L e Petit Botan iste® Nono-cosmétique La richesse et la diversité phytochimique de Morinda citrifolia confèrent à la plante un grand intérêt dans le domaine de la beauté. Ainsi les fruits, riches en acides gras essentiels, sont émollients. Le sélénium et les autres oligoéléments présents sont à l'origine de l'activité antioxydante du nono. Quant aux feuilles, elles ne sont pas en reste ! Leur richesse en acides aminés, vitamines et oligo-éléments leur confèrent des propriétés régénérantes, adoucissantes et toniques. Par ailleurs, fruits et feuilles présentent une activité antibactérienne tout à fait intéressante, liée à la présence de dérivés anthraquinoniques. Du fait de ses nombreuses propriétés, les applications du nono en cosmétique sont multiples ! Le Nono des Iles Marq uises INTERVIEW HELENE BENNET, Atuona - Iva Hoa PB : Le nono est-il une plante endémique à la Polynésie ? HB : Je connais cette plante depuis que je suis née, j'ai appris il y a quelques temps que le nono était présent ailleurs qu'en Polynésie. PB : Le nono est-il difficile à cultiver ? HB : Le nono pousse naturellement aux Marquises, sans engrais, et l'arbre donne des fruits des la 2ème année de plantation. Généralement, il pousse à l'état sauvage. Depuis l'exploitation en 1996, des cultures ont été organisées. PB : La végétation aux Marquises est-elle riche ? HB : Nous avons une végétation riche, notre sol est sans engrais, une sorte de réglementation dans la population existe qui, par respect vis-àvis de notre fenua ("terre"), nous interdit d'utiliser des produits chimiques. On peut trouver dans les vallées du pandanus, des agrumes (citronniers, orangers), des goyaviers, des pins des Caraïbes... PB : Le nono marquisien présente t-il des particularités différentes de celui de Tahiti ou d'Hawaï ? HB : Avec celui de Tahiti, je connais la différence de taille des parties de la plante (morphologie), j'ai aussi l'impression que l'effet tonifiant est supérieur mais c'est juste un avis personnel. Je ne connais pas celui d'Hawaï mais je crois savoir que des études ont été faites et ont orienté le choix de l'origine du fruit sur la Polynésie. PB : La boisson au nono est considérée comme un breuvage miracle aussi bien à Tahiti qu'à Hawaï. Y a t-il d‘autres pays consommateurs ? - HB : J'ai eu l'occasion en 1996 d'être invitée à Las Vegas à une réunion organisée sur le nono avec le marketing américain de la principale société avec laquelle je travaille, j'ai pu constater que les Etats Unis étaient les plus gros consommateurs. PB : Le nono est utilisé depuis plus de 2000 ans dans le Pacifique Sud. Est-ce uniquement le fruit qui est utilisé dans des boissons tonifiantes et régénérantes ? HB : Non, les feuilles étaient également utilisées pour faire des "Ra'au Tahiti" (médicaments tahitiens) afin de purger et fortifier le corps. Les jeunes fruits sont également employés pour soigner les maux de tête, la toux… Par souci de commodité et de facilité, le fruit est le plus utilisé car il ne nécessite qu'un pressage pour en extraire un liquide tonifiant, les feuilles peuvent être utilisées mais elles demandent une préparation minutieuse (malaxage, infusion...), donc plus de travail pour obtenir un médicament destiné au même objectif. PB : Le marché sature t-il aujourd'hui ? Que pensez-vous de la valorisation de la feuille ? Serait-ce pour vous une nouvelle voie ? HB : Le marché du fruit a malheureusement énormément baissé depuis 1996, il sature un peu, encore que nous sommes privilégiés aux Marquises car l'acheteur donne une préférence au nono des Marquises. Je sais qu'aux Tuamotu les quantités exploitées sont de plus en plus faibles. Vendre les feuilles est très intéressant pour nous. Aux Marquises les revenus des familles sont bas, il y a très peu d'activité économique en place et la vie est plus chère qu’à Tahiti. Feuille ethnobotanique éditée par le Groupe Solabia – N°39 – Juin 2002 Edito Et si l'on décidait pour de bon que l'été sera au rendez-vous cette année ? réparer sa peau au