nihilates the interpret I of S as P, i.e. the human in particular and the living in general, whereas absolutizing P leads
virtually to dogmatism and fanaticism. We have to think in terms of the ternarity S-I-P, because the binarity of S-P is
deadly.
Plan : § 1. « Milieu » ; § 2. De l’empreinte-matrice au voir-comme ; § 3. Du possibilisme à la logique de l’en-tant-
que ; § 4. Logique du lieu et logique du prédicat ; § 5. Pour une méso-logique.
§ 1. « Milieu »
Le mot « milieu » apparaît d’emblée d’une logique étrange, puisqu’il veut dire à la fois une chose et son contraire.
Une chose : le milieu du poisson, c’est le centre géométrique du corps du poisson, à l’intérieur de lui. Son
contraire : le milieu du poisson, c’est l’eau, par-delà la périphérie de son corps, à l’extérieur de lui. Dans le premier
cas, nous avons là en principe un objet – le poisson – sous le regard de nulle part de la mesure scientifique ; dans
le second, nous avons là un sujet – le poisson – pour lequel tout le reste se définit en fonction de sa propre
existence. Les deux cas sont compossibles et ni moins ni plus vrais l’un que l’autre, mais ils sont contradictoires.
Telle est donc la question : comment surmonter cette contradiction ? Comment le milieu du poisson peut-il être à la
fois objectif et subjectif ? Comment l’intérieur peut-il être l’extérieur, et vice versa ?
§ 2. De l’empreinte-matrice au voir-comme
L’ancêtre de la notion de milieu est probablement la chôra χώρα dont il est question dans le Timée de Platon[1]. Le
sens le plus général et le plus concret que pouvait avoir ce terme dans la cité grecque, i.e. pour les citoyens de la
polis, c’était la campagne nourricière dont tous les jours ils voyaient, au delà des remparts de l’astu, les collines
couvertes de blé, de vigne et d’oliviers. De là, quotidiennement, leur venaient ces nourritures terrestres qui leur
permettaient de vivre. Dans ce monde-là, pas d’astu sans chôra !
Or astu – le centre urbain de la polis –, c’est un mot dont la racine indo-européenne WES veut dire « séjour,
séjourner ». Cette racine se retrouve dans le sanscrit vasati (il séjourne) ou vastu (emplacement). En allemand, elle
a donné Wesen (être, nature, essence), war et gewesen (formes de sein, être) ; en anglais, was et were (formes de
to be). L’astu, en somme, et dans la mesure où il s’agit d’un Hellène comme Platon, c’est par essence le séjour de
l’être (on dirait en castillan : la estancia del ser, ce qui donnerait en heideggérien « l’étance de l’être ») ; cependant,
ce dernier ne peut concrètement exister sans ce milieu nourricier : la chôra qui entoure l’astu.
C’est ce contexte qui sans doute a inspiré le propos de Platon dans le Timée. Or, s’agissant de la chôra, le
moins qu’on puisse dire est que ce propos n’est pas clair, et qu’il est même contradictoire ; contradiction que le texte
du Timée ne surmonte justement pas, et qui va sceller le sort de la chôra pour les siècles à venir dans la pensée
européenne. En un mot, celle-ci va la forclore – elle va oublier, en somme, la question : « pourquoi faut-il que les
êtres aient un lieu et un milieu ? » –, pour s’en tenir à la claire définition qu’Aristote, en revanche, lui aura donnée de
la notion de topos dans le livre IV de sa Physique – à savoir un lieu dissociable de l’être qu’il contient, alors que la
chôra en est indissociable.
Or si dans le Timée cette forclusion n’est pas encore accomplie, puisque justement Platon s’y interroge sur
la chôra, son ontologie en revanche, dont le principe est l’identité à soi-même de l’« être véritable » ( ontôs on, i.e.
l’eidos ou idea), exclut toute saisie logique de ladite notion de chôra, en tant que celle-ci échappe mystérieusement
à ce principe d’identité. Elle lui échappe à tel point que Platon n’en donne aucune définition, se contentant de la
cerner au moyen de métaphores ; lesquelles, en outre, sont contradictoires. Il la compare ici à une mère (mêtêr, 50
d 2), ou à une nourrice (tithênê, 52 d 4), c’est-à-dire en somme à une matrice, mais ailleurs à ce qui est le contraire
d’une matrice, c’est-à-dire à une empreinte (ekmageion, 50 c 1). Empreinte et matrice à la fois, la chôra l’est par
rapport à ce que Platon appelle la genesis, c’est-à-dire le devenir des êtres du monde sensible (kosmos aisthêtos) ;
lesquels, dans l’ontocosmologie du Timée, ne sont pas l’être véritable, mais seulement son reflet ou son image
(eikôn).
Ainsi donc empreinte et matrice, à la fois une chose et son contraire, la chôra n’a littéralement pas d’identité.
L’on ne peut s’en faire idée. Platon reconnaît qu’une telle chose est « difficilement croyable » (mogis piston, 52 b 2),
et qu’« en la voyant, on rêve » ( oneiropoloumen blepontes, 52 b 3) ; mais il insiste sur son existence : dans la mise
en ordre (la cosmisation) de l’être, il y a bien, dès le départ et à la fois, l’être véritable, sa projection en existants, et