinémie et des anticorps anti-tis-
sus spécifiques (antinucléaires, anti-
muscle lisse, antimicrosomes de foie et
de rein = antiréticuline ou anti-LKM).
Maladie de Wilson
Elle se révèle chez un enfant de plus de
trois-quatre ans (le temps que le cuivre
s’accumule) sous forme soit aiguë, soit
fulminante, soit chronique (hépatomé-
galie et augmentation des transami-
nases). Il peut exister une atteinte neu-
rologique (baisse du rendement scolai-
re, micrographie), hématologique (hé-
molyse, évaluée par l’haptoglobine ou
les réticulocytes), oculaire (anneau de
cuivre « de Kayser-Fleischer », visible
seulement à la lampe à fente). La céru-
loplasminémie est abaissée, la cuprurie
des vingt-quatre heures (à récolter dans
une bouteille d’eau minérale non ga-
zeuse…) est augmentée.
Maladies métaboliques
Seules certaines formes modérées se ré-
vèlent « fortuitement » par une augmen-
tation des transaminases.
La glycogénose se manifeste chez un
jeune enfant par un visage poupin, une
croissance médiocre, une hépatoméga-
lie volumineuse et molle, des malaises
hypoglycémiques pouvant passer in-
aperçus s’ils ne sont pas sévères. On re-
trouve à jeun une hypoglycémie, une
hyperlactatémie et une hyperlipidémie.
L’intolérance héréditaire au fructose
Médecine
& enfance
décembre 2008
page 464
117558 462-465 19/12/08 0:37 Page 464