Et si l`on décidait pour de bon que l`été sera au rendez

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L e Petit Botan iste®
Nono-cosmétique
La richesse et la diversité
phytochimique de Morinda citrifolia
confèrent à la plante un grand
intérêt dans le domaine de la
beauté.
Ainsi les fruits, riches en acides gras
essentiels, sont émollients. Le
sélénium et les autres oligoéléments présents sont à l'origine de
l'activité antioxydante du nono.
Quant aux feuilles, elles ne sont pas
en reste ! Leur richesse en acides
aminés, vitamines et oligo-éléments
leur confèrent des propriétés
régénérantes, adoucissantes et
toniques.
Par ailleurs, fruits et feuilles
présentent une activité
antibactérienne tout à fait
intéressante, liée à la présence de
dérivés anthraquinoniques. Du fait
de ses nombreuses propriétés, les
applications du nono en cosmétique
sont multiples !
Le Nono des Iles Marq uises
INTERVIEW
HELENE BENNET,
Atuona - Iva Hoa
PB : Le nono est-il une plante endémique à la
Polynésie ?
HB : Je connais cette plante depuis que je suis
née, j'ai appris il y a quelques temps que le nono
était présent ailleurs qu'en Polynésie.
PB : Le nono est-il difficile à cultiver ?
HB : Le nono pousse naturellement aux
Marquises, sans engrais, et l'arbre donne des
fruits des la 2ème année de plantation.
Généralement, il pousse à l'état sauvage. Depuis
l'exploitation en 1996, des cultures ont été
organisées.
PB : La végétation aux Marquises est-elle riche ?
HB : Nous avons une végétation riche, notre sol
est sans engrais, une sorte de réglementation
dans la population existe qui, par respect vis-àvis de notre fenua ("terre"), nous interdit
d'utiliser des produits chimiques.
On peut trouver dans les vallées du pandanus,
des agrumes (citronniers, orangers), des
goyaviers, des pins des Caraïbes...
PB : Le nono marquisien présente t-il des
particularités différentes de celui
de Tahiti ou d'Hawaï ?
HB : Avec celui de Tahiti, je connais la
différence de taille des parties de la plante
(morphologie), j'ai aussi l'impression que l'effet
tonifiant est supérieur mais c'est juste un avis
personnel. Je ne connais pas celui d'Hawaï mais
je crois savoir que des études ont été faites et ont
orienté le choix de l'origine du fruit sur la
Polynésie.
PB : La boisson au nono est considérée comme
un breuvage miracle aussi bien à Tahiti qu'à
Hawaï. Y a t-il d‘autres pays consommateurs ?
-
HB : J'ai eu l'occasion en 1996 d'être invitée à Las
Vegas à une réunion organisée sur le nono avec
le marketing américain de la principale société
avec laquelle je travaille, j'ai pu constater que les
Etats Unis étaient les plus gros consommateurs.
PB : Le nono est utilisé depuis plus de 2000 ans
dans le Pacifique Sud. Est-ce uniquement le
fruit qui est utilisé dans des boissons
tonifiantes et régénérantes ?
HB : Non, les feuilles étaient également utilisées
pour faire des "Ra'au Tahiti" (médicaments
tahitiens) afin de purger et fortifier le corps. Les
jeunes fruits sont également employés pour
soigner les maux de tête, la toux…
Par souci de commodité et de facilité, le fruit est
le plus utilisé car il ne nécessite qu'un pressage
pour en extraire un liquide tonifiant, les feuilles
peuvent être utilisées mais elles demandent une
préparation minutieuse (malaxage, infusion...),
donc plus de travail pour obtenir un
médicament destiné au même objectif.
PB : Le marché sature t-il aujourd'hui ? Que
pensez-vous de la valorisation de la feuille ?
Serait-ce pour vous une nouvelle voie ?
HB : Le marché du fruit a malheureusement
énormément baissé depuis 1996, il sature un
peu, encore que nous sommes privilégiés aux
Marquises car l'acheteur donne une préférence
au nono des Marquises. Je sais qu'aux Tuamotu
les quantités exploitées sont de plus en plus
faibles.
Vendre les feuilles est très intéressant pour
nous. Aux Marquises les revenus des familles
sont bas, il y a très peu d'activité économique en
place et la vie est plus chère qu’à Tahiti.
Feuille ethnobotanique éditée par le Groupe Solabia – N°39 – Juin 2002
Edito
Et si l'on décidait pour de bon que l'été
sera au rendez-vous cette année ?
réparer sa peau au
bronzage, surveiller sa
ligne et veiller à
s'accorder des plages de
gourmandise, c'est
possible et même recommandé pour
le bien-être du corps et de l'esprit.