bronzage, surveiller sa ligne et veiller à s'accorder des plages de gourmandise, c'est possible et même recommandé pour le bien-être du corps et de l'esprit. Mais avec l'été surgissent la chaleur et tous ses petits à-côtés, quels que soient les endroits du monde, exotiques ou plus proches de nous… alors prudence ! P PB : Combien de ramasseurs de nono travaillent avec vous dans la récolte du fruit ? En 1996, 80 familles ramassaient le nono à Atuona (village de Hiva Oa), aujourd'hui seulement 8 familles. Citons entre autres : les soins antiâge, les soins pour peaux irritées ou fragiles, les produits après-solaires, les produits d'hygiène tonifiants (gels douches, bains moussants), le traitement des peaux grasses à tendance acnéique, les soins capillaires pour cheveux gras. PB : Utilisez-vous, dans votre famille, le nono comme plante médicinale ? HB : La connaissance du nono est venue de ma mère qui soignait les écorchures avec la purée du fruit mûr et nous avons pu vérifier les propriétés du produit tout au long de notre vie. Moi, j'utilise le jus pour tonifier le corps si je me sens fatiguée ou en cas de pénurie d'eau quand je suis en pleine nature dans les vallées isolées de Hiva Oa. Edité par CEP, Groupe Solabia, 29, rue Delizy, 93698 Pantin Cedex Tél. : (+33) 1 48 10 19 40 Fax : (+33) 1 48 91 18 77 Responsable de publication : Jean François Molina Comité de rédaction : Patricia Houy et Carine Lebeau Crédits photos NC - Reproduction Interdite - PB : Depuis combien de temps collectez-vous le nono ? Avez vous d'autres activités ? D'autres secrets médicinaux à nous faire partager ? HB : Je travaille dans la filière nono depuis 1996, à cette période, nous expédions 30 tonnes de fruits mûrs par mois et aujourd'hui seulement 5 tonnes. J'ai également d'autres activités selon les opportunités, actuellement, je suis surveillante dans le collège de Hiva Oa. Dans les secrets médicinaux, je pourrais vous parler du Kava rampant, du bancoulier... µ Tout un chacun l'a bien compris aujourd'hui : la protection solaire est définitivement une obligation et le teint hâlé à outrance doit être abandonné au profit d'une attitude plus sage, plus responsable face au soleil. Mais il n'empêche que les partisans du "bronzage coûte que coûte" ne se laissent pas si facilement convaincre… Les précautions sont donc de mise. Bref, l'été, nous l'attendons tous, mais encore faut-il savoir le gérer en toute sécurité ! L'une des règles d'or de l'été est, vous vous en doutez, de bien boire afin de lutter contre les déperditions en eau de l'organisme. Mais en été plus qu'en toute autre saison, vous trouvez l'eau un peu insipide à votre goût… Que choisir ? Quelle sera la boisson "zen" de votre été ? Une eau fraîche, riche en oligoéléments, ou une boisson tonifiante légèrement acidulée et si possible non sucrée ? Les deux ? Pourquoi pas… Une fois n'est pas coutume, aux prémices de l'été, le Petit Botaniste® vient se poser comme un spécialiste de l'ethno-beauté et vous conseille d'orienter votre choix vers une boisson tonifiante, énergisante, remplie de saveurs, celle qui s'obtient en plongeant quelques feuilles, fleurs ou racines de plantes dans de l'eau bouillante, de les laisser infuser puis refroidir, avant de consommer le breuvage glacé… - Juin 2002 - Autrement dit, replongez-vous l'espace d'un instant dans l'univers des "thés de santé" qui, usurpant parfois l'identité de la plante originale Camellia sinensis, se retrouvent utilisés par-ci, par-là dans le monde entier pour la protection et le bien-être de la peau. Aussi, dans ce nouveau numéro dédié encore à la route des Mahori, nous vous invitons à vous envoler aux Iles Marquises, à quelques milliers de kilomètres de Tahiti, pour y découvrir un arbre tout à fait extraordinaire, une plante qui peut vous laisser sur votre faim tant l'odeur de ses fruits est forte : Morinda citrifolia ou l'Arbre du fromager… Bonnes vacances à toutes et tous, et profitez de votre temps libre pour admirer notre belle nature ! L e Petit Botan iste® a Polynésie