Conseil de Coopération du Golfe
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celui des Fed Funds. L’écart est très faible en Arabie Saoudite,
à Bahreïn et en Oman. Il est positif (un écart maximum de 200
bps depuis fin 2009) aux EAU, au Qatar et au Koweït. Pour ce
dernier groupe de pays, l’écart de taux est lié à une tension
plus forte sur la liquidité en raison de l’évolution plus rapide
des crédits. Le Qatar est engagé dans un plan de
diversification économique de grande envergure qui se traduit
une progression du crédit au secteur privé de 15% en
moyenne durant les trois premiers trimestres de 2014. Aux
EAU, la croissance du crédit est redevenue soutenue,
supérieure à 20% en rythme annuel. Au-delà d’éventuelles
tensions sur la liquidité, une partie de l’écart de taux par
rapport au premier groupe de pays peut être liée au risque de
contrepartie. Au Koweït, même si la crise liée aux investment
houses a été résolue, il subsiste des éléments de fragilité du
secteur bancaire.
L’annonce de la fin de la politique monétaire accommodante
de la Réserve Fédérale américaine pourrait se traduire par
une hausse des taux des Fed Funds en 2015. Cette hausse
devrait être minime (environ 50bps) étant donné les
incertitudes qui pèsent sur la reprise de l’activité. Néanmoins,
la hausse des taux dans le Golfe pourrait affecter l’activité de
crédit et donc la croissance du secteur non-pétrolier. D’après
les estimations du FMI, une hausse de 100bps du taux des
Fed Funds réduit l’activité non pétrolière d’environ 0,1%. Cette
faible transmission des conséquences d’une hausse des taux
est notamment due à l’étroitesse des marchés monétaires
dans les pays du CCG. Il semble donc que la hausse
attendue des taux directeurs américains aura un impact
négligeable sur l’activité bancaire. Par ailleurs, des facteurs
tels que l’importance de l’autofinancement (notamment pour
les PME) et le règlement en liquide de certaines transactions
(une partie de l’immobilier à Dubaï) impliquent une moindre
sensibilité du crédit aux mouvements faibles de taux d’intérêts.
■ Des instruments de relance monétaire limités
Le maintien d’une croissance soutenue du secteur non
pétrolier est une priorité pour l’ensemble des pays du CCG,
surtout quand il est nécessaire de faire face à une
augmentation importante de la population active (Arabie
Saoudite, Oman notamment) ou pour pallier à l’insuffisance
des ressources en hydrocarbures (Dubaï, Bahreïn).
Du point de vue de la politique monétaire, l’action sur les taux
d’intérêt est à la fois contrainte et d’un effet limité. Les
opérations d’open market sont relativement peu importantes.
La banque centrale saoudienne (SAMA) émet des TBills afin
de réguler la liquidité. Le stock de titres émis s’est réduit de
8% depuis le début de l’année pour atteindre 28% de M2
(34% fin 2013). Avec la progression soutenue du crédit (+13%
a/a en septembre 2014) et le ralentissement de la hausse des
avoirs extérieurs de la SAMA, cette dernière devrait continuer
sa politique accommodante dans les trimestres à venir.
Les banques disposent d’excédents de liquidités auprès de la
SAMA qui pourront compenser le moindre afflux de
pétrodollars dans l’économie. Ces réserves disponibles, qui
représentaient 2% des actifs totaux des banques fin octobre
2014 (contre 3,5% à fin 2012), sont en baisse régulière (en %
des actifs), réduisant les marges de manœuvre des banques
dans un environnement macroéconomique plus contraignant.
Aux EAU, les certificats de dépôts détenus par les banques
(supports des surplus de liquidité) représentaient 5,6% des
actifs bancaires totaux à fin juin 2014 (contre 5.3% fin 2012)
et 6% des actifs en Oman à fin septembre 2014 (contre 4,4%
fin 2012). Ces surplus de liquidité permettront de faire face à
la demande de crédit pendant une durée relativement limitée.
Au total, la conjoncture pétrolière déprimée aura des
conséquences négatives sur le crédit même si les
transformations des économies du Golfe atténuent le lien. La
capacité des gouvernements à continuer d’injecter de la
liquidité sous forme de dépenses publiques restera l’élément
moteur de soutien au crédit bancaire et à la croissance du
secteur non pétrolier.
Pascal Devaux
pascal.devaux@bnpparibas.com
Ecart au taux cible de la Réserve Fédérale US
▬ Qatar ▬ Arabie Saoudite ▬ Bahreïn ▬ Oman ▬ EAU - - - Koweit
Sources : DataInsight, Bloomberg.
f: prévisions BNP Paribas
-1
0
1
2
3
4
5
6
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
2013 2014f 2015f 2016f
Arabie Saoudite
PIB réel, v ariation annuelle, % 3,9 4,0 3,2 3,5
Balance courante, % du PIB
Solde budgétaire, % du PIB 8,3 2,5 -5,4 -5,3
EAU
PIB réel, v ariation annuelle, % 5,2 4,3 4,0 4,4
Balance courante, % du PIB
Solde budgétaire, % du PIB 11,0 11,5 5,6 5,6
Qatar
PIB réel, v ariation annuelle, % 6,5 6,3 6,0 6,5
Balance courante, % du PIB
Solde budgétaire, % du PIB 15,4 9,5 4,5 2,5