Mais avec l'été surgissent la chaleur
et tous ses petits à-côtés, quels que
soient les endroits du monde,
exotiques ou plus proches de
nous… alors prudence !
P
PB : Combien de ramasseurs de nono
travaillent avec vous dans la récolte du fruit ?
En 1996, 80 familles ramassaient le nono à
Atuona (village de Hiva Oa), aujourd'hui
seulement 8 familles.
Citons entre autres : les soins antiâge, les soins pour peaux irritées ou
fragiles, les produits après-solaires,
les produits d'hygiène tonifiants
(gels douches, bains moussants), le
traitement des peaux grasses à
tendance acnéique, les soins
capillaires pour cheveux gras.
PB : Utilisez-vous, dans votre famille, le nono
comme plante médicinale ?
HB : La connaissance du nono est venue de ma
mère qui soignait les écorchures avec la purée
du fruit mûr et nous avons pu vérifier les
propriétés du produit tout au long de notre vie.
Moi, j'utilise le jus pour tonifier le corps si je me
sens fatiguée ou en cas de pénurie d'eau quand
je suis en pleine nature dans les vallées isolées
de Hiva Oa.
Edité par CEP, Groupe Solabia,
29, rue Delizy, 93698 Pantin Cedex
Tél. : (+33) 1 48 10 19 40
Fax : (+33) 1 48 91 18 77
Responsable de publication : Jean François Molina
Comité de rédaction : Patricia Houy et Carine Lebeau
Crédits photos NC
- Reproduction Interdite -
PB : Depuis combien de temps collectez-vous
le nono ? Avez vous d'autres activités ?
D'autres secrets médicinaux à nous faire
partager ?
HB : Je travaille dans la filière nono depuis 1996,
à cette période, nous expédions 30 tonnes de
fruits mûrs par mois et aujourd'hui seulement 5
tonnes. J'ai également d'autres activités selon les
opportunités, actuellement, je suis surveillante
dans le collège de Hiva Oa.
Dans les secrets médicinaux, je pourrais vous
parler du Kava rampant, du bancoulier...
µ
Tout un chacun l'a bien compris
aujourd'hui : la protection solaire est
définitivement une obligation et le
teint hâlé à outrance doit être
abandonné au profit d'une attitude
plus sage, plus responsable face au
soleil.
Mais il n'empêche que les partisans
du "bronzage coûte que coûte" ne se
laissent pas si facilement
convaincre…
Les précautions sont donc de mise.
Bref, l'été, nous l'attendons tous,
mais encore faut-il savoir le gérer en
toute sécurité !
L'une des règles d'or de l'été est,
vous vous en doutez, de bien boire
afin de lutter contre les déperditions
en eau de l'organisme. Mais en été
plus qu'en toute autre saison, vous
trouvez l'eau un peu insipide à
votre goût… Que choisir ? Quelle
sera la boisson "zen" de votre été ?
Une eau fraîche, riche en oligoéléments, ou une boisson tonifiante
légèrement acidulée et si possible
non sucrée ? Les deux ? Pourquoi
pas…
Une fois n'est pas coutume, aux
prémices de l'été, le Petit Botaniste®
vient se poser comme un spécialiste
de l'ethno-beauté et vous conseille
d'orienter votre choix vers une
boisson tonifiante, énergisante,
remplie de saveurs, celle qui
s'obtient en plongeant quelques
feuilles, fleurs ou racines de plantes
dans de l'eau bouillante, de les
laisser infuser puis refroidir, avant
de consommer le breuvage glacé…
- Juin 2002 -
Autrement dit, replongez-vous
l'espace d'un instant dans
l'univers des "thés de santé" qui,
usurpant parfois l'identité de la
plante originale Camellia
sinensis, se retrouvent
utilisés par-ci, par-là
dans le monde entier
pour la protection et
le bien-être de la
peau.
Aussi, dans ce
nouveau numéro dédié encore à la
route des Mahori, nous vous
invitons à vous envoler aux Iles
Marquises, à quelques milliers de
kilomètres de Tahiti, pour y
découvrir un arbre tout à fait
extraordinaire, une plante qui peut
vous laisser sur votre faim tant
l'odeur de ses fruits est forte :
Morinda citrifolia ou l'Arbre du
fromager…
Bonnes vacances à toutes et tous, et
profitez de votre temps libre pour
admirer notre belle nature !
