Edité par CEP, Groupe Solabia,
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Responsable de publication : Jean François Molina
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- Juin 2002 -
Le Petit Botaniste® Le Nono des Iles Mar
uises
Nono-cosmétique
La richesse et la diversité
phytochimique de Morinda citrifolia
confèrent à la plante un grand
intérêt dans le domaine de la
beauté.
Ainsi les fruits, riches en acides gras
essentiels, sont émollients. Le
sélénium et les autres oligo-
éléments présents sont à l'origine de
l'activité antioxydante du nono.
Quant aux feuilles, elles ne sont pas
en reste ! Leur richesse en acides
aminés, vitamines et oligo-éléments
leur confèrent des propriétés
régénérantes, adoucissantes et
toniques.
Par ailleurs, fruits et feuilles
présentent une activité
antibactérienne tout à fait
intéressante, liée à la présence de
dérivés anthraquinoniques. Du fait
de ses nombreuses propriétés, les
applications du nono en cosmétique
sont multiples !
Citons entre autres : les soins anti-
âge, les soins pour peaux irritées ou
fragiles, les produits après-solaires,
les produits d'hygiène tonifiants
(gels douches, bains moussants), le
traitement des peaux grasses à
tendance acnéique, les soins
capillaires pour cheveux gras.
INTERVIEW
HELENE BENNET,
Atuona - Iva Hoa
PB : Le nono est-il une plante endémique à la
Polynésie ?
HB : Je connais cette plante depuis que je suis
née, j'ai appris il y a quelques temps que le nono
était présent ailleurs qu'en Polynésie.
PB : Le nono est-il difficile à cultiver ?
HB : Le nono pousse naturellement aux
Marquises, sans engrais, et l'arbre donne des
fruits des la 2ème année de plantation.
Généralement, il pousse à l'état sauvage. Depuis
l'exploitation en 1996, des cultures ont été
organisées.
PB : La végétation aux Marquises est-elle riche ?
HB : Nous avons une végétation riche, notre sol
est sans engrais, une sorte de réglementation
dans la population existe qui, par respect vis-à-
vis de notre fenua ("terre"), nous interdit
d'utiliser des produits chimiques.
On peut trouver dans les vallées du pandanus,
des agrumes (citronniers, orangers), des
goyaviers, des pins des Caraïbes...
PB : Le nono marquisien présente t-il des
particularités différentes de celui
de Tahiti ou d'Hawaï ?
HB : Avec celui de Tahiti, je connais la
différence de taille des parties de la plante
(morphologie), j'ai aussi l'impression que l'effet
tonifiant est supérieur mais c'est juste un avis
personnel. Je ne connais pas celui d'Hawaï mais
je crois savoir que des études ont été faites et ont
orienté le choix de l'origine du fruit sur la
Polynésie.
PB : Combien de ramasseurs de nono
travaillent avec vous dans la récolte du fruit ?
En 1996, 80 familles ramassaient le nono à
Atuona (village de Hiva Oa), aujourd'hui
seulement 8 familles.
PB : Utilisez-vous, dans votre famille, le nono
comme plante médicinale ?
HB : La connaissance du nono est venue de ma
mère qui soignait les écorchures avec la purée
du fruit mûr et nous avons pu vérifier les
propriétés du produit tout au long de notre vie.
Moi, j'utilise le jus pour tonifier le corps si je me
sens fatiguée ou en cas de pénurie d'eau quand
je suis en pleine nature dans les vallées isolées
de Hiva Oa.
PB : La boisson au nono est considérée comme
un breuvage miracle aussi bien à Tahiti qu'à
Hawaï. Y a t-il d‘autres pays consommateurs ?
HB : J'ai eu l'occasion en 1996 d'être invitée à Las
Vegas à une réunion organisée sur le nono avec
le marketing américain de la principale société
avec laquelle je travaille, j'ai pu constater que les
Etats Unis étaient les plus gros consommateurs.
PB : Le nono est utilisé depuis plus de 2000 ans
dans le Pacifique Sud. Est-ce uniquement le
fruit qui est utilisé dans des boissons
tonifiantes et régénérantes ?