est, nous l'avons vu, le lieu idéal de développement de plantes extraordinaires : ensoleillement quasi permanent, températures clémentes, sols riches, environnement vierge de toute pollution… Rien d'étonnant donc d'y rencontrer des plantes exceptionnelles. Et c'est bien une plante hors du commun que le Petit Botaniste® souhaite vous présenter dans ce numéro estival. Jugez plutôt : une utilisation médicinale vieille de plus de 2000 ans, des graines capables de parcourir des centaines de kilomètres dans l'eau, un fruit riche de plus de 150 composés… Nul doute que votre fibre ethno-cosmétique est maintenant en éveil ! Alors n'attendons pas plus longtemps pour partir sur les traces de "l'Arbre magique" : le nono ou Morinda citrifolia… L Une plante voyageuse Il y a plusieurs millénaires, lorsque les Maohis entreprirent leurs explorations dans les Iles Pacifique, ils emportèrent avec eux des plantes de leurs contrées d'origine, aussi bien pour leur alimentation que pour leur pharmacie. C'est donc grâce à eux que nous retrouvons aujourd'hui le nono, Rubiacée originaire d'Asie du Sud Est, aux Iles Marquises. Marquises Tuamotou Société Gambier Australes ARCHIPELS DE POLYNESIE FRANCAISE Le Nono des Iles Marq uises Sans oublier le petit coup de pouce de Dame Nature, qui a doté le nono d'une remarquable faculté : grâce à une poche d'air attachée à ses graines, celles-ci sont portées par les courants marins et peuvent se propager à plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu d'origine ! Le joyau des Iles Pacifique Morinda citrifolia est un petit arbre vivace poussant dans les zones sablonneuses des côtes tropicales (Polynésie française, Hawaï). Il est reconnaissable à ses larges feuilles brillantes, ses fleurs blanches et surtout à ses fruits ressemblant à des petites grenades, verts au départ et tirant sur le jaune lors de leur mûrissement : les Nonos, également appelés « Mûres d’Inde » par les anglo-saxons ou « Fruits du fromager », en raison de la forte odeur dégagée par les fruits mûrs. A l'originalité et à la beauté de la plante s'ajoute une phytochimie exceptionnelle. Composés terpéniques et anthraquinoniques, alcaloïdes, coumarines, sucres, vitamines, oligo-éléments, autant de molécules qui par leur variété et leur richesse expliquent les nombreuses vertus attribuées au nono. Les îles Marquises sont les îles les plus au nord de la Polynésie et sont aussi les plus éloignées d’un continent. Cet archipel se compose d’une vingtaine d’îles, îlots et hauts fonds dont 6 sont habités. Les maigres revenus des marquisiens les ont poussé à migrer vers Tahiti mais d’autres ont décidé de rester sur leurs terres afin de valoriser leur flore et de créer des ressources locales. - Juin 2002 - Le damnacanthal par exemple, aux propriétés anti-cancéreuses avérées. Ou bien encore la scopolétine, un analgésique réputé pour l'absence de tout effet toxique secondaire. L e Petit Botan iste® Aux Iles Marquises, les fruits cuits servaient de traitement oral contre les maladies infectieuses tandis que les feuilles étaient utilisées pour leur action apaisante. La plante magique Utilisé depuis plus de 2000 ans par les sorciers et guérisseurs du Pacifique, le nono fait partie intégrante du folklore et des pharmacopées locales. Parmi les coutumes liées au nono, voici un usage plutôt original : les femmes, après avoir étudié de jeunes polynésiens, réunis pour l'occasion, se baignant dans une rivière, signifiaient leur choix à l'élu de leur cœur en leur lançant un nono ! LES THES DANS LE MONDE Commençons notre petit tour des continents par l’Asie, pays d’origine du thé. Fruits et feuilles sont les organes les plus souvent rencontrés dans les remèdes traditionnels. Doté de multiples propriétés, le nono rentre dans de nombreuses décoctions. A Tahiti, les fruits sont utilisés contre les angines, les bronchites et pour soulager les piqûres d'animaux. Associés aux feuilles, ils sont appliqués topiquement en cataplasmes pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Nuku