L e Petit Botan iste®
a Polynésie est, nous l'avons
vu, le lieu idéal de
développement de plantes
extraordinaires : ensoleillement
quasi permanent, températures
clémentes, sols riches,
environnement vierge de toute
pollution… Rien d'étonnant donc
d'y rencontrer des plantes
exceptionnelles. Et c'est bien une
plante hors du commun que le Petit
Botaniste® souhaite vous présenter
dans ce numéro estival. Jugez
plutôt : une utilisation médicinale
vieille de plus de 2000 ans, des
graines capables de parcourir des
centaines de kilomètres dans l'eau,
un fruit riche de plus de 150
composés… Nul doute que votre
fibre ethno-cosmétique est maintenant en éveil ! Alors n'attendons
pas plus longtemps pour partir sur
les traces de "l'Arbre magique" : le
nono ou Morinda citrifolia…
L
Une plante voyageuse
Il y a plusieurs millénaires, lorsque
les Maohis entreprirent leurs
explorations dans les Iles Pacifique,
ils emportèrent avec eux des plantes
de leurs contrées d'origine, aussi
bien pour leur alimentation que
pour leur pharmacie. C'est donc
grâce à eux que nous retrouvons
aujourd'hui le nono, Rubiacée
originaire d'Asie du Sud Est, aux
Iles Marquises.
Marquises
Tuamotou
Société
Gambier
Australes
ARCHIPELS DE POLYNESIE FRANCAISE
Le Nono des Iles Marq uises
Sans oublier le petit coup de pouce
de Dame Nature, qui a doté le nono
d'une remarquable faculté : grâce à
une poche d'air attachée à ses
graines, celles-ci sont portées par les
courants marins et peuvent se
propager à plusieurs centaines de
kilomètres de leur lieu d'origine !
Le joyau des Iles
Pacifique
Morinda citrifolia est un petit arbre
vivace poussant dans les zones
sablonneuses des côtes tropicales
(Polynésie française, Hawaï). Il est
reconnaissable à ses larges feuilles
brillantes, ses fleurs blanches et
surtout à ses fruits ressemblant à
des petites grenades, verts au
départ et tirant sur le jaune lors de
leur mûrissement : les Nonos,
également appelés « Mûres d’Inde »
par les anglo-saxons ou « Fruits du
fromager », en raison de la forte
odeur dégagée par les fruits mûrs.
A l'originalité et à la beauté de la
plante s'ajoute une phytochimie
exceptionnelle. Composés
terpéniques et anthraquinoniques,
alcaloïdes, coumarines, sucres,
vitamines, oligo-éléments, autant de
molécules qui par leur variété et
leur richesse expliquent les
nombreuses vertus attribuées au
nono.
Les îles Marquises sont les îles les
plus au nord de la Polynésie et sont
aussi les plus éloignées d’un
continent. Cet archipel se compose
d’une vingtaine d’îles, îlots et hauts
fonds dont 6 sont habités. Les
maigres revenus des marquisiens les
ont poussé à migrer vers Tahiti mais
d’autres ont décidé de rester sur leurs
terres afin de valoriser leur flore et de
créer des ressources locales.
- Juin 2002 -
Le damnacanthal par exemple, aux
propriétés anti-cancéreuses avérées.
Ou bien encore la scopolétine, un
analgésique réputé pour l'absence
de tout effet toxique secondaire.
L e Petit Botan iste®
Aux Iles Marquises, les fruits cuits
servaient de traitement oral contre
les maladies infectieuses tandis que
les feuilles étaient utilisées pour leur
action apaisante.
La plante magique
Utilisé depuis plus de 2000 ans par
les sorciers et guérisseurs du
Pacifique, le nono fait partie
intégrante du folklore et des
pharmacopées locales.
Parmi les coutumes liées au nono,
voici un usage plutôt original : les
femmes, après avoir étudié de
jeunes polynésiens, réunis pour
l'occasion, se baignant dans une
rivière, signifiaient leur choix à l'élu
de leur cœur en leur lançant un
nono !
LES THES DANS LE MONDE
Commençons notre petit tour des
continents par l’Asie, pays d’origine du
thé.
Fruits et feuilles sont les organes les
plus souvent rencontrés dans les
remèdes traditionnels.
Doté de multiples propriétés, le
nono rentre dans de nombreuses
décoctions.
A Tahiti, les fruits sont utilisés
contre les angines, les bronchites et
pour soulager les piqûres
d'animaux. Associés aux feuilles, ils
sont appliqués topiquement en
cataplasmes pour leurs propriétés
anti-inflammatoires.
