Propos liminaire
Relevant de la sous-direction des personnes placées sous main de justice, depuis sa
création en 2009, le bureau des études et de la prospective (Pmj5) de ladministration
pénitentiaire a parmi ses missions celle de mettre sur pied des Journées détudes
internationales. Les premières ont eu lieu en 2010 sur « Le suicide en prison » à
lÉcole nationale de la magistrature, les deuxièmes sur « Les aménagements des peines
privatives de liberté » en 2011 à Science Po Paris, les troisièmes se sont tenues à nouveau
à Sciences Po Paris, M. Christophe Jamin, directeur de lÉcole de Droit de Sciences Po
Paris nous y accueillant pour la deuxième année consécutive. « Mineurs : léducation
à lépreuve de la détention » fut le titre de ces Journées construites avec la direction
de la protection judiciaire de la jeunesse, les Actes de ces Journées étant publiés dans
le volume que le lecteur tient en mains. Cest à partir détudes − dont le nancement
est assuré par la Mission de recherche Droit & Justice − présentées par les équipes de
recherche, que ces Journées sont organisées. À partir de ces recherches, les discussions
souvrent avec les professionnels des services de la protection judiciaire de la jeunesse,
les personnels des services pénitentiaires, et les partenaires de ces deux institutions
du ministère de la Justice. Des collègues étrangers apportent, par comparaison, un
éclairage pour une part diérent à des problèmes qui nous sont communs.
Notre argumentaire commun avec la direction de la protection judiciaire de la jeunesse
reposait sur les constats suivants : la spécicité de la prise en charge résulte de ce que
ces adolescents sont multiréitérants ou ont commis les faits les plus graves. Dans un
temps de détention généralement inférieur à 3mois, il sagit dassurer une intervention
pluridisciplinaire en prenant en compte la complexité des situations individuelles.
En eet, la plupart dentre eux sourent de troubles du comportement, voire de la
personnalité, qui les mettent en rupture avec les normes sociales. Ce passage en
prison ouvre lopportunité de conduire un travail de protection, de prévention chez
ladolescent en associant les parents ou les autres titulaires de lautorité parentale.
En lien avec les services de santé, lobjectif de ladministration pénitentiaire, de la
protection judiciaire de la jeunesse et de léducation nationale est dinscrire le mineur
dans une dynamique de sortie de la délinquance, dinsertion, de socialisation et donc
de responsabilisation.
La décision − exceptionnelle − dincarcérer repose sur la gravité des faits, le parcours
du mineur et sa personnalité. Cest une décision de dernier ressort qui doit être aussi
brève que possible comme lindique larticle37 de la Convention internationale des
droits de lenfant du 20novembre 1989.