Hiva Ua Pou Ua Huka Hiva Oa PRINCIPALES ILES DES MARQUISES Fatu Hiva Le thé « vrai » vient du théier (Camellia sinensis) et existe en 4 variétés suivant son mode de préparation : thé noir (fermenté), thé oolong (semi-fermenté), thé vert (non fermenté) et le fameux thé blanc (composé de jeunes pousses et de bourgeons terminaux flétris et séchés avec la plus grande attention). Partons maintenant à la découverte des autres « thés » ! En Europe on ne retrouve pas moins de 7 sortes de « thé ». Le thé de France, plus couramment appelé mélisse (Melissa officinale), et les fleurs du thé rouge ou origan (Origanum vulgare) ont une activité stimulante et tonique. Le thé du Nord ou Véronique (Veronica officinalis), excellent succédané du thé, était employé par Louis XIV avec de la sauge (Salvia officinalis), ou thé de Grèce, comme boisson matinale. Quant au thé suisse, il recouvre en fait 2 plantes aux vertus toniques que sont la chenette (Dryas octopetala) et l’aspérule odorante (Asperula odorata) dont on fait d’ailleurs un vin de mai en Alsace, Belgique et Allemagne. Le Nono des Iles Marq uises Un jus multivitaminé ! procédé de fabrication alliant congélation et atomisation. En alimentation, le nono est principalement utilisé sous forme de jus de fruit. Son potentiel vitaminique a largement contribué à son essor. Apparu en 1996 sur le marché américain, plus de 200 sociétés exploitent aujourd'hui sa phytochimie à travers le monde, et l'engouement des consommateurs ne se dément pas. Les industriels ont contourné le problème de l'odeur par un Après les fruits, ce sont les feuilles dont on (re)découvre aujourd'hui les vertus. Dépourvues de l'odeur pestilentielle du fruit, leurs propriétés sont mises à profit dans les Thés de Nono. Cette boisson, abusivement affublée du qualificatif "thé", consiste en une infusion des feuilles de Morinda citrifolia. En Afrique du Sud, on retrouve le thé Rooibos (Aspalathus linearis), seul endroit au monde où il est récolté ! Ce thé a un goût agréable et peut être bu chaud ou froid, additionné de citron et de lait ou de jus de fruits. C’est un excellent énergétique pour le réveil du matin ! En Ethiopie, les soldats italiens avaient pris l’habitude de boire du thé rose confectionné à partir des calices rouges de l’Hibiscus sabdariffa. Ce thé, aux propriétés bénéfiques, gagna vite l’Europe Centrale où il eut un vif succès sous le nom de thé de santé. Entre l’Afrique et l’Arabie, on retrouve le thé des abyssins ou Khat (Catha edulis), ancienne drogue riche en composés phénoliques. qui les cultivaient couramment : le thé du Brésil ou maté (Ilex paraguariensis) et le thé du Mexique ou chénope (Chenopodium ambrosioides). Le premier se consomme comme le thé ou le café au Brésil, au Paraguay et en Argentine, et redonne immédiatement de l’énergie. C’est toutefois la plante caféinée contenant le moins de caféine, ce qui en fait un produit peu excitant. Quant au chénope, certains le préféraient même au thé et s’en servaient ainsi de succédané. Parcourons maintenant l’Amérique. Dans le Nord, le thé de Pennsylvanie ou monarde (Monarda didyma) était utilisé par les indiens d’Oswego car sa saveur se rapproche de celle du thé de chine parfumé. Il était devenu si populaire qu’il remplaça le véritable thé lors du Boston Tea Party. Le thé du New Jersey (Ceanothus americanus) fut dénommé ainsi car pendant le guerre d’indépendance, on utilisa les feuilles de cette plante comme ersatz de thé. Plus au sud, on retrouve deux thés nommés thé des jésuites car ce sont eux - Juin 2002 - Retournons maintenant en Asie avec le thé de Java (petite île indonésienne) ou orthosiphon (Orthosiphon stamineus), couramment utilisé comme stimulant. Pour terminer, il aurait été dommage de ne pas vous présenter le melaleuca ou arbre à thé, originaire d’Australie qui, contrairement à ce qu'indique son nom n’est pas l’arbre où pousse le thé, comme vous le savez sûrement, mais une plante dont on extrait l’huile pour ses propriétés antibactériennes et antiparasitaires. L