Nuku Hiva
Ua Pou
Ua Huka
Hiva Oa
PRINCIPALES ILES
DES MARQUISES
Fatu Hiva
Le thé « vrai » vient
du théier (Camellia
sinensis) et existe en 4
variétés suivant son
mode de préparation : thé noir
(fermenté), thé oolong (semi-fermenté),
thé vert (non fermenté) et le fameux thé
blanc (composé de jeunes pousses et de
bourgeons terminaux flétris et séchés
avec la plus grande attention).
Partons maintenant à la découverte des
autres « thés » !
En Europe on ne retrouve pas moins de
7 sortes de « thé ».
Le thé de France, plus couramment
appelé mélisse (Melissa officinale), et les
fleurs du thé rouge ou origan (Origanum
vulgare) ont une activité stimulante et
tonique. Le thé du Nord
ou Véronique (Veronica
officinalis), excellent
succédané du thé, était
employé par Louis XIV
avec de la sauge (Salvia
officinalis), ou thé de
Grèce, comme boisson
matinale. Quant au thé suisse, il recouvre en fait 2 plantes aux vertus toniques
que sont la chenette (Dryas octopetala) et
l’aspérule odorante (Asperula odorata)
dont on fait d’ailleurs un vin de mai en
Alsace, Belgique et Allemagne.
Le Nono des Iles Marq uises
Un jus multivitaminé !
procédé de fabrication alliant
congélation et atomisation.
En alimentation, le nono
est principalement utilisé
sous forme de jus de
fruit. Son potentiel
vitaminique a
largement contribué à
son essor. Apparu en
1996 sur le marché
américain, plus de 200
sociétés exploitent
aujourd'hui sa
phytochimie à travers
le monde, et l'engouement des
consommateurs ne se dément pas.
Les industriels ont contourné le
problème de l'odeur par un
Après les fruits, ce sont les feuilles
dont on (re)découvre aujourd'hui
les vertus. Dépourvues de l'odeur
pestilentielle du
fruit, leurs
propriétés sont
mises à profit
dans les Thés de
Nono. Cette
boisson,
abusivement
affublée du
qualificatif "thé",
consiste en une
infusion des feuilles de Morinda
citrifolia.
En Afrique du Sud,
on retrouve le thé
Rooibos (Aspalathus
linearis), seul
endroit au monde
où il est récolté ! Ce
thé a un goût agréable et peut être bu
chaud ou froid, additionné de citron et
de lait ou de jus de fruits. C’est un
excellent énergétique pour le réveil du
matin ! En Ethiopie, les soldats italiens
avaient pris l’habitude de
boire du thé rose
confectionné à partir des
calices rouges de
l’Hibiscus sabdariffa. Ce
thé, aux propriétés bénéfiques, gagna
vite l’Europe Centrale où il eut un vif
succès sous le nom de thé de santé.
Entre l’Afrique et l’Arabie, on retrouve
le thé des abyssins ou Khat (Catha
edulis), ancienne drogue riche en
composés phénoliques.
qui les cultivaient
couramment :
le thé du Brésil ou
maté (Ilex
paraguariensis) et
le thé du Mexique ou chénope
(Chenopodium ambrosioides). Le premier
se consomme comme le thé ou le café
au Brésil, au Paraguay et en Argentine,
et redonne immédiatement de
l’énergie. C’est toutefois la plante
caféinée contenant le moins de caféine,
ce qui en fait un produit peu excitant.
Quant au chénope, certains le
préféraient même au thé et s’en
servaient ainsi de succédané.
Parcourons maintenant l’Amérique.
Dans le Nord, le thé de
Pennsylvanie ou monarde
(Monarda didyma) était
utilisé par les indiens
d’Oswego car sa saveur se
rapproche de celle du thé de
chine parfumé. Il était devenu si
populaire qu’il remplaça le véritable
thé lors du Boston Tea Party. Le thé du
New Jersey (Ceanothus americanus) fut
dénommé ainsi car pendant le guerre
d’indépendance, on utilisa les feuilles
de cette plante comme ersatz de thé.
Plus au sud, on retrouve deux thés
nommés thé des jésuites car ce sont eux
- Juin 2002 -
Retournons
maintenant en Asie
avec le thé de Java
(petite île
indonésienne) ou
orthosiphon
(Orthosiphon stamineus), couramment
utilisé comme stimulant.
Pour terminer, il aurait
été dommage de ne pas
vous présenter le
melaleuca ou arbre à
thé, originaire
d’Australie qui,
contrairement à ce
qu'indique son nom
n’est pas l’arbre où pousse le thé,
comme vous le savez sûrement, mais
une plante dont on extrait l’huile pour
ses propriétés antibactériennes et
antiparasitaires.
