Chapitre 3
La notion de tâches complexes
suivent des évolutions propres, mais qui sont toujours susceptibles d'interférer de
manière concomitante avec l'activité de l'opérateur. Contrairement à ce
que dit parfois le langage courant, en ergonomie, on ne peut être occupé à deux tâches
à la fois, on l'est toujours successivement, même Si l'apparence du comportement donne
une impression de simultanéité. Si je demande à un opérateur de compter à mesure qu'il
voit défiler des marchandises, les produits défectueux, il réalisera deux tâches en
parallèle, c'est-à-dire en réalité successivement, dans un va et vient d'une tâche à
l'autre mais non simultanément : son cerveau ne peut au même moment repérer un
défaut et compter. Ce à quoi Montmollin fait référence ici par simultanéité des tâches,
c'est au domaine de la tâche tel qu'il figure dans le tableau 1, c'est à dire l'ensemble du
système homme-machine du côté de la norme, du pré requis, du travail à réaliser. Dans
ce contexte là l'opérateur peut subir l'influence de tâches distinctes, c'est à dire, pour
parler simplement, se trouver agir dans deux systèmes homme-machine simultanés.
Prenons à nouveau le cas de Madame Germain. Imaginons qu'au milieu de son travail,
elle reçoive un coup de fil du service du personnel de son entreprise qui lui demande de
s'enquérir auprès des personnels de son service de leurs voeux en matière de journées
de congé. Il y a là un événement, qui vient modifier sa situation de travail. Elle est
entrain de rédiger une lettre, elle va d'abord s'interrompre pour répondre au téléphone,
prendre en note la tâche à effectuer pour ne pas l'oublier. Elle devra prendre ensuite une
décision de l'ordre de l'urgence : quelle est la tâche la plus urgente à réaliser : terminer
la lettre au client anglais, ou enquêter auprès de son personnel. En tant que secrétaire,
elle évolue dans un environnement complexe c'est à dire constitué de plusieurs
environnements superposes.
La modification de la tâche
Toute tâche implique une interaction avec la machine. Notons, nous aurons l'occasion d'y
revenir plus loin, que la machine en ergonomie prend un sens beaucoup plus large que
celui qu'on lui donne dans le sens courant. La machine comprend non seulement une
structure et des caractéristiques physiques, mais également, des comportements : elle
envoie des signaux, traite de l'information. L'environnement du poste de travail
conditions d'éclairage de bruit, de chaleur, fait partie de l'analyse de la machine. La
machine en ergonomie est un concept tout cartésien, il s'agit d'un ensemble d'organes,
mus par un “moteur” en vue de réaliser une action. Dans certains cas, l'opérateur
modifie la machine, et donc la tâche, à mesure qu'il interagit avec elle. Il peut s'agir
Françoise Raby-L'ergonomie cognitive de la formation langagière-04/09/08