e Petit Botan iste® a Polynésie est, nous l'avons vu, le lieu idéal de développement de plantes extraordinaires : ensoleillement quasi permanent, températures clémentes, sols riches, environnement vierge de toute pollution… Rien d'étonnant donc d'y rencontrer des plantes exceptionnelles. Et c'est bien une plante hors du commun que le Petit Botaniste® souhaite vous présenter dans ce numéro estival. Jugez plutôt : une utilisation médicinale vieille de plus de 2000 ans, des graines capables de parcourir des centaines de kilomètres dans l'eau, un fruit riche de plus de 150 composés… Nul doute que votre fibre ethno-cosmétique est maintenant en éveil ! Alors n'attendons pas plus longtemps pour partir sur les traces de "l'Arbre magique" : le nono ou Morinda citrifolia… L Une plante voyageuse Il y a plusieurs millénaires, lorsque les Maohis entreprirent leurs explorations dans les Iles Pacifique, ils emportèrent avec eux des plantes de leurs contrées d'origine, aussi bien pour leur alimentation que pour leur pharmacie. C'est donc grâce à eux que nous retrouvons aujourd'hui le nono, Rubiacée originaire d'Asie du Sud Est, aux Iles Marquises. Marquises Tuamotou Société Gambier Australes ARCHIPELS DE POLYNESIE FRANCAISE Le Nono des Iles Marq uises Sans oublier le petit coup de pouce de Dame Nature, qui a doté le nono d'une remarquable faculté : grâce à une poche d'air attachée à ses graines, celles-ci sont portées par les courants marins et peuvent se propager à plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu d'origine ! Le joyau des Iles Pacifique Morinda citrifolia est un petit arbre vivace poussant dans les zones sablonneuses des côtes tropicales (Polynésie française, Hawaï). Il est reconnaissable à ses larges feuilles brillantes, ses fleurs blanches et surtout à ses fruits ressemblant à des petites grenades, verts au départ et tirant sur le jaune lors de leur mûrissement : les Nonos, également appelés « Mûres d’Inde » par les anglo-saxons ou « Fruits du fromager », en raison de la forte odeur dégagée par les fruits mûrs. A l'originalité et à la beauté de la plante s'ajoute une phytochimie exceptionnelle. Composés terpéniques et anthraquinoniques, alcaloïdes, coumarines, sucres, vitamines, oligo-éléments, autant de molécules qui par leur variété et leur richesse expliquent les nombreuses vertus attribuées au nono. Les îles Marquises sont les îles les plus au nord de la Polynésie et sont aussi les plus éloignées d’un continent. Cet archipel se compose d’une vingtaine d’îles, îlots et hauts fonds dont 6 sont habités. Les maigres revenus des marquisiens les ont poussé à migrer vers Tahiti mais d’autres ont décidé de rester sur leurs terres afin de valoriser leur flore et de créer des ressources locales. - Juin 2002 - Le damnacanthal par exemple, aux propriétés anti-cancéreuses avérées. Ou bien encore la scopolétine, un analgésique réputé pour l'absence de tout effet toxique secondaire. L e Petit Botan iste® Aux Iles Marquises, les fruits cuits servaient de traitement oral contre les maladies infectieuses tandis que les feuilles étaient utilisées pour leur action apaisante. La plante magique Utilisé depuis plus de 2000 ans par les sorciers et guérisseurs du Pacifique, le nono fait partie intégrante du folklore et des pharmacopées locales. Parmi les coutumes liées au nono, voici un usage plutôt original : les femmes, après avoir étudié de jeunes polynésiens, réunis pour l'occasion, se baignant dans une rivière, signifiaient leur choix à l'élu de leur cœur en leur lançant un nono ! LES THES DANS LE MONDE Commençons notre petit tour des continents par l’Asie, pays d’origine du thé. Fruits et feuilles sont les organes les plus souvent rencontrés dans les remèdes traditionnels. Doté de multiples propriétés, le nono rentre dans de nombreuses décoctions. A Tahiti, les fruits sont utilisés contre les angines, les bronchites et pour soulager les piqûres d'animaux. Associés aux feuilles, ils sont appliqués topiquement en cataplasmes pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Nuku Hiva Ua Pou Ua Huka Hiva Oa PRINCIPALES ILES DES MARQUISES Fatu Hiva Le thé « vrai » vient du théier (Camellia sinensis) et existe en 4 variétés suivant son mode de préparation : thé noir (fermenté), thé oolong (semi-fermenté), thé vert (non fermenté) et le fameux thé blanc (composé de jeunes pousses et de bourgeons terminaux flétris et séchés avec la plus grande attention). Partons maintenant à la découverte des autres « thés » ! En Europe on ne retrouve pas moins de 7 sortes de « thé ». Le thé de France, plus couramment appelé mélisse (Melissa officinale), et les fleurs du thé rouge ou origan (Origanum vulgare) ont une activité stimulante et tonique. Le thé du Nord ou Véronique (Veronica officinalis), excellent succédané du thé, était employé par Louis XIV avec de la sauge (Salvia officinalis), ou thé de Grèce, comme boisson matinale. Quant au thé suisse, il recouvre en fait 2 plantes aux vertus toniques que sont la chenette (Dryas octopetala) et l’aspérule odorante (Asperula odorata) dont on fait d’ailleurs un vin de mai en Alsace, Belgique et Allemagne. Le Nono des Iles Marq uises Un jus multivitaminé ! procédé de fabrication alliant congélation et atomisation. En alimentation, le nono est principalement utilisé sous forme de jus de fruit. Son potentiel vitaminique a largement contribué à son essor. Apparu en 1996 sur le marché américain, plus de 200 sociétés exploitent aujourd'hui sa phytochimie à travers le monde, et l'engouement des consommateurs ne se dément pas. Les industriels ont contourné le problème de l'odeur par un Après les fruits, ce sont les feuilles dont on (re)découvre aujourd'hui les vertus. Dépourvues de l'odeur pestilentielle du fruit, leurs propriétés sont mises à profit dans les Thés de Nono. Cette boisson, abusivement affublée du qualificatif "thé", consiste en une infusion des feuilles de Morinda citrifolia. En Afrique du Sud, on retrouve le thé Rooibos (Aspalathus linearis), seul endroit au monde où il est récolté ! Ce thé a un goût agréable et peut être bu chaud ou froid, additionné de citron et de lait ou de jus de fruits. C’est un excellent énergétique pour le réveil du matin ! En Ethiopie, les soldats italiens avaient pris l’habitude de boire du thé rose confectionné à partir des calices rouges de l’Hibiscus sabdariffa. Ce thé, aux propriétés bénéfiques, gagna vite l’Europe Centrale où il eut un vif succès sous le nom de thé de santé. Entre l’Afrique et l’Arabie, on retrouve le thé des abyssins ou Khat (Catha edulis), ancienne drogue riche en composés phénoliques. qui les cultivaient couramment : le thé du Brésil ou maté (Ilex paraguariensis) et le thé du Mexique ou chénope (Chenopodium ambrosioides). Le premier se consomme comme le thé ou le café au Brésil, au Paraguay et en Argentine, et redonne immédiatement de l’énergie. C’est toutefois la plante caféinée contenant le moins de caféine, ce qui en fait un produit peu excitant. Quant au chénope, certains le préféraient même au thé et s’en servaient ainsi de succédané. Parcourons maintenant l’Amérique. Dans le Nord, le thé de Pennsylvanie ou monarde (Monarda didyma) était utilisé par les indiens d’Oswego car sa saveur se rapproche de celle du thé de chine parfumé. Il était devenu si populaire qu’il remplaça le véritable thé lors du Boston Tea Party. Le thé du New Jersey (Ceanothus americanus) fut dénommé ainsi car pendant le guerre d’indépendance, on utilisa les feuilles de cette plante comme ersatz de thé. Plus au sud, on retrouve deux thés nommés thé des jésuites car ce sont eux - Juin 2002 - Retournons maintenant en Asie avec le thé de Java (petite île indonésienne) ou orthosiphon (Orthosiphon stamineus), couramment utilisé comme stimulant. Pour terminer, il aurait été dommage de ne pas vous présenter le melaleuca ou arbre à thé, originaire d’Australie qui, contrairement à ce qu'indique son nom n’est pas l’arbre où pousse le thé, comme vous le savez sûrement, mais une plante dont on extrait l’huile pour ses propriétés