L e Petit Botan iste®
a Polynésie est, nous l'avons
vu, le lieu idéal de
développement de plantes
extraordinaires : ensoleillement
quasi permanent, températures
clémentes, sols riches,
environnement vierge de toute
pollution… Rien d'étonnant donc
d'y rencontrer des plantes
exceptionnelles. Et c'est bien une
plante hors du commun que le Petit
Botaniste® souhaite vous présenter
dans ce numéro estival. Jugez
plutôt : une utilisation médicinale
vieille de plus de 2000 ans, des
graines capables de parcourir des
centaines de kilomètres dans l'eau,
un fruit riche de plus de 150
composés… Nul doute que votre
fibre ethno-cosmétique est maintenant en éveil ! Alors n'attendons
pas plus longtemps pour partir sur
les traces de "l'Arbre magique" : le
nono ou Morinda citrifolia…
L
Une plante voyageuse
Il y a plusieurs millénaires, lorsque
les Maohis entreprirent leurs
explorations dans les Iles Pacifique,
ils emportèrent avec eux des plantes
de leurs contrées d'origine, aussi
bien pour leur alimentation que
pour leur pharmacie. C'est donc
grâce à eux que nous retrouvons
aujourd'hui le nono, Rubiacée
originaire d'Asie du Sud Est, aux
Iles Marquises.
Marquises
Tuamotou
Société
Gambier
Australes
ARCHIPELS DE POLYNESIE FRANCAISE
Le Nono des Iles Marq uises
Sans oublier le petit coup de pouce
de Dame Nature, qui a doté le nono
d'une remarquable faculté : grâce à
une poche d'air attachée à ses
graines, celles-ci sont portées par les
courants marins et peuvent se
propager à plusieurs centaines de
kilomètres de leur lieu d'origine !
Le joyau des Iles
Pacifique
Morinda citrifolia est un petit arbre
vivace poussant dans les zones
sablonneuses des côtes tropicales
(Polynésie française, Hawaï). Il est
reconnaissable à ses larges feuilles
brillantes, ses fleurs blanches et
surtout à ses fruits ressemblant à
des petites grenades, verts au
départ et tirant sur le jaune lors de
leur mûrissement : les Nonos,
également appelés « Mûres d’Inde »
par les anglo-saxons ou « Fruits du
fromager », en raison de la forte
odeur dégagée par les fruits mûrs.
A l'originalité et à la beauté de la
plante s'ajoute une phytochimie
exceptionnelle. Composés
terpéniques et anthraquinoniques,
alcaloïdes, coumarines, sucres,
vitamines, oligo-éléments, autant de
molécules qui par leur variété et
leur richesse expliquent les
nombreuses vertus attribuées au
nono.
Les îles Marquises sont les îles les
plus au nord de la Polynésie et sont
aussi les plus éloignées d’un
continent. Cet archipel se compose
d’une vingtaine d’îles, îlots et hauts
fonds dont 6 sont habités. Les
maigres revenus des marquisiens les
ont poussé à migrer vers Tahiti mais
d’autres ont décidé de rester sur leurs
terres afin de valoriser leur flore et de
créer des ressources locales.
- Juin 2002 -
Le damnacanthal par exemple, aux
propriétés anti-cancéreuses avérées.
Ou bien encore la scopolétine, un
analgésique réputé pour l'absence
de tout effet toxique secondaire.
L e Petit Botan iste®
Aux Iles Marquises, les fruits cuits
servaient de traitement oral contre
les maladies infectieuses tandis que
les feuilles étaient utilisées pour leur
action apaisante.
La plante magique
Utilisé depuis plus de 2000 ans par
les sorciers et guérisseurs du
Pacifique, le nono fait partie
intégrante du folklore et des
pharmacopées locales.
Parmi les coutumes liées au nono,
voici un usage plutôt original : les
femmes, après avoir étudié de
jeunes polynésiens, réunis pour
l'occasion, se baignant dans une
rivière, signifiaient leur choix à l'élu
de leur cœur en leur lançant un
nono !
LES THES DANS LE MONDE
Commençons notre petit tour des
continents par l’Asie, pays d’origine du
thé.
Fruits et feuilles sont les organes les
plus souvent rencontrés dans les
remèdes traditionnels.
Doté de multiples propriétés, le
nono rentre dans de nombreuses
décoctions.
A Tahiti, les fruits sont utilisés
contre les angines, les bronchites et
pour soulager les piqûres
d'animaux. Associés aux feuilles, ils
sont appliqués topiquement en
cataplasmes pour leurs propriétés
anti-inflammatoires.
