Pour nombre de produits et d’entreprises, l’environnement est important dans le « message à
transmettre » et donc dans le message que retiendront les consommateurs… mais il devient bien
secondaire quand il s’agit de trouver l’idée précise, innovatrice, accrocheuse qui sera facteur
déterminant dans le choix du consommateur. Il y a donc beaucoup de produits qui sont sur-emballés,
par exemple… mais qui, au moment crucial de faire un achat alimentaire, vont tout de même trouver
place dans le panier du client. On a passé un message au « consommateur-citoyen »… (dans ce cas-
ci, un message environnemental) mais on a vendu le produit à un « client » qui lui répond à des
critères, à des stimuli différents… le plus important de ces stimuli étant le prix…
On pourrait faire la comparaison aussi avec par exemple l’identification « équitable »… c’est
accrocheur mais cela ne dispense pas le fabricant ou le commerçant de l’utilisation de l’arsenal
marketing… le nom commercial, l’emballage, l’emplacement tablette du produit, l’utilisation d’îlot en
bout d’allée etc.
Je ne vais pas plus loin dans cette voie… Si ce n’est pour dire que malgré tout le battage sur
l’environnement, les gaz à effet de serre, la fraîcheur souhaitée, la traçabilité que les gens souhaitent,
les OGM qu’ils ne veulent pas... les consommateurs, lorsqu’on les interroge à ces sujets ont une
opinion pourtant nette… ils veulent tout cela… sauf les OGM qu’ils ne veulent pas… Malgré l’opinion
exprimée, le facteur premier et majeur pour la grande majorité des consommateurs demeure le prix…
Les gens cherchent les prix les plus bas… et les facteurs de provenance, de proximité, de qualité
intrinsèque et même de valeur nutritive, d’impact sur la santé sont carrément mis de côté… oubliés au
moment de placer les aliments dans le panier d’épicerie.
Bien sûr, il est difficile et risqué de généraliser… mais on peut tout de même constater que la
croissance du marché des produits biologiques, même si elle est fulgurante en terme de pourcentage,
ne représente toujours qu’environ 2 % de la consommation d’aliments… que l’absence ou la rareté de
produits locaux dans les magasins, en saison, ne préoccupe pas la grande majorité des
consommateurs… qui prendront sans poser de question les fruits qui viennent de l’étranger. De toute
façon, dans bien des cas, les consommateurs auraient probablement choisi les fruits de l’étranger
parce que moins chers que ceux d’ici.
Nous nous trouvons… dans le monde de la consommation et tout particulièrement dans le secteur de
l’alimentation,… devant des contradictions flagrantes.
Le taux de sympathie pour les agriculteurs est élevé…et on peut par association penser que les gens
aiment bien aussi les transformateurs et ceux qui leur vendent leurs aliments… Les gens veulent des
produits d’ici… mais ne les placent pas dans leur panier d’épicerie… ils veulent un environnement
meilleur mais ne se préoccupent à peu près pas de savoir si ce qu’ils achètent a voyagé
20 kilomètres plutôt que 3000 kilomètres.
Est-ce pour autant sans espoir? Non, absolument pas…
Cela confirme tout simplement que la mise en marché des produits n’est pas chose facile… que tous
ne se battent pas à armes égales sur le marché et qu’il faut donc malgré tout rivaliser d’adresse pour
atteindre le consommateur.
Les moyens doivent correspondre aux marchés que l’on vise. On en revient toujours aux éléments de
base. Cibler son marché… sa clientèle… et se rendre jusqu’au consommateur, jusqu’au moment où il
devient client, acheteur.
Et ne jamais oublier que le marché a horreur du vide… dès qu’un espace est libre, les plus rapides,
les plus outillés vont occuper ce vide et prendre la part de marché.