antibactériennes et antiparasitaires. L e Petit Botan iste® Nono-cosmétique La richesse et la diversité phytochimique de Morinda citrifolia confèrent à la plante un grand intérêt dans le domaine de la beauté. Ainsi les fruits, riches en acides gras essentiels, sont émollients. Le sélénium et les autres oligoéléments présents sont à l'origine de l'activité antioxydante du nono. Quant aux feuilles, elles ne sont pas en reste ! Leur richesse en acides aminés, vitamines et oligo-éléments leur confèrent des propriétés régénérantes, adoucissantes et toniques. Par ailleurs, fruits et feuilles présentent une activité antibactérienne tout à fait intéressante, liée à la présence de dérivés anthraquinoniques. Du fait de ses nombreuses propriétés, les applications du nono en cosmétique sont multiples ! Le Nono des Iles Marq uises INTERVIEW HELENE BENNET, Atuona - Iva Hoa PB : Le nono est-il une plante endémique à la Polynésie ? HB : Je connais cette plante depuis que je suis née, j'ai appris il y a quelques temps que le nono était présent ailleurs qu'en Polynésie. PB : Le nono est-il difficile à cultiver ? HB : Le nono pousse naturellement aux Marquises, sans engrais, et l'arbre donne des fruits des la 2ème année de plantation. Généralement, il pousse à l'état sauvage. Depuis l'exploitation en 1996, des cultures ont été organisées. PB : La végétation aux Marquises est-elle riche ? HB : Nous avons une végétation riche, notre sol est sans engrais, une sorte de réglementation dans la population existe qui, par respect vis-àvis de notre fenua ("terre"), nous interdit d'utiliser des produits chimiques. On peut trouver dans les vallées du pandanus, des agrumes (citronniers, orangers), des goyaviers, des pins des Caraïbes... PB : Le nono marquisien présente t-il des particularités différentes de celui de Tahiti ou d'Hawaï ? HB : Avec celui de Tahiti, je connais la différence de taille des parties de la plante (morphologie), j'ai aussi l'impression que l'effet tonifiant est supérieur mais c'est juste un avis personnel. Je ne connais pas celui d'Hawaï mais je crois savoir que des études ont été faites et ont orienté le choix de l'origine du fruit sur la Polynésie. PB : La boisson au nono est considérée comme un breuvage miracle aussi bien à Tahiti qu'à Hawaï. Y a t-il d‘autres pays consommateurs ? - HB : J'ai eu l'occasion en 1996 d'être invitée à Las Vegas à une réunion organisée sur le nono avec le marketing américain de la principale société avec laquelle je travaille, j'ai pu constater que les Etats Unis étaient les plus gros consommateurs. PB : Le nono est utilisé depuis plus de 2000 ans dans le Pacifique Sud. Est-ce uniquement le fruit qui est utilisé dans des boissons tonifiantes et régénérantes ? HB : Non, les feuilles étaient également utilisées pour faire des "Ra'au Tahiti" (médicaments tahitiens) afin de purger et fortifier le corps. Les jeunes fruits sont également employés pour soigner les maux de tête, la toux… Par souci de commodité et de facilité, le fruit est le plus utilisé car il ne nécessite qu'un pressage pour en extraire un liquide tonifiant, les feuilles peuvent être utilisées mais elles demandent une préparation minutieuse (malaxage, infusion...), donc plus de travail pour obtenir un médicament destiné au même objectif. PB : Le marché sature t-il aujourd'hui ? Que pensez-vous de la valorisation de la feuille ? Serait-ce pour vous une nouvelle voie ? HB : Le marché du fruit a malheureusement énormément baissé depuis 1996, il sature un peu, encore que nous sommes privilégiés aux Marquises car l'acheteur donne une préférence au nono des Marquises. Je sais qu'aux Tuamotu les quantités exploitées sont de plus en plus faibles. Vendre les feuilles est très intéressant pour nous. Aux Marquises les revenus des familles sont bas, il y a très peu d'activité économique en place et la vie est plus chère qu’à Tahiti. Feuille ethnobotanique éditée par le Groupe Solabia – N°39 – Juin 2002 Edito Et si l'on décidait pour de bon que l'été sera au rendez-vous cette année ? réparer sa peau au bronzage, surveiller sa ligne et veiller à s'accorder des plages de gourmandise, c'est possible et même recommandé pour le bien-être du corps et de l'esprit. Mais avec l'été surgissent la chaleur et tous ses petits à-côtés, quels que soient les endroits du monde, exotiques ou plus proches de nous… alors prudence ! P PB : Combien de ramasseurs de nono travaillent avec vous dans la récolte du fruit ? En 1996, 80 familles ramassaient le nono à Atuona (village de Hiva Oa), aujourd'hui seulement 8 familles. Citons entre autres : les soins antiâge, les soins pour peaux irritées ou fragiles, les produits après-solaires, les produits d'hygiène tonifiants (gels douches, bains moussants), le traitement des peaux grasses à tendance acnéique, les soins capillaires pour cheveux gras. PB : Utilisez-vous, dans votre famille, le nono comme plante médicinale ? HB : La connaissance du nono est venue de ma mère qui soignait les écorchures avec la purée du fruit mûr et nous avons pu vérifier les propriétés du produit tout au long de notre vie. Moi, j'utilise le jus pour tonifier le corps si je me sens fatiguée ou en cas de pénurie d'eau quand je suis en pleine nature dans les vallées isolées de Hiva Oa. Edité par CEP, Groupe Solabia, 29, rue Delizy, 93698 Pantin Cedex Tél. : (+33) 1 48 10 19 40 Fax : (+33) 1 48 91 18 77 Responsable de publication : Jean François Molina Comité de rédaction : Patricia Houy et Carine Lebeau Crédits photos NC - Reproduction Interdite - PB : Depuis combien de temps collectez-vous le nono ? Avez vous d'autres activités ? D'autres secrets médicinaux à nous faire partager ? HB : Je travaille dans la filière nono depuis 1996, à cette période, nous expédions 30 tonnes de fruits mûrs par mois et aujourd'hui seulement 5 tonnes. J'ai également d'autres activités selon les opportunités, actuellement, je suis surveillante dans le collège de Hiva Oa. Dans les secrets médicinaux, je pourrais vous parler du Kava rampant, du bancoulier... µ Tout un chacun l'a bien compris aujourd'hui : la protection solaire est définitivement une obligation et le teint hâlé à outrance doit être abandonné au profit d'une attitude plus sage, plus responsable face au soleil. Mais il n'empêche que les partisans du "bronzage coûte que coûte" ne se laissent pas si facilement convaincre… Les précautions sont donc de mise. Bref, l'été, nous l'attendons tous, mais encore faut-il savoir le gérer en toute sécurité ! L'une des règles d'or de l'été est, vous vous en doutez, de bien boire afin de lutter contre les déperditions en eau de l'organisme. Mais en été plus qu'en toute autre saison, vous trouvez l'eau un peu insipide à votre goût… Que choisir ? Quelle sera la boisson "zen" de votre été ? Une eau fraîche, riche en oligoéléments, ou une boisson tonifiante légèrement acidulée et si possible non sucrée ? Les deux ? Pourquoi pas… Une fois n'est pas coutume, aux prémices de l'été, le Petit Botaniste® vient se poser comme un spécialiste de l'ethno-beauté et vous conseille d'orienter votre choix vers une boisson tonifiante, énergisante, remplie de saveurs, celle qui s'obtient en plongeant quelques feuilles, fleurs ou racines de plantes dans de l'eau bouillante, de les laisser infuser puis refroidir, avant de consommer le breuvage glacé… - Juin 2002 - Autrement dit, replongez-vous l'espace d'un instant dans l'univers des "thés de santé" qui, usurpant parfois l'identité de la plante originale Camellia sinensis, se retrouvent utilisés par-ci, par-là dans le monde entier pour la protection et le bien-être de la peau. Aussi, dans ce nouveau numéro dédié encore à la route des Mahori, nous vous invitons à vous envoler aux Iles Marquises, à quelques milliers de kilomètres de Tahiti, pour y découvrir un arbre tout à fait extraordinaire, une plante qui peut vous laisser sur votre faim tant l'odeur de ses fruits est forte : Morinda citrifolia ou l'Arbre du fromager… Bonnes vacances à toutes et tous, et profitez de votre temps libre pour admirer notre belle nature !