Nuku Hiva
Ua Pou
Ua Huka
Hiva Oa
PRINCIPALES ILES
DES MARQUISES
Fatu Hiva
Le thé « vrai » vient
du théier (Camellia
sinensis) et existe en 4
variétés suivant son
mode de préparation : thé noir
(fermenté), thé oolong (semi-fermenté),
thé vert (non fermenté) et le fameux thé
blanc (composé de jeunes pousses et de
bourgeons terminaux flétris et séchés
avec la plus grande attention).
Partons maintenant à la découverte des
autres « thés » !
En Europe on ne retrouve pas moins de
7 sortes de « thé ».
Le thé de France, plus couramment
appelé mélisse (Melissa officinale), et les
fleurs du thé rouge ou origan (Origanum
vulgare) ont une activité stimulante et
tonique. Le thé du Nord
ou Véronique (Veronica
officinalis), excellent
succédané du thé, était
employé par Louis XIV
avec de la sauge (Salvia
officinalis), ou thé de
Grèce, comme boisson
matinale. Quant au thé suisse, il recouvre en fait 2 plantes aux vertus toniques
que sont la chenette (Dryas octopetala) et
l’aspérule odorante (Asperula odorata)
dont on fait d’ailleurs un vin de mai en
Alsace, Belgique et Allemagne.
Le Nono des Iles Marq uises
Un jus multivitaminé !
procédé de fabrication alliant
congélation et atomisation.
En alimentation, le nono
est principalement utilisé
sous forme de jus de
fruit. Son potentiel
vitaminique a
largement contribué à
son essor. Apparu en
1996 sur le marché
américain, plus de 200
sociétés exploitent
aujourd'hui sa
phytochimie à travers
le monde, et l'engouement des
consommateurs ne se dément pas.
Les industriels ont contourné le
problème de l'odeur par un
Après les fruits, ce sont les feuilles
dont on (re)découvre aujourd'hui
les vertus. Dépourvues de l'odeur
pestilentielle du
fruit, leurs
propriétés sont
mises à profit
dans les Thés de
Nono. Cette
boisson,
abusivement
affublée du
qualificatif "thé",
consiste en une
infusion des feuilles de Morinda
citrifolia.
En Afrique du Sud,
on retrouve le thé
Rooibos (Aspalathus
linearis), seul
endroit au monde
où il est récolté ! Ce
thé a un goût agréable et peut être bu
chaud ou froid, additionné de citron et
de lait ou de jus de fruits. C’est un
excellent énergétique pour le réveil du
matin ! En Ethiopie, les soldats italiens
avaient pris l’habitude de
boire du thé rose
confectionné à partir des
calices rouges de
l’Hibiscus sabdariffa. Ce
thé, aux propriétés bénéfiques, gagna
vite l’Europe Centrale où il eut un vif
succès sous le nom de thé de santé.
Entre l’Afrique et l’Arabie, on retrouve
le thé des abyssins ou Khat (Catha
edulis), ancienne drogue riche en
composés phénoliques.
qui les cultivaient
couramment :
le thé du Brésil ou
maté (Ilex
paraguariensis) et
le thé du Mexique ou chénope
(Chenopodium ambrosioides). Le premier
se consomme comme le thé ou le café
au Brésil, au Paraguay et en Argentine,
et redonne immédiatement de
l’énergie. C’est toutefois la plante
caféinée contenant le moins de caféine,
ce qui en fait un produit peu excitant.
Quant au chénope, certains le
préféraient même au thé et s’en
servaient ainsi de succédané.
Parcourons maintenant l’Amérique.
Dans le Nord, le thé de
Pennsylvanie ou monarde
(Monarda didyma) était
utilisé par les indiens
d’Oswego car sa saveur se
rapproche de celle du thé de
chine parfumé. Il était devenu si
populaire qu’il remplaça le véritable
thé lors du Boston Tea Party. Le thé du
New Jersey (Ceanothus americanus) fut
dénommé ainsi car pendant le guerre
d’indépendance, on utilisa les feuilles
de cette plante comme ersatz de thé.
Plus au sud, on retrouve deux thés
nommés thé des jésuites car ce sont eux
- Juin 2002 -
Retournons
maintenant en Asie
avec le thé de Java
(petite île
indonésienne) ou
orthosiphon
(Orthosiphon stamineus), couramment
utilisé comme stimulant.
Pour terminer, il aurait
été dommage de ne pas
vous présenter le
melaleuca ou arbre à
thé, originaire
d’Australie qui,
contrairement à ce
qu'indique son nom
n’est pas l’arbre où pousse le thé,
comme vous le savez sûrement, mais
une plante dont on extrait l’huile pour
ses propriétés antibactériennes et
antiparasitaires.
