LE MARCHÉ, UNE INSTITUTION EN APPARENCE NATURELLE
qDu marché aux marchés
Définir le marc nest pas un exercice
simple. En effet, il existe une multitude de
marcs : marcs agricoles, marché de
biens industriels, marcfinancier, mar-
c du travail. Même pour un bien, il existe
des micromarchés avec des règles de
fonctionnement différents. Cependant, on
peut gager un certain nombre de carac-
téristiques communes à l’ensemble des
marcs.
Chacun d’entre eux met en relation
des agents économiques poursuivant des
buts spécifiques. Les offreurs, ou ven-
deurs, cherchent à maximiser leur profit,
ce qui suppose un calcul économique. Les demandeurs, ou acheteurs,sirent, pour un
bien ou un service, le meilleur rapport qualité-prix, ce que la théorie économique
nomme d’une manière un peu pompeuse la « maximisation de l’utilisous
contrainte du budget ».
Si les intérêts des offreurs et des demandeurs semblent contradictoires, le conflit est
no par l’échange, qui fait apparaître un prix exprimant le compromis, à l’issue
dajustements, entre les ints divergents des acteurs économiques.
qLe marché pourvoyeur de liens marchands
La définition du marché comme lieu abstrait de rencontre entre loffre et la demande
est empirique. Les économistes vont chercher à donner une consistance torique à ce
marché en créant un mole qui permet de penser son fonctionnement.
Cet idéaltype, dit de concurrence pure et parfaite (voir Les Grandes Questions de
l’économie contemporaine, éditions l’Etudiant) favorise la formation d’un équilibre de
marché qui maximise les ints de tous les agents économiques. Cependant, la réalité
est très éloige de ce mole, car les marchés sont dominés par quelques grandes
entreprises (les oligopoles) qui influencent la formation des prix. Ce prix, appe prix
d’équilibre par la torie économique, constitue, selon les économistes libéraux, une situa-
tion iale aussi bien dun point de vue économique que social.
154
LE MARCHÉ COMME
INSTITUTION SOCIALE
69
Depuis le XVIIIesiècle, le marché est le sujet principal des discussions écono-
miques. Les libéraux le considèrent comme un ordre naturel favorisant l’effica-
cité économique. Pour les anthropologues il est une construction sociale tardive
dont l’inconvénient est de remettre en cause les liens sociaux traditionnels.
Relations marchandes
et confiance
Les réseaux de relations jouent un le
essentiel dans les rapports marchands.
Or, ces réseaux sont fondés sur la
confiance. Ainsi, les opérations bour-
sières se font par téléphone, ce qui né-
cessite la confiance entre les opéra-
teurs, car chacun doit « tenir parole ».
À l’origine du commerce se trouvent
des relations familiales et ethniques
les gens se connaissent et nouent entre
eux des relations de fili.
LE MARCHÉ, UNE INSTITUTION CONSTRUITE
qLe marché, produit de l’intervention de l’État
Le marc en tant qu’institution centrale de l’économie est un phénomène relative-
ment nouveau. En effet, il suppose l’intervention de l’État qui fixe le cadre de l’écono-
mie de marché en remettant en cause les relations sociales existantes. Cette action,
souvent violente, permet de définir un cadre indispensable pour le bon fonctionne-
ment du marché.
La première de ces institutions est de type juridique. La Révolution fraaise est un bon
exemple de la constitution d’un droit favorisant l’extension des rapports marchands.
Linviolabilité de la propriété individuelle et l’interdiction de toute forme de coalition ren-
dent possible lextension du marché comme forme dominante des relations économiques.
A contrario, l’absence de règles dans les anciennes républiques socialistes freine le passage
à léconomie de marché.
La seconde institution est la monnaie. La création, à partir du XVIIesiècle, des banques
centrales détenant le monopole de création de la monnaie a é une étape indispensable
pour le bon fonctionnement du marché. Si le le de l’État se renforce après la crise de
1929, puis après la Seconde Guerre mondiale, malgré les critiques des libéraux, cest pour
permettre au marché de compenser ses dysfonctionnements.
qDe l’économie de marché à la société de marché
Le débat autour du marché semble tourner court depuis l’effondrement des écono-
mies socialistes. Le marché a, historiquement, mont sa suriorité. Malgré tout, une
question reste en suspens.
Doit-on étendre les rapports marchands
à lensemble de la socié?
Les libéraux répondent par laffirmative
car, pour Adam Smith, l’équilibre de mar-
c favorise lharmonie sociale.
Dautres, comme Karl Polanyi, montrent
que le marché détruit les anciens rapports
sociaux, ce qui logiquement entrne lap-
parition de nouveaux liens fondés sur le
marché.
Cette sociéde marché est donc le
corollaire de la primauté du marché dans
léconomie. Mais il existe certains
domaines échappant en partie ou totale-
ment au marché, car l’individu social est
d’une nature plus complexe que l’Homo
œconomicus. La solidarité des organismes caritatifs ou le don dans la spre domes-
tique échappent encore à la logique du marché. Cependant, l’internationalisation des
rapports marchands et la mone de lindividualisme menacent de faire céder les digues
empêchant la géralisation des relations marchandes dans l’ensemble des sphères de
la vie sociale.
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La sociologie économique
La sociologie économique étudie les p-
nones économiques selon les instru-
ments offerts par la méthode sociolo-
gique (enquêtes, typologie, analyse
comparative, analyse de seau). La so-
ciologie économique apparaît à la fin du
XIXescle; elle s’intéresse aux relations
marchandes en consirant qu’elles
sont socialement construites. Par
exemple, on montrera comment cer-
tains réseaux sociaux (ethniques notam-
ment) sont plus efficaces pour créer
des entreprises.
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