HB : Non, les feuilles étaient également utilisées
pour faire des "Ra'au Tahiti" (médicaments
tahitiens) afin de purger et fortifier le corps. Les
jeunes fruits sont également employés pour
soigner les maux de tête, la toux…
Par souci de commodité et de facilité, le fruit est
le plus utilisé car il ne nécessite qu'un pressage
pour en extraire un liquide tonifiant, les feuilles
peuvent être utilisées mais elles demandent une
préparation minutieuse (malaxage, infusion...),
donc plus de travail pour obtenir un
médicament destiné au même objectif.
PB : Le marché sature t-il aujourd'hui ? Que
pensez-vous de la valorisation de la feuille ?
Serait-ce pour vous une nouvelle voie ?
HB : Le marché du fruit a malheureusement
énormément baissé depuis 1996, il sature un
peu, encore que nous sommes privilégiés aux
Marquises car l'acheteur donne une préférence
au nono des Marquises. Je sais qu'aux Tuamotu
les quantités exploitées sont de plus en plus
faibles.
Vendre les feuilles est très intéressant pour
nous. Aux Marquises les revenus des familles
sont bas, il y a très peu d'activité économique en
place et la vie est plus chère qu’à Tahiti.
PB : Depuis combien de temps collectez-vous
le nono ? Avez vous d'autres activités ?
D'autres secrets médicinaux à nous faire
partager ?
HB : Je travaille dans la filière nono depuis 1996,
à cette période, nous expédions 30 tonnes de
fruits mûrs par mois et aujourd'hui seulement 5
tonnes. J'ai également d'autres activités selon les
opportunités, actuellement, je suis surveillante
dans le collège de Hiva Oa.
Dans les secrets médicinaux, je pourrais vous
parler du Kava rampant, du bancoulier...
µ
-
réparer sa peau au
bronzage, surveiller sa
ligne et veiller à
s'accorder des plages de
gourmandise, c'est
possible et même recommandé pour
le bien-être du corps et de l'esprit.
Mais avec l'été surgissent la chaleur
et tous ses petits à-côtés, quels que
soient les endroits du monde,
exotiques ou plus proches de
nous… alors prudence !
Tout un chacun l'a bien compris
aujourd'hui : la protection solaire est
définitivement une obligation et le
teint hâlé à outrance doit être
abandonné au profit d'une attitude
plus sage, plus responsable face au
soleil.
Mais il n'empêche que les partisans
du "bronzage coûte que coûte" ne se
laissent pas si facilement
convaincre…
Les précautions sont donc de mise.
Bref, l'été, nous l'attendons tous,
mais encore faut-il savoir le gérer en
toute sécurité !
L'une des règles d'or de l'été est,
vous vous en doutez, de bien boire
afin de lutter contre les déperditions
en eau de l'organisme. Mais en été
plus qu'en toute autre saison, vous
trouvez l'eau un peu insipide à
votre goût… Que choisir ? Quelle
sera la boisson "zen" de votre été ?
Une eau fraîche, riche en oligo-
éléments, ou une boisson tonifiante
légèrement acidulée et si possible
non sucrée ? Les deux ? Pourquoi
pas…
Une fois n'est pas coutume, aux
prémices de l'été, le Petit Botaniste®
vient se poser comme un spécialiste
de l'ethno-beauté et vous conseille
d'orienter votre choix vers une
boisson tonifiante, énergisante,
remplie de saveurs, celle qui
s'obtient en plongeant quelques
feuilles, fleurs ou racines de plantes
dans de l'eau bouillante, de les
laisser infuser puis refroidir, avant
de consommer le breuvage glacé…
Autrement dit, replongez-vous
l'espace d'un instant dans
l'univers des "thés de santé" qui,
usurpant parfois l'identité de la
plante originale Camellia
sinensis, se retrouvent
utilisés par-ci, par-là
dans le monde entier
pour la protection et
le bien-être de la
peau.
Aussi, dans ce
nouveau numéro dédié encore à la
route des Mahori, nous vous
invitons à vous envoler aux Iles
Marquises, à quelques milliers de
kilomètres de Tahiti, pour y
découvrir un arbre tout à fait
extraordinaire, une plante qui peut
vous laisser sur votre faim tant
l'odeur de ses fruits est forte :
Morinda citrifolia ou l'Arbre du
fromager…
Bonnes vacances à toutes et tous, et
profitez de votre temps libre pour
admirer notre belle nature !
P
Feuille ethnobotanique éditée par le Groupe Solabia – N°39 – Juin 2002
Edito
Et si l'on décidait pour de bon que l'été
sera au rendez-vous cette année ?