L e Petit Botan iste®
Nono-cosmétique
La richesse et la diversité
phytochimique de Morinda citrifolia
confèrent à la plante un grand
intérêt dans le domaine de la
beauté.
Ainsi les fruits, riches en acides gras
essentiels, sont émollients. Le
sélénium et les autres oligoéléments présents sont à l'origine de
l'activité antioxydante du nono.
Quant aux feuilles, elles ne sont pas
en reste ! Leur richesse en acides
aminés, vitamines et oligo-éléments
leur confèrent des propriétés
régénérantes, adoucissantes et
toniques.
Par ailleurs, fruits et feuilles
présentent une activité
antibactérienne tout à fait
intéressante, liée à la présence de
dérivés anthraquinoniques. Du fait
de ses nombreuses propriétés, les
applications du nono en cosmétique
sont multiples !
Le Nono des Iles Marq uises
INTERVIEW
HELENE BENNET,
Atuona - Iva Hoa
PB : Le nono est-il une plante endémique à la
Polynésie ?
HB : Je connais cette plante depuis que je suis
née, j'ai appris il y a quelques temps que le nono
était présent ailleurs qu'en Polynésie.
PB : Le nono est-il difficile à cultiver ?
HB : Le nono pousse naturellement aux
Marquises, sans engrais, et l'arbre donne des
fruits des la 2ème année de plantation.
Généralement, il pousse à l'état sauvage. Depuis
l'exploitation en 1996, des cultures ont été
organisées.
PB : La végétation aux Marquises est-elle riche ?
HB : Nous avons une végétation riche, notre sol
est sans engrais, une sorte de réglementation
dans la population existe qui, par respect vis-àvis de notre fenua ("terre"), nous interdit
d'utiliser des produits chimiques.
On peut trouver dans les vallées du pandanus,
des agrumes (citronniers, orangers), des
goyaviers, des pins des Caraïbes...
PB : Le nono marquisien présente t-il des
particularités différentes de celui
de Tahiti ou d'Hawaï ?
HB : Avec celui de Tahiti, je connais la
différence de taille des parties de la plante
(morphologie), j'ai aussi l'impression que l'effet
tonifiant est supérieur mais c'est juste un avis
personnel. Je ne connais pas celui d'Hawaï mais
je crois savoir que des études ont été faites et ont
orienté le choix de l'origine du fruit sur la
Polynésie.
PB : La boisson au nono est considérée comme
un breuvage miracle aussi bien à Tahiti qu'à
Hawaï. Y a t-il d‘autres pays consommateurs ?
-
HB : J'ai eu l'occasion en 1996 d'être invitée à Las
Vegas à une réunion organisée sur le nono avec
le marketing américain de la principale société
avec laquelle je travaille, j'ai pu constater que les
Etats Unis étaient les plus gros consommateurs.
PB : Le nono est utilisé depuis plus de 2000 ans
dans le Pacifique Sud. Est-ce uniquement le
fruit qui est utilisé dans des boissons
tonifiantes et régénérantes ?
HB : Non, les feuilles étaient également utilisées
pour faire des "Ra'au Tahiti" (médicaments
tahitiens) afin de purger et fortifier le corps. Les
jeunes fruits sont également employés pour
soigner les maux de tête, la toux…
Par souci de commodité et de facilité, le fruit est
le plus utilisé car il ne nécessite qu'un pressage
pour en extraire un liquide tonifiant, les feuilles
peuvent être utilisées mais elles demandent une
préparation minutieuse (malaxage, infusion...),
donc plus de travail pour obtenir un
médicament destiné au même objectif.
PB : Le marché sature t-il aujourd'hui ? Que
pensez-vous de la valorisation de la feuille ?
Serait-ce pour vous une nouvelle voie ?
HB : Le marché du fruit a malheureusement
énormément baissé depuis 1996, il sature un
peu, encore que nous sommes privilégiés aux
Marquises car l'acheteur donne une préférence
au nono des Marquises. Je sais qu'aux Tuamotu
les quantités exploitées sont de plus en plus
faibles.
Vendre les feuilles est très intéressant pour
nous. Aux Marquises les revenus des familles
sont bas, il y a très peu d'activité économique en
place et la vie est plus chère qu’à Tahiti.
Feuille ethnobotanique éditée par le Groupe Solabia – N°39 – Juin 2002
Edito
Et si l'on décidait pour de bon que l'été
sera au rendez-vous cette année ?
réparer sa peau au
bronzage, surveiller sa
ligne et veiller à
s'accorder des plages de
gourmandise, c'est
possible et même recommandé pour
le bien-être du corps et de l'esprit.
Mais avec l'été surgissent la chaleur
et tous ses petits à-côtés, quels que
soient les endroits du monde,
exotiques ou plus proches de
nous… alors prudence !
P
PB : Combien de ramasseurs de nono
travaillent avec vous dans la récolte du fruit ?
En 1996, 80 familles ramassaient le nono à
Atuona (village de Hiva Oa), aujourd'hui
seulement 8 familles.
Citons entre autres : les soins antiâge, les soins pour peaux irritées ou
fragiles, les produits après-solaires,
les produits d'hygiène tonifiants
(gels douches, bains moussants), le
traitement des peaux grasses à
tendance acnéique, les soins
capillaires pour cheveux gras.
PB : Utilisez-vous, dans votre famille, le nono
comme plante médicinale ?
HB : La connaissance du nono est venue de ma
mère qui soignait les écorchures avec la purée
du fruit mûr et nous avons pu vérifier les
propriétés du produit tout au long de notre vie.
Moi, j'utilise le jus pour tonifier le corps si je me
sens fatiguée ou en cas de pénurie d'eau quand
je suis en pleine nature dans les vallées isolées
de Hiva Oa.
Edité par CEP, Groupe Solabia,
29, rue Delizy, 93698 Pantin Cedex
Tél. : (+33) 1 48 10 19 40
Fax : (+33) 1 48 91 18 77
Responsable de publication : Jean François Molina
Comité de rédaction : Patricia Houy et Carine Lebeau
Crédits photos NC
- Reproduction Interdite -
PB : Depuis combien de temps collectez-vous
le nono ? Avez vous d'autres activités ?
D'autres secrets médicinaux à nous faire
partager ?
HB : Je travaille dans la filière nono depuis 1996,
à cette période, nous expédions 30 tonnes de
fruits mûrs par mois et aujourd'hui seulement 5
tonnes. J'ai également d'autres activités selon les
opportunités, actuellement, je suis surveillante
dans le collège de Hiva Oa.
Dans les secrets médicinaux, je pourrais vous
parler du Kava rampant, du bancoulier...
µ
Tout un chacun l'a bien compris
aujourd'hui : la protection solaire est
définitivement une obligation et le
teint hâlé à outrance doit être
abandonné au profit d'une attitude
plus sage, plus responsable face au
soleil.
Mais il n'empêche que les partisans
du "bronzage coûte que coûte" ne se
laissent pas si facilement
convaincre…
Les précautions sont donc de mise.
Bref, l'été, nous l'attendons tous,
mais encore faut-il savoir le gérer en
toute sécurité !
L'une des règles d'or de l'été est,
vous vous en doutez, de bien boire
afin de lutter contre les déperditions
en eau de l'organisme. Mais en été
plus qu'en toute autre saison, vous
trouvez l'eau un peu insipide à
votre goût… Que choisir ? Quelle
sera la boisson "zen" de votre été ?
Une eau fraîche, riche en oligoéléments, ou une boisson tonifiante
légèrement acidulée et si possible
non sucrée ? Les deux ? Pourquoi
pas…
Une fois n'est pas coutume, aux
prémices de l'été, le Petit Botaniste®
vient se poser comme un spécialiste
de l'ethno-beauté et vous conseille
d'orienter votre choix vers une
boisson tonifiante, énergisante,
remplie de saveurs, celle qui
s'obtient en plongeant quelques
feuilles, fleurs ou racines de plantes
dans de l'eau bouillante, de les
laisser infuser puis refroidir, avant
de consommer le breuvage glacé…
- Juin 2002 -
Autrement dit, replongez-vous
l'espace d'un instant dans
l'univers des "thés de santé" qui,
usurpant parfois l'identité de la
plante originale Camellia
sinensis, se retrouvent
utilisés par-ci, par-là
dans le monde entier
pour la protection et
le bien-être de la
peau.
Aussi, dans ce
nouveau numéro dédié encore à la
route des Mahori, nous vous
invitons à vous envoler aux Iles
Marquises, à quelques milliers de
kilomètres de Tahiti, pour y
découvrir un arbre tout à fait
extraordinaire, une plante qui peut
vous laisser sur votre faim tant
l'odeur de ses fruits est forte :
Morinda citrifolia ou l'Arbre du
fromager…
Bonnes vacances à toutes et tous, et
profitez de votre temps libre pour
admirer notre belle nature !
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