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LE GÉNOME DES DIABÉTIQUES
ÉLUCIDÉ GRÂCE AUX PUCES À ADN
COMMUNIQUÉ DE PRESSE - PARIS – 8 FEVRIER 2007
ATTENTION ! SOUS EMBARGO JUSQU’AU 11 FEVRIER 2007, A 19H www.cnrs.fr/presse
Le génome des diabétiques de type 2 (DT2) a été élucidé, pour la première fois au monde, grâce à
l’utilisation de nouvelles technologies utilisant des puces à ADN capables d’étudier 400 000 mutations
de l’ADN à la fois. De nouveaux gènes prédisposant au DT2 ont été identifiés, notamment le
transporteur du Zinc (ZnT8) des cellules pancréatiques sécrétrices de l’insuline qui pourrait devenir
une cible thérapeutique. Ce travail mené dans la population française est le fruit d’une collaboration
franco-anglo-canadienne entre les équipes dirigées par Philippe Froguel (CNRS, Université Lille 2,
Institut Pasteur, Imperial College de Londres) et Rob Sladek de l’Université McGill (Montréal). Environ
70% du risque génétique de DT2 est expliqué par ces nouvelles découvertes, qui sont publiées dans la
revue Nature, en ligne le 11 février 2007. Elles ouvrent des perspectives préventives et
thérapeutiques totalement nouvelles.
Plus de 200 millions de personnes sont diabétiques dans le monde, et ce nombre devrait presque
doubler d’ici à 2030. L’augmentation du nombre de diabétiques est notamment liée à l’épidémie
d’obésité qui touche actuellement 1,1 milliard de personnes dont 150 millions d’enfants. Cependant,
l’hérédité joue aussi un grand rôle dans le développement du DT2. Des anomalies de la sécrétion de
l’insuline apparaissent très précocement chez les descendants de diabétiques, qui deviennent
hyperglycémiques quand ils grossissent et sont résistants à l’action de l’insuline qu’ils produisent.
L’équipe de Philippe Froguel est la première à avoir identifié en 1992 un gène de DT2, la glucokinase, et
depuis lors plusieurs autres gènes ont été découverts qui n’expliquent cependant qu’une faible
proportion des cas de DT2. La méconnaissance du génome humain et l’absence de technologies
d’analyse rapides et peu onéreuses ont longtemps bloqué le progrès de la recherche médicale.
Récemment, le séquençage du génome humain et l’établissement d’une carte complète des variations
de l’ADN dans l’espèce humaine ont enfin rendu possible l’exploration totale de la prédisposition
génétique au DT2. En 2006, une technologie révolutionnaire d’analyse génétique a été mise au point aux
Etats-Unis, reposant sur des puces à ADN de quelques centimètres carrés sur lesquelles près d’un
demi million de mutations de l’ADN sont gravées. Chaque puce permet de disséquer entièrement le
génome d’une personne.
Dans un premier temps, l’ADN de 694 diabétiques de type 2 non obèses et ayant des antécédents
familiaux de la maladie a été comparé à l’ADN de 669 sujets non diabétiques, issus de l’étude
prospective DESIR de l’Inserm (dirigée par Beverley Balkau). Les meilleurs résultats de ce premier
criblage ont ensuite été confirmés chez plus de 5500 français diabétiques venant de l’hôpital de Corbeil-
Essonnes (Guillaume Charpentier) et du CHU de Poitiers (Samy Hadjadj) et chez des sujets contrôles
supplémentaires. Ces résultats montrent des associations très fortes du DT2 avec au moins quatre
gènes jouant des rôles importants dans le développement du pancréas et des cellules productrices de
l’insuline : il s’agit des gènes TCF7L2, HHEX, EXT